Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Zazen comme "drogue" ?

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    Message par Zenoob Dim 25 Aoû 2013 - 20:32

    Bonjour !

    Ca ne va à nouveau pas très fort en ce moment, et le seul moment où je me sens à peu près bien, c'est pendant zazen... Aujourd'hui, pour la première fois, j'ai eu la sensation de tout laisser tomber, vraiment tout, ma propre vie, enfin même plus que ça, je ne sais pas bien le décrire. C'était incroyablement agréable : tout se faisait tout seul, sans "moi", enfin j'étais quand même là, mais ce que je veux dire, c'est qu'il n'y avait plus de frein à la vie : tout était libre de se passer comme ça se passe. Evidemment dès que je me suis relevé les soucis et les bêtises, les résistances de tout poil, ont repris, mais je sens en moi maintenant qu'il y a ce lieu de paix totale, c'est assez étrange même s'il a toujours dû être là, certainement.

    Du coup j'ai envie de faire zazen tout le temps ; est ce que ce que j'ai vécu est une illusion, une bêtise, et il faut que je fasse attention parce que je suis en train de devenir cinglé ? Ou au contraire est ce plutôt bon signe ? Curieusement ça ne me fait pas trop peur ni trop me sentir mal, du coup je pense que c'est une bonne chose, mais je me méfie un peu de ce genre d'expériences...
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    Message par lausm Dim 25 Aoû 2013 - 23:48

    Salut.
    OK, tu expérimentes ça, alors laisse ça etre ce que c'est, et quand tu te lèves, fais ta vie.
    Sinon tu saisis.
    Déja, c'est pas mal, tout le monde ne sent pas ce truc qu'on pourrait dire un petit satori.
    Il y a un lieu de paix, et ça c'est plutot une bonne nouvelle : quand tu es dans le quotidien et que ça déraille, tu as une référence.
    Illusion, bètise, toute expérience est subjective, c'est ce que tu en fais qui va la transformer en connerie ou en éveil.
    Plein de gens ont eu une ouverture, ils n'en font rien...certains en ont très peu voire pas, mais font quelque chose de ce qu'ils ont entre les mains.....tout cela c'est toi qui as les cartes en main.
    Cinglé ou pas, c'est de la convention : si tu te sens bien, et que ça semble ne faire suer personne, voire etre bien perçu autour de toi, c'est que c'est plutot positif, et donc ça vaut le coup que ça se déploie.
    Moi aussi je suis un peu méfiant, mais plus ça va plus je me dis qu'il faut profiter de la joie et du bien etre quand ils arrivent, car on a assez de notre lot de souffrance.
    Paix et bonheur, qu'il disait Dogen.
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    Message par Kaïkan Lun 26 Aoû 2013 - 22:03

    Bonjour Zenoob,

    On peut voir la pratique comme une drogue et la religion comme l'opium du peuple...Laughing 
    Courir après ses illusions n'est-ce pas aussi une sorte de drogue ? La société ne fait-elle pas tout son possible pour que chacun soit "accro" au travail et au salaire ?
    Il y a toutes sortes d'addictions.

    Le point important c'est quand tu remarques une différence entre le monde de zazen et le monde ordinaire. C'est un peu comme les pratiquants qui ressentent une différence entre le monde de la pratique en dojo, en sesshins, en camps d'été, et puis le monde du social qui est sans pitié et dans lequel il faut s'astreindre à revenir.

    Pourtant il n'y a pas deux mondes. C'est notre esprit qui crée artificiellement cette dualité.
    Pendant zazen c'est pareil mais on se rend compte de notre stupidité et on lâche prise. Dans le social on se laisse prendre au jeu, alors on souffre parce que la lucidité est là mais on ne sait plus comment laisser tomber, comment se comporter comme pendant zazen. C'est donc sur cette sensation qu'il faut travailler. Non pas se régaler des "bons zazen" en haïssant la vie ordinaire, mais élever le quotidien au même  niveau que shikantaza. Quelle que soit notre posture, qu'on soit debout assis, en train de marcher ou de faire tous les gestes de la vie quotidienne, il faut être complètement installé dans soi-même ici et maintenant.

    Le soir on peut remercier "l'Ordre Cosmique" de nous avoir fait rencontrer toutes ces difficultés de la journée afin d'avoir pu les résoudre.
    Le lendemain est un autre jour...
    sunny 

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    Message par Zenoob Mar 27 Aoû 2013 - 11:40

    Mais quand on souffre, il est bien difficile de rester avec soi même...

