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    LES ENSEIGNEMENTS ESSENTIELS DES MAÎTRES DE LA FORÊT Ajahn Amaro

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    Message par gigi Jeu 19 Mar 2015 - 5:05

    Le Dhamma de la Forêt


    LES ENSEIGNEMENTS ESSENTIELS DES MAÎTRES DE LA FORÊT
    Ajahn Amaro

    Traduit par Jeanne Schut
    http://www.dhammadelaforet.org/

    Ce texte est un extrait de l'Introduction, par Ajahn Amaro, du livre « Food for the Heart, the collected teachings of Ajahn Chah », dont le premier tome en français est publié par les Editions SULLY, sous le titre: "Vertu et Méditation". Nous remercions le Vénérable Ajahn Amaro de nous avoir autorisés à publier séparément, sur notre site, cette très belle introduction.

    Bien que ce livre contienne de nombreuses explications très claires sur les enseignements du Bouddha, il serait peut-être bon, en particulier pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec la façon dont le Theravada exprime les choses en général et dans la Tradition de la Forêt thaïlandaise en particulier, de commencer par souligner certains des termes, des attitudes et des concepts clés qui sont utilisés tout au long de cette anthologie.


    Les Quatre Nobles Vérités

    Bien qu’il existe de nombreux volumes des discours du Bouddha dans plusieurs traditions, on dit aussi que tout son enseignement est contenu dans son tout premier discours, celui que l’on a appelé « la mise en marche de la roue de la Vérité ». Le Bouddha donna cet enseignement à ses cinq anciens compagnons spirituels, dans le Parc aux Daims, près de Bénarès, peu de temps après son Eveil. Dans ce bref discours – il ne faut que vingt minutes pour le réciter – il développa la nature de la Voie du Milieu et les Quatre Nobles Vérités. Cet enseignement est commun à toutes les traditions bouddhistes et, tout comme un gland contient dans son code génétique ce qui le fera devenir un immense chêne, on peut dire que toute la myriade des enseignements bouddhistes dérive de cette matrice de sagesse fondamentale.

    Les Quatre Nobles Vérités sont formulées à la manière d’un diagnostic médical dans la tradition ayurvédique : a) les symptômes de la maladie ; b) la cause ; c) le pronostic ; et d) le traitement. Le Bouddha a toujours utilisé des structures et des formes qui étaient familières aux personnes de son époque et, dans ce cas précis, c’est ainsi qu’il peignit le tableau.

    La première vérité, le « symptôme », est qu’il existe dukkha, un mal-être que l’on peut ressentir comme un sentiment d’incomplétude, d’insatisfaction ou de souffrance. Il peut y avoir des instants ou de longues périodes où nous ressentons du bonheur – un bonheur grossier ou même de nature transcendante – mais il arrive un moment où le cœur ressent une insatisfaction. Celle-ci peut aller de l’angoisse extrême à l’infime intuition que la félicité que l’on ressent ne va pas durer. Toutes ces variantes portent l’étiquette de « dukkha ».

    Parfois les gens lisent cette Première Vérité et l’interprètent mal, comme si le Bouddha avait déclaré de manière absolue que la réalité est dukkha dans toutes ses dimensions. On prend cette Vérité comme un jugement de valeur qui s’applique à tout, mais ce n’est pas ce qui a été dit. Si c’était le cas, cela voudrait dire qu’il n’y a aucun espoir de libération pour qui que ce soit, et la réalisation de la vérité de ce qui est – le Dhamma – n’aboutirait pas à une paix et un bonheur durables, contrairement à ce qu’a découvert le Bouddha.

    Ce qu’il est donc très important de noter là, c’est qu’il s’agit de « nobles » vérités et non de vérités « absolues ». Elles sont nobles dans le sens que ce sont des vérités relatives mais que, une fois comprises, elles nous mènent à la réalisation de l’Absolu ou de l’Ultime.

    La seconde Noble Vérité est que la cause de ce dukkha est le désir égoïste, tanhā en pāli, ce qui signifie littéralement « soif ». Ce désir, cet attachement avide, est la cause de dukkha. Il peut s’agir du désir de plaisirs sensoriels, du désir de « devenir » quelque chose, du désir de s’identifier à quelque chose, ou encore du désir de ne pas exister, de disparaître, d’être annihilé ou de se débarrasser de certaines choses. Il y a de nombreuses dimensions subtiles à toutes ces formes de désir.

