par Yudo, maître zen Mer 1 Oct 2008 - 16:04
Maître Gudo Nishijima a été d'abord un étudiant de Kodo Sawaki (mais pas un disciple: ces choses sont très hiérarchisées au Japon). Avec lui, il a découvert le Shôbôgenzô de maître Dôgen
(au passage, je viens de faire, pour la première fois depuis des mois, des additions à mon site, plusieurs textes de Dôgen: http://zenmontpellier.site.voila.fr/fr/SBGZ/dogen.html
vous trouverez aussi des précisions sur maître Nishijima à
http://zenmontpellier.site.voila.fr/fr/gudo/gudo.html)
Il a consacré tous ses loisirs d'une vie à l'étude, puis à la traduction en japonais moderne du Shôbôgenzô de Dôgen, puis, avec ses élèves anglophones, à la traduction en anglais de ce même ouvrage. Cette dernière traduction est absolument remarquable, et au dire des spécialistes du japonais médiéval, étonnamment fidèle au texte, et bien plus compréhensible que le texte de Yoko Orimo, qui ajoute de l'obscurité à l'obscurité.
Il y a découvert une structure logique, qu'il a ensuite repérée chez tous les grands auteurs bouddhiques anciens, dont Nagarjuna, qui est quadripartite:
description à partir du point de vue idéaliste, suivie d'une autre à partir du point de vue matérialiste. Une synthèse, à partir du point de vue de l'action, interface entre les deux premiers, et enfin une séquence, généralement d'ordre poétique, pour exprimer que la réalité est toujours au-delà de toute description et explication. Cette structure se révèle essentielle pour comprendre Dôgen et, sans elle, les diverses traductions pédalent dans la choucroute. J'ai pu le vérifier entre autres sur la version de Nishiyama (à ne pas confondre avec Nishijima) qui n'y a visiblement pas compris grand-chose.
Plus tard, Nishijima a demandé à son confrère d'école, Niwa Zenji, de devenir son disciple et en a reçu les préceptes, et enfin le shiho.
Parallèlement, à cela, sa curiosité lui a commandé de rechercher une base tangible et physique à la doctrine de la "Voie du Milieu". Il lui semblait que, s'il n'y a pas de séparation entre corps et esprit, il devait nécessairement y avoir un rapport physique avec la pratique de zazen. Ce rapport il l'a découvert dans les ouvrages de vulgarisation de la physiologie, où l'on lui décrivait le système nerveux autonome, séparé en système sympathique et système parasympathique, ce dernier gouvernant les états d'apathie, de repos, de tranquilité et le premier d'agressivité, de nervosité, d'activité. Il en a déduit que zazen nous permet d'équilibrer ces deux systèmes et que cet état d'équilibre est ce qu'on appelle "l'état originel".
C'est pourquoi il insiste tant sur une pratique quotidienne, sur une pratique jamais excessive (car il est plus facile de rentrer dans la vie ordinaire après), mais sur une pratique confortable et tranquille. En effet, son guide est toujours et en tout Dôgen, et si Dôgen ne mentionne pas de kyôsaku, il rejette le kyôsaku. Si Dôgen fait des teisho et pas des kusen, il fait des teisho et pas des kusen. Et surtout, si Dôgen parle de zazen comme de la "porte agréable et confortable du Dharma", il ne peut accepter qu'on en fasse un concours d'endurance à la douleur.
J'ai essayé d'être concis, mais en gros...