Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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Kaïkan
Yudo, maître zen
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    Le Shinji Shôbôgenzô de maître Dôgen (recueil des kôans)

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    Message par Yudo, maître zen Ven 17 Aoû 2012 - 20:15

    TRENTE

    Maître Sozan Honjaku du district de Bu quittait le mont Tozan.

    Maître Tozan lui demanda: Où comptez-vous aller?

    Maître Sozan dit: J'irai là où il n'y a aucun changement.

    Maître Tozan demanda: Comment peut-on quitter l'endroit où il n'y a aucun changement?

    Maître Sozan répondit: Même si je quitte cet endroit, il ne peut y avoir aucun changement.
    ___________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Maître Sozan (appelé Grand Maître Gensho dans le texte) voulait quitter le temple de maître Tozan. Lorsque ce dernier lui demanda où il voulait aller, maître Sozan lui répondit qu'il voulait aller là où il n'y a aucun changement. Cette expression veut dire l'état d'équilibre, ou éveil.
    Maître Tozan considérait son temple comme un endroit de ce genre; c'est pourquoi il demanda à maître Sozan comment il était possible de le quitter, vu qu'il n'y avait là aucun changement. Maître Sozan répliqua: "Même si je quitte cet endroit, il ne peut y avoir aucun changement? "Au bout du compte, partir ou pas n'est qu'un fait dans la réalité. Maître Sozan était confiant que son état d'équilibre demeurerait, peu importe qu'il soit au temple de maître Tozan ou pas.
    La question de maître Tozan "Comment peut-on quitter l'endroit où il n'y a aucun changement?" pourrait aussi se comprendre comme le fait que, puisque nous vivons déjà dans la réalité, en quoi serait-il nécessaire d'y apporter quelque changement que ce soit? Le fait est que nous vivons toujours dans la réalité. Il n'y a aucune échappatoire. Les êtres humains ont cette capacité merveilleuse à se "perdre" dans leurs pensées et leurs fantasmes. Nous nous plaignons ensuite de nos souffrances et nous efforçons de revenir à la réalité. Mais à travers tout cela, nous ne quittons jamais la réalité. Se perdre, les pensées, les fantasmes et se plaindre sont tous inclus dans la réalité. La pratique n'est pas une méthode pour atteindre la réalité, c'est une expression de la réalité.
    Le fait que nous vivons toujours dans la réalité ne nous exempte pas des exigences de la vie quotidienne. Celle-ci est la réalité ultime, même si les perceptions que nous en avons sont tordues. On peut aller et venir au gré de la vie, mais jamais quitter la réalité.

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    Message par Yudo, maître zen Ven 17 Aoû 2012 - 21:26

    TRENTE-ET-UN

    Citation:

    Maître Tokuzan Senkan dans le district de Tei donnait une conférence informelle à une assemblée réunie dans ses quartiers privés. Il dit : Ce soir, je ne veux pas de discussion. Si quelqu'un dans cette pièce veut poser une question, je le frapperai trente fois de mon bâton.

    D'emblée, un moine s'avança et se prosterna devant le maître.

    Celui-ci le frappa sur le champ.

    Le moine dit: Je n'ai même pas encore posé de question. Pourquoi m'avez-vous frappé?

    Le maître dit: D'où venez-vous?

    Le moine dit: Je viens de Corée.

    Le maître dit: J'aurais voulu vous frapper trente fois avant même que vous ayez débarqué du bateau.
    __________________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Maître Tokuzan Senkan (appelé Grand maître Gensho, dans le texte) dit qu'il ne voulait pas avoir de discussion ce soir-là, et qu'il frapperait quiconque voudrait discuter de Bouddhisme. Son intention était de montrer que l'état ultime dans le Bouddhisme n'est pas affaire de discussion, ni d'analyse intellectuelle.
    Lorsque le moine s'est avancé et s'est prosterné devant lui, il voulait peut-être exprimer son état bouddhique en se prosternant sans rien dire, et pensait sans doute que le maître avait été trop précipité en le frappant. En voyant sa prosternation, le maître avait en fait confirmé le comportement de ce moine. Le frapper avait été sa réponse.
    Maître Tokuzan a demandé au moine d'où il venait, ce qui est alors une façon typique de demander où le moine en est de sa pratique, et sa réplique finale dit qu'il aurait aimé l'avoir enseigné avant même qu'il arrive en Chine.
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    Message par Yudo, maître zen Sam 18 Aoû 2012 - 14:08

    TRENTE-DEUX

    Le moine vétéran Fu de la ville de Taigen demanda à maître Kozan: Où sont les narines qui existaient avant que vos père et mère ne fussent nés?

    Maître Kozan répondit: Elles viennent tout juste d'apparaître. Où étaient-elles?

    Le moine vétéran ne confirma pas les paroles du maître et dit: Vous devriez me poser la même question. J'aimerais bien répondre pour vous.

    Le maître dit: A l'époque antérieure à la naissance de vos père et mère, où étaient vos narines?

    Le moine vétéran se contenta de s'éventer.

    ________________________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Dans les histoires bouddhiques, les narines sont souvent un symbole de la vie. La phrase "avant que vos père et mère ne fussent nés" indique le passé éternel. Ce que le moine demandait à maître Kozan était donc une question sur sa vie dans l'éternité.