    Ce qui est marrant c'est qu'en ce moment je souffre toute la journée, et j'ai peur de me poser en zazen ; mais dès que je le fais, ça va "mieux", enfin, moins pire quoi... Je n'arrive pas, dans la journée, à être dans cet état d'acceptation de ce qui m'arrive...
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    Message par Leela Mar 27 Aoû 2013 - 19:17

    je te souhaite de retrouver ton équilibre, pour que tu sois bien dans ta vie.

    Si tu peux être détaché des problèmes de la vie au point de vue émotionnel, tout en t'activant "ici et maintenant" à les résoudre, à mon avis, tu y arriveras.

    La vie peut être si belle, simplement en regardant une fleur...
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    Message par Zenoob Mar 27 Aoû 2013 - 21:12

    Ben j'essaye, j'essaye, mais en ce moment mes émotions et mes vieux démons me mènent par le bout du nez... Tous les efforts que j'ai fait pour m'en "extirper" ces dernières années me semblent réduits à néant... J'essaie de continuer à pratiquer régulièrement mais c'est difficile alors que pourtant la pratique est toujours "agréable"...
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    Message par Leela Mar 27 Aoû 2013 - 22:57

    Je ne peux pas te donner de conseils, je ne connais pas ton cas et en plus je ne suis pas compétente, mais je te souhaite de trouver vite comment retrouver la sérénité et l'équilibre. flower 
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    Message par lausm Mer 28 Aoû 2013 - 0:07

    Ne serait-ce pas les efforts que tu mets à t'extirper de ce qui te fait souffrir qui ne seraient pas justement source de ta souffrance?
    autrement dit, ne refuserais-tu pas sur un plan existentialiste, l'existence de la souffrance en toi en cherchant à la résoudre, et ce faisant, n'alimenterais-tu pas une attitude dualiste par rapport à toi dans le monde??
    ce n'est aucunement un reproche : c'est l'objet premier de la première des quatre vérités que Shakyamuni pointait : la vie contient la souffrance. On ne décide pas de sa cessation, mais le travail de la reconnaître, en accepter les contours, la substance, l'existence, est un préalable incontournable.
    Pas de reconnaissance de la réalité de la vie sans accepter que la souffrance existe et qu'on le reconnaisse comme tel.
    c'est justement pour ça que quand tu t'assieds ça se soulage : tu ne peux t'asseoir sans sans cesse revenir à ton corps, à ton ressenti de tous les sens, mental inclus....donc à accueillir ces perceptions qui quand on les met à distance, se transforment en souffrance.
    Un enfant qu'on met à distance finit par pleurer....quand on l'accueille, qu'on évalue son besoin ,qu'on essaie d'y répondre, alors ça se calme.
    La non dualité, n'est pas de trouver un espace ailleurs où la souffrance ne serait plus, mais bien d'embrasser toutes les dimensions de son être, accueillir tout ce qu'on est sans condition, et alors les choses s'apaisent, car on ne peut exclure du monde une de ses parties sans que cela ne crée un déséquilibre dans la Force.
    Quant à savoir ce qu'il serait advenu si tu n'avais pas fait toute cette démarche, tu ne peux rien en savoir : tu as fait ce chemin, et c'est fait....il y a là secrètement l'attente d'un résultat...et peut-être nies tu obscurément des besoins basiques qui font que ta vie se vit sans plaisir....peut-être as tu besoin de repos, de vacances, de juste te faire plaisir sensoriellement, et que tu ne t'en rends pas compte?


    Dernière édition par lausm le Mer 28 Aoû 2013 - 21:37, édité 1 fois
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    Message par Zenoob Mer 28 Aoû 2013 - 11:13

    Je ne sais pas trop. Depuis le début des vacances d'été, depuis que j'ai à peu près fini ma thèse, tout s'écroule. Je somatise : j'ai mal aux dents, j'ai mal ici, j'ai mal là ; je vais chez des médecins qui ne trouvent aucune raison à cela. Il faut dire aussi que je suis en analyse et que c'est vraiment très très dur en ce moment ; l'analyste me dit que je suis à un moment crucial de la cure, que se jouent en ce moment des choses très importantes, mais qu'est ce que c'est difficile...