    La troisième Noble Vérité, le pronostic, est dukkha-nirodha. Nirodha signifie « cessation ». Autrement dit, ce sentiment de dukkha, d’incomplétude, peut disparaître en étant transcendé ; on peut y mettre un terme. Dukkha n’est donc pas une réalité absolue, ce n’est qu’un vécu temporaire dont le cœur et l’esprit peuvent se libérer.

    La quatrième Noble Vérité est celle de la Voie : comment aller de la seconde Vérité à la troisième, de la cause de dukkha à son terme. Le traitement est l’Octuple Sentier qui consiste essentiellement à développer la vertu, la concentration et la sagesse.


    La loi du kamma

    L’une des pierres angulaires de la vision bouddhiste du monde est l’inviolabilité de la loi de cause à effet : toute action entraîne une réaction égale et contraire. On considère que cela ne s’applique pas seulement au domaine de la réalité physique mais aussi, et c’est le plus important, aux domaines psychologique et social également. La vision pénétrante que le Bouddha a eue sur la nature de la réalité lui a montré que notre univers est un univers moral : de bonnes actions engendrent de bons résultats ; des actions malfaisantes engendrent des résultats douloureux – c’est ainsi que fonctionne la nature. Il se peut que les conséquences arrivent aussitôt après l’action ou beaucoup plus tard mais, nécessairement, un effet équivalent à la cause se produira.

    Le Bouddha a également souligné très clairement que l’élément clé du kamma – « karma » en sanskrit – est l’intention. Ceci apparaît dans les premiers mots du Dhammapada, le plus célèbre et le plus aimé des écrits du Theravada :

    Tous les phénomènes qui se manifestent à nous
    Naissent dans notre cœur et dans notre esprit ;
    Si nous parlons ou agissons avec un cœur et un esprit souillés,
    La souffrance s’ensuivra aussi inévitablement
    Que la roue du chariot suit la trace des sabots du bœuf qui le tire.

    Tous les phénomènes qui se manifestent à nous
    Naissent dans notre cœur et dans notre esprit ;
    Si nous parlons ou agissons avec un cœur et un esprit purs,
    Le bonheur s’ensuivra aussi inévitablement
    Que l’ombre qui jamais ne nous quitte.

    Cette façon de comprendre les choses, considérée comme une évidence dans la plupart des pays asiatiques, se retrouve en filigrane dans beaucoup des enseignements contenus dans ces pages. Bien que, pour les bouddhistes, il s’agisse là d’une question de foi, c’est aussi une loi que l’expérience nous permet de retrouver par nous-mêmes au lieu de l’accepter aveuglément parce qu’un maître en a parlé ou parce qu’un impératif culturel nous obligerait à y croire. Quand Ajahn Chah rencontrait des Occidentaux qui disaient ne pas croire au kamma tel qu’il le décrivait, au lieu de les critiquer, de leur dire que leur vision de la vie était incorrecte ou d’essayer de leur dépeindre les choses à sa manière, il s’intéressait à cette optique différente, demandait à la personne qu’elle lui décrive la façon dont elle concevait les choses, et il reprenait la conversation à partir de là.


    Tout est incertain

    Un autre des points majeurs qui réapparaît souvent dans les enseignements réunis ici concerne « les trois caractéristiques de l’existence ». Dès son second discours (l’Anattā-lakkhana Sutta) et tout au long de ses enseignements, le Bouddha a insisté sur le fait que tous les phénomènes, internes ou externes, physiques ou mentaux, avaient invariablement ces trois mêmes caractéristiques : anicca, dukkha et anattā – l’impermanence, l’insatisfaction et le non-soi. Tout change ; rien ne peut demeurer plaisant ou sûr dans la durée ; et rien ne peut être considéré comme étant vraiment à nous ou comme étant absolument qui nous sommes ou ce que nous sommes. Quand ces trois éléments ont été réellement vus et ressentis par l’expérience directe, on peut dire que la vision pénétrante des choses a été révélée.