    Maître Kozan répondait: "Elles viennent tout juste d'apparaître." Ceci exprime l'enseignement bouddhique à l'effet que la réalité est juste ici et maintenant. Il n'y a que l'instant présent. Même le passé éternel et le futur éternel n'existent qu'à l'instant présent.
    Le moine a cru que cette réponse était trop abstraite. Lorsque le maître a posé la même question au moine, ce dernier a répondu par une action concrète à l'instant présent. Sa vie réelle au présent était sa réponse à la question.
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    Message par Yudo, maître zen Sam 18 Aoû 2012 - 18:08

    TRENTE-TROIS

    Un jour, un moine demanda à maître Sozan Honjaku: J'ai entendu dire qu'un ancien maître disait: "Tous ceux qui tombent par terre doivent s'appuyer sur le sol pour se relever." Comment "tombons"-nous?

    Maître Sozan répondit: Quand on confirme la situation réelle, on sait.

    Le moine demanda: Comment se relève-t-on?

    Le maître dit: Relevez-vous, tous simplement.
    ____________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    "Tous ceux qui tombent par terre doivent s'appuyer sur le sol pour se relever." Ceci signifie que les circonstances dans le monde réel nous font parfois tomber, nous rendent confus et perdus. Afin de nous relever, afin de retrouver notre chemin, nous devons nous appuyer sur les circonstances du monde réel. Si nous tentons d'échapper à la souffrance et aux difficultés à vivre dans le monde réel, en nous évadant dans des rêves et des fantasmes, nous ne pourrons jamais nous relever complètement ni marcher comme nous le devrions.
    Le moine s'enquiert du fait de tomber. le maître lui dit que, lorsque nous confirmons la situation, quand nous acceptons les faits, nous observons que nous sommes tombés. Le moine parle ensuite de se relever. Se relever signifie récupérer l'état d'équilibre, qui est notre nature originelle. maître Sozan dit qu'il nous suffit de nous relever. C'est une simple action.
    Agir simplement au moment présent est être un bouddha. On ne peut atteindre l'état d'équilibre par le pouvoir de la volonté, ni en y réfléchissant. La volonté et l'intellect sont des fonctions de l'esprit, mais l'état d'équilibre est une condition de l'ensemble corps-et-esprit. L'incomparable portail donnant sur cet état, la vie réelle, est Zazen.
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    Message par Yudo, maître zen Lun 20 Aoû 2012 - 15:22

    TRENTE-QUATRE

    Un jour, un haut-fonctionnaire envoya une offrande à maître Ungo Doyo du Mont Ungo dans le district de Ko, en lui demandant: On dit que le Bouddha Gautama avait un discours secret et que Mahakashyapa ne cachait rien. Quel était le discours secret du Bouddha Gautama?

    Le maître cria: Fonctionnaire!

    Celui-ci répondit.

    Le maître dit: Avez-vous compris?

    Le fonctionnaire dit: Je ne comprends pas.

    Le maître dit: Ne pas comprendre est le discours secret du Bouddha Gautama. Et comprendre est maître Mahakashyapa qui ne cache rien.
    ____________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Le discours secret du Bouddha (sa communication non-verbale) évoque son acte de cueillir une fleur et de cligner de l'oeil lors de l'assemblée des centaines sur le Pic du Vautour. Mahakashyapa qui ne cache rien (sa perception intuitive de l'action du Bouddha) évoque le fait qu'il se soit mis à sourire comme s'il avait su à l'avance que le Bouddha cueillerait une fleur et clignerait de l'oeil. Cette histoire provient du Sûtra du Lotus.
    Le haut-fonctionnaire s'enquiert du discours secret du Bouddha Gautama. Il a l'impression qu'il y a quelque part une contradiction entre ce "discours secret" et ce qu'on dit de Mahakashyapa (chef de l'ordre bouddhique après la mort du Bouddha Gautama), à l'effet qu'il ne cachait rien.
    A la fin, il nous est impossible de décrire la réalité avec des mots. C'est pour cette raison que le Bouddha Gautama a gardé le silence. Le discours secret du Bouddha Gautama peut alors se comprendre comme l'expression de la réalité elle-même. Nous vivons toujours dans la réalité. La vérité nous accompagne toujours ici à cet instant-même. Même nos illusions et notre manque de compréhension sont des expressions de la réalité.
    D'un certain point de vue, la réalité peut nous paraître mystérieuse et inexplicable, et d'un autre être très claire et simple. Mais en même temps, la réalité se manifeste toujours. Il n'y a donc rien à cacher, et c'est pourquoi maître Mahakashyapa sourit.
    Le maître interpelle le haut-fonctionnaire et celui-ci répond. Cette réaction naturelle est comportement réel, mais l'officier ne comprend pas ce que lui montre le maître. Celui-ci lui explique que ce qu'il n'arrive pas à comprendre s'appelle la réalité, mais qu'en même temps, même s'il n'arrive pas à la comprendre, la réalité existe toujours ici et maintenant. C'est pour cela qu'on a décrit maître Mahakashyapa comme ne cachant rien du tout. Ce comportement naturel est précisément ce qu'il n'a pas caché.
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    Message par Yudo, maître zen Lun 20 Aoû 2012 - 18:07

    TRENTE-CINQ

    Un jour, maître Tosu Daido du Mont Tosu se fit poser par un moine la question suivante: Quel était l'état du Bouddha Gautama que décrivent ces mots: "Les dix sortes de corps dans l'auto-contrôlé"

    Le maître descendit de son estrade de zazen et se tint avec les mains en shashu.

    Le moine demanda: Quelle distance y a-t-il entre les gens ordinaires et le sacré?

    Le maître redescendit de son estrade et se tint là avec les mains en shashu.
    ____________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Le moine s'enquiert de l'état du Bouddha Gautama qui était décrit par les mots "jushin chogo", c'est-à-dire les dix sortes de corps dans une personne auto-contrôlée. Il était dit dans les anciens écrits bouddhiques que dans l'état équilibré et contrôlé de l'auto-contrôle, le Bouddha Gautama montrait dix formes corporelles différentes. Ce qui suggère qu'il avait le contrôle de lui-même et donc capable d'utiliser librement les fameux dix aspects de son être.
    Le maître en fait la démonstration en descendant de son estrade de zazen et en se tenant devant le moine en shashu (les mains prises l'une dans l'autre devant la poitrine). Le maître, debout en face du moine était l'incarnation réelle des "dix sortes de corps dans l'auto-contrôlé". Ainsi donc, l'état n'est pas un truc étrange et perché, mais bien la situation réelle, ici et maintenant.
    Le moine l'interroge alors sur la distance qui sépare les gens ordinaires du sacré. Cette question tire son origine d'une attitude très répandue. Les gens croient généralement qu'il existe un abîme entre la vie ordinaire et le sacré. Le Bouddhisme ne voit aucune séparation de cette sorte. La réalité ultime, ou ce qu'on pourrait appeler "le sacré", existe pleinement et complètement à tout moment et en toute chose.
    A cette question du moine, le maître descend encore une fois de son estrade et se tient en shashu. Regardez le, là. Voyez-vous quoi que ce soit qui corresponde aux catégories du sacré et du profane, ou voyez-vous la réalité qui vous regarde droit dans les yeux à cet instant même?
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    Message par Yudo, maître zen Mar 21 Aoû 2012 - 11:02

    TRENTE-SIX

    Un jour, un moine demanda à maître Tokuzan Tokukai dans le district de Ro: Qui peut entendre le Bouddha prêcher au Sangha sur le Pic du Vautour?

    Le maître dit: Moine, vous pouvez l'entendre.

    Le moine dit: Je ne comprends pas. De quelle sorte de choses discutait-on sur le Pic du Vautour?

    Le maître dit: Vous avez parfaitement compris.
    _________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    L'histoire du Bouddha prêchant sur le Pic du Vautour à une grande assemblée de bouddhas, de bouddhas futurs, et d'êtres célestes se trouve dans le Sûtra du Lotus. le moine voulait savoir quelle sorte d'êtres avait la capacité mystique d'entendre des enseignements si profonds.
    Le maître répond que le moine lui-même pourrait entendre de tels enseignements. Ce dernier rétorque qu'il ne peut pas comprendre et demande à en savoir davantage sur le contenu des enseignements. Le maître lui dit donc qu'il les a déjà compris.
    Ce moine cherchait sa nature profonde sur le si lointain Pic du Vautour. Le maître insiste sur le fait que la vérité profonde du Bouddhisme, qui est la réalité elle-même, existait au moment même des questions et de la confusion du moine.
    La réalité ultime que cherchait ce moine ne se trouvait nulle part ailleurs que dans la vie et le comportement réels du moine.
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    Message par Yudo, maître zen Mer 22 Aoû 2012 - 15:09

    TRENTE-SEPT

    Un jour, un moine demanda à maître Kenpo du district d'Etsu: Les bouddhas dans toutes les directions entrent en nirvâna par un chemin. Dans quelle rue sont-ils, je me le demande?

    Le maître ramassa un bâton, le pointa vers la rue et dit: Ils sont ici.
    _______________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    La question du moine contient à la fois le point de vue idéaliste et le point de vue matérialiste. La phase idéaliste est l'idée que les bouddhas dans toutes les directions n'entrent en nirvâna que par un seul chemin.
    La phase matérialiste est représentée par la question "Dans quelle rue sont-ils?" Ce qui intrigue le moine, c'est la différence entre le monde sublime des bouddhas dans les dix directions et la monde quotidien des rues et des maisons. Autrement dit, la relation entre le sacré et le profane.
    Maître Eshu Kenpo ramasse un bâton et le pointe vers la rue: "Ils sont ici", dit-il. Dans cet endroit réel, ici et maintenant. Dans cet endroit devant nos yeux, nous pouvons trouver la porte du nirvâna, parce que "les bouddhas dans les dix directions" n'est qu'un autre nom pour la réalité. Et peu importe dans quelles illusions que nous puissions nous faire prendre à cet instant, la réalité existe toujours ici et maintenant.
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    Message par Yudo, maître zen Jeu 23 Aoû 2012 - 18:08

    TRENTE-HUIT

    Maître Seppo Gison sur le Mont Seppo dans le district de Fuku indiqua un foyer et dit à maître Gensa: Dans ce foyer, tous les bouddhas du passé, du présent et du futur prêchent la vérité du Bouddha Gautama.

    Maître Gensa dit: Depuis peu, les règlements du sanctuaire de l'Empereur sont plus sévères.

    Maître Seppo demanda: De quelle manière?