    Je chute et j'ai effectivement l'impression que tout ce que j'ai fait ces derniers temps pour "aller bien", ça a été quelque part essayer de maîtriser ma vie pour ne pas souffrir... J'ai commencé les arts martiaux, pour aller bien ; je me force à courir tous les jours, pour aller bien ; je crois que j'ai commencé zazen aussi, pour aller bien ; je ne fais que me forcer à vivre ma vie, parce que j'ai l'impression que si je laisse un peu faire, tout va s'écrouler. Et c'est ce qui se passe ! Et là, ça me rattrape, au point que je n'arrive plus à faire grand chose, enfin, plutôt, que je n'ai plus envie de faire grand chose. J'ai mal, je souffre (je fais vraiment l'expérience du fait que le corps et l'esprit sont la même chose tant l'angoisse et la douleur physique sont conjointes, identiques), et je lutte de toutes mes forces pour ne plus avoir mal et ne plus souffrir. Je n'arrive pas à m'en empêcher, je n'arrive pas à "m'ouvrir", c'est bien beau d'avoir ces discours là quand tout va bien, mais quand ça va mal, c'est une autre paire de manches. Le présent, c'est sympa quand on va bien. Quand on va mal, c'est horrible ! Je fais tout le contraire de ce qu'il faut faire : je me ferme, je flippe, je pleure, je combats de toutes mes forces. En zazen la lutte cesse un peu. J'ai lu à l'instant un texte de Darlene Cohen vachement bien, je vais essayer de le traduire sur le forum, ça passera le temps.
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    Message par lausm Mer 28 Aoû 2013 - 11:49

    Tu n'as plus envie de faire grand chose : tout y est dit. Tout comme tu dis que tu luttes pour ne pas souffrir. Lutter, c'est encore plein d'efforts, c'est encore un truc qui fait mal. Tu luttes contre la souffrance, pour ne plus la vivre, alors elle retape à la porte.
    L'ouverture, c'est aussi ne pas se mentir, et accepter qu'on refuse de souffrir....il est bon de refuser de souffrir, comme il est bon d'accepter la souffrance, car il n'est pas bon de vouloir souffrir tout comme il n'est pas bon de nier la réalité de la souffrance.
    Il est loin d'être improductif de s'ouvrir à notre fermeture, à notre refus, à notre repli sur soi : si c'est ce que tu es maintenant, l'ouverture est dans le fait de faire corps avec ces attitudes là. Sinon tu te juges, tu te dis que tu ne devrais pas être ainsi...et la dualité et la tension entre ce qui est et ce qui devrait être continue, alors que c'est une vue, une pure vue de l'esprit.
    Moi aussi, ça fait vingt ans bientôt que je me suis assis sur un zafu, et j'en chie dans la vie, je ne sais pas si je ne me suis pas trompé...mais je suis las de me fabriquer une foi pour continuer. La vie n'est pas se raconter des histoires....mais combien qui pratiquent verrouillent une croyance pour continuer à ne pas voir cela?
    Alors même si c'est douloureux, même si l'image tombe, tant pis, je préfère cela, car mentir fait encore plus chier.
    Ce carrefour, je pense qu'il est aussi collectif, c'était une discussion avec des voisins de camping : tout le monde stresse au boulot, en fait tout le monde est face à la question du sens : ce qu'on fait a t il du sens???....je pense qu'on touche une limite, on touche la limite du fait qu'on ne peut continuer à se faire croire que consommer va combler nos manques...et comme la situation matérielle devient contraignante, on ne peut que se tourner face à soi et sans béquiller ni substituts.
    Tu parles de douleurs, je lisais des trucs sur la fibromyalgie, je pense que la somatisation douloureuse est vraiment liée au fait de subir la vie sans la vivre, de rester dans cet entre deux, entre confort-dépendance qui en même temps n'est pas confortable, mais qu'on connaît si bien qu'il nous anesthésie, et ce truc d'oser aller hors de nos sentiers battus dans un monde présenté comme de plus en plus dangereux et angoissant.
    En fait il faut s'ouvrir avec le flip, il faut accepter de flipper malgré l'ouverture, il ne faut pas opposer cette fermeture et l'ouverture.

    La souffrance qui te rattrape a toujours été là, peut-être as tu justement aujourd'hui la force de pouvoir la vivre, ce que tu ne pouvais peut-être pas expérimenter il n'y a pas si longtemps?
    La souffrance d'être simplement soi?


    Dernière édition par lausm le Mer 28 Aoû 2013 - 21:39, édité 1 fois
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    Message par Leela Mer 28 Aoû 2013 - 13:09

    là je vois la possibilité d'une dépression nerveuse, ou "burnout", je reconnais beaucoup de symptômes, notamment le désir de ne pas se laisser allez, faire du sport, se lancer dans des tas d'activités, douleurs physiques, le refus de se "laisser" aller" et surtout le symptôme principal: ne plus avoir goût à rien.. Cette phrase est typique:
    zenoob a écrit:...tout va s'écrouler. Et c'est ce qui se passe ! Et là, ça me rattrape, au point que je n'arrive plus à faire grand chose, enfin, plutôt, que je n'ai plus envie de faire grand chose.
    Si cela arrive quand tu as fini un travail important, c'est parce que ton corps peut enfin se relâcher, et alors tout ce qui a été refoulé vient à la surface.  Ce phénomène est fréquent: on tombe facilement malade pendant les vacances...