    Anicca est le premier élément de cette triade révélatrice. Ajahn Chah n’a cessé d’encourager tous ses étudiants à contempler cette impermanence ou « incertitude », disant qu’elle était la première des clés qui ouvrent la porte de la sagesse. Comme il le dit dans le texte intitulé « Comme un cours d’eau dormant » (Livre 2) : « Ce que nous appelons ici ‘incertitude’, c’est le Bouddha. Le Bouddha est le Dhamma. Le Dhamma est caractérisé par l’incertitude. Quiconque perçoit l’incertitude des choses, perçoit leur réalité immuable. Tel est le Dhamma et tel est le Bouddha. Si vous voyez le Dhamma, vous voyez le Bouddha ; si vous voyez le Bouddha, vous voyez le Dhamma. Si vous êtes conscient d’anicca, l’incertitude, vous saurez lâcher prise et ne plus vous accrocher à rien. »

    Ce qui est très caractéristique de l’enseignement d’Ajahn Chah, c’est qu’il employait volontiers une autre traduction pour le mot anicca : l’incertitude. Tandis que le mot « impermanence » a peut-être une connotation plus abstraite ou plus technique, le mot « incertitude » décrit mieux le sentiment qui habite le cœur quand il doit faire face au changement.


    Accent sur la Vision Juste et la vertu

    Quand on lui demandait ce qu’il considérait comme les points essentiels de l’enseignement, Ajahn Chah répondait souvent que l’expérience lui avait montré que tout progrès spirituel dépend de la Vision Juste et de la pureté de conduite. A propos de la Vision Juste, le Bouddha a dit un jour : « Tout comme l’embrasement du ciel à l’aurore annonce le lever du soleil, la Vision Juste précède tous les états bénéfiques. »

    Etablir la Vision Juste implique, tout d’abord, que l’on ait une « carte » fiable de l’esprit et du monde et, en particulier, une bonne compréhension de la loi du kamma. Ensuite, cela signifie considérer son vécu à la lumière des Quatre Nobles Vérités et, par conséquent, être en mesure de transformer ce flot de perceptions, de pensées et d’humeurs en carburant pour développer la vision pénétrante. Les quatre Vérités deviennent les quatre points cardinaux qui orientent notre compréhension et, par conséquent, guident nos actions et nos intentions.

    Ajahn Chah considérait sīla, la vertu, comme le grand protecteur du cœur et encourageait tous ceux qui s’engageaient sérieusement dans la quête du bonheur et d’une vie bien vécue, à suivre sincèrement les préceptes – qu’il s’agisse des cinq préceptes des laïcs1 ou bien des huit, dix ou deux-cent-vingt-sept préceptes adoptés dans la communauté monastique selon le niveau d’ordination. L’action et la parole vertueuses mettent automatiquement le cœur en harmonie avec le Dhamma et deviennent ainsi le fondement de la concentration, de la vision pénétrante et, finalement, de la Libération.

    Sous de nombreux aspects, sīla est le corollaire extérieur de la qualité intérieure de la Vision Juste et il existe une relation de réciprocité entre elles : si nous comprenons la loi de causalité et que nous voyons la relation entre l’avidité et la souffrance, il est probable que nos actions seront harmonieuses et mesurées ; de même, si nos actions et nos paroles sont empreintes de respect, d’honnêteté et de non-violence, nous créons les causes pour que la paix soit en nous et il nous sera beaucoup plus facile de voir les lois qui gouvernent l’esprit et son fonctionnement, de sorte que la Vision Juste se développera plus facilement.

    L’une des conséquences particulières de cette relation dont Ajahn Chah parlait régulièrement, comme dans le texte intitulé « Convention et Libération » (Livre 2) est la vacuité intrinsèque de toutes les conventions – comme par exemple l’argent, la religion ou les coutumes de la société – et, en même temps, la nécessité de les respecter pleinement. Cela peut paraître paradoxal mais, pour lui, la Voie du Milieu consistait justement à résoudre cette sorte de contradiction. Si nous nous attachons aux conventions, elles nous alourdissent et nous limitent mais, si nous essayons de les défier ou de les nier, nous nous retrouvons perdus, en conflit, désorientés. Il voyait qu’avec une attitude correcte, les deux aspects pouvaient être respectés d’une manière naturelle, libératrice et non forcée ou restrictive.

    C’est probablement à cause de sa profonde vision intérieure dans ce domaine qu’il pouvait être à la fois extrêmement orthodoxe et austère en tant que moine bouddhiste, et tout à fait détendu et libre par rapport à toutes les règles qu’il observait. Pour beaucoup de ceux qui l’ont rencontré, il semblait être l’homme le plus heureux du monde – fait peut-être assez ironique pour quelqu’un qui n’avait jamais eu de relations sexuelles de sa vie, n’avait pas d’argent, n’écoutait jamais de musique, était toujours disponible aux autres dix-huit à vingt heures par jour, dormait sur un mince matelas de paille, avait du diabète, avait subi différentes formes de malaria, et riait quand on disait de son monastère qu’on y mangeait « la plus mauvaise nourriture du monde » ! [...]

