sesshin en vue , j'angoisse!!!!

bonjour à tous !

je ne pensais devoir vous écrire ce post, car lorsque j'ai pris la décision de m'inscrire pour une sesshin de 4 jours (et je l'ai déjà fait dans le passé, mais pas au même endroit)
cela semblait (et semble) être une évidence pour moi.
il fallait que je le fasse, il fallait que je m'isole quelques jours et que je remettes , plus intensément, un pied dans la pratique.
mais bizarrement ces derniers jours, alors que la sesshin se rapproche, je stresse!
alors que je n'avais eu aucune appréhension la première fois, j'en ai pour cette fois ci!!
le réveil très tot (5h) , le côté austère et rude, l'isolement , le "face à face" avec soi.
les nombreuses sessions de zazen et de samu dans la journée.
je me demande si je vais tenir et comment je vais en ressortir.
j'ai peur d'etre a nouveau bouleversée et en décalage total avec mon entourage , (mon mari par ex, j'étais rentrée la première fois totalement chamboulée!!!avec une impression d'avoir découvert qq chose d'immense, plus conciliable avec ma vie habituelle).
en même temps j'ai l'intime conviction que je dois le faire, sans trop savoir pour quelle raison exactement.
c'est comme un appel.

Ok.
Il y a un truc : l'angoisse, c'est une peur qui n'a pas d'objet.
Elle peut venir de bien plus loin que ce qui est soupçonnable : il faut déjà tenter d'identifier ce qui se joue dans ce désir fort de faire une sesshin. Mettre des mots dessus.
Est-ce vouloir mettre à plat toute sa vie? Devenir quelqu'un d'autre? Se transformer?
Tout dépend comment on aborde la monture : si on y va trop franco, elle peut se cabrer!
C'est vrai que le zen, ça peut paraître fort austère, dépouillé.
OK.
Donc pourquoi avoir choisi la falaise abrupte plutôt que le petit sentier moutonneux?
Et puis, faut pas se laisser pièger par les apparences : on dramatise car on ne sait pas. Alors toutes les défenses émotionnelles se lèvent subtilement. On se fait un super scénario, on se voit perdre tous ses appuis.
Je te donne mes trucs, je pense ceux de beaucoup de gens.
Déjà, la sesshin c'est fait pour rompre avec le quotidien...tout en rentrant dans un quotidien très ordinaire! C'est juste un prétexte pour pratiquer la conscience au quotidien : quand tu t'assieds, quand tu manges, quand tu travailles, quant tu vis tout ce que tu vis.
Si tu envisages cela ainsi, ça devrait devenir plus tranquille.
S'il faut abandonner corps et esprit, on n'a pas besoin d'en faire un truc dramatique, hors de portée, un truc terrible. Mais un truc qui est fait pour nous aider, nous faire du bien, aider tout le cosmos avec nous qui en faisons partie. Donc abandonner tout esprit de performance, aussi faire confiance que si les gens sont là pour la Voie, ils seront bons avec toi.
En tous cas, commencer par la bienveillance avec toi.
Personne ne peut nous obliger à nous détruire le corps en zazen, personne ne peut nous obliger à souffrir plus que de raison si c'est trop dur. Tu peux aussi envisager que, toute peur cachant un désir, peut-être ta peur est de voir que tout ça va te sembler évident, naturel, profondément correspondant à un manque à être. Parfois, c'est voir qu'on peut le faire qui fait peur : on a peur de sa puissance!
Tu peux aussi te dire que si ça chamboule, tu peux préparer les zones de transition entre chez toi, la sesshin, et le retour chez toi. Oui, ça peut bousculer des zones fixées en soi, et donc autour de soi, mais si l'on s'ancre dans une vision consciente, bienveillante, on ne va pas changer par la force en explosant toutes ses structures de vie, son couple, sa famille, son boulot. Mais on va doucement, mettre de l'ordre.
En tous cas, conseil d'ancien, c'est bien de se ménager un sas de transition, et si tu vas faire quatre jours, si tu peux prendre un jour de congé après, ou deux, c'est bien, et en tous cas, des moments pour te reposer, glander, te faire plaisir.....et aussi.....ne pas savoir!
ce genre de truc, ça fait tomber nos certitudes...mais soit confiante que ça se remonte vite.
En tous cas, au quotidien, dans la sesshin, connecte toi à ce qui se passera, ne résiste pas, c'est ce qui permet le mieux de passer le truc quand ça se tend. Et puis, entend tes peurs, tes douleurs, tes craintes, inclue les dans ton observation, ta concentration...ne les oppose pas à ta pratique, mais accueille tout, tes résistances aussi, comme étant ta pratique, ta personne, ton dharma, car rien n'est séparé.
Un matin, je souffrais le martyre au zazen de 6h30...alors le responsable a dit : "ne bougez pas, si vous êtes ici, c'est parce que vous l'avez choisi!"
Toutes mes tensions se sont dénouées d'un coup, car je me suis alors rappelé de ce pouvoir sur moi qui m'avait fait me mettre là, dans cette situation.

