Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Message par Zenoob Lun 20 Jan 2014 - 14:10

    Question qui rejoint un peu celle de la vacuité évoquée précédemment par Kaïkan. Je livre en vrac quelques questions et réflexions qui me traversent, et qui me viennent de la pratique de zazen et aussi de la psychanalyse où la question d'être un sujet / être un objet est centrale (et articulée par le langage en analyse, alors qu'en zazen elle serait plutôt articulée par le silence, mais c'est peut être la même chose au final).

    Dans le zen, considère-t-on qu'il existe une séparation entre un sujet et un objet ? Comment définirait-on ces deux instances ? Voilà où j'en suis à peu près : une proposition serait par exemple : un objet est ce que je perçois comme distinct de moi. Les problèmes arrivent très vite (en tout cas pour moi), parce qu'en fait, tout ce dont j'ai conscience est par définition distinct de moi ; sinon je n'en aurais pas conscience. Du coup, tant que j'ai par exemple conscience d'une sensation, c'est que cette sensation n'est pas moi et ce que j'identifie alors comme "moi" n'est en fait qu'un nouvel objet. Mais vu que la réalité est constituée de sensations, alors il n'y a pas de moi non plus, du moment que je saisis quelque chose... On ne serait donc "soi" que quand on ne saisit rien, quand on ne "fait" rien (au sens de saisie cognitive des choses, pas d'action), quand on est en quelque sorte inconscient ?

    Pourtant je fais bien la différence entre moi et les autres, je fais bien la différence entre une baguette de pain et la table qui la supporte !

    Pour vivre correctement, il faut donc pouvoir être un sujet, il faut pouvoir distinguer, il faut pouvoir parler, et donc il faut accepter cette souffrance de séparation de soi et du monde, non ? A quoi bon, dès lors, rechercher, par zazen ou autre, à abolir cette séparation, ou en tout cas à réaliser qu'elle n'existe pas ? Est-ce que ça ne conduit pas à encore plus de souffrance, vu que c'est impossible ?

    Comment être un bon sujet, du coup, me paraît être une question très importante, plutôt que de chercher à ne pas être un sujet du tout... Comment ne pas être un objet, aussi, alors, est une bonne question...


    Quel bordel !

    PS : je crois qu'encore une fois, je me plante dans la pratique, en croyant quelque part que zazen devait consister à me faire disparaître, ou alors à atteindre un état d'esprit transcendental dans lequel je suis confondu avec tout. Je crois que ce n'est pas ça ! C'est être comme on est, séparé comme non séparé, conflictuel ou pas, là ou pas là ! C'est dingue parce que tout le monde me l'a répété, surtout lausm, et je ne voulais pas l'entendre...
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    Message par lausm Lun 20 Jan 2014 - 16:08

    C'est bien pour ça que je me suis demandé si j'allais te répondre!!!!
    Croire que zazen "doit" faire quelque chose, même  si ce quelque chose est du rien, ou atteindre, qu'en penses-tu en terme de ce que tu as appris de la pratique? Penses-tu que ça va avec ce fameux mushotoku, qui signifie sans désir d'(obtention (le rejet étant de l'obtention à l'envers)?