    Dans ce cas, ce qu'il faut c'est "laisser tout s'écrouler" (ton corps te dit ce que tu dois faire) tout oublier, ne se forcer à RIEN, et se reposer pendant quelques semaines.. ou quelques mois !  Et ça, peu sont prêts à le faire, à moins d'y être forcés... On préfère prendre des pilules...  Le repos complet est pourtant le seul moment où les nerfs peuvent se reconstituer, aucun médicamnt ne peut y aider: ils ne font que masquer les symptômes sans résoudre le problème.
    Il faut un suivi médical et psychologie, c'est une maladie comme une autre et on en sort,mais qui est à prendre au sérieux.

    Je ne dis pas que c'est ça, hein !  Ca peut être tout autre chose: il faut voir avec le médecin traitant, mais cela ressemble furieusement à la dépression que j'ai faite, il y a 20 ans, dont je suis tout à fait remise.
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    Message par Zenoob Mer 28 Aoû 2013 - 13:35

    Ben oui Leela, c'est sûrement quelque chose comme ça... J'ai bossé sur ma thèse comme un dingue toute l'année dernière, en forçant vraiment les choses. Je me forçais à bosser 7 ou 8 heures par jour sur mon ordi pour finir à temps. Tout a commencé la semaine où j'ai rendu une première version de ma thèse : j'ai eu mal aux dents, dents de sagesse. Puis à partir de là ça a été le plongeon. Le problème surtout c'est que je suis terrifié par ce qui m'arrive : j'ai peur. Peur que la douleur dure toute ma vie. Peur de ne jamais m'en sortir. Peur que ma vie soit foutue, terminée. Peur de vivre avec la douleur... Je vis dans une peur constante qui me fait faire des bêtises : je cours chez des centaines de médecins, qui ne voient rien, je me demande si je dois aller aux urgences, si je n'ai pas quelque chose de grave, si je ne suis pas en train de réellement mourir, etc... Et en fait quand je vais chez le médecin, très vite je commence à pleurer et à me plaindre, et ça fait passer la douleur ! J'ai besoin de pleurer, de me plaindre, d'être chouchouté, et je ne supporte pas d'être comme ça parce que ces dernières années j'ai combattu de toutes mes forces pour ne plus l'être et être quelqu'un d'indépendant et de droit... Au fond je ne suis qu'une petite chose apeurée et vulnérable... Le plus marrant c'est que les médecins me regardent d'un air entendu : ils voient bien que je suis en "bonne" santé et que je n'ai rien, ils essaient de me rassurer, mais rien n'y fait...

    Je suis en travail avec un psy depuis quelques années, ça me fait du bien, je vais essayer de laisser les choses se faire un peu mais ce n'est pas facile. Je n'ai pas envie de prendre des médicaments contre l'anxiété ou la dépression, j'y serai peut être obligé...

    Le laisser aller dont tu parles, laisser complètement aller mon corps, etc, me fait extrêmement peur aussi. Je me rends compte que je crois vraiment que je dois diriger ma vie à la baguette et tout faire pour aller bien sinon tout s'écroule. Laisser les choses se faire me paraît fou et dangereux, c'est aussi ma difficulté depuis toujours, je marche à la volonté et à la force... De plus si je laisse aller je me retrouve face à la douleur et à la souffrance, et je préfère agir et fuir pour l'instant je crois, malheureusement...

    Mes douleurs sont complètement psychologiques, en plus, parce que par exemple hier j'ai testé, j'ai pris un anxiolytique, l'angoisse est partie, et la douleur avec. Par contre dès que je me mets à stresser ou à avoir envie de me plaindre ou à angoisser, la douleur réapparaît. C'est comme si elle me poussait à aller voir quelqu'un pour pleurer. J'ai tellement peur de rester comme ça pour toujours, d'avoir mal pour toujours !

    PS :

    "Tu parles de douleurs, je lisais des trucs sur la fibromyalgie, je pense que la somatisation douloureuse est vraiment liée au fait de subir la vie sans la vivre, de rester dans cet entre deux, entre confort-dépendance qui en même temps n'est pas confortable, mais qu'on connaît si bien qu'il nous anesthésie, et ce truc d'oser aller hors de nos sentiers battus dans un monde présenté comme de plus en plus dangereux et angoissant."