    1 Les Cinq Préceptes sont des directives de base pour s’entraîner à la parole juste et à l’action juste : s’efforcer de ne tuer aucun être ; s’efforcer de ne pas voler ; s’efforcer d’avoir un comportement sexuel responsable ; s’efforcer de ne pas mentir ni médire ; s’efforcer de ne pas utiliser de produits intoxicants qui créent la confusion dans l’esprit.

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    Message par Kaïkan Jeu 19 Mar 2015 - 18:56


    Tout est incertain
    Ne me parait pas refléter la réalité suggérée par l'impermanence.

    Tout change tout le temps donc tout est en devenir, tout est en évolution. Ce n'est pas une incertitude bien au contraire c'est une vérité infaillible. On est d'abord jeune et adolescent mais on ne le reste pas, on devient un adulte mais pas longtemps car on vieillit et d'une personne mûre on devient une personne vieille et puis on meurt que ça plaise ou non. Il n'y a pas d'incertitude à cette impermanence.
    Il en va de même pour tous les êtres et tous les phénomènes de l'univers.

    Si tout est incertain alors le Dharma aussi est incertain et nous devrions vivre dans une incertitude constante. La loi du karma aussi serait incertaine, d'ailleurs (au passage), de penser que l'intention permet lorsqu'elle est bonne de s'exempter de toutes les conséquences d'actes ayant entraîné des souffrances terribles à des multitudes prouve que de jouer avec la notion d'incertitude peut entraîner bien des dérives.

    Il y a le fait que tout est à chaque instant en transformation. Et puis il y a le fait que la loi du  karma c'est la loi de cause à effets par rapport aux actions. Si une action fausse moralement entraîne des effets positifs le karma s'améliore; si des actions bonnes moralement entraînent des conséquences funestes pour soi et les autres, alors un mauvais karma est engendré.
    (Je ne parle pas de l'évidence bonne action vers bon karma et mauvaise action vers mauvais karma, car cela tout le monde le comprend bien sûr.)

    Je sais bien que cette loi paraît plutôt assez froide car il n'y a pas de possibilité de la contourner même par les bonnes intentions. Mais c'est ainsi.  Chinois-salut

    Bien sûr je suis adepte du bouddhisme mahāyāna et donc mon opinion n'est pas toujours exactement semblable aux positions du bouddhisme ancien. Wink
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    Message par gigi Jeu 19 Mar 2015 - 19:10

    Kaïkan écrit:

    Ne me parait pas refléter la réalité suggérée par l'impermanence.

    Tout change tout le temps donc tout est en devenir, tout est en évolution. Ce n'est pas une incertitude bien au contraire c'est une vérité infaillible. On est d'abord jeune et adolescent mais on ne le reste pas, on devient un adulte mais pas longtemps car on vieillit et d'une personne mûre on devient une personne vieille et puis on meurt que ça plaise ou non. Il n'y a pas d'incertitude à cette impermanence.
    Il en va de même pour tous les êtres et tous les phénomènes de l'univers.

    gigi écrit:

    Là encore il faut lire l'ensemble du texte et considérer que les traductions sont parfois pas idéales, ici incertitude se réfère à impermanence Smile

    Tout est incertain

    Un autre des points majeurs qui réapparaît souvent dans les enseignements réunis ici concerne « les trois caractéristiques de l’existence ». Dès son second discours (l’Anattā-lakkhana Sutta) et tout au long de ses enseignements, le Bouddha a insisté sur le fait que tous les phénomènes, internes ou externes, physiques ou mentaux, avaient invariablement ces trois mêmes caractéristiques : anicca, dukkha et anattā – l’impermanence, l’insatisfaction et le non-soi. Tout change ; rien ne peut demeurer plaisant ou sûr dans la durée ; et rien ne peut être considéré comme étant vraiment à nous ou comme étant absolument qui nous sommes ou ce que nous sommes. Quand ces trois éléments ont été réellement vus et ressentis par l’expérience directe, on peut dire que la vision pénétrante des choses a été révélée.

