Question / partage d'expérience : savoir ce qu'on va faire de sa vie ?

Salut !

Je suis actuellement à une sorte de carrefour total dans ma vie professionnelle. Ca fait environ 10 ans, thèse inclue, que je bosse à l'université et que j'enseigne et fais de la recherche en linguistique. En septembre prochain, mon contrat s'arrête sans possibilité de reconduite et je dois donc décider de ce que je vais faire. J'ai plein d'options, qui impliquent plus ou moins ma compagne :

- Notre rêve, ce serait de monter un projet de ferme bio, maraichage + élevage, quelque part dans un endroit cool. Difficultés énormes : il faut se former, il faut trouver du terrain, il faut acheter une ferme, il faut être capable de bosser en couple, etc. etc. Nous ne venons pas du tout du milieu agricole donc les difficultés sont exacerbées.
- Continuer à postuler à la fac dans l'espoir (maigre) d'obtenir un poste de titulaire (cette année, 2 postes pour environ 200 personnes).
- Continuer à enchaîner des contrats précaires à la fac (possible mais difficile).
- Aller bosser pour des grandes boîtes numériques type facebook, google, ou plus petit, mes recherches pouvant certainement les intéresser (ça peut être intéressant comme boulot mais le côté marketing me fait un peu gerber).

Plusieurs options, qui pour certaines n'ont rien à voir avec les autres, et je n'ai aucune idée de ce que je veux / dois faire, ça m'angoisse terriblement. Je suppose n'être pas le seul à être passé par une situation comme celle-ci, et j'aimerais avoir vos expériences et conseils - sachant que le point de vue "zazenesque" m'intéresse particulièrement aussi.

Merci !

Intéressant, la recherche en linguistique. Jeune, cela m'aurait intéressé (j'ai toujours été passionné de langues, et j'en parle 7, sans compter celles dont j'ai des notions). Mais je n'ai pas osé parce qu'à l'époque, je n'en voyais pas l'utilité.

Il ne faut jamais considérer l'utilité. Ce qu'on sait faire, il faut le faire. La ferme bio, maraichage et élevage, c'est un beau projet, mais est-il plus que de l'ordre du fantasme? Moi même, j'ai beaucoup fantasmé la campagne, et puis je me suis rendu compte que, pour toutes sortes de raisons, ce n'est pas réellement pour moi.

Je me rappelle une anecdote. Ma soeur me racontait que, lorsqu'elle était pensionnaire à Nicolet (c'est sur la rive sud, à mi-chemin entre Québec et Montréal), une de ses amies lui montrait souvent une maison ancienne au bord de la route où elle rêvait d'habiter.
Plus tard, cette fille a pu réaliser son rêve, pour se rendre compte qu'elle y était malheureuse comme les pierres. Donc, effectivement, parfois il faut se méfier de nos désirs: ils peuvent se réaliser...

Oui, c'est toute la question... J'ai déjà prévu d'aller faire des stages et des expériences dans diverses fermes pour voir si ça me plaît.

En fait, c'est la première fois dans ma vie où je me pose cette question de savoir ce que je veux vraiment faire. Jusque là j'ai toujours suivi une pente "naturelle". Je ne sais pas ce que je sais faire ou pas. J'aime la recherche et l'enseignement mais cela risque de m'être impossible de continuer.

Hello !
Dans le monde actuel, il n'y a plus que 2 options, à moins de choisir la priorité :
- vivre en dépendance de n'importe quel travail pourvu que l'on garde son confort
- envoyer tout chier et faire ce qui nous plait - enfin !

Hahahah ! Encore faut-il savoir ce qui nous plaît !

Zenoob a écrit:Hahahah ! Encore faut-il savoir ce qui nous plaît !

C'est ce que tu aimes faire :-D

Vivre son reve... THE question!!

Oui, encore faut il que ce soit réalisable. Mais je suis pas sur que bcp de gens ait dit à Adèle de se lancer dans la chanson..

Quand j'étais ado, mon reve c'était de vivre sur une ile déserte. Maintenant, je sais que c'est l'horreur de vivre seul. J'ai coupé la poire en deux: vivre sur une ile tropicale, mais peuplée!