    C'est EXACTEMENT ce que je fais depuis quelques années. Je reste dans un petit truc confortable et rassurant mais en même temps pas du tout satisfaisant et je m'en "contente". Je suis terrifié par l'idée de tenter quelque chose ou d'aller dans le monde...
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    Message par Leela Mer 28 Aoû 2013 - 14:30

    zenoob, je ne veux pas faire de diagnostic, seul un médecin peut le faire. Donc essaie d'en voir un: normalement, il doit reconnaître tout de suite une dépression nerveuse: c'est si courant !

    Dis toi bien que quelle que soit ta maladie, elle n'est pas "toi", tu n'ES pas malade, tu AS une maladie.

    Je comprends tout à fait ce que tu décris, l'ayant vécu aussi, c'est terrible. Le stade suivant est "la panne", tu deviens incapable de ne rien faire. Surtout si cela t'arrive, ne t'inquiète pas, c'est normal, c'est ton corps qui en a marre de te demander de te reposer, alors il "fait la grève". Et il a bien raison !

    Mais c'est terrible à vivre parce qu'on perd la sensation de plaisir et l'espoir, on tombe dans un trou. Dis toi encore que c'est normal, ça fait partie de la maladie. Ca passera, je t'assure !

    Cette maladie est même parfois présentée comme initiatique parce que pour en sortir, tu devras changer dans ta vie ce qui n'allait pas, ce qui t'empêchait d'être toi.

    Je te donne la référence d'un petit livre qui m'a fait comprendre cela et m'a énormément aidée :
    GÉRER LA DÉPRESSION NERVEUSE
    FRITZSCHE, W.
    Éditeur : Recto Verseau

    Il est bon marché, facile à lire et pourra t'aider, même si ce que tu as est autre chose.
    N'oublie pas de voir un médecin qui regardera tous tes symptômes: moi je ne suis pas médecin et je ne peux pas faire de diagnostic, je peux me tromper lourdement.
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    Message par Zenoob Mer 28 Aoû 2013 - 14:42

    Oh tu sais, des médecins, j'ai dû en voir 10 dans les deux derniers mois...

    Ce n'est pas la première fois que je passe par ce genre de truc, mais là c'est particulièrement carabiné...
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    Message par Kaïkan Mer 28 Aoû 2013 - 14:43

    tao 

    J'ai la même impression que Leela : ça ressemble bien à une dépression.
    Tous les symptômes sont remarquablement décrits.

    Là il faut vraiment du repos et pas trop se bourrer de médicaments sans les rejeter non plus car des prises modérées peuvent vraiment aider.
    Faire aussi des petits zazen pas trop longs au cours de la journée et puis se mettre vraiment en vacances. Promenades à pied dans la campagne quand c'est possible. Ne pas s'astreindre à des exercices physiques trop intenses non plus.

    Rechercher des lectures tranquilles et essayer de positiver et de dédramatiser autant que possible.
    Bien sûr c'est facile de l'extérieur, c'est beaucoup plus pénible quand on est piégé dans ce problème.

    Il faut en tout cas prendre au sérieux qu 'il est important de se soigner en se ménageant; c'est-à-dire d'éviter les excès de toutes sortes.

    Zenoob, je souhaite que ces mauvais moments passent très rapidement et que tu retrouves ton équilibre le plus vite possible.

    Bon courage...aurevoir 



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    Message par Leela Mer 28 Aoû 2013 - 16:46

    un bon article: http://www.passeportsante.net/fr/Maux/Problemes/Fiche.aspx?doc=depression_pm
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    Message par Yudo, maître zen Mer 28 Aoû 2013 - 20:40

    Non, c'est le syndrome de la porte coincée!

    Je m'explique: si l'on tente de débloquer une porte coincée, on appuie de tout son poids dessus (dans le bon sens d'ouverture, évidemment!) et on force un maximum pour la débloquer. Mais si elle se débloque d'un coup, on tombe, emporté par l'effort qu'on faisait pour l'ouvrir.

    J'ai vécu cela à plusieurs reprises, en particulier dans les moments où j'étais à bout de ressources, et totalement dans l'angoisse de ne plus savoir comment m'en tirer, et, au moment où, enfin, j'avais une rentrée d'argent, je m'effondrais lamentablement.