bonjour lausm,

et merci de ta réponse.
dans ce que tu me dis je crois avoir peut être trouvé un élément de réponse à cette "angoisse",
ce quotidien très ordinaire de la sesshin justement, c'est cela qui doit me faire peur.
pourquoi? parce que je vis en ce moment une période de ma vie difficile et de transition et cela depuis plusieurs mois, je suis "dans le vague" sur différents plans de ma vie.
je pense que le fait de me retrouver justement face à cette situation et à moi même dans cette situation m'angoisse, ne pas avoir "d'échappatoires " tels que l'ordinateur, internet, les émissions à la noix en replay, ou autres (sorties avec amies , etc...) qui me permettent de fuir ces questionnements et de me cacher derrière des dérivatifs futiles qui me "vident la tête" mais pas au bon sens du terme , font que cette sesshin me fait peur.
et en même temps comme je le dis, c'est justement pour cela que c'est nécessaire pour moi, maintenant, de faire cette pause, et de m'isoler un peu dans la simplicité!
je suis très contradictoire en ce moment, je parle beaucoup en balade avec mon mari dans la nature et j'ai du mal à me taire , comme pour "meubler" un vide qui m'angoisse, et en même temps , quand je finis par me taire et apprécie le calme de la nature , je suis totalement heureuse et apaisée !!!
voila un peu la problématique de cette sesshin. la première sesshin je n'avais eu aucune appréhension! j'avais passé un mois difficile et j'en avais réellement besoin, là ce "bavardage" mental me rassure et en même temps m'empêche de me confronter au vide ou à la souffrance , aux doutes, aux questions que je me pose.
pour les zones de transition , je devrais en avoir car je ne travaille pas le lendemain du retour.
je n'ai pas vraiment peur que cela chamboule tout dans mon couple, car je l'ai déjà fait et cela a justement renforcé nos liens. je ne sais pas de quoi j'ai peur, peut être de descendre encore plus en profondeur que la dernière fois, et du fait du contexte de ma vie actuelle , que cela se "passe mal"? et en même temps qu'est ce que je pourrais tellement y trouver d'effrayant ? je crois que j'ai traversé bien pire ces derniers mois, mais disons que cette fois ci, la douleur et les moments difficiles je les vis en conscience, ça fait plus mal mais au moins j'avance plus clairement dans ma vie.
peut être ai-je peur de cette lucidité pendant les zazens prolongés?
à très bientot et merci!

D'accord.
Oui, c'est normal d'appréhender la confrontation avec cette personne que nous sommes et fuyons.
Je pense qu'il est important d'arriver à nommer ce qu'on vit ainsi, ces contradictions, car ça permet de savoir d'où nous partons, de définir la réalité que nous vivons, pour ne pas qu'elle nous manipule.
En fait, tu appréhendes tout en le désirant, de poser des limites.
C'est normal et tu définis très bien les moyens de fuite possible que nombre de gens dont je fais aussi partie, utilisent.
Mais justement, ces derniers temps, je me donne des directions, des micro directions. Ca peut etre une heure dans le jardin, planter tel ou tel truc, faire une heure de papiers, se poser des cadres tenables.
C'est un peu le truc du zen, qui ritualise les moments : un temps pour le zazen ,un temps pour samu, un temps pour la cérémonie, etc...
Effectivement, la liberté peut effrayer encore plus que les difficultés, car on est face à ses possibilités, et c'est tellement plus commode de rester victime du réel que de s'assumer...mais ça se greffe souvent sur le fait qu'on n'a pas appris ça. Et parfois, pour tout ce genre de trucs, je trouve plus d'aide dans un bon bouquin de thérapeute, genre Isabelle Filliozat, que dans des trucs spirituels qui n'aident pas toujours à atterrir car ils s'adressent à une réflexion de haute volée sur le monde.
En fait, j'ai le sentiment que tu n'as pas besoin de zone de transition, car ta vie y est en plein....tu me diras, ultimement on est toujours en transition!
Oui, faire face à ses contradictions, face à ce qu'on est, c'est parfois plus flippant que de cultiver sa névrose.
Un bon entraînement pour ce faire, je trouve, est aller s'asseoir un moment dans la nature. On ne s'enferme pas dans une méditation trop repliée sur soi, car la vie qui se déploie dans le silence, nous ramène à la réalité, mais une réalité qui n'est pas manipulée par des intentions de l'exploiter. Juste une activité naturelle. C'est une bonne alternative quand dans le zazen on a tendance à trop en faire parce qu'on veut être un bon élève, ce qui produit parfois l'inverse de ce qu'on recherche : plus de simplicité, plus de bonheur. Une sagesse simple et bonne.
Se confronter aux choses, peut se faire avec délicatesse et douceur. Si tu tentes de suivre les choses en gardant cela à l'esprit, ça devrait être tranquille.

