La charge de la preuve de l'existence d'une chose incombe à celui qui affirme l'existence de cette chose, pas à celui qui, soit s'en fout, soit ne pense pas qu'elle existe.
Tangolinos, tu sembles vouloir inverser les choses, et dire : "moi je ne crois en rien, j'ai vu." pour affirmer que la posture de croyance ou de superstition est dans l'autre camp, dans le camp de ceux qui "ne croient pas au destin".
On ne dit pas que "ne pas croire" est supérieur à "croire".
On croit forcément toujours un peu quelque chose.
Encore une fois, la charge de prouver incombe à celui qui affirme. Si je dis "il y a en France un poisson de cent milliards de tonnes, plus grand que Paris", si je veux être cru, il me faudra avancer des faits : dans quel lac il vit, dans quelle mer, qu'est-ce qu'il mange etc... un ensemble d'éléments, qui, s'ils sont rassemblés, feront de l'existence de ce poisson une chose avérée, et alors on ne sera plus dans "j'y crois, j'y crois pas".
Pour ce qui est du destin, il s'agit là d'une chose plus grosse encore que le poisson de mon exemple. Il est censé tout englober. Comment dés lors serait-il possible de prouver "l'existence du destin" ? Par quel miracle serions-nous capable de sortir de ce qui nous englobe pour le regarder comme par magie en étant soudain extérieurs aux conditions ?
En tout cas ça ne colle pas avec toutes les pensées bouddhistes : car impossible d'être sans conditions ; il faudrait pourtant bien être "en dehors des conditions" pour prouver le déterminisme de celles-ci, et affirmer l'existence du destin. Aporie philosophique certaine au bout du chemin !
Non vraiment, le destin, c'est une chose qui est hors de portée, définitivement.
Par définition, si destin il y a, il gouvernerait tout, et on n'en sortirait jamais. Impossible ici de prendre du recul, de prélever des faits. Des exemples de prédiction réussie n'ont aucun poids dans le débat. Rien ne dit que les prédictions réussies n'aurait pas aussi pu être fausse. Aussi dément que cela puisse paraître, cela peut être soit un coup de chance, soit de la manipulation réussie.
Je reviens donc à la charge : on ne peut pas savoir s'il y a un destin ou pas. C'est donc un concept inutile, forgé pour rien, qui embrouille la tête, pouvant aller jusqu'à nous empêcher d'agir, ou jusqu'à nous dédouaner de nos fautes un peu facilement.
Bref, je pourrais continuer de paraphraser en tournant autour de la même idée, ça ne changera sûrement pas ta façon de voir les choses
D'autant qu'il se peut que je ne sois pas vraiment clair.
Une dernière tentative :
Si le "destin" devait exister, ça serait en tant que "trame lisible". Or, le monde est obscur, illisible, toujours en changement, et ce n'est toujours qu'après coup qu'on peut retracer le fil que les événements ont suivis, et encore, toujours imparfaitement. Que le destin existe ou non, cela ne changerait rien à rien. Il faudrait toujours faire les mêmes choses, de la même manière. Que vaut une idée qui ne nous sert à rien, qui n'a aucune utilité ?
A l'inverse, le dharma ou la causalité pour me saisir d'une chose plus à ma portée, a une infinités d'utilisations pratiques. C'est ce dont on se sert pour vivre. On se dit "si je ne mange pas ce matin j'aurais vraiment très faim" (cause à effet) et non pas "si je ne mange pas ce matin mon destin matinal serait d'avoir vraiment très faim".
Il faut agir et penser avec des choses qui ont un peu de corps, même si l'on vise un état méditatif ou autre. Franchement, le destin ne nous amènera jamais nulle part, nulle part ailleurs que dans un défaitisme un peu morne, surfait, illusoire, mais qui prétend n'être pas une illusion, mais bien plutôt "cette espèce de grande Histoire avec personne pour la lire".
En espérant n'avoir ni trop long ni trop obscur,