    Anicca est le premier élément de cette triade révélatrice. Ajahn Chah n’a cessé d’encourager tous ses étudiants à contempler cette impermanence ou « incertitude », disant qu’elle était la première des clés qui ouvrent la porte de la sagesse. Comme il le dit dans le texte intitulé « Comme un cours d’eau dormant » (Livre 2) : « Ce que nous appelons ici ‘incertitude’, c’est le Bouddha. Le Bouddha est le Dhamma. Le Dhamma est caractérisé par l’incertitude. Quiconque perçoit l’incertitude des choses, perçoit leur réalité immuable. Tel est le Dhamma et tel est le Bouddha. Si vous voyez le Dhamma, vous voyez le Bouddha ; si vous voyez le Bouddha, vous voyez le Dhamma. Si vous êtes conscient d’anicca, l’incertitude, vous saurez lâcher prise et ne plus vous accrocher à rien. »

    Ce qui est très caractéristique de l’enseignement d’Ajahn Chah, c’est qu’il employait volontiers une autre traduction pour le mot anicca : l’incertitude. Tandis que le mot « impermanence » a peut-être une connotation plus abstraite ou plus technique, le mot « incertitude » décrit mieux le sentiment qui habite le cœur quand il doit faire face au changement.

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    Message par Kaïkan Jeu 19 Mar 2015 - 20:28


    Ce qui est très caractéristique de l’enseignement d’Ajahn Chah, c’est qu’il employait volontiers une autre traduction pour le mot anicca : l’incertitude. Tandis que le mot « impermanence » a peut-être une connotation plus abstraite ou plus technique, le mot « incertitude » décrit mieux le sentiment qui habite le cœur quand il doit faire face au changement.
    C'est justement après avoir lu complètement de A à Z tout le texte y compris ce que je viens d'écrire en citation que j'ai réagi.
    Si on n'est pas d'accord c'est qu'on n'a pas lu ?  Laughing
    Ce n'est pas la peine de réécrire la même chose et en rouge (j'ai foncé le rouge qui est normalement utilisé par les modos).
    Je le répète je trouve que Ajahn Chah n'a pas raison d'utiliser incertitude pour impermanence.
    On ne peut dire : "tout est incertain". Voir les arguments du message n°2.
    Utiliser "incertitude" au lieu d'impermanence est erroné et j'ai expliqué pourquoi dans le message précédent (n°2) avec toute une argumentation. Donc si on m'apporte une analyse de mon argumentation en amenant une contre-argumentation bien étayée, alors un débat pourra prendre place.
    Par contre de répéter en boucle que incertitude est le choix d' Ajahn Chah et donc parole d'évangile est un comportement qui est rejeté par le Bouddha historique lui-même. (kalama sutta → http://www.dhammadelaforet.org/sommaire/sutta_tipaka/txt/kalama.html  )
    J'espère avoir été assez clair.  sunny  

    (avec bienveillance Laughing )
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    Message par Frédérique Jeu 19 Mar 2015 - 21:21

    Bonsoir à Vous,

    Impermanence et incertitude ne sonnent pas tout à fait pareil je trouve.
    L'impermanence est une constante, l'incertitude n'a de constante justement que le côté incertain des choses.
    L'impermanence est une certitude.
    Gigi a écrit: « Comme un cours d’eau dormant » (Livre 2) : « Ce que nous appelons ici ‘incertitude’, c’est le Bouddha. Le Bouddha est le Dhamma. Le Dhamma est caractérisé par l’incertitude. Quiconque perçoit l’incertitude des choses, perçoit leur réalité immuable. Tel est le Dhamma et tel est le Bouddha. Si vous voyez le Dhamma, vous voyez le Bouddha ; si vous voyez le Bouddha, vous voyez le Dhamma. Si vous êtes conscient d’anicca, l’incertitude, vous saurez lâcher prise et ne plus vous accrocher à rien. »
    Un peu flou pour mon esprit, mais c'est intéressant de remplacer "incertitude" par "impermanence", après peut-être devons-nous lâcher prise de nos certitudes.
    Sommes-nous certains de la véracité de nos convictions ?
    Le doute est pour moi, et plus il persiste, plus il confirme la position spirituelle actuelle que je ressens actuellement, celle d'être ici et maintenant, celle de lire et de m'intéresser, de me questionner, d'échanger et bien entendu de m'orienter vers la pratique.
    Merci pour cette belle interface.
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    Message par Kaïkan Jeu 19 Mar 2015 - 21:45


    J'ai trouvé ce mondo chez Kosen :

    Maître, vous dites dans une de vos réponses que le mauvais karma commence avec le doute. Mais comment ne pas douter? Ou dans certains cas, comment faire pour ne pas confondre le non-doute avec l'obstination, un caprice? Si on considère le doute non pas comme une forme d'extrême scepticisme mais comme une réflexion, qu'est alors que ne pas douter? Et, en définitive, qu'est-ce que le mauvais karma?