    Maître Gensa dit: Il est interdit à quiconque de piller un marché de rue.
    ____________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Maître Seppo voyait la prédication de tous les bouddhas dans le silence du feu. Maître Gensa a eu l'impression que, dans ses commentaires, Seppo faisait preuve d'un peu d'auto-satisfaction. Il a donc répliqué que les règlements étaient plus sévères qu'avant dans le sanctuaire de l'Empereur.
    Lorsque maître Seppo lui a demandé ce qui s'était passé, maître Gensa lui a dit qu'il était désormais interdit de voler quoi que ce soit sur un marché public. Ceci décrit une situation concrète. c'est un fait que toutes choses et phénomènes sont réglés, dans la réalité. Les situations réelles ont des limites, des restrictions. Nous découvrons souvent qu'il est facile de les contourner dans notre esprit.
    Cependant, si nous mettons nos idées en pratique, nous nous apercevons vite de ce que sont les limites dans la réalité. C'est ce qui arrive souvent aux idéalistes. Ils sont déçus lorsqu'ils entrent en contact avec les limites que leur impose la réalité. Ce qui, en soi, n'est pas réellement une mauvaise chose. Il est important de ne pas se laisser prendre au piège des idées et des idéaux. Mais ce qui se produit souvent, c'est qu'après avoir constaté les failles de leur raisonnement précédent, les anciens idéalistes abandonnent complètement leurs idées antérieures et embrassent avec la même ferveur le point de vue matérialiste. Ce qui est également une situation déséquilibrée.
    La situation réelle, c'est que les limites et la liberté existent tout autant les unes que l'autre. Les bouddhas dans le feu silencieux et les règlements du sanctuaire de l'Empereur sont aussi réels les uns que les autres.
    ____________________________________
    Mon petit commentaire perso: ce qui est décrit là correspond en tout point avec ma propre expérience. Ceux qui, à la fin des années '60, début des années '70, me traitaient de réac ou de faf parce que je ne partageais pas leur enthousiasme révolutionnaire, je savais dès lors qu'ils deviendraient à leur tour réactionnaires lorsqu'ils auraient de l'âge et des biens. (Je me rappelle aussi ceux et celles qui s'indignaient que je puisse émettre des réserves envers la révolution iranienne). Et ça n'a pas raté! C'est ainsi que j'ai été un des rares à ne pas m'étonner du ralliement des anciens "révolutionnaires" de mai '68 à l'ancien président, en 2007. C'était écrit dans leurs attitudes de l'époque.
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    Message par Yudo, maître zen Ven 24 Aoû 2012 - 15:30

    TRENTE-NEUF

    Un jour, un moine demanda à maître Kyosei Dofu du temple Ryusaku dans le district de Ko: Est-ce que le jour de l'An est en rapport avec le Bouddhisme?

    Le maître répondit: Oui.

    Le moine dit: Quel est l'enseignement bouddhique à propos du Jour de l'An?

    Le maître répondit: Le Jour de l'An est le début du bonheur et tout devient nouveau.

    Le moine dit: Je remercie le maître pour cette réponse.

    Le maître répliqua: Aujourd'hui, je ne suis pas très brillant.

    Un autre jour, le moine demanda à maître Myokyo: Est-ce que le jour de l'An est en rapport avec le Bouddhisme?

    Maître Myokyo répondit: Non.

    Le moine dit: Chaque année est une bonne année et chaque jour est un bon jour. Pourquoi dites-vous le contraire?

    Maître Myokyo dit: Un vieil homme de la famille Cho boit du vin et un vieil homme de la famille Ri est ivre.

    Le moine dit: Vos paroles étaient suffisamment contrôlées et importantes au début, mais maintenant, elles sont toutes petites comme quelque chose qui aurait la tête d'un dragon et la queue d'un serpent.

    Maître Myokyo répliqua: Aujourd'hui, je n'ai pas l'esprit très clair.
    _________________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Maître Kyosei dit que le Jour de l'An est en rapport avec le Bouddhisme, et maître Myokyo (Sosen Shikan) dit que non. Ces réponses paraissent complètement contradictoires, donc qui a raison? On peut dire que tous deux ont raison. La réalité est compliquée et pas logique. Se saluer en se disant "Bonne et heureuse année!" est déjà en soi un comportement bouddhique, et concourt à faire que l'an nouveau soit frais et neuf.
    Cependant, même s'il y a le Jour de l'An, la vie quotidienne se poursuit, et le premier janvier n'est jamais qu'un autre jour; ils sont nombreux, ce jour-là, à boire et à se saouler.
    Maître Myokyo cite un vieux dicton à propos de la famille Cho et de la famille Ri, qui servait à indiquer une situation illogique. Il veut suggérer la complexité de la situation réelle. Il choisit de ne pas répondre à la critique que lui fait le moine, se disant, peut-être, que l'attitude du moine est trop abstraite.
    Les phrases des deux maîtres, "Aujourd'hui, je ne suis pas très brillant." et "Aujourd'hui, je n'ai pas l'esprit très clair." indiquent leur réticence à discuter intellectuellement du Bouddhisme.
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    Message par Yudo, maître zen Ven 24 Aoû 2012 - 20:57

    QUARANTE

    Le Second Maître du temple Hoju dans le district de Chin tint une cérémonie pour marquer le fait qu'il devenait le maître de son propre temple. Maire Sansho Enen poussa alors un moine devant le Second Maître. Ce dernier frappa le moine sur le champ.

    Maître Sansho Enen dit: Si vous enseignez les autres ainsi, non seulement vous ferez perdre un oeil à ce moine, mais vous rendrez tous les habitants du district de Chin aveugles.

    Le Second Maître jeta alors son bâton par terre et, aussi sec, retourna s'enfermer dans sa chambre.
    _________________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Maître Sansho a critiqué le Second Maître du temple pour avoir frappé le moine. Il est vrai que certains maîtres se servaient de ce genre de comportement pour ébranler leurs disciples et les sortir de leurs abstractions pour les amener à considérer le monde réel.
    Mais il est également vrai que ce genre de comportement peut devenir une attitude mélodramatique qui se travestit en pratique bouddhique sévère.
    Le Second Maître n'a pas accepté la critique et est donc retourné à ses quartiers privés.
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    Message par hinin Ven 24 Aoû 2012 - 21:04

    Merci tortue géniale Very Happy
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    Message par Yudo, maître zen Sam 25 Aoû 2012 - 11:44

    QUARANTE-ET-UN

    Citation:
    Un jour, un moine demanda à maître Sekito Kisen du mont Nangaku: Quelle était l'intention de maître Bodhidharma en venant de l'ouest en Chine?

    Maître Sekito Kisen dit: Demandez aux piliers dehors.

    Le moine répliqua: Je ne comprends pas du tout votre réponse.