Tout ce que je peux te dire à ce sujet, c'est que tant que t'as pas essayé, tu peux pas savoir. Et que si tu n'essaie pas, tu risques de le regretter plus tard! Si ça marche pas, tant pis, mais au moins tu sauras!

Mais je suis comme Zenoob, je suis au même point que lui ;-)

@Lumpinee : je rêve d'aller vivre aux Marquises.

Vaste question...
Je pense que l'on se la pose toutes et tous à un moment donné (ou peut-être tout au long de son existence de façon récurrente)
Pour ma part, je sais faire quelque chose des mes dix doigts : la musique jazz et improvisée. J'ai été professionnel un temps, diplômé du Conservatoire National et Supérieur de Paris, ayant fait des disques et de nombreux concerts. Je me réalisais dans mes recherches musicales et prenait du plaisir à jouer. Le grand problème est que je gagnais très mal ma vie !
Ayant eu une opportunité professionnelle ""véritablement sérieuse"", je me suis lancé; me permettant actuellement de vivre et par la même occasion de faire vivre femme et enfant dans une situation assez confortable et sécuritaire. J'ai donc construit ma vie depuis 8 ans sur ce nouveau modèle.
J'ai du mettre de côté le bonheur de ma vie musicale et me consacrer à une vie qui serait un peu l'ombre de celle que j'aurais aimé avoir avec la musique. Je suis tout de même content de pouvoir faire vivre ma petite famille mais je me retrouve coincé avec un métier qui m'ennuie profondément et dans un engrenage dont il m'est difficile de sortir raisonnablement, ayant des responsabilités.
Cela m'attriste quand même un peu tous les jours que les choses soient ainsi, me demande si je dois les accepter et me demande combien de temps je tiendrai. (en sachant qu'il est difficile de faire machine arrière sur toute la ligne)
Je pense que c'est très délicat de conseiller quelqu'un sur les options à prendre, choix à faire mais vos impressions sont les bienvenues...
Parfois je me dis que je me suis tourné vers les zen pour accepter cette vie et trouver la force de continuer dans une voie qui n'était pas celle à laquelle je me destinais au départ.

Je ne suis pas certain qu’on choisisse vraiment sa vie.
Quand je fais le bilan de la mienne, je me rends compte que de nombreuses portes se sont ouvertes, et que mon libre arbitre a plutôt été de renoncer à m’ y engager.

Certes comme tout le monde j’ ai rêvé à des options de vie alternatives, mais dans les faits, je me rends compte maintenant que ce sont plutôt les ultimes options qui m’ ont dirigé.
Un peu comme si à chaque fois c’était la dernière alternative qui l’ emportait… ce qui reste après avoir tout jeté…
Pour exemple, j’ ai vécu presqu’ en autarcie dans un endroit idyllique, pommé dans la campagne du Sud-Est, et je ne peux pas vraiment dire l’ avoir choisi, bien qu’à l’ époque j’ y croyais…ça correspondait plutôt à une fuite de la ville, et/ou de la mondanité qui me saoulait.

@Zenoob
ton rêve de ferme bio est superbe…
je te souhaite d’ avoir la ténacité pour tenir le coup… parce que vois-tu, la vie dans une ferme ça va si t’as d’autres revenus, sinon c’est vraiment la galère.
J’en ai connu pas mal qui s’y sont investis et qui ont craqué, malgré leur foi qui semblait inébranlable.
D’autant que le monde agricole n’ est plus le même que jadis…Et le bio, à petite échelle ça a marché un temps, mais aujourd’hui, les trusts ont mis la main dessus…

Cependant, il y en a certains qui s’en sortent avec des combines telles que l’ accueil touristique des citadins en recherche d’authenticité ou de nature.
Mais bon, comme me l’ évoquait l’ un d’entre eux ce n’ est pas du 35 heures/semaine, puisqu’il me disait que les 35 heures étaient consommées en moins de trois jours…. c’est de l’ ordre du 12h/jour (dimanche y compris), qu’il faut compter, si t’as des animaux.

Merci beaucoup pour vos retours, touchants pour certains.

