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    Les remords (Athalie et ses visions d'horreur)

    Kaïkan
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    Les remords (Athalie et ses visions d'horreur) Empty Les remords (Athalie et ses visions d'horreur)

    Message par Kaïkan Mar 13 Nov 2012 - 23:31


    Les remords peuvent être la source de profondes souffrances...

    Qu'en pensez vous ?


    Jean Racine

    Le songe funeste d'Athalie

    Dans ce passage, Athalie, qui a fait assassiner tous ses descendants, raconte le songe qu'elle a eu et qui ne quitte plus son esprit : un enfant lui plonge un poignard dans le cœur. Racine nous livre ici une véritable vision d'horreur, avec force détails macabres pour illustrer la terreur religieuse qui s'est emparée d'Athalie.

    Extrait

      ATHALIE

      […] Un songe (me devrais-je inquiéter d'un songe ?)
      Entretient dans mon cœur un chagrin qui le ronge.
      Je l'évite partout, partout il me poursuit.
      C'était pendant l'horreur d'une profonde nuit.
      Ma mère Jézabel devant moi s'est montrée,
      Comme au jour de sa mort pompeusement parée.
      Ses malheurs n'avaient point abattu sa fierté ;
      Même elle avait encore cet éclat emprunté
      Dont elle eut soin de peindre et d'orner son visage,
      Pour réparer des ans l'irréparable outrage.
      Tremble, m'a-t-elle dit, fille digne de moi ;
      Le cruel Dieu des Juifs l'emporte aussi sur toi.
      Je te plains de tomber dans ses mains redoutables,
      « Ma fille ». En achevant ces mots épouvantables,
      Son ombre vers mon lit a paru se baisser ;
      Et moi je lui tendais les mains pour l'embrasser,
      Mais je n'ai plus trouvé qu'un horrible mélange
      D'os et de chairs meurtris et traînés dans la fange,
      Des lambeaux pleins de sang et des membres affreux
      Que des chiens dévorants se disputaient entre eux.

      ABNER
      Grand Dieu !

      ATHALIE
      Dans ce désordre à mes yeux se présente
      Un jeune enfant couvert d'une robe éclatante,
      Tels qu'on voit des Hébreux les prêtres revêtus.
      Sa vue a ranimé mes esprits abattus ;
      Mais lorsque revenant de mon trouble funeste,
      J'admirais sa douceur, son air noble et modeste,
      J'ai senti tout à coup un homicide acier
      Que le traître en mon sein a plongé tout entier.
      De tant d'objets divers le bizarre assemblage
      Peut-être du hasard vous paraît un ouvrage.
      Moi-même quelque temps honteuse de ma peur,
      Je l'ai pris pour l'effet d'une sombre vapeur.
      Mais de ce souvenir mon âme possédée
      A deux fois en dormant revu la même idée ;
      Deux fois mes tristes yeux se sont vu retracer
      Ce même enfant toujours tout prêt à me percer.
      Lasse enfin des horreurs dont j'étais poursuivie,
      J'allais prier Baal de veiller sur ma vie,
      Et chercher du repos au pied de ses autels.
      Que ne peut la frayeur sur l'esprit des mortels ?
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    Message par naitsirhc Mer 14 Nov 2012 - 0:09

    on ne peut exister, sans mettre en place les plaisirs et les souffrances, les rancœurs et les pardons, les joies et les peines, les bonnes et mauvaises actions ainsi que les remords qui vont avec les mauvaises actions et les orgueils qui vont avec les bonnes.
    les religions adeptes du bien contre le mal fournissent la matière au remord et au repentir,ainsi qu'à la souffrance :
    Avec un dieu, l'existant est assuré de survivre à sa propre mort dans l'éternité, mais à ceci succède l'obligation d'obéir à son dieu, comme c'est impossible, le croyant se couvre de honte et de remords :
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    Message par Kaïkan Ven 16 Nov 2012 - 20:45



    Victor HUGO (1802-1885)



