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    Le Vénérable W. (documentaire - Cannes 2017)

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    Annonce Le Vénérable W. (documentaire - Cannes 2017)

    Message par AncestraL Ven 9 Juin 2017 - 13:49

    Je vais le voir ce soir...

    * * *



    http://www.filmsdulosange.fr/fr/film/235/le-venerable-w

    LE VENERABLE W. Un film de Barbet Schroeder
    PREMIÈRE MONDIALE : SÉLECTION OFFICIELLE FESTIVAL DE CANNES 2017
    SORTIE EN FRANCE : 7 JUIN 2017
    En Birmanie, le « Vénérable W. » est un moine bouddhiste très influent. Partir à sa rencontre, c’est se retrouver au cœur du racisme quotidien, et observer comment l'islamophobie et le discours haineux se transforment en violence et en destruction. Pourtant nous sommes dans un pays où 90% de la population est bouddhiste, religion fondée sur un mode de vie pacifique, tolérant et non-violent.

    Réalisé par Barbet Schroeder
    Avec Barbet Schroeder, Bulle Ogier
    Interdit aux -12 ans
    Durée : 1h40. - Genre : Documentaire

    * * *

    http://www.telerama.fr/cinema/le-venerable-w-pacifique-le-bouddhisme-vraiment,159215.php

    Barbet Schroeder nous révèle les dérives extrémistes d'un moine birman qui prône la haine. Magistral.
    Il a la haine. Son voisin a fait couper les vieux arbres qui gardaient ses plus beaux souvenirs, à côté de chez lui. Pour oublier ce crime, Barbet Schroeder part à Mandalay, en Birmanie, où il découvrit, à 20 ans, le bouddhisme. Religion qui enseigne à vivre sans haine. S'il n'a pas perdu la foi, le cinéaste ne croit plus aux miracles. Le but de son voyage est de rencontrer un moine qui allume des incendies, attise les flammes d'un fanatisme meurtrier : le vénérable et pourtant détestable Wirathu.
    Derrière la silhouette du bonze, c'est une sorte d'héritier de Hitler qu'on découvre, voué à la persécution et à l'extermination d'une population : celles des musulmans de Birmanie, et particulièrement la minorité des Rohingyas. Wirathu les compare à des animaux sauvages qui se reproduisent comme des lapins, se dévorent entre eux et détruisent l'environnement. Monstrueux et glaçant, son discours cherche à susciter chez les Birmans bouddhistes « la peur de la disparition de la race », titre d'un de ses livres. Il faut éliminer les musulmans, ou bien ils seront, eux, éliminés... Face à cet apôtre de la haine, Barbet Schroeder garde un étonnant sang-froid. Son regard droit, objectif, rend la confrontation impressionnante. Avec ce film, il clôt une trilogie du mal, entamée avec les documentaires Général Idi Amin Dada : autoportrait (1974) et L'Avocat de la terreur (2007), sur Jacques Vergès, qui a défendu notamment Klaus Barbie. Des hommes à la toute-puissance destructrice. Wirathu est au-delà. Son discours obsessionnel dépasse la raison. Le viol d'une jeune Birmane par trois musulmans devient l'étincelle dévastatrice dans un pays transformé en poudrière. Des maisons de Rohingyas sont brûlées, les exécutions sommaires se multiplient, la xénophobie commence sa marche triomphale... En retraçant ces événements, le film révèle les rouages d'une machine infernale de manipu­lation des foules. Même la Prix Nobel de la paix, Aung San Suu Kyi, ne parviendra pas à empêcher le massacre des musulmans. Marionnettiste diabolique, Wirathu aura eu tout le temps de nuire avant d'être, finalement, inquiété.
    La démonstration est magistrale. En même temps qu'il mène son enquête, Barbet Schroeder s'interroge. « Les principes du bouddhisme doivent nous permettre de limiter les mécaniques du mal, dit un moine qui s'oppose à Wirathu. Dès lors qu'il y a violence, le boud-dhisme est détruit. » Non seulement le bouddhisme n'a rien empêché ici, mais il est devenu le cheval de Troie de l'horreur. De quoi pousser le réalisateur vers une méditation plus universelle sur le venin de la parole haineuse. Même en France, la violence des mots peut détruire la démocratie et la paix. Pour Barbet Schroeder, chaque mot compte. Il est très vite trop tard.
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    Annonce Re: Le Vénérable W. (documentaire - Cannes 2017)

    Message par AncestraL Ven 9 Juin 2017 - 13:51

    Le Vénérable W. : Le Dalaï a mal

    https://diacritik.com/2017/06/07/le-venerable-w-le-dalai-a-mal/

    Après Général Idi Amin Dada sur le terrifiant dictateur ougandais puis L’avocat de la terreur , où il dévoilait la face cachée de Jacques Vergès, Barbet Schroeder achève sa trilogie de la terreur avec Le vénérable W. , documentaire glaçant sur le moine birman Wirathu, bouddhiste prêchant la haine et appelant à la disparition de la minorité musulmane des Rohingyas.