 

De l'inquiétude avant une sesshin ? Tout le monde éprouve ça. C'est le contraire qui serait étonnant.  

bonjour à tous,
et merci pour vos réponses!
la sesshin n'a pas encore eut lieu, elle se déroule du 8 au 11 mai, mais ce n'est vraiment que 3 jours pleins.
je vous tiens au courant dés qu'elle sera terminée!

j'ai fait un lien avec une angoisse que j'ai pour la sesshin et ma vie,
c'est aussi le fait de me lever très tôt (5h) pour la sesshin.
ce n'est pas le fait de se lever à 5h qui me gêne, c'est que j'associe cette heure à ma vie professionnelle d'avant où je me levais aussi à cette heure ci , mais pour aller faire un travail dans lequel je souffrais vraiment et que j'ai finis par quitter.
le corps à garder ce rythme en mémoire, et lorsque j'ai à nouveau à me lever dans ces horaires là, dés que le réveil sonne, il arrive que mon corps réagisse à cette mémoire d'avant qui était souffrance.
même si consciemment je sais que la sesshin n'a rien à voir avec cela.

bonjour,

je me devais de revenir vers vous pour vous donner des nouvelles, après que vous m'ayez montré votre intérêt et donner vos avis et conseils pour cette sesshin et tout le reste.
j'ai mis du temps à revenir vers vous parce que je n'ai pas participé à cette sesshin.
en effet, j'ai été malade quelques jours avant et cela m'a tenu un moment.
je pense que j'aurais pu y aller tout de même mais je n'ai pas eu "le courage" si je puis dire, je crois que j'ai eu peur, ou que je n'étais pas prête... je ne sais pas.
en tout cas , je pense souvent à ce que ça aurait pu être même si ça ne sert à rien.
j'envisage de faire une sesshin , mais quand ? je ne sais pas encore.
j'ai une vision plus claire des choses maintenant (niveau planning) et je vais y réfléchir.
reste à franchir le pas...
merci à vous, il fallait que je vous donne des nouvelles , même si cela ne s'est pas fait...

Bonjour.
Sesshin, pas sesshin, il y a aussi ce qu'il se passe maintenant.
C'est comme une compétition : si on n'a aucun entrainement, quand on doit y aller à fond, alors on galère.
FAut déjà se donner de la pratique dans la vie de tous les jours : t'arrètes-tu parfois pour juste te sentir, sentir le monde, sans rien faire du tout?
PEux-tu aussi envisager la confrontation avec soi comme n'étant pas forcément un duel, une guerre, un moment où l'on doit vaincre quelque chose, mais juste vivre, être là?
Peux-tu juste prendre un instant, et te laisser entendre le battement de ton coeur?
Setsu Shin, ça veut dire toucher le coeur. Faut le voir comme ça, après, se lever tôt, tout ça devient presque anecdotique si on se relie à la vraie motivation spirituelle. Donc inutile de voir les choses comme un challelenge, mais tu peux déjà regarder en toi pour te relier à ce qui te fait désirer vivre une sesshin : c'est là que les choses se passent, et c'est cela qui pourra t'aider à concrétiser les choses pour pouvoir y aller et faire mûrir les choses pour que les circonstances deviennent favorables.
Les résistances, ont quelque chose à dire, il est bon des les accepter. Et ce n'est pas grave si ce n'est pas pour maintenant.
Mais à tout instant tu peux toucher ton coeur.