          La conscience



          Lorsque avec ses enfants vêtus de peaux de bêtes,
          Échevelé, livide au milieu des tempêtes,
          Caïn se fut enfui de devant Jéhovah,
          Comme le soir tombait, l'homme sombre arriva
          Au bas d'une montagne en une grande plaine ;
          Sa femme fatiguée et ses fils hors d'haleine
          Lui dirent : « Couchons-nous sur la terre, et dormons. »
          Caïn, ne dormant pas, songeait au pied des monts.
          Ayant levé la tête, au fond des cieux funèbres,
          Il vit un oeil, tout grand ouvert dans les ténèbres,
          Et qui le regardait dans l'ombre fixement.
          « Je suis trop près », dit-il avec un tremblement.
          Il réveilla ses fils dormant, sa femme lasse,
          Et se remit à fuir sinistre dans l'espace.
          Il marcha trente jours, il marcha trente nuits.
          Il allait, muet, pâle et frémissant aux bruits,
          Furtif, sans regarder derrière lui, sans trêve,
          Sans repos, sans sommeil; il atteignit la grève
          Des mers dans le pays qui fut depuis Assur.
          « Arrêtons-nous, dit-il, car cet asile est sûr.
          Restons-y. Nous avons du monde atteint les bornes. »
          Et, comme il s'asseyait, il vit dans les cieux mornes
          L’œil à la même place au fond de l'horizon.
          Alors il tressaillit en proie au noir frisson.
          « Cachez-moi ! » cria-t-il; et, le doigt sur la bouche,
          Tous ses fils regardaient trembler l'aïeul farouche.
          Caïn dit à Jabel, père de ceux qui vont
          Sous des tentes de poil dans le désert profond :
          « Étends de ce côté la toile de la tente. »
          Et l'on développa la muraille flottante ;
          Et, quand on l'eut fixée avec des poids de plomb :
          « Vous ne voyez plus rien ? » dit Tsilla, l'enfant blond,
          La fille de ses Fils, douce comme l'aurore ;
          Et Caïn répondit : « je vois cet œil encore ! »
          Jubal, père de ceux qui passent dans les bourgs
          Soufflant dans des clairons et frappant des tambours,
          Cria : « je saurai bien construire une barrière. »
          Il fit un mur de bronze et mit Caïn derrière.
          Et Caïn dit « Cet œil me regarde toujours! »
          Hénoch dit : « Il faut faire une enceinte de tours
          Si terrible, que rien ne puisse approcher d'elle.
          Bâtissons une ville avec sa citadelle,
          Bâtissons une ville, et nous la fermerons. »
          Alors Tubalcaïn, père des forgerons,
          Construisit une ville énorme et surhumaine.
          Pendant qu'il travaillait, ses frères, dans la plaine,
          Chassaient les fils d'Enos et les enfants de Seth ;
          Et l'on crevait les yeux à quiconque passait ;
          Et, le soir, on lançait des flèches aux étoiles.
          Le granit remplaça la tente aux murs de toiles,
          On lia chaque bloc avec des nœuds de fer,
          Et la ville semblait une ville d'enfer ;
          L'ombre des tours faisait la nuit dans les campagnes ;
          Ils donnèrent aux murs l'épaisseur des montagnes ;
          Sur la porte on grava : « Défense à Dieu d'entrer. »
          Quand ils eurent fini de clore et de murer,
          On mit l'aïeul au centre en une tour de pierre ;
          Et lui restait lugubre et hagard. « Ô mon père !
          L’œil a-t-il disparu ? » dit en tremblant Tsilla.
          Et Caïn répondit : " Non, il est toujours là. »
          Alors il dit: « je veux habiter sous la terre
          Comme dans son sépulcre un homme solitaire ;
          Rien ne me verra plus, je ne verrai plus rien. »
          On fit donc une fosse, et Caïn dit « C'est bien ! »
          Puis il descendit seul sous cette voûte sombre.
          Quand il se fut assis sur sa chaise dans l'ombre
          Et qu'on eut sur son front fermé le souterrain,
          L’œil était dans la tombe et regardait Caïn.



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