    Maître Sekito Kisen dit: Moi aussi, je suis incapable de comprendre la situation si j'y pense.[i]
    __________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Le moine demande ce qu'avait été l'intention ou le projet de maître Bodhidharma lorsqu'il était venu en Chine de l'Inde. Cette question était fréquemment posée pour demander quel était le but de la vie bouddhique. Le maître répond de demander aux piliers à l'extérieur de la pièce. Les temples en Chine et au Japon comportent des très grands auvents qui en surplombent les abords, soutenus à intervalles réguliers par des piliers en bois.
    Ces piliers devaient se trouver dans le couloir, juste hors de la chambre du maître, gardant le silence, debout à leur place. Et si le moine leur posait la question, que répondraient-ils? Ils répondraient par la réalité elle-même. Que le moine soit en mesure ou non d'entendre cette réponse est une autre affaire.
    Le moine dit qu'il ne peut pas comprendre la réponse le moins du monde. Maître Sekito lui dit que lui même est incapable de comprendre s'il y pense. Il ne s'agit pas là d'une confession d'impuissance de la part du maître. Les situations réelles, nous en faisons l'expérience avec tout l'ensemble du corps-et-esprit.
    Penser à l'intention de maître Bodhidharma est différent du fait de vivre les circonstances réelles dans lesquelles celui-ci vivait et se mouvait. Quelle est la différence entre le maître et le moine? Ce dernier tente encore de comprendre le Bouddhisme avec son intellect. Le maître comprend que nous vivons la réalité de tout notre être.
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    Message par Yudo, maître zen Sam 25 Aoû 2012 - 13:22

    QUARANTE-DEUX

    Maître Kyosei Dofu demanda à un moine: D'où venez-vous?

    Le moine répondit: De Sampo.

    Maître Kyosei Dofu dit: Où étiez-vous, cet été?

    Le moine répondit: A Goho.

    Maître Kyosei Dofu dit: Vous mériteriez qu'on vous donne trente coups de bâton, mais je n'insiste pas là dessus.

    Le moine demanda: Qu'est-ce que j'ai fait qui n'allait pas?

    Maître Kyosei Dofu répondit: Vous avez l'air de vous contenter d'errer d'un temple à l'autre.
    _______________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    "Sampo" et "Goho" sont les noms des montagnes où sont situés ces temples. Le moine avait voyagé d'un temple à l'autre. Le maître dit qu'il n'insisterait pas pour administrer au moine la punition qu'il s'était méritée pour ce comportement que le maître trouvait bien trop superficiel et relâché. Le moine était une sorte de touriste spirituel allant de place en place sans jamais s'arrêter pour étudier et pratiquer sérieusement.
    Aujourd'hui, on voit beaucoup de gens tenir la même attitude. Ils visitent différents centres et enseignants, mais il paraît qu'ils apprennent bien peu de choses de leurs efforts. L'étude et la pratique du Bouddhisme ne peuvent être traités comme un hobby; cela requiert un effort soutenu et concentré d'études sous la direction de quelqu'un qui ait appris la Voie boudhdique. Se contenter d'accumuler des connaissances sur le Bouddhisme n'est pas la même chose que de pratiquer le Bouddhisme lui-même.


    Dernière édition par Yudo, maître zen le Dim 26 Aoû 2012 - 11:34, édité 1 fois
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    Message par Yudo, maître zen Dim 26 Aoû 2012 - 11:24

    QUARANTE-TROIS

    Alors que maître Kiso Chijo du temple Kisu sur le mont Ro coupait de l'herbe arriva le maître d'un autre temple. C'est alors qu'ils virent un serpent près d'eux. Sans hésiter, maître Chijo coupa le serpent en deux de sa faucille.

    Le maître de l'autre temple dit: Je vous connaissais de réputation depuis longtemps, mais je vois maintenant que vous n'êtes qu'un moine bouddhiste au comportement grossier.

    Maître Chijo répondit: Suis celui qui est brutal, ou est-ce vous?

    L'autre maître dit: En ce cas, qu'entendez-vous par "grossier"?

    Maître Chijo enfonça la faucille dans le sol, par la poignée.

    L'autre maître dit: Qu'est-ce qui n'est "pas grossier"?

    Maître Chijo mima le fait de tuer un serpent.

    L'autre maître dit: Peut-être avez-vous raison; je vais suivre votre exemple.

    Maître Chijo répondit: Je vous permettrai de suivre mon exemple pour un temps, mais comprenez-vous pourquoi j'ai tué le serpent?

    L'autre maître ne dit rien du tout.
    _______________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Un des préceptes bouddhiques est "Ne pas tuer". Maître Kiso Chijo se fait critiquer pour son comportement grossier en violation de ce précepte, mais il demande quel comportement est "grossier". Il montre ensuite ce que serait un comportement grossier en enfonçant le manche de sa faucille en terre. Ce comportement n'est pas naturel. La faucille n'est pas faite pour cela et cela ne sert aucune fonction utile.
    Lorsque l'autre maître lui demande de faire preuve d'un comportement qui ne soit pas grossier, maître Chijo mime la mise à mort du serpent. Il y a un précepte contre le fait de tuer, mais il existe des situations où cela peut se révéler nécessaire. Le serpent pose un danger, c'est pourquoi maître Chijo le tue sans hésitation.
    L'attitude bouddhique envers les préceptes est ainsi assez différente de celle des Chrétiens envers les dix commandements. Ceux-ci existent au-dessus et à part de toute situation particulière et doivent être suivis, peu importe la situation. Les préceptes sont des guides pour un comportement correct, mais les bouddhistes ne les suivent pas aveuglément. L'action juste ne peut surgir que dans une situation réelle.
    Un comportement moral n'est pas suivre un concept abstrait de ce qui est "bien", mais juste de "faire le bien", "faire les choses correctement", dans une situation réelle. Dans certaines situations, cela peut signifier rompre un précepte.
    Cela ne signifie pas qu'un bouddhiste puisse se comporter de façon relâchée dans ses tentatives de suivre les préceptes. Lorsque le corps-et-esprit est équilibré et dans son état naturel grâce à la pratique régulière de Zazen, on agit de façon intuitive et correcte dans la situation réelle. Les préceptes fonctionnent comme une carte du terrain, mais ne sont pas le terrain lui-même.
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    Message par Yudo, maître zen Dim 26 Aoû 2012 - 17:19