    On saura gré à Barbet Schroeder de rappeler que l’intégrisme ne concerne donc pas la seule religion musulmane et que le bouddhisme, célébré comme la religion de la paix et de la tolérance souffre aussi de voir son message détourné. Ne le cachons pas, oui, en 2017, montrer des musulmans victimes de la folie d’une poignée de bouddhistes est un choix politique fort. Il est toujours bon de le rappeler : la folie meurtrière, la haine, ne sont pas la prérogative de l’Islam mais de n’importe quelle religion quand elle est utilisée à des fins politiques notamment. Ce n’est évidemment pas le bouddhisme qui est la cible de Schroeder, le film le rappelle par l’intermédiaire d’une voix off, mais l’utilisation que peut en faire n’importe quel illuminé au nom d’une idéologie destructrice.


    Rien ne distingue la folie de Wirathu des discours des autres fous de dieu, intégristes ou extrémistes de tout poil, croyants comme athées d’ailleurs, mais le contraste entre la violence des propos et le sourire apaisant d’un moine en tenue, marque le spectateur.

    L’essentiel du film est composé d’images récupérées sur le net, des images d’informations ou enregistrées sur téléphone : la première qualité du film est donc son montage. Du déluge d’images amateurs que prennent acteurs et témoins, le réalisateur crée un ensemble cohérent, qui raconte une histoire de façon précise : s’attardant d’abord sur le personnage, avant de relater les faits, conséquences des discours haineux et de l’idéologie de ce si peu mystérieux maître Wirathu. Comme dans ses précédents films, Schroeder n’assène rien, sorte d’anti-Michael Moore qui préfère laisser la parole au monstre, sans chercher à tout prix l’effet Kolachov (une image choisie pour orienter le sens des précédentes), qui est la base du travail de Moore jusqu’à la manipulation outrancière.

    Ici, le cinéaste préfère dévider lentement sa bobine. Petit à petit, ce qui pouvait paraître comme une ironique provocation nécessaire, rappelant qu’il n’y a pas de bonnes ni de mauvaises religions mais des fanatiques et des victimes partout, laisse apparaître l’histoire d’un génocide qui s’annonce, d’insupportables massacres.


    Le folklore laisse place à l’horreur et si l’on est d’abord surtout fasciné par ce rituel bouddhiste dévoyé, on est plongé dans les exactions commises par des birmans poussés à la haine envers la communauté musulmane, accusée d’envahir l’ouest du pays, de chercher à détruire par le mariage la culture du pays, de monopoliser les commerces, violer les femmes etc.

    A un dramatique fait divers — le viol d’une jeune bouddhiste par des musulmans de passage — répondent des scènes de violences inouïes : un homme qui brûle, d’autres battus à mort : on a d’abord beaucoup entendu la parole de Wirathu, on voit maintenant les effets de son discours.

    Nul voyeurisme de la part du réalisateur, mais au contraire la volonté de démonter la mécanique de la terreur. Contrairement à Jacques Vergès dans L’Avocat de la terreur, Wirathu n’exerce aucune fascination sur Barbet Schroeder, le personnage serait presque ridicule si ses prêches ne débouchaient pas sur de sanglantes expéditions punitives. Au milieu des images d’archives, des vidéos filmées au téléphone portable qui montrent la confusion et le désastre, Schroeder apporte le contrechamp nécessaire : l’image fixe du mal, que le cinéaste filme frontalement, sans piéger son sujet, sans recherche du spectaculaire. C’est le mal dans toute sa banalité, l’horreur dissimulée sous les vertus bouddhistes. En contrepoint, la voix apaisante de Bulle Ogier, rappelant les principes du bouddhisme et rendant la mécanique de détournement du moine plus insoutenable encore.

    Le film montre aussi l’impuissance des bouddhistes face aux manipulations de Wirathu qu’il demeure impossible de faire taire. Au passage, on écornera aussi l’icône Aung San Suu Kyi, dont l’arrivée au pouvoir n’a rien changé pour la communauté Rohingya, au contraire, non seulement Wirathu poursuit son œuvre destructrice, mais des lois allant dans son sens furent votées, faisant de la minorité musulmane des citoyens de seconde zone, obligés de rester à l’écart.