    Encore une fois merci pour vos réponses. Gassho

    Réponse de Maitre Kosen

    Il est dit dans l’hokyozanmai : Absolu sans doute ainsi est le dharma, ainsi est notre véritable nature, notre vrai visage, vous pouvez l’obtenir et le manifester à l’instant même, c’est seulement cela qu’il faut protéger fermement.

    L'incertitude c'est aussi le doute avec son cortège de problèmes. C'est pour cela qu'il peut y avoir confusion quand on remplace le mot "impermanence" par celui de : "incertitude".

    Si tout est incertain alors le Dharma serait incertain et ce n'est pas le cas.

    gigi a écrit:Le Bouddha a également souligné très clairement que l’élément clé du kamma – « karma » en sanskrit – est l’intention.
    Karma ou karman (en devanāgarī कर्म et कर्मन्, de la racine verbale kri, signifie « acte » ou encore « action »)
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    Message par Frédérique Jeu 19 Mar 2015 - 21:58

    Oui mais si le doute a une part à la mise en route de la pratique, est-ce le mauvais karma ?
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    Message par Kaïkan Jeu 19 Mar 2015 - 22:03

    Frédérique a écrit:Oui mais si le doute a une part à la mise en route de la pratique, est-ce le mauvais karma ?

    Le doute est nécessaire mais le dharma, notre nature originelle, sont au-delà du doute et c'est cela qui doit être préservé. OK ? Very Happy  
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    Message par gigi Jeu 19 Mar 2015 - 22:57

    Kaïkan écrit:

    Le doute est nécessaire mais le dharma, notre nature originelle, sont au-delà du doute et c'est cela qui doit être préservé. OK ?

    gigi écrit:

    Le mot Dhamma a plusieurs significations vous le savez certainement et si il y a mettre en doute quoique ce soit ce serait encore la traduction qui lorsque je l'ai lu m'a aussi chicotter
    « Ce que nous appelons ici ‘incertitude’, c’est le Bouddha. Le Bouddha est le Dhamma. Le Dhamma est caractérisé par l’incertitude. Quiconque perçoit l’incertitude des choses, perçoit leur réalité immuable. Tel est le Dhamma et tel est le Bouddha.

    cette partie est pas clair, je comprend très bien la réaction de Kaïkan Smile


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    Message par Invité Ven 20 Mar 2015 - 9:08

    Bonjour,

    en tout cas, ce qui est certain, c'est que le "in" devant certitude et que le "im" devant permanence, sont deux préfixes de négation Smile

    En alchimie, on sait qu'il y a du volatil dans le fixe et du fixe dans le volatil et pour preuve c'est que la "permanente" des cheveux, qui est une mise en plis des coiffeurs pour faire des frisettes, ne tient pas indéfiniment, c'est un fixe qui devient un volatif afro
    (Des fois je me demande d'où je sors toutes ces bêtises Rolling Eyes et si ça va être en continu________ ou en discontinu -----------)

    L'axiome de Marie la Prophétesse: " L'un devient deux, le deux devient trois et du trois sort l'un comme quatrième "

    https://www.youtube.com/watch?v=Ose-GabcXos

    c'est "chicoter" ou "chicotter" ? study
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    LES ENSEIGNEMENTS ESSENTIELS DES MAÎTRES DE LA FORÊT  Ajahn Amaro Empty Re: LES ENSEIGNEMENTS ESSENTIELS DES MAÎTRES DE LA FORÊT Ajahn Amaro

    Message par Kaïkan Ven 20 Mar 2015 - 9:30


    Bonjour,
    Je crois qu'il y a les deux orthographes possibles.

    Le terme chicoter te chicotte? It means to bother, worry, bug, depending on context. It can also mean to intrigue, puzzle. (C'est canadien Laughing )
    (En français) Ça dérange ça intrigue etc.

    Autrement c'était un fouet à lanières autrefois pour frapper les esclaves.  affraid

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    LES ENSEIGNEMENTS ESSENTIELS DES MAÎTRES DE LA FORÊT  Ajahn Amaro Empty Re: LES ENSEIGNEMENTS ESSENTIELS DES MAÎTRES DE LA FORÊT Ajahn Amaro

    Message par Lumpinee Ven 20 Mar 2015 - 10:26

    Je ne peux qu'etre d'accord avec toi, Kaikan, sur le fait que tout change tout le temps.

    Par contre, il y a des choses en devenir qui sont certaines. Je vais mourir vieux, c'est pