par Huanshen Sam 30 Mai 2009 - 10:57
C'est vrai qu'il était fun ce Trungpa. Ce côté grand Lama en costume cravate, ivre mort au milieu de hippies à poil... On a raté la belle époque!
En fait le hatha yoga comme on se l'imagine n'existait pas à l'époque du Bouddha. Il est né au 6-7ème siècle avec la tradition tantrique shivaite Nath (Matsyendranath, Goraknath). Le Bouddha était certainement le plus grand yogi de son temps. Il a rapidement maîtrisé le raja yoga classique avant de trouver sa propre méthode qui s'en inspire largement pour la pratique de samatha menant aux divers samadhi.
Le mot Zen vient du chinois Ch'an-na, qui est une transcription phonétique du mot sanskrit Dhyana. Dans le yoga, dhyana correspond à l'état de méditation sans objet qui suit dharana, la concentration dirigée vers un objet (respiration, visualisation, petit objet physique, etc.) Si le raja yoga recommande la posture assise, le Bouddha conseille aussi de pratique de la méditation debout, en marchant ou couché. Avant sa mort, il a gravi les divers samadhi dans la posture couchée avant de redescendre et de s'établir dans le 4ème Jhana.
La posture assise, notamment en lotus ou en siddhasana, est idéale pour la pratique de la concentration menant au samadhi. Si les samadhi sont nécessaires, il ne sont pas directement liés à l'éveil. Dans le bouddhisme, l'éveil est le résultat d'une introspection (vipassana) tenant à réaliser la nature illusoire, douloureuse et insubtentielle des phénomènes. Ce dépouillement révèle ultimement l'absence de soi propre (Anatta) tout en dévoilant l'esprit (Citta) ou la pure conscience du Nirvana.
Le Zen comprend les deux méthodes de samatha et vipassana. Depuis Huineng jusqu'à la grande persécution du Bouddhisme au début de la dynastie Song, la pratique de la méditation assise est passée au second plan. Elle retrouve toutefois une importance primordiale dans l'école Caodong (Soto) des Song du Sud qui sera importée au Japon par Dogen à l'époque Kamakura. Dogen considère que l'éveil est déjà potentiellement présent (puisqu'il s'agit de nature originelle) et que la pratique du zazen ne fait que le dévoiler. Ainsi zazen n'est pas un moyen pour atteindre un but, mais une expression et un dévoilement de notre nature de Bouddha. Je ne trouve pas d'équivalent en Chine. Toutefois Tsung-mi (patriarche du Huayen/Kegon/Avatamsaka et 5ème patriarche de la lignée Ho-tse du Ch'an du Sud de Shenhui) développe une extraordinaire explication de l'éveil originel, l'éveil subit et l'éveil total du Nirvana sans toutefois le lié à une posture particulière. Dans sa Préface du Ch'an, il se livre aussi à une critique des écoles Ch'an de la dynastie Tang qui nous apporte des précisions essentielles sur les divers courants de son époque.