    En fait, il te faut questionner le point de vue à partir duquel tu questionnes : tout ç l'heure je lisais sur Nangpa, une citation de TNH, qui disait que l'"awareness" (que je traduirais volontiers par vigilance éveillée), c'était quand on est conscient de celui qui est conscient qui est conscient qu'il observe.
    Je reprends : on peut être conscient....puis être conscient d'être conscient d'observer quelque chose qu'on pense comme soi...puis aller au-dessus, être conscient de l'instance qui observe ce qui prend conscience. Bon, c'est pas forcément comme ça que je l'expliquerais, mais cependant j'ai trouvé ça pertinent.
    En fait, ta plantade c'est que tu cherches à ne pas chercher!
    Un copain m'a dit il y a peu : en fait, en zazen, je me fous la paix!...mais il a eu une prise de conscience brutale, et pas intellectuelle.
    En fait, une sensation est-elle séparée de ta conscience qui l'observe, et peux-tu considérer qu'elle est séparée de toi? Pour moi non, mais relativement tu as raison...mais c'est à mon sens un point de vue égotique (et ce n'est pas péjoratif, on est dans la mécanique qu'on tente de comprendre).
    Pour moi une sensation est entre soi et non-soi....c'est un processus relationnel, et si on observe les choses ainsi, la question de distinguer entre soi et non-soi devient secondaire. La baffe classique des maîtres chan, t'enseignent radicalement (à la racine), que ce que tu expérimentes, n'est pas toi! Qu'en dirais-tu alors?
    Regarde juste la sémantique de ta phrase "tant que j'ai conscience d'une sensation, c'est qu'elle n'est pas moi,etc...."Voilà là la saisie : "j'ai"conscience."
    Par contre, si tu es conscient, tu te posititionnes comme sujet. Il n'y a pas "je" qui "a" conscience. Il y a "je" qui est acteur de son observation.....peut-il alors se sentir séparé de ce qu'il observe? Non, il se met en lien. Bouddhistement, se joue alors l'interdépendance, aussi la conscience du lien de cause à effet, et donc qu'il n'y a pas de soi séparé de moi.
    Tu dis que la réalité est constituée de sensations...mais qui donc les perçoit, qui dit cette phrase, qui pense cela??? C'est toi!...
    Donc cette réalité constituée de sensations, c'est ton observation, c'est toi qui perçoit ces sensations....mais il faut en être conscient. Si tu penses que la vérité est ailleurs, alors oui, tu vois ça mais tu te sens encore séparé, et tu cherches ailleurs ce qui est sous tes yeux...mais cool, on fait tous ça, tout le temps!
    MAis cette réalisation, n'est pas une régression dans un état où l'ego revient à un état indifférencié de fusion archaique avec son environnement. Là il n'y a pas d'éveil, juste régression psychotique (ce avec quoi je pense tu luttes et qui te fais souffrir, mais c'est une conclusion sauvage perso et subjective). Si on établit ce lien d'unité avec toute chose, notre différenciation d'avec autrui n'est pas abolie....mais par contre le lien devient possible à partir de l'individuation..ou l'individuation devient possible à partir de la relation.
    Il n'y a pas besoin de vouloir cesser d'être sujet, mais surtout à devenir conscient du sujet qu'on est. A ce moment-là, on peut sentir notre dimension objective, on peut se voir sans être aveuglé par ses projections. Alors, sujet et objet deviennent un : notre moi-sujet peut sentir, percevoir, comprendre, notre moi-objet, car observateur et observé sont la même personne!...mais on peut le faire quand on cesse de chercher notre "moi" ailleurs.
    Tu devrais tenter l'observation de tes pensées sur ce thème :d'où ça vient dans ton corps, quelles images ça brasse, qu'est-ce que tu cherches à résoudre par cette réflexion....et ne rien faire, juste laisser couler les pensées comme une rivière, sans analyser, ni même t'empècher d'analyser. Reprend le bouquin de P.Fenner, il y a des trucs dedans qui peuvent t'expliquer ce dont tu parles.

    Autorise-toi aussi à refuser d'entendre ou comprendre. C'est important pour ne pas te sentir violé dans tes défenses....quand ce sera mûr, tu comprendras tout seul, sans effort.
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    Message par Zenoob Lun 20 Jan 2014 - 16:18

    Je crois que je lutte avec la peur de n'être rien ; je ne sais pas si on peut appeler ça régression psychotique, mais oui, en fait, c'est ça : j'ai peur de devenir rien, d'être un objet et pas un sujet. J'ai surtout peur d'être capable de me faire ça à moi même, alors que rien ne prouve que de toute façon, on choisisse d'être psychotique ou pas, ahahah... Et en fait je joue sans cesse avec cette idée, j'utilise même la méditation pour alimenter cette angoisse, j'utilise mes sensations, j'utilise tout pour essayer de me prouver que je ne suis pas rien, et en même temps avec l'immense peur de découvrir que je ne suis rien. Et à mon avis, rien pour l'autre qui me définit fondamentalement, puisqu'on se construit toujours dans le regard d'un autre.
    C'est vraiment une sacrée angoisse enracinée très profondément, et que je suis en train de me coltiner en pleine face dans ma vie et dans mes diverses pratiques.

    Quand tu dis que je lutte avec la régression psychotique, c'est parce que tu penses que je suis en train de devenir psychotique, ou tu veux plutôt dire que je lutte contre l'idée de le devenir ? Parce que là j'ai peur hein !
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    Message par Kaïkan Lun 20 Jan 2014 - 17:43


    Bonjour,

    Le zen, contrairement à ce qu'on voudrait croire, ce n'est pas un état spécial de l'esprit. C'est plutôt, comme dit dans le vajrayana : l'esprit ordinaire, tel qu' il est lorsqu'on ne l'utilise pas. Dans l’enseignement zen on parle de : condition normale .
    On rêve tous d' un moment merveilleux, avec feu d'artifice, toutes les difficultés abolies, et l'apparition d'une conscience extraordinaire livrant tous les secrets du monde à notre intelligence émerveillée.
    Ce n'est pas tout à fait comme ça et c'est même beaucoup plus simple. C'est justement cette simplicité qui est difficile à pénétrer. L'esprit ordinaire ? Qu'est-ce que c'est ce nouveau gadget ? La condition normale ?  C'est important ?
    En fait on met souvent longtemps à comprendre le trésor qui est à notre disposition depuis toujours. Mais parfois, soudainement, on réalise que c'est préférable d'arrêter de chercher, de spéculer, d'analyser, et d'en finir d'utiliser sans cesse les fonctions mentales car cela nous mène dans une impasse. En lâchant vraiment toutes les tensions inutiles on se rend compte que tout est beaucoup plus facile que ce qu'on imaginait. Au lieu d' être bloqué dans la tête on voit qu'il est possible de vivre son corps tout entier et que c'est nous-même qui nous enfermons ou nous libérons selon l'humeur du moment.
    Lorsqu'on ferme la main on obtient quelques grains de poussière, si la main est ouverte tout peut glisser sur sa paume.



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    Message par Zenoob Mar 21 Jan 2014 - 0:26

    Une bien belle citation :

    "Ma main se sent touchée aussi bien qu’elle touche. Réel veut dire cela, rien de plus." - Paul Valéry, Mon Faust, Œuvres Pléiade, Tome 2
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    Message par Invité Mar 21 Jan 2014 - 8:55

    Bonjour,

    peut-être dans le même registre:

    "Ainsi prépare et dispose seulement la matière, et la Nature fera tout le reste."
    William Salmon : "Le livre d'Arthéphius"

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    Message par lausm Mar 21 Jan 2014 - 13:23

    Zenoob a écrit:"Je crois que je lutte avec la peur de n'être rien ; je ne sais pas si on peut appeler ça régression psychotique, mais oui, en fait, c'est ça : j'ai peur de devenir rien, d'être un objet et pas un sujet. J'ai surtout peur d'être capable de me faire ça à moi même, alors que rien ne prouve que de toute façon, on choisisse d'être psychotique ou pas, ahahah... Et en fait je joue sans cesse avec cette idée, j'utilise même la méditation pour alimenter cette angoisse, j'utilise mes sensations, j'utilise tout pour essayer de me prouver que je ne suis pas rien, et en même temps avec l'immense peur de découvrir que je ne suis rien. Et à mon avis, rien pour l'autre qui me définit fondamentalement, puisqu'on se construit toujours dans le regard d'un autre.
    C'est vraiment une sacrée angoisse enracinée très profondément, et que je suis en train de me coltiner en pleine face dans ma vie et dans mes diverses pratiques.

    Quand tu dis que je lutte avec la régression psychotique, c'est parce que tu penses que je suis en train de devenir psychotique, ou tu veux plutôt dire que je lutte contre l'idée de le devenir ? Parce que là j'ai peur hein !"