Ce qui me frappe dans ce questionnement, c'est à quel point certaines choses du travail nous "construisent" d'un point de vue identitaire. Enfin, en tout cas, c'est mon cas. Quand j'avais 20 ans, je ne savais pas trop ce que j'allais faire, et je m'en fichais. Maintenant que j'ai de l'expérience derrière moi dans certains domaines, je me rends compte que les chemins que j'ai empruntés n'étaient peut être pas les meilleurs pour moi ; mais je me rends compte aussi combien il est difficile de se défaire de l'identité qu'ils ont créée en moi.

Parfois je désespère un peu de zazen. Je me dis que ça ne m'a pas rendu flexible. Je me rends compte que j'en attends quelque chose, encore...

Zenoob a écrit:Parfois je désespère un peu de zazen. Je me dis que ça ne m'a pas rendu flexible. Je me rends compte que j'en attends quelque chose, encore...

Juste un petit mot là dessus.
Admettons qu'il s'avère que dans une journée calme et tranquille se glisse un moment où s'exprime une tension, l'esprit va se focaliser sur cette dernière. Les tensions sont bruyantes et veulent qu'on en fasse le compte rendu et qu'on les inspectent, alors que les moments calmes et tranquilles consistants dans le fait de simplement s'oublier sont en eux mêmes d'une pure discrétion. Une seule fausse note peut foutre en l'air toute une symphonie pour un esprit trop critique, là où pour un esprit plus souple, moins intransigeant peut-être, le désir de voir le bon l'emportera.

Comme dit Dogen : Mieux vaut se considérer à mi chemin :

Mi vide ou mi plein ?  



Oups ! C'est peut-être moi qui me focalise là du coup et qui fait une montagne de ton petit instant de déprime.

Le zen ne fait rien du tout.
zazen non plus.
Ils ne font qu'apporter les conditions permettant à l'ego de se libérer de lui-même

Merci, Fred, tu as raison. Mais je fais malheureusement partie des esprits rigides qui se focalisent facilement sur les tensions et les difficultés, et ratent le positif. Il paraît que ça se travaille, j'essaie, mais une partie de la difficulté vient du fait que je refuse d'être comme je suis !

@Zenoob

Il me semble que quand Deshimaru dit qu’il faut pratiquer zazen comme si on entrait dans le cercueil, c’est une façon de dire que toutes nos identités sont à jeter.
On peut dire que c’est seulement une fois qu’on a tout jeté, que la chose qui subsiste est la Vérité.

Vois-tu, je te dis ça suite à mes réflexions au sujet de ce ce que j’ ai foutu dans ma vie…Et peu à peu je comprends que chaque choix effectué a été la résultante de la dernière alternative après avoir jeté toutes les autres…Un peu comme si à chaque fois c’ était l’ urgence qui primait.

Le zen est en quelque sorte une invitation à prendre conscience que quelque part nous nous retrouvons contraints à manifester le peu qui nous reste comme espoir.
Comme dit ce célèbre dicton: L’espoir fait vivre.
Cependant, il n’est pas impossible de penser que l’ultime espoir soit la Vérité….et vois-tu c’est ma conviction…il serait en effet, incompréhensible que tout soit nul, et bien plus compréhensible que nous soyons impliqués dans le ‘’Plan’’ de la ‘’Manifestation’’, et donc condamnés et/ou élus à manifester notre espoir.

Aussi, si suite à mes prévenances au sujet de ton projet de ‘’ferme bio’’, tu te sens devoir concrétiser ton espoir, vas-y !
Il n’ est pas impossible de penser que ce que tu donnes sur ‘’terre’’ et qui te semble perdu, soit gagné dans le ‘’Ciel’’.

Zenoob a écrit:Merci, Fred, tu as raison. Mais je fais malheureusement partie des esprits rigides qui se focalisent facilement sur les tensions et les difficultés, et ratent le positif. Il paraît que ça se travaille, j'essaie, mais une partie de la difficulté vient du fait que je refuse d'être comme je suis !

Oui je comprends. Il y'a des choses, traumatismes ou je ne sais quoi qui sont vraiment profondément inscrits en nous. S'il suffisait pour s'en libérer que quelqu'un nous en fasses remarquer les symptômes ça se saurait. Je te remercie donc à mon tour d'avoir accepté de m'entendre avec bienveillance sur ce point, quand ma démarche s'avérait sans doute bien trop superficielle relativement à la réalité de ton vécu.

Pardon pour le HS, mais je tenais à clore ce chapitre.