    QUARANTE-QUATRE

    Alors que le maître Isan Reiyu se rendait à la salle de conférences pour y parler, un moine se dressa devant lui et lui dit: Maître, veuillez prêcher un sermon pour tous ces moines bouddhistes.

    Le maître répondit: Vous enseigner m'a complètement épuisé.

    Le moine se prosterna devant le maître.

    ___________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Alors que maître Isan Reiyu entrait dans la salle, un moine s'avança et lui demanda poliment de donner un sermon pour les moines. Cependant, un maître bouddhiste ne se contente pas de prêcher à l'occasion du sermon. Son comportement est tout entier une façon d'enseigner ses étudiants. C'est ainsi que maître Isan dit qu'il était épuisé d'enseigner les étudiants, avant même d'avoir commencé sa conférence formelle. Le moine se prosterna alors devant lui en signe de gratitude pour les efforts et l'enseignement de son maître, au nom de tous les moines.
    Le sermon bouddhique peut être utilisé pour expliquer les théories et les concepts du Bouddhisme. c'est là une partie importante de notre vie bouddhique -- mais il y a beaucoup plus encore. Un maître bouddhiste n'enseigne pas qu'avec son intellect mais aussi avec son corps-et-esprit tout entier; pas seulement par ses sermons, mais aussi dans sa vie quotidienne.
    Apprendre le Bouddhisme signifie l'apprendre de tout son corps-et-esprit. ce qui inclut l'intellect, mais pas seulement.
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    Message par Invité Dim 26 Aoû 2012 - 17:27

    Oui on imagine mal un sage qui ne vivrait pas sa sagesse.
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    Message par Yudo, maître zen Dim 26 Aoû 2012 - 21:54

    QUARANTE-CINQ

    Un jour, un moine demanda à maître Gensa Shibi: Je n'ai pas besoin d'entendre la théorie des trois sortes de Bouddhisme ou les douze sortes de textes bouddhiques. Quelle était l'intention de maître Bodhidharma, qui est allé en Chine en venant de l'Inde à l'Ouest?

    Maître Gensa Shibi lui répondit: La théorie des trois sortes de Bouddhisme et celle des douze sortes de textes bouddhiques sont toutes absolument inutiles
    ________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Les spécialistes du Bouddhisme ont divisé la matière en trois voies, ou manières différentes, et réparti les textes en douze catégories. Veuillez donc ne pas demander les noms de toutes ces catégories ou méthodes!
    Le moine se rendit compte que ce genre de connaissances n'était pas une partie essentielle du Bouddhisme. Il voulait savoir le sens véritable, l'essence du Bouddhisme.
    Pour trouver la vraie signification du Bouddhisme, il nous faut transcender tous ces concepts. Nous devons faire l'expérience directe de la réalité. Il nous faut pratiquer Zazen.
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    Message par Yudo, maître zen Lun 27 Aoû 2012 - 14:26

    QUARANTE-SIX

    Un jour, un moine demanda à maître Joshu Jushin: Qu'est-ce que Joshu?

    Le maître répondit: Il a une porte à l'est, une au sud, une à l'ouest et une au nord.

    Le moine dit:C'est pas ce que je vous ai demandé.

    Maître Joshu dit: C'est sur Joshu que vous m'avez interrogé.
    _____________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Le moine s'enquiert de la nature essentielle de maître Joshu. Le mot "Joshu" signifie aussi la capitale du district de Jo. Le maître répond donc qu'elle a une porte au nord, une au sud, une à l'est et une à l'ouest. Le moine ne comprend pas pourquoi le maître lui répond ainsi.
    Maître Joshu dit: "C'est sur Joshu que vous m'avez interrogé." Connaître Joshu complètement signifie connaître la réalité. Connaître la réalité d'une chose, c'est connaître la réalité de toutes choses. Donc, connaître la réalité de maître Joshu, c'est connaître la réalité de la ville de Joshu.
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    Message par Yudo, maître zen Mar 28 Aoû 2012 - 18:18

    QUARANTE-SEPT

    Un jour, juste au moment où maître Isan Reiyu se croisait les jambes pour commencer sa pratique de Zazen, il indiqua ses chaussures et dit à maître Kyozan Ejaku: Ces souliers portent le poids des autres pendant toute la journée; ils ne peuvent le refuser.

    Maître Kyozan répondit: Dans l'ancien temps, même dans les temples du Vihara du Jetavana, le Bouddha Gautama ne prêchait que cette seule affaire.

    Maître Isan dit: Vos paroles sont insuffisantes. S'il-vous-plait, dites en plus.