    Donc Lausm te répond : 
    Ce que je pense...est ce que je pense, et je peux me tromper...et surtout ça peut changer, ce qui est préférable!.....La peur de l'anéantissement, tout le monde la vit...mais parfois ça renvoie à des angoisses archaiques, et l'isolement sensoriel en terme de relations, qu'on a pendant zazen, où l'on vit ses sensations physiques seul, peut renvoyer à des blessures archaïques dans la relation mère-enfant, à un stade infra-verbal, où tout passe par le toucher, y compris les affects ambivalents amour-haine, je t'aime mais aussi je te rejette...alors pourquoi pas tenter, pendant zazen, de prendre le contrôle sur cette instance (n'oublions pas que chez les psys, le noyau psychotique n'est pas pathologique, mais c'est le moment de développement basé sur la fusion avec la mère, et qui se caractérise par un langage préverbal, corporel, composé de sensations, qui peuvent nourrir, mais qu'on peut subir comme une menace ou un truc morcelant.
    Donc tenter de contrôler mentalement la chose en la "comprenant", peut-être un leurre tant qu'on est gouverné par ces mémoires inconscientes qui sont douloureuses...et la pratique spirituelle peut être utilisée comme un moyen d'éviter de prendre conscience, d'où l'intérèt : d'une thérapie en parallèle...et aussi d'un travail corporel, plus tactile, sensoriel, qui ancre dans le corps, et peut permettre d'imprimer des vécus positifs là où il y a des empreintes négatives (mais qui sont à comprendre, laisser remonter, sachant que de toute façon ce que notre conscience ne peut accueillir, elle ne l'acceuillera pas-vertus positives du refoulement et de nos défenses, qu'il ne faut donc pas forcer).
    Mais bien sûr, en zazen, on peut manipuler, gruger, se mentir, contourner, on peut être très pervers!...mais au moins on n'est dangereux pour personne à ce moment (sauf si on décide d'agir un truc tordu fomenté dans le silence immobile, ce qui n'est pas la vraie pratique!).....mais on peut se voir, déjà tu est conscient de tout ce qui se joue en toi, et ça c'est important, car du coup, même si ça peut t'angoisser, tu sais un peu voir tout ça avec recul, et ça a moins de pouvoir sur toi.
    Alors bien sûr, on peut avoir toujours peur de la dépendance au regard de l'autre...mais on peut voir que cet autre, c'est aussi soi, pendant zazen, avec cette distanciation qu'on prend....du coup, l'autre reste quand même autre, il apporte...autre chose!...on peut sentir, même si c'est angoissant, qu'on est différencié....l'angoisse, c'est un noeud, il a un sens.
    Il faut peut-être respecter cette angoisse, être bienveillant avec, car elle veut dire quelque chose d'essentiel....on peut faire avec elle comme avec les pauvres ça se faisait même dans les maisons modestes : dresser un couvert pour qui n'a pas à manger, pour le pauvre. L'accueillir, et l'écouter, même si a priori ça semble rebutant.
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    Message par Fa Mar 21 Jan 2014 - 14:46

    Zenoob a écrit:
    Pourtant je fais bien la différence entre moi et les autres, je fais bien la différence entre une baguette de pain et la table qui la supporte !
    Pour vivre correctement, il faut donc pouvoir être un sujet, il faut pouvoir distinguer, il faut pouvoir parler, et donc il faut accepter cette souffrance de séparation de soi et du monde, non ? A quoi bon, dès lors, rechercher, par zazen ou autre, à abolir cette séparation, ou en tout cas à réaliser qu'elle n'existe pas ? Est-ce que ça ne conduit pas à encore plus de souffrance, vu que c'est impossible ?
    Comment être un bon sujet, du coup, me paraît être une question très importante, plutôt que de chercher à ne pas être un sujet du tout... Comment ne pas être un objet, aussi, alors, est une bonne question...

    Bonjour,

      Il me semble que la réalisation de la vacuité, mène entre autre à la conclusion, qu'il n'existe pas de sujet sans objet, ni d'objet sans sujet,
    et que sujets et objets inter-sont, interdépendent. Il n'existe pas de sujet-en-soi, ni d'objet-en-soi. Sujets et objets sont co-émergents.
     Zazen peut être vu comme une situation simplificatrice, où il n'y a pas d'objet imposé, et donc pas de contrainte imposée au sujet non-plus.
    C'est un espace de liberté, où les objets passent comme des nuages dans le ciel, laissant par là même transparaître, l'impermanence et la vacuité du sujet. Il y a aussi des moments particuliers sans objet, ni sujet.Les nuages se sont dissipés et un état de lumineuse clarté se produit, une simple présence à ce qui est. Parfois on peut voir l'objet prendre le contrôle du sujet, l'emporter dans les méandres de ses stratagèmes pour exister sur le devant de la scène.
    Zazen est donc ce lieu d'observation, où l'on peut assister à cette "comedia del arte" . Ce n'ai donc pas le moyen d'une réalisation spéciale  qui verrait se tendre un sujet vers son objet, mais peut-être le lieu, où une forme de lâcher-prise, de liberté, et de connaissance de soi devient possible.
    Peut-être donc un espace de potentialité, la conscience habituellement contraintes par des objets imposés ou des sujets imposés,
    dépose son fardeau habituel, pour exister simplement et gratuitement.
    Zazen peut donc être un lieu propice à la réalisation de la vacuité, ni plus ni moins.