Salut Lausm
tu me sembles ressurgir du "Néant"...tout empreint de ce qu'il contient... étant, bien entendu, que le néant n'existe pas.

ça me rappelle encore la citation d'un indien d' Amérique disant=" les blancs sont fous, ils disent que c'est le cerveau qui pense, alors que c'est le coeur."

Pour rassurer fleurdecerisier, je dirais que lors de ma deuxième et dernière pratique de méditation dans un dojo, il était affiché dans le dojo, une invitation pour une sesshin, et ne sachant pas du tout ce que c'était, j'ai interrogé le maître de séance (un ami que je connaissais bien) et il m'a répondu = laisses tomber, c'est pas pour toi.
Je n'ai pas eu l'occasion de le revoir pour avoir des précisions... la confiance que je lui accordais était suffisante, à cet instant, pour s'abstenir de poser des questions.

Pour conclure, je dirais que le fruit tombe quand il est mur.

bonjour à vous,

tangolinos, j'ai déjà fait une sesshin il y a un peu plus de 2 ans, et je sais comment cela se passe.
j'y étais allée comme ça, sans réfléchir, j'en avais besoin , c'était un appel , je ne méditais même pas régulièrement à l'époque. c'était juste à un moment de ma vie là, et cela devait se faire.
bizarrement, c'est maintenant que j'ai avancé dans le travail sur moi, et que j'ai pris conscience de l'importance de la méditation et la pratique spirituelle que je "recule" maintenant devant l'idée d'aller en sesshin.
comme si peut être, d'avoir creuser un peu plus en profondeur avec une thérapie analytique pouvait me faire découvrir lors d'une sesshin des "vieux démons " et remonter de vieilles ordures du passé... c'est peut être cela en fait la peur de la confrontation à moi même dans la sesshin.

lausm, c'est amusant ce que tu dis, justement je me remets régulièrement (un temps et puis j'arrête et puis je reprends, comme dans la chanson de claude françois!) à la méditation.
la semaine dernière par exemple , j'ai méditer en zazen et j'ai méditer aussi en mangeant, en étant assise dans mon canapé, en marchant, bref j'ai essayer d'expérimenter beaucoup la pleine conscience.
je ne suis donc pas réellement en guerre contre moi même, et j'arrive à m'arrêter assez facilement. par exemple ce soir j'étais exténuée par ma journée, on ne peut plus énerver, je suis rentrée et quasiment tout de suite je suis allée méditer. ça devient de plus en plus automatique (si je puis dire) pour moi. en tout cas une nécessité.

mais peut être ai-je peur de "toucher mon coeur"? qu'est ce que je découvrirais? je ressens parfois une grande violence qui bouillonne intérieurement, je me calme avec la méditation. mais si je descends dans les "profondeurs de mon être" comme je l'ai fait à ma première sesshin, que se passera-t-il maintenant , deux ans plus tard, avec tous les boulversements que j'ai connu récemment? c'est peut être ça que j'ai peur de découvrir et de "toucher" en fait....
presque comme une idée bizarre d'auto destruction....

Sous prétexte de bonheur, les gens s'échinent trop.

Bonjour fleurdecerisier

comme si peut être, d'avoir creusé un peu plus en profondeur avec une thérapie analytique pouvait me faire découvrir lors d'une sesshin des "vieux démons " et remonter de vieilles ordures du passé... c'est peut être cela en fait la peur de la confrontation à moi même dans la sesshin.

Si je devais montrer la distinction entre une thérapie et la méditation, je dirais que pour la thérapie il s'agit de faire un travail sur le petit soi (le mental), tel un conquérant, pour peut-être un jour atteindre le Grand Soi (le coeur)... alors que pour la méditation il s'agirait plutôt de se laisser traverser par la lumière qu'est le Grand Soi (le coeur), en faisant abstraction de tous les obstacles qui pourraient surgir.

Certes si tu n'as jamais perçu la splendeur de cette lumière, il t'est difficile de faire abstraction des obstacles auxquels tu t'identifies.
Je dirais que ces obstacles ou "vieux démons" doivent en tous cas un jour s'évaporer.
Inutile donc de les refouler.
Le choix qui se pose est d' opter pour la façon la moins douloureuse de les relativiser.

GaryKaspov a écrit:Sous prétexte de bonheur, les gens s'échinent trop.

 

merci tangolinos pour cette vision des choses, je n'y avais pas pensé de cette façon!