    Maître Kyozan répondit: Pendant la saison froide, même porter des chaussettes n'est pas un luxe pour nos souliers.
    _______________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Dans les zendos en Chine et au Japon, les moines s'assoient sur des plate-formes surélevées pour pratiquer. Quand il se prépare à s'asseoir, le moine s'assied sur son coussin au bord de la plate-forme, enlève ses chaussures et les place sous la plate-forme, directement sous lui. Ils remonte alors ses jambes sur la plate-forme, et pivote à cent-quatre-vingts degrés pour faire face au mur et commence sa pratique de Zazen.
    Au cours de ce processus, maître Isan indique ses chaussures et dit qu'elles portent le poids de leur propriétaire tout au long du jour; elles ne sont pas en mesure de s'y opposer. Dans ce constat, on peut voirun fait concret de la réalité: les souliers portent le poids de leur propriétaire et ne se plaignent pas.
    On peut y voir aussi un facteur mental. Maître Isan semble avoir de la compassion pour les chaussures et leur lourd fardeau. Il semble les considérer comme des êtres sensibles. C'est ainsi que la réalité contient toujours des facteurs physiques et mentaux. Ou, autrement dit, la réalité unique peut être vue de points de vue idéalistes ou matérialistes.
    Maître Kyozan dit que ceci était exactement ce qu'avait enseigné le Bouddha Gautama. A l'époque de ce dernier, il y avait un débat animé entre les tenants de l'idéalisme qu'étaient les brahmanes, et la froide objectivité de leurs opposants, les matérialistes. L'enseignement du Bouddha Gautama était une voie médiane entre ces deux points de vue. Son enseignement les incorporait tous deux, sans pour autant accorder une préséance à l'un d'entre eux. La réalité n'est ni matérielle ni spirituelle; elle est ineffable. Cette ineffable réalité peut être vue de perspectives idéalistes comme de perspectives matérialistes.
    Maître Isan n'est pas satisfait de la réponse de maître Kyozan. Il veut qu'il exprime sa propre opinion sans avoir recours aux paroles du Bouddha Gautama.
    La dernière phrase de maître Kyozan nous montre encore une expression d'un simple fait: quand il fait froid, on met des chaussettes. On peut aussi y voir une expression de la valeur humaine, ou du sens humain, que comporte cette simple situation.
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    Message par Yudo, maître zen Mar 28 Aoû 2012 - 18:30

    C'est toujours assez intéressant. Ces commentaires de maître Nishijima, dont la valeur vise toujours à remettre à plat tous les délires "cervellotiques" sur le Mêêêêêrveilleux Eveil total et sans égal, semble agacer profondément ceux et celles qui refusent qu'on ramène le Bouddhisme à la vie quotidienne, avec son lot de caca et autres choses qu'on aimerait tant voir disparaître.

    Ce constant rappel à la réalité est emmerdant, j'en conviens, mais...
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    Message par Yudo, maître zen Mer 29 Aoû 2012 - 14:52

    QUARANTE-HUIT

    Un jour, maître Gensa Shibi demanda à son disciple de prendre note d'une lettre pour maître Seppo Gison. Ce dernier reçut la lettre alors qu'il était juste en route pour la salle de conférence. Il ouvrit la lettre et la regarda, mais ce n'était qu'une feuille de papier vierge. Dans la salle de conférence, maître Seppo montra la feuille vierge à l'assemblée, et dit: Comprenez-vous ceci?

    Puis, après une courte pause, il dit: N'avez-vous pas entendu dire que des personne excellentes, quoique séparées par des milliers de milles, ont une attitude commune?

    Entendant cela, le disciple retourna voir maître Gensa et lui répéta les paroles du maître.

    Maître Gensa dit: Un vieux maître bouddhiste au sommet de la montagne a survolé le sujet mais n'a pas reconnu le fait.

    ____________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Maître Seppo était l'aîné de maître Gensa, dans le Sangha, mais il était un peu trop sérieux dans sa façon d'être, alors que maître Gensa était plus pratique, terre-à-terre et dynamique. Il envoya un message vierge à maître Seppo en forme de plaisanterie pour voir quelle serait sa réaction.
    Lorsque maître Seppo montra la lettre à l'assemblée et demanda s'ils pouvaient la comprendre, il ne se montrait pas critique, mais demandait simplement à l'assemblée s'ils comprenaient qu'il y a des choses qu'on ne peut exprimer en paroles.
    Dans son commentaire suivant, il indiquait que, quoique séparés par une grande distance, lui et maître Gensa vivaient tous deux dans la vérité et pouvaient donc se comprendre mutuellement.
    Le messager revint chez maître Gensa avec ces commentaires, mais le maître ne fut pas satisfait de la réponse. Il se dit que les commentaires de maître Seppo étaient trop abstraits et sérieux. Il n'avait pas saisi la plaisanterie.
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    Message par Yudo, maître zen Ven 31 Aoû 2012 - 16:52

    QUARANTE-NEUF

    Maître Tozan Ryokai demanda à un moine: D'où venez-vous?

    Le moine répondit:Je suis arrivé ici après m'être régalé à randonner par les montagnes.

    Le maître dit: Etes-vous arrivé au sommet de la montagne?

    Le moine répondit: Oui.

    Le maître dit: Y a-t-il quelqu'un au sommet de la montagne?

    Le moine répondit: Il n'y a personne.

    Le maître dit: En ce cas, vous n'êtes pas arrivé au sommet de la montagne.

    Le moine répondit: Si je n'avais pas atteint le sommet, comment aurais-je pu voir qu'il n'y a personne là-haut?

    Le maître dit: Révérend moine, pourquoi ne resteriez-vous pas ici, dans ce temple?

    Le moine répondit: Ce n'est pas que je refuse de rester dans votre temple, mais il y a une personne en Inde qui ne dit pas que je doive rester ici.