    De même, à Québec, les étudiants étrangers, Africains en particulier, craquent, non pas pendant le trop long hiver, mais au printemps, quand enfin c'est terminé!
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    Message par Zenoob Mer 28 Aoû 2013 - 21:37

    Oui c'est sûrement de cet ordre là en effet ; mais là ça fait deux mois que j'ai commencé à "plonger", et ça ne va pas vraiment mieux, au contraire, j'ai l'impression que les choses se figent de plus en plus. Le pire c'est que j'ai certes fini le plus gros de mon boulot, mais il faut que je soutienne la thèse en décembre, et en attendant, que je fignole, que je retravaille certains points, que je modifie certains passages, que je relise, etc etc... Je ne vais jamais m'en sortir ! Déjà qu'en allant à peu près bien, c'est difficile et chiant, mais alors dans l'état où je suis (ouvrir le fichier de ma thèse me donne quasiment des nausées instantanément ahahahah) ça risque d'être mission impossible ; et si je n'y arrive pas, c'est 4 ans de boulot foutus en l'air...

    Après, c'est l'incertitude professionnelle puisque je vais me retrouver sans emploi...

    Pareil : trouver un boulot en étant au 36eme dessous, je ne sais pas si je pourrai.

    Le présent n'est vraiment pas glorieux, l'avenir s'annonce sombre lui aussi...
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    Message par lausm Mer 28 Aoû 2013 - 21:54

    super, tu es mûr pour l'éveil par réalisation de la réalité de la souffrance humaine existentielle!!
    En fait l'avenir s'annonce non-existant, tout comme le présent n'est pas glorieux non en lui-même, mais parce qu'il est pensé ainsi!
    En fait, Décembre, c'est une vie ultérieure lointaine, et il y a le temps de voir venir!

    Tu m'as répondu au passage où je parlais de fibromyalgie, que ce que je décrivais était exactement cela : un confort dont tu as peur de partir.
    On dirait qu'il y a une instance masculine qui dirige fort la barque, au détriment du féminin accueillant et bienveillant!....Quel poids généalogique y a t il là qu'il me semble y avoir, au passage?
    Des mois sur l'ordi (sans compter zen et nous), c'est des mois à vivre hors de son corps, face à un écran, ce même si à côté il y a zazen et du kung fu......notre société est pathogène.....en MTC, c'est la rate pancréas qui trinque, élément terre, système digestif : un excès de pensée, de mentalisation, ruine son énergie.....et la rate, c'est la gestion des liquides dans le corps, c'est aussi lié à l'émotion de l'inquiétude anxiété, si elle est vraiment déréglée....elle est aussi liée aux muscles, sauf erreur, et tous ces signes correspondent à un dérèglement de l'élément Terre.
    On tamponne son stress, met un couvercle sur ses sensations pendant des mois....puis quand ça lâche, tout part en sucette....mon frère tombait toujours malade pendant les vacances. Parfois au boulot on venait le chercher jusque dans les chiottes!
    En plus, l'année a été sombre et froide, très et trop longtemps.....et quand la chaleur arrive, tout décompense, comme disait Yudo.
    Tous ces facteurs cumulés jouent à plein.
    Il y a un mois, quand il y a eu l'accident de train de Compostelle, ainsi que tous les autres (le car en Italie et je ne sais plus quoi d'autre encore), j'ai regardé la carte du ciel d'alors : c'était pas piqué des vers, plein d'oppositions de planètes, trois oppositions en même temps en des lieux différents. Avec des configurations d'inhibition d'énergie, de l'agressivité, des configurations de tension extrème sur fond de chaleur (d'où un été chaud et solaire).....ça devrait se détendre peu à peu, le Soleil était en opposition avec Saturne, je crois, et il quitte peu à peu cette place, ça devrait détendre (Saturne, c'est rigide et dur).
    Donc voilà.....l'avenir s'annonce moins pire que le pire de maintenant....si on ne l'assombrit pas soi-même.
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    Message par Zenoob Mer 4 Sep 2013 - 11:23

    Salut !

    J'ai un peu de mal en ce moment à pratiquer, je n'en ai vraiment plus l'envie, je ne sais pas trop si je dois m'écouter et laisser un peu de côté zazen ou me forcer ; je pense avoir utilisé zazen pour de mauvaises raisons, pour étouffer mon angoisse, et j'ai un peu une crise de confiance dans la pratique, du coup. En fait, je suis en pleine rupture avec mon amie, j'ai compris pas mal de choses ces derniers temps notamment les raisons de ces somatisations, qui sont des conflits relationnels que j'ai refusés de voir en face pendant tout l'été ; je somatise, je souffre, et j'ai envie de me laisser aller, de tout laisser faire et de ne pas me forcer à m'asseoir ; mais je ne sais pas si c'est la bonne solution ou si au contraire je devrais forcer le truc.