    Dernière édition par Fa le Mar 21 Jan 2014 - 15:32, édité 5 fois
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    Message par Kaïkan Mar 21 Jan 2014 - 14:49


    à lire avec le sens de l'humour

    La question de Zenoob et donc le sujet est ceci :

    Dans le zen, considère-t-on qu'il existe une séparation entre un sujet et un objet ? Comment définirait-on ces deux instances ? Voilà où j'en suis à peu près : une proposition serait par exemple : un objet est ce que je perçois comme distinct de moi. Les problèmes arrivent très vite (en tout cas pour moi), parce qu'en fait, tout ce dont j'ai conscience est par définition distinct de moi ; sinon je n'en aurais pas conscience. Du coup, tant que j'ai par exemple conscience d'une sensation, c'est que cette sensation n'est pas moi et ce que j'identifie alors comme "moi" n'est en fait qu'un nouvel objet. Mais vu que la réalité est constituée de sensations, alors il n'y a pas de moi non plus, du moment que je saisis quelque chose... On ne serait donc "soi" que quand on ne saisit rien, quand on ne "fait" rien (au sens de saisie cognitive des choses, pas d'action), quand on est en quelque sorte inconscient ?

    En fait la question de Zenoob comporte la réponse.
    Maintenant voilà que l'échange entre Zenoob et lausm se transforme en une sorte d'analyse psychologique de Zenoob (qui a déjà un thérapeute) par lausm qui se découvre des facultés de psychanalyste... Laughing 

    Je n'ai rien contre mais est-ce bien raisonnable ? Et de plus on ne fait plus des messages sur des idées mais sur une personne ce qui n'est pas tout à fait dans l'esprit de courtoisie de la Charte :
    ch 6 - Nous sommes ici pour discuter d'idées et d’opinion, non des personnes qui les émettent.

    Mais peut-être que l'on veut seulement débattre et que je me trompe en ayant l'impression qu'un des interlocuteurs essaie de prendre pouvoir sur l'autre, qu'il essaie en fait de le dominer sous le couvert d'une aide thérapeutique.
    Tout est finalement question d'interprétation.

    Est-ce qu'on essaie de tirer la personne au-delà de ses illusions, ou bien va-t-on au contraire le plonger encore plus dans sa psychose ? Ce sont deux méthodes opposées et les deux obtiennent des résultats.

    AH!!! J'avais oublié, nous ne sommes pas dans une clinique mais sur un forum... Laughing 

    Fin de l'interlude



    Sujet / objet Yml4

    @ FA

    Je comprends très bien ton message sauf la dernière phrase. Pourrais-tu clarifier ? Merci

    Je crois avoir trouvé en mettant la modification en rouge. C'est ça  point ?   bravo 
    La réalisation de la vacuité, et (est) donc réalisation de la vacuité, plutôt que le fait restraint (restreint) de vouloir être un bon sujet.
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    Message par Fa Mar 21 Jan 2014 - 15:06

    J'ai d'ailleurs modifié pour être plus clair !
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    Message par Kaïkan Mar 21 Jan 2014 - 15:11


    Indubitablement tu as tranché de façon très claire  OK 

    Remerciements... Salut-zen 

    NB : J'approuve ce message n°8 dans son intégralité. Very Happy 
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    Message par Zenoob Mar 21 Jan 2014 - 15:30

    Merci pour vos apports à tous !

    Il me semble bien que le discours de lausm, bien qu'il me soit clairement adressé, ne soit fait que de propositions de réflexions et pas d'analyse de ma personne ; il parle "en général", et pas seulement de "moi". En tout cas c'est comme ça que je l'ai lu, pour ma part je ne me suis pas senti ni jugé ni mis dans une case, ni entretenu dans ma "psychose" (ahahh, par contre, le fait que Kaïkan évoque que je puisse être entretenu dans ma "psychose", ça, ça m'a fait peur ! - suis-je en train de vivre une psychose ou pas ?), ni rien. Donc de mon côté, tout va bien, enfin, je veux dire, ça n'a pas ajouté aux difficultés existantes, quoi.