    Le maître dit: Je soupçonne que ce moine est excellent!
    __________________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Lorsqu'on lui demanda d'où il venait, le moine répondit qu'il s'était régalé à voyager en montagne. Ce qui suggère une attitude différente de celle des moines bouddhistes habituels; il paraissait plutôt détendu et pas du tout en train d'essayer d'obtenir quelque chose. Le maître lui demanda donc s'il était arrivé au sommet de la montagne -- s'il avait atteint la vérité ou pas. Le moine répondit que c'était le cas.
    Maître Tozan décida donc de tester le moine et lui demanda s'il y avait quelqu'un au sommet -- autrement dit, si son état de vérité était l'état non-discriminant ou non-intellectuel où l'on ne divise pas la réalité en parties. Lorsque le moine répondit qu'il n'y avait personne au sommet, le maître ne put rien sentir dans sa réponse pour suggérer qu'il était arrivé à la vérité.
    Le moine insista, disant qu'il ne pouvait savoir qu'il n'y avait personne là-haut seulement après y être arrivé. Autrement dit, même si nous atteignons la vérité en tant que personne, l'état de vérité lui-même est celui qui est antérieur à la division de la réalité en parties.
    Le maître comprit que le moine avait atteint la vérité et lui demanda de rester au temple.
    Le moine répondit qu'il n'avait aucune objection à rester au temple mais qu'il y avait quelqu'un en Inde qui ne disait pas qu'il devait le faire. La "personne" en Inde" est le Bouddha Gautama. Le moine dit donc que son état était le même que celui du Bouddha Gautama et que son intuition bouddhique lui disait qu'il ne pouvait pas rester au temple.
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    Message par Yudo, maître zen Dim 9 Sep 2012 - 11:43

    CINQUANTE

    Un jour, maître Sekiro du district de Fun se vit demander par un moine: Je n'ai pas encore reconnu ma nature originelle. Maître, montrez-la moi, d'une manière ou d'une autre.

    Le maître répondit: Moi, Sekiro, je n'ai pas d'oreilles.

    Le moine dit: J'admets que l'erreur est mienne.

    Le maître rétorqua: Moi, ce vieux moine, j'ai aussi fait une erreur.

    Le moine dit: Où est l'erreur du maître?

    Le maître répliqua: Mon erreur existe à l'endroit où se situe la vôtre.

    Le moine se prosterna.

    Le maître le frappa.
    _______________________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima

    Le moine dit qu'il n'a pas réussi à reconnaître sa nature originelle et demande au maître Funshun Sekiro de la lui montrer. Maître Sekiro refuse ne fut-ce que d'écouter une question aussi abstraite. Le moine semblait croire que sa nature originelle fut d'une nature différente de lui-même. Notre nature originelle se montre lorsque nous agissons pleinement.
    Le moine se rend compte de son erreur et maître Sekiro lui dit que son erreur était aussi la sienne. Il assume la responsabilité du fait que son disciple n'a pas encore réalisé la vérité.
    Le moine se prosterne pour montrer au maître sa gratitude et sa compréhension des enseignements qu'il lui donne, mais le maître le frappe. Peut-être maître Sekiro avait-il l'impression que le moine l'avait trop facile. Peut-être se disait-il que le moine se contentait d'imiter le comportement traditionnel et n'était pas réellement allé au delà de ses abstractions. Il le frappe donc afin de lui montrer ce qu'est une action réelle.
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    Le Shinji Shôbôgenzô de maître Dôgen (recueil des kôans) - Page 2 Empty Re: Le Shinji Shôbôgenzô de maître Dôgen (recueil des kôans)

    Message par Yudo, maître zen Dim 14 Oct 2012 - 17:48

    CINQUANTE-ET-UN

    Citation:

    Un jour, un moine demanda à maître Nansen: Alors que maître Gozu n'avait pas encore vu le Quatrième Patriarche de Chine, pourquoi des centaines d'oiseaux cueillaient-ils des fleurs et lui apportaient-ils?

    Maître Nansen répondit: Parce que maître Gozu avançait pas à pas dans la voie des bouddhas.

    Le moine dit: Après avoir vu le Quatrième Patriarche, pourquoi les oiseaux cessèrent-ils de lui apporter des fleurs?

    Le maître répondit: Même si les oiseaux ne venaient plus, maître Gozu se situait au même niveau de vérité que moi.
    _______________________________________________
    Commentaire de maître Nishijima:

    Les oiseaux, qui ne sont pas liés à la terre, symbolisent souvent l'esprit ou la spiritualité. Et il est difficile d'imaginer une scène plus spirituelle ou sainte que celle que représente ce kôan. La pureté de maître Gozu et ses réalisations spirituelles étaient telles que des centaines d'oiseaux lui apportaient des fleurs afin de l'honorer, alors même qu'il n'avait "pas encore vu le Quatrième Patriarche" -- c'est-à-dire atteint la vérité.
    Lorsqu'on lui demanda pourquoi il en était ainsi, maître Nansen répondit que c'était parce que Gozu avançait pas à pas dans la voie des bouddhas -- c'est-à-dire qu'il menait la vie d'un bouddha jour après jour. Une fois qu'il eût vu le Quatrième Patriarche -- c'est-à-dire après être arrivé à la vérité, -- les oiseaux ne vinrent plus. Ceci suggère que l'état de vérité n'est pas un état spirituel. Si nous nous perdons dans la spiritualité, celle-ci nous distraira de notre véritable objectif, qui n'est que de faire l'expérience de la réalité elle-même.
    Pour de nombreuses personnes, l'idée d'éveil en vient à être une sorte d'obstacle du même genre. Nous nous formons une vision de ce que devrait être une personne éveillée, et nous mesurons notre pratique contre un standard abstrait. Nous devrions nous contenter d'aller de l'avant dans notre pratique et ne pas nous soucier d'à quel point nous sommes plus ou moins éveillés.


    Dernière édition par Yudo, maître zen le Mar 16 Oct 2012 - 13:59, édité 1 fois

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