    Est ce que c'est grave de ne pas s'asseoir pendant un moment ? Peut être qu'un jour j'aurai envie de reprendre ?
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    Message par lausm Mer 4 Sep 2013 - 14:00

    Bon, ok.
    Alors, quand c'est comme ça, regarde les choses du point de vue cosmique : est-ce bien grave??
    Rappelle toi ce que disait Dogen lui-même : "le zazen dont je parle n'est pas l'apprentissage de la méditation assise, il est le parfait dharma de paix et de bonheur".
    Si je te lis, le travail de conscience n'a pas cessé même si tu pratiques peu ou moins.
    Donc ça avance, quoi qu'il en soit, même à travers ce qui fait mal.
    J'ai connu toutes ces phases que tu décris, les connais encore.
    Il n'y a aucune réponse qu'on n'ait à trouver en soi-même.
    Si on n'essaie pas de suivre le rejet de la pratique jusqu'au bout, on peut garder un doute sur ce que c'est. Alors pratique la non pratique. En ce qui me concerne elle m'a toujours quand même ramené sur le coussin!....j'ai tenté d'arrèter, de me dire que je recommencerai quand je le voudrai...pour réaliser que parfois on le veut après l'avoir décidé....et qu'au final, il n'y a aucune recette.
    Le corps est un outil de relation, parfois le zazen le surexpose, et cela il faut un cadre contenant pour pouvoir bien le vivre.
    Pour cela, soit un cadre de vie avec un minimum de sécurité affective et matérielle, soit un cadre monastique (qui remplit en fait la même fonction).
    et là on peut mettre ses tripes à l'air, c'est un luxe un peu bourgeois.
    Sinon, quand elles le sont déjà, ça peut parfois raviver les tensions, surtout quand on débute.
    Après, ça aide plus à rajouter une couche d'anesthésie, ce qui est parfois pas mal quand tout est trop, mais peut faire sombrer dans la passivité (c'est mon dilemme actuel).
    Du coup je bricole avec des trucs énergétique dzogchen, je trouve que ça fait sortir de l'identification excessive au corps que zazen peut entraîner de par la pédagogie même de la pratique.
    On y parle beaucoup d'espace, de lumière...en faut Dogen et tutti quanti en parlent beaucoup, mais je trouve que dans les dojos occidentaux on n'aide pas à réaliser cette dimension spacieuse de tout ça.
    et puis....une rupture, c'est une rupture....et quand ça casse, forcément ça ravive des choses, ça nous sort de la sécurité, et c'est une souffrance normale qui ne se vit pas ailleurs que dans le corps...qui est cet esprit!
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    Message par Kaïkan Jeu 5 Sep 2013 - 16:38

    Zenoob a écrit:J'ai un peu de mal en ce moment à pratiquer, je n'en ai vraiment plus l'envie, je ne sais pas trop si je dois m'écouter et laisser un peu de côté zazen ou me forcer ; je pense avoir utilisé zazen pour de mauvaises raisons, pour étouffer mon angoisse, et j'ai un peu une crise de confiance dans la pratique, du coup. En fait, je suis en pleine rupture avec mon amie, j'ai compris pas mal de choses ces derniers temps notamment les raisons de ces somatisations, qui sont des conflits relationnels que j'ai refusés de voir en face pendant tout l'été ; je somatise, je souffre, et j'ai envie de me laisser aller, de tout laisser faire et de ne pas me forcer à m'asseoir ; mais je ne sais pas si c'est la bonne solution ou si au contraire je devrais forcer le truc.

    Est ce que c'est grave de ne pas s'asseoir pendant un moment ? Peut être qu'un jour j'aurai envie de reprendre ?
    D’abord il faut bien comprendre que la pratique soulève un tas de choses enfouies très profond. C’est souvent beaucoup de négatif ou tout au moins de problématique et de dérangeant qui était bien refoulé dans une pièce obscure. Tout à coup on ouvre brusquement la porte… Aïe aïe aïe
    Ensuite il ne faut pas se tromper au sujet de la pratique de zazen : ce n’est pas une identification avec le corps.
    On se concentre sur les points importants de la posture et sur la respiration. Il s’en suit que vu l’immobilité et la stabilité, le corps s’anesthésie pour ainsi dire car toutes les fonctions internes s’équilibrent naturellement (homéostasie). On sent le corps comme un bloc solide et puis il disparaît quasiment. Donc on ne s’identifie pas à quelque chose qui n’est plus rien. Pour l’esprit c’est comme disait le Daruma : apporte le nous et on s’en occupera; Ah ah ah. On ne peut le saisir, alors comment s’identifier à l’insaisissable ?
    Finalement faire zazen c’est pratiquer shin jin datsu raku. (rejeter, abandonner le corps et l'esprit)
    Arrêter c’est s’attacher à la forme et au nom  " Nāma-rūpa".
    Voir  → ICI
    De toute façon les processus enclenchés ne dépendent plus de notre volonté personnelle.  On croit s’arrêter et on continue quand même, on croit continuer et en fait on stagne ; tout cela fait partie du parcours comme le décrit aussi lausm dans son message.

