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    Le pigeon d'or et le bâton. Ou comment manger, c'est voler.

    Fred
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    Le pigeon d'or et le bâton. Ou comment manger, c'est voler. Empty Le pigeon d'or et le bâton. Ou comment manger, c'est voler.

    Message par Fred Ven 6 Déc 2013 - 21:12

    Le pigeon d'or et le bâton. Ou comment manger, c'est voler.

    Un pigeon venait tous les jours à heure fixe profiter du repas que distribuait une vieille femme amoureuse des oiseaux. Malgré la rude concurrence que représentait la présence de ses congénères ainsi que celle des goélands et des moineaux, il arrivait à arracher de temps en temps une miette opportune.
    Mais sa situation le rendait insatisfait, car outre la difficulté de faire valoir ses droits au milieu des autres pigeons, les goéland furieux et agressifs, au plumage attrayant d'une blanche pureté constituaient des adversaires d'une force contre laquelle il n'était pas possible de rivaliser. Ainsi, chapardaient-ils éhontément la presque totalité de ce qui était distribué par la femme. Ce que le pigeon parvenait à arracher à grand peine, constituait donc au final bien peu de poids dans son estomac.
    Lorsqu'il mourut, notre pigeon décida qu'il était temps pour lui de cesser de vivre à l'ombre de ces cruels oiseaux et demanda à renaître parmi eux.
    Affublé de son nouveau plumage, il était devenu d'une intrépidité sans pareille et ses anciens frères n'espéraient même plus pouvoir se réjouir, ne serait-ce que d'une miette distribuée par la généreuse donatrice.
    D'autre part, il avait soumis sa nouvelle famille de sang qu'il faisait fuir à grand coups de bec.
    La femme en vînt d'ailleurs à se lasser de son agressivité et fît en sorte qu'il cessa de pouvoir atteindre ce qu'il convoitait.
    Le plaisir qu'elle prenait à être en présence des oiseaux, l'incitait à chercher à ce que ces êtres se rapprochassent le plus possible d'elle, mais le goéland qui avait compris qu'il n'était plus le bienvenu, regardait de loin s'échapper le trésor.
    Les pigeons eux, s'approchaient certes de la femme, mais n'osaient guère picorer dans sa main.
    Le désir qu'elle cherchait à taire en elle même, était que l'un de ces adorables moineaux ne vienne un jour se saisir d'une de ces miettes qu'elle tendait. Mais rien n'y fît, alors pour éviter que tous les autres oiseaux ne s'attribuassent ce qu'elle souhaitait offrir aux moineaux, en dépit de sa déception, elle faisait en sorte de jeter un peu de nourriture au plus prêt de ces minuscules volatiles.
    Le goéland, qui s'était résigné à lui déplaire ainsi qu'à tous ces humains généreux qui finissaient tous par se lasser de lui, finit par mourir délaissé par tous. Ayant constaté durant sa vie de goéland, la générosité dont les moineaux jouissaient, il voulu naître sous ce nouvel aspect.
    Lorsqu'une fois devenu moineau, il atteint l'age adulte, il se mêla à ses congénères, et le repas fût nettement plus copieux.
    Cependant, il n'était toujours pas satisfait, car du fait de sa fragilité et de sa petite taille, il n'osait pas profiter de l'aubaine de cette nourriture qui, sans aucun doute s'avérerait inépuisable, s'il avait osé la prendre directement du bout des doigts de la femme. Celle ci finissait donc par se lasser de ses vaines tentatives.
    Un jour, lors de l'une de ces curées, la femme eut parmi ses visiteurs peureux, celle d'un pigeon dont la couleur d'or passée par le travail du temps, révélait qu'il avait dû être un jeune individu fort et déterminé. C'est avec bonheur qu'elle considérait la douceur de cet oiseau qui venait sans se faire prier se saisir de la nourriture directement dans ses mains. Elle comptait d'ailleurs sur lui pour persuader les autres de ses intentions inoffensives. Il cessa pourtant bien vite de la contenter, et on aurait dit qu'effectivement, il attendait à son tour que les autres ne prennent exemple sur lui. Voyant pourtant qu'il n'en était rien, il s'éloigna tranquillement du groupe et reprit seul le chemin du vent.
    Mais l'attitude du pigeon n'avait pas échappé au moineau qui, fasciné par ce héro et lointain ancêtre, prit son courage à deux ailes, et, lentement, avec circonspection, décida de s'approcher de la femme. Celle ci réjouit par la scène, sentait son cœur s'emballer. Le moineau qui ne se trouvait plus qu'à une petite vingtaine de centimètres de la main prodigue, entendit les battements affolés du cœur de la bienfaitrice, alors, pris de panique, il finit par s'envoler sans demander son reste.
    A sa mort enfin, le moineau décida de reprendre sa première incarnation , mais cette fois, il naquit avec un beau plumage doré.
    On dit que la femme dû elle aussi renaître ; elle fît le choix après sa mort de devenir un arbre.

    Épilogue :
    Un jour un vieil homme surprit un enfant qui était en train de se défouler sur le tronc d'un arbre avec un bâton. Le vieillard alla de ce pas le réprimander.
    Le jeune tortionnaire avec arrogance lui rétorqua qu'il était lui-même en train de marcher sur l'herbe et que pourtant il ne semblait pas se préoccuper du fait de la blesser.
    Alors que l’impertinent allait pour s'éloigner, le vieillard le rattrapa par la manche et en lui montrant un oiseau dans le ciel, lui dit : Peux-tu m'apprendre à voler comme lui ?
    Comment le pourrais-je ? dit l'enfant.
    Alors dis-moi, reprit le vieillard, comment veux-tu que je fasse pour ne pas marcher sur cette herbe ?
    L'enfant qui ne voulait pas en démordre lui fît cette remarque:
    Vous n'avez qu'à apprendre auprès d'un oiseau.
    Dans ce cas, finit par dire l'homme, quel oiseau t'enseignera à toi à ne pas blesser l'arbre dans lequel il vient se reposer et faire son nid ?
    L'enfant, honteux, voulu demander pardon à son aîné, mais ce dernier l'arrêta en cours et lui dit :
    «  Je n'ai pas à te pardonner. Grâce à toi, j'ai pu comprendre à quoi ma canne pouvait me servir autrement qu'à supporter mon poids. L'enfant sourit, remercia l'ancien, et jouant à faire voltiger son bâton, s'éloigna, puis disparût derrière un buisson.

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