Zen et sexualité/désir

Autre questionnement du moment (au passage y a un livre super de Brad Warner sur le zen et la sexualité : "Sin, sex and Zen")...

Bon, c'est difficile ces questions de désir, parce que c'est la zone d'ombre de tout être humain ; le truc qu'on ne comprend pas, qui est un peu chaotique, par excellence... Mais quand même : comment gérer son désir sexuel est une question fondamentale, je trouve, à laquelle la littérature zen et la pratique de zazen n'apportent que peu de réponses. Je ne crois pas qu'il faille ignorer son désir ou chercher à le tuer, puisque évidemment, si tout le monde faisait ça la race humaine s'éteindrait ; d'autre part le désir, c'est la vie, et chercher à le détruire est finalement quelque chose de suicidaire ou à tout le moins morbide.

Alors comment faire ? Comment faire pour faire de son désir quelque chose qui ne soit pas égoïste, pas destiné seulement à assouvir ses propres pulsions ? Comment faire pour ne pas être frustré par ce désir qui souvent est inassouvi (= comment accepter fondamentalement qu'il faille parfois garder nos désirs pour nous et ne pas forcément sauter sur toutes les belles femmes / beaux hommes qui passent) ? Quand et comment peut-on ou doit-on agir pour aller dans le sens de notre désir ?

En même temps il y a peut être là quelque chose de très "zen", dans le sens où il faut aussi apprendre à accepter le fait que le désir n'est jamais vraiment comblé, que cette tension désirante n'a pas de fin ni de limite...


PS : on peut glisser dans ce topic les trucs sur le mariage gay et autres sujets sur la sexualité, si on veut !

Eviter de faire le mal, pratiquer toutes les sortes de bien, se purifier l'esprit, tel est l'enseignement du Bouddha...

Bonjour,

Pour commencer voici un petit poème...

Ikkyu

Les belles se transforment en nuages et en pluie
Le fleuve de la passion d'amour est profond
Une femme publique et moi,
Adepte du zen,
Chantons au sommet d'une tour

oui, c'est un véritable koan.
Accepter cette tension, comme tu dis, ce paradoxe qu'on a besoin de l'autre et qu'en même temps il ne nous comblera pas.
Et que rencontrer une personne est le rivage sur lequel s'échoue la vague du désir, avec ses flux, ses reflux, ses tempètes, ses apaisements...jamais fini, toujours renouvelé, désir dont on peut ne pas être l'objet, mais le sujet conscient. Tout comme on peut rencontrer un sujet conscient, alors que si on considère l'autre seulement comme un objet de désir, il n'y a pas de rencontre.
Peut-etre pour ça qu'on a reçu comme précepte, "pas de sexualité sans amour".

Tout à fait d'accord, mais j'ajouterais aussi (ce qui n'est pas très "politiquement correct") que si on ne considère pas du tout l'autre comme un objet, le désir est impossible (d'où l'importance du "seulement" dans ton avant dernière phrase). La difficulté se trouve justement à trouver cette zone d'entre deux : considérer l'autre seulement comme un objet rend la rencontre impossible et inhumaine ; ne pas réussir à "l'objectiver" rend le désir impossible.

Ce qui implique aussi, pour faire fonctionner un désir mutuel, d'accepter d'être un objet de désir pour l'autre... Pas évident !

Je suis d'accord.
Mais je pas du postulat qu'on vit avec cette dimension du désir dont tu parles.
Sauf qu'on veille à ne pas fonctionner que sur ce mode-là.
En fait on tente d'objectiver le sujet, que ce soit soi-meme et l'autre. Ou de subjectiver l'objet.
En tous cas de ne rien figer.
C'est mieux quand ça respire...ensemble.
C'est un vrai koan.

Bonsoir,

Pour continuer voici encore un p'tit poème...

Tenryu

Invariablement Maître Tenryu a levé le pouce
Unifiant le ciel et la terre
Sans séparer l'est de l'ouest
Qu'il est risible Gutei
Frappé de mutisme
Le sexe dressé face à la lune

si t as la chance d avoir une copine
comme moi
s'entrainer a penser a elle

sinon eviter internet
y a du X légale en librairie, se moquer des regard moqueurs
sinon imaginer qu on le fait avec une fille qu'on aimerais bien
et a la fin se dire : bof ce n etait qu un désir normal un désir humain
je ne m y attache pas il ne me défini pas

sinon si c est culpabilisant il vaut mieux s en debarasser et au cas ou craquer de temps en temps

ce n'est que ma simple contribution
je suis debutant en bouddhisme surtout zen
le plaisir sexuel solitaire peut il etre zen ?

a deux, c est sur c est mieux mais ce n'est qu'un désir qui vient de la reproduction donc ce qui a de plus profond chez l humain, il faut utiliser ce desir a bon escient pour l'Amour.
ça c est du sexe, c'est pour l'amour mais ce n'est pas vraiment de l'amour.

voila ce que j'en dit.

bonne journee

Bonjour,

Nouveau ici, je profite pour me présenter un peu. Je pratique le Zen, suis de Toulouse et dans le Bouddhisme en général depuis un certain temps, maintenant.

pour SB31 :

Concernant la sexualité dans le Bouddhisme, nous parlons des "inconduites sexuelles" qui, à ma connaissance, n'ont jamais étaient réellement définies. Il paraît qu'il existe un texte, mais j'ignore de qui, qui mentionne la sodomie comme inconduite sexuelle.
C'est d'ailleurs ce qui a était avancé dans la commission des religions relatif à la question/loi sur les mariage "égalité".

On peut maintenant, bien sûr, avancer, que le Bouddhisme demande ou conseille de ne pas faire du mal à autrui ou à soi-même, ce qui exlue en conséquence p.ex. l'adultère (encore pourrait t-il être consenti, par les trois ou davantage de personnes concernées), ainsi que certaines pratiques (parenthèse identique). Idem pour la "collection" de partenaires, où on pourrait parler d'attachement à un comportement (parenthèse identique). Dès qu'il y a manque, ici en partenaires multiples, il y a attachement.

Quant à la sexualité "solitaire", je ne trouve également aucun texte, ni de souffrance d'ailleurs, voire de culpabilisation.

Bref, encore ici, me semble-t-il que la conscience de chacun se doit le guide.

SB