    L’important c’est de garder le sens de l’humour et de ne pas trop se la jouer style tragédie grecque bien qu’une bonne dose de stoïcisme soit souvent nécessaire … Laughing 



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    Message par Zenoob Jeu 5 Sep 2013 - 17:03

    Merci pour vos réponses.

    Le fait est que je suis très "tragédie grecque", même avec moi même. Je noircis tout le tableau, comme si ma vie allait s'arrêter, que j'étais foutu, que ma situation était désespérée.

    Alors que je pourrais aussi me réjouir d'avoir tant d'amis qui m'aident, qui me soutiennent, qui m'écoutent, une famille qui m'accueille dans ces moments difficiles, etc.

    J'essaie de pratiquer le soir quand j'en ai envie, mais je ne me force plus pour l'instant. Je bosse énormément avec le psy, beaucoup de choses remontent (pendant zazen, souvent, d'ailleurs) qui sont parfois difficilement supportables ; mais je crois bien que si je me sors de ce gouffre là, par la suite ça devrait aller mieux et certaines choses seront "réglées". Le plus dur à gérer c'est le tourbillon émotionnel qui me prend, dans la journée : parfois de la colère arrive très forte, parfois une très grande tristesse, parfois un mélange des deux, parfois de l'angoisse pure et physique, parfois aussi quelques joies toutes simples quand je vais courir dans les champs...

    Ca reste encore très chaotique, tout ça, nous sommes décidément des êtres bien complexes...
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    Message par lausm Ven 6 Sep 2013 - 12:26

    Mais c'est très bien!
    Comme Kaikan le fait remarquer, on peut se la jouer tragédie grecque, mais quand on voit que ça marche peu ou pas, on se calme tout seul et devient stoique.
    c'est vrai que zazen n'est pas une identification au corps, mais les émotions se jouent corporellement.
    En fait, c'est la que je pense que la vision énergétique est pertinente : c'est de l'énergie qui bouge ou qui stagne. On ne maitrise rien en immobilisant les choses, et zazen est parfois peu indiqué si on est trop perturbé, et peut aggraver les stagnations si on n'arrive pas a faire tourner l'énergie dans la posture immobile. Parfois c'est mieux de faire du qi gong ou d'autres pratiques plus dynamiques, pour réguler tout ça.
    Colère, tristesse, c'est la vie tout ça. qui sort en émotions, énergie motrice. L'insupportable, c'est quand on tente de controler et refouler le truc....la tempète va de toute façon se calmer a un moment.
    Mais tu apprends a domestiquer un cheval fou : c'est dur, mais c'est de l'énergie que tu apprends a utiliser.
    C'est intéressant que tu dises que des choses remontent pendant zazen et que tu les travailles chez le psy : peut-être pratiques tu peu, mais tu l'utilises bien, et c'est de la pratique, quelque part, mais hors du coussin.
    Peut être vas tu pouvoir faire partie de ceux qui vont concilier psychologie occidentale et enseignements bouddhiste, psychanalyse et zazen, car tu en as l'expérience, et mettre un peu de terre dans la psychanalyse, et de la psychologie dans le zen?

    Toutes les cosmogonies racontent qu'avant qu'un monde existe de façon organisé, il a émergé d'un chaos.
    Tu sembles donc y être!
    Un monde commence!
    Bon courage pour ta renaissance.
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    Message par Zenoob Ven 6 Sep 2013 - 15:45

    "L'insupportable, c'est quand on tente de controler et refouler le truc...."

    Je me rends tellement compte de ça en ce moment... J'essaie à tout prix de tout contrôler, 1 - en analysant tout ce qui m'arrive et en cherchant des réponses et des solutions à tout et n'importe quoi, et 2 - en essayant de me forcer à me détendre, en restant avec ma respiration, etc... Dès que je fais ça j'ai des tensions et des douleurs qui apparaissent dans mon corps, et c'est vraiment ma tendance naturelle que de faire ça malheureusement.

    Mais en fait, là où ça va le mieux, c'est quand je lâche tout et que je pleure comme un veau ou que je me laisse carrément mourir sur place. Mais je n'y arrive pas toujours, je résiste à fond...

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