    Mais c'est vrai qu'on n'est pas dans une clinique et qu'il ne faut peut être pas que je parle de tout ça ici, dans un premier temps ; même si je ne regrette pas, car tout ça est fort passionnant.
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    Message par Kaïkan Mar 21 Jan 2014 - 15:35


    Le mot psychose est inapproprié, je voulais d'ailleurs le modifier et mettre le mot névrose.
    C'est de toute façon très fort et je ne sous-entend pas que Zenoob soit psychotique ni névrosé.
    Ce que je dis de lausm est aussi à prendre avec distance.
    Le point important c'est :
    Tout est question d'interprétation.

    NB : Sur le forum on peut aussi parler des maladies et problèmes de toutes sortes en essayant de rester dans le sujet bien sûr... Laughing 


    Dernière édition par Kaïkan le Mar 21 Jan 2014 - 15:39, édité 1 fois
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    Message par Fa Mar 21 Jan 2014 - 15:38

    Bonjour Zenoob,

    En tout cas ton questionnement sur le rapport entre Zazen et la vacuité me semble très pertinent.
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    Message par Fa Mar 21 Jan 2014 - 15:39

    Kaïkan a écrit:
    Le mot psychose est inapproprié, je voulais d'ailleurs le modifier et mettre le mot névrose.
    C'est de toute façon très fort et je ne sous-entend pas que Zenoob soit psychotique ni névrosé.
    Ce que je dis de lausm est aussi à prendre avec distance.
    Le point important c'est :
    Tout est question d'interprétation.

    Oui ! dans l'oeil du sujet :-)
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    Message par Kaïkan Mar 21 Jan 2014 - 15:48


    Dans le samādhi il n'y a plus distinction entre sujet et objet.
    samādhi = zanmaï en jap.
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    Message par Zenoob Mar 21 Jan 2014 - 15:53

    C'est cela, je pense, qui peut faire peur. Puisque notre définition en tant que sujet dépend aussi de ce qu'on est en tant qu'objet, pour les autres (ou pour l'Autre avec un grand A), si on n'a pas été "objectivé" correctement, en d'autres termes, si on n'accepte pas d'être un objet ou si l'objet que l'on croit être pour les autres est quelque chose de terriblement difficile à supporter, le samadhi et la découverte que sujet et objet peuvent fusionner peut être ressenti comme une disparition ou en tout cas quelque chose de terrifiant, qu'il faut éviter à tout prix. Comprendre cela peut aider, ceci dit, à changer ce rapport de soi à l'objet qu'on est aussi, et donc aux autres. Je crois que lorsque ce processus de changement est en route, c'est assez normal que cela se fasse dans la douleur et dans une forme de crise d'identité : il faut se défaire de représentations difficiles qui pourtant ont pu nous habiter pendant des années et qui peuvent se réactiver à l'occasion d'événements de la vie.
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    Message par Kaïkan Mar 21 Jan 2014 - 16:22


    En samādhi il n'y a plus la conscience discriminative donc on ne se rend pas compte de la non-distinction entre sujet et objet. Et puis on sort du samādhi et tout est comme avant. La particularité du samādhi c'est justement qu'on n'en ramène rien.
    Pour entrer en samādhi il faut tout lâcher et quand on a peur on ne lâche rien donc pas de soucis.  Wink 
    M°Taisen Deshimaru appelait le zen : "La Voie de la non-peur"


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    Message par Fa Mar 21 Jan 2014 - 17:56

    Pour entrer en samādhi il faut tout lâcher et quand on a peur on ne lâche rien donc pas de soucis.

    On pourrait parler d'une complémentarité. Le samādhi et la peur s'excluent mutuellement.

    On retrouve cela même en physique quantique : On parle dualité onde-corpuscule. study 

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    Message par Invité Mer 22 Jan 2014 - 9:18

    Bonjour,

    Fa a écrit:
    Kaïkan a écrit:Pour entrer en samādhi il faut tout lâcher et quand on a peur on ne lâche rien donc pas de soucis.

    On pourrait parler d'une complémentarité. Le samādhi et la peur s'excluent mutuellement.

    On retrouve cela même en physique quantique : On parle dualité onde-corpuscule. study 

    ce qui revient à dire comme Lao-Tseu:
    « Celui qui parle ne sait pas, celui qui sait ne parle pas »
    parce qu' on pourrait dire:
    " Celui qui a peur n'est pas en samadhi, celui qui est en samadhi n'a pas peur"
    ou encore:
    " celui qui est corpuscule n'est pas onde, celui qui est onde n'est pas corpuscule",
    après le 4  tao  c'est 5: la pratique ?  étoile animée 

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    Message par Kaïkan Mer 22 Jan 2014 - 14:06

    Fa a écrit:
    Pour entrer en samādhi il faut tout lâcher et quand on a peur on ne lâche rien donc pas de soucis.

    On pourrait parler d'une complémentarité. Le samādhi et la peur s'excluent mutuellement.

    On retrouve cela même en physique quantique : On parle dualité onde-corpuscule. study 

    Je ne suis pas sûr que ce soit du même ordre d'idée mais on peut concevoir ceci :

    Pour entrer en samādhi il faut tout lâcher et quand on a peur on ne lâche rien donc pas de soucis.

    Donc ayant peur continuellement je ne crains plus d'entrer dans le samãdhi. De ce fait j'en oublie d'avoir peur et j'entre dans le samãdhi.

    Comme j'ai peur du samãdhi, je ne peux concevoir que j'y suis entré donc je conserve ma peur comme un bouclier m'empêchant d'entrer dans le samãdhi même lorsque j'y entre sans m'en rendre compte.

    On peut en conclure que même la peur n'empêche finalement pas d'entrer dans le samãdhi, mais que de toute façon il n'y a aucun soucis à avoir en ce qui concerne entrer ou ne pas entrer dans le samãdhi.



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    Message par Zenoob Mer 22 Jan 2014 - 15:36

    Désolé, encore quelques réflexions de philo de comptoir qui me viennent suite à une expérience récente.

    L'autre jour j'ai essayé un casque de "réalité virtuelle". C'est assez intéressant parce que ça donne vraiment l'impression d'être ailleurs ; ce n'est pas simplement comme regarder un très grand écran, ou regarder un film en 3D, non, ça donne vraiment l'illusion d'une présence dans une autre réalité. Evidemment, seule la vue et les mouvements de tête sont reproduits, donc le toucher, l'ouïe, et le reste, ne sont pas vraiment concernés, mais la sensation est assez étrange.

    Cela a évidemment alimenté ces questionnements sur ce que je suis dans le monde ; il semble bien que la réalité sensitive ne puisse pas être identifiée à ce que je suis, ou à l'existence en général, puisqu'il suffit de placer quelque chose devant mes yeux pour que j'aie la sensation d'être ailleurs. C'est donc bien que les sens sont "illusoires", ou en tout cas, qu'ils ne font que restituer une construction, déterminée par notre corps et notre biologie, du monde. En gros, notre corps et notre cerveau, notre appareil psychique, fabriquent notre réalité (et pas le réel, évidemment, si on choisit d'appeler "réel" ce qui est à l'extérieur de la subjectivité).

    Lorsque le zen parle de non dualité, est-ce une non dualité du sujet avec sa réalité (auquel cas il est évident que le sujet, puisqu'il ne peut s'expérimenter que par le contact de ses sens avec le monde, est forcément interdépendant avec cette réalité), ou avec le réel ? Peut-on s'ouvrir au "réel" ? Peut-on expérimenter quoi que ce soit sans subjectivité ? Si aucun de mes sens ne fonctionne, est-ce que je continue à exister ?

    Quelle attitude adopter par rapport à cette découverte que je ne suis pas confondu avec mes sens ? Ou alors, je suis confondu avec eux, existant à chaque fois dans un mode d'expérience donné, moment par moment ?

    Il me semble que la seule solution est bien la deuxième, c'est de considérer que je suis tout ; je suis mes sens tels qu'ils fonctionnent au moment où ils fonctionnent. Si je suis dans un monde parallèle, alors, j'y suis. Si je suis aveugle, dans une réalité où la vue n'existe pas, alors, j'y suis. La seule réalité qui vaille est donc l'expérience présente ? Il n'y a de stabilité de soi que dans la réalisation de ce présent qui est complètement éternel, complètement figé, mais en même temps complètement mouvant ?

    Je ne sais pas pourquoi mais en arriver à cette conclusion me déstabilise plus qu'autre chose... En même temps ça veut dire qu'il ne sert à rien de lutter avec quoi que ce soit, ce qui devrait être libérateur. Mais alors du coup, pourquoi agir, pourquoi vivre, si rien d'autre que ce moment n'existe ?

    Je sais, je sais, sit down and shut up, mais quand même, ça me tarabiscote tout ça, j'aimerais vraiment trouver une solution à ces questionnements qui m'épuisent...
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    Message par Kaïkan Mer 22 Jan 2014 - 18:32


    Pour examiner la question qui est maintenant soulevée, je crois qu'il serait bon de relire quelques pages du Bouddhisme ancien. C'est gigi qui va rigoler... Laughing 

    J'ai mis La doctrine de non-Soi (ANATTALAKKHANA-SUTTA) dans les textes → lien : ICI

    Mais gigi a mis des liens à l'endroit exact c'est-à-dire dans la section Bouddhisme ancien > Textes.
    Parole de Bouddhahttps://zen-et-nous.1fr1.net/t1476-parole-de-bouddha


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    Image postée par metta gigi dans "Parole de Bouddha"
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    Message par Zenoob Mer 22 Jan 2014 - 18:42

    Magnifique, Kaïkan, merci !

    Evidemment, le pote Bouddha ne dit pas "ce qu'est" le soi. Et pourtant il en parle bien, du soi ! Damned c'est noué toute cette histoire ! Peut être suffit-il de savoir ce qui n'est "pas soi", et c'est déjà pas mal ?

    Que veut-il dire quand il parle de "réprouver" le corps, les sensations, les perceptions, etc ? Est-ce simplement ne pas s'y attacher, ou carrément les nier, les "démasquer", les supprimer ? Je comprends bien que le détachement du corps, des sensations, des perceptions etc. conduit à la fin du désir. Quelle différence y a t il entre la fin du désir et la mort ?

    Et du coup ma dernière question reste d'actualité : comment vivre si rien de ce qu'on perçoit, sent, etc, n'est pas soi et ne doit pas être considéré ? Comment vivre en considérant que tout est impermanent ? On a quand même besoin d'une stabilité pour évoluer dans la vie, non ? On ne peut pas repartir à zéro à chaque expérience ! On a une mémoire, on doit bien pouvoir manger, vivre, avoir une connaissance stable de ces expériences pour évoluer dans le monde ?

    J'ai du mal à voir en quoi cette vision n'est pas nihiliste ; si tout ce qui constitue mon expérience doit être réprouvé, alors à quoi bon vivre ?

    Suis un peu paumé parce qu'on trouve souvent dans la littérature zen - et non-dualiste en général - des trucs du genre : "il est faux de dire que je suis séparé du monde ; il est faux de dire que je ne fais qu'un avec le monde ; il est faux de dire que je suis séparé et uni avec le monde en même temps". Bouddha, apparemment, ne dit pas ça : il dit que tout ce qu'on peut percevoir, sentir, etc, n'est pas soi, c'est beaucoup plus tranché comme position, non ?

    Autre grande question : comment se fonde l'éthique du bouddhisme, la compassion en étant la composante majeure, dans ces conditions ? Si rien de ce que je perçois ou vis n'est moi, alors il n'y a pas de responsabilité possible et donc je peux faire n'importe quoi, puisque de toute façon, "ce n'est pas moi" ! Pourquoi tenir compte des autres dans ces conditions ?


    Bon je vais aller prendre des calmants moi.
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    Message par Kaïkan Mer 22 Jan 2014 - 19:45


    Tout est question d’interprétation.
    Comme je le disais  plus haut. Par exemple lausm se décarcasse pour te faire comprendre un point délicat et on peut dire voilà la conduite d'un Bodhisattva ou dire : celui-là il se prend la tête et se croit un psychiatre. Mais ceux qui agissent avec bonne foi ne se laissent pas impressionner par les critiques bonnes ou mauvaises ils continuent imperturbablement leur pratique.

    Donc nous pratiquons, ou essayons de pratiquer le yoga du Bouddha qui est un yoga de connaissance.
    jñāna yoga ou jñānayoga (devanāgarī : ज्ञानयोग), ou "yoga de la connaissance"
    Il nous apparait comme nihiliste ? C'est une question d'interprétation.
    Ce n'est pas la réprobation  de la vision nihiliste, mais la réprobation de la vue incorrecte qui nous ferait croire que nous sommes : des corps, des sensations, des perceptions etc.
    Il ne faut pas comprendre que c'est le corps qu'il faut jeter à la poubelle mais nos vues erronées.


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