    Petit à petit, le film s’éloigne même de son personnage central qui apparaît alors comme un instrument aux mains de la junte birmane au pouvoir. Non seulement le gouvernement ne cherche pas à le faire taire, mais il soutient désormais ses appels aux meurtres, sous couvert d’auto-défense bien sûr.

    Emprisonné en 2003 lors de la révolte avortée des moines birmans, Wirathu est devenu utile face à l’ennemi commun : la minorité Rohingya. La tentative de purification ethnique date au moins des années 70, la montée des tensions entre musulmans et bouddhistes aboutit à un regain de tension dans une partie du pays où les musulmans sont parfois majoritaires dans certaines villes ou villages.

    C’est étrangement la faiblesse du film. La junte birmane nationaliste est évidemment responsable des tensions de la région, mais Schroeder s’abstient de montrer certains prêches d’extrémistes musulmans, notamment au Bangladesh voisin, ou les exactions contre les bouddhistes de l’autre coté de la frontière. Ce qui n’aurait en rien excusé la propagande anti-musulmane, mais aurait apporté un éclairage plus complexe sur la nature des relations entre les deux communautés dans cette région du monde.



    Cet oubli volontaire rappelle que la nature du projet n’est pas seulement d’alerter le monde sur des crimes se déroulant dans une dictature. A travers Wirathu, c’est le public français qui est incité à s’interroger sur ce qui se passe chez lui. Au centre du film, la peur de la disparition de sa culture qu’agite tous les prêcheurs de haine, de Le Pen à Wirathu (en passant par Trump, qui trouvera dans ce moine un soutien avoué). Une des sources des malheurs des musulmans de Birmanie est la peur de la majorité bouddhiste de disparaître dans un monde converti à l’Islam. Cette même peur que les extrémistes occidentaux, et notamment français, agitent : une séquence montre comment certains esprits peuvent être gangrenés par le fantasme et l’angoisse de la disparition, en Birmanie comme en France, l’exploitation idéologique d’une différence entre ressenti et réalité. Au fond, Wirathu ne fait qu’illustrer ce à quoi peut aboutir l’hydre du « grand remplacement » qu’agite l’Extrême droite en France comme ailleurs.

    Aux films amateurs qui montrent l’horreur, répondent les vidéos de la manipulation : les fidèles du moine réalisent des fictions reconstituant les faits divers sordides qui, dans leur esprit, accusent les musulmans.

    Réflexion sur le pouvoir des images, le vénérable Wirathu oppose l’image qui dénonce et celle qui excite les foules. La vérité face à la manipulation. Au-delà de son propos premier, qui reste la découverte du monstre, le film démontre qu’il en est des films comme des religions : on peut leur faire dire n’importe quoi, ce qui importe, c’est de savoir qui est à l’origine du discours, parlé comme filmé.

    Le Vénérable W. – Documentaire écrit et réalisé par Barbet Schroeder – Directeur de la photographie : Victoria Clay Mendoza – Montage : Nelly Quetier – Musique : Jorge Arriagada – Avec Barbet Schroeder (Voix), Bulle Ogier (Voix)
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    Message par Yudo, maître zen Sam 10 Juin 2017 - 12:55

    L'autre soir, à Pavie, avec des membres du groupe qui m'invite régulièrement, nous passions en revue ce thème, avec une division entre les fanatiques (du genre Guareschi) et les bidons (du genre You Know Who).
    D'une certaine manière, il est plus facile de se détacher des fanatiques, parce que les contradictions entre leurs agissements et leurs enseignements, d'une part, et ce qu'on peut soi-même lire des enseignements bouddhistes, est bien trop forte. Mais cela n'a jamais empêché personne de tomber dans ce piège pour autant.
    Les bouffons sont plus difficiles, parce qu'ils savent remarquablement bien interpréter le rôle du sage, en manifestant tous les comportements qui sont attribués à ces derniers.

    Mais en définitive, il y a toujours une très forte responsabilité des étudiants qui ont toujours tendance à déléguer leur responsabilité (c'est fatigant, la liberté!) à quelqu'un que cela flatte.
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    Message par zanshin Dim 11 Juin 2017 - 5:50

    Ne pas suivre aveuglément le Dharma c'est clairement demandé à tous les moines par le Bouddha. Cela demande du discernement et un effort quotidien réel, alors qu'il est plus facile d'abandonner sa propre responsabilité et de la mettre entre les mains d'un "responsable" qui finalement n'est qu'une image de plus, un attachement supplémentaire. Suivre l'enseignement d'un maître c'est quelque chose qui n'est pas facile, on peut aussi se fourvoyer complètement. Alors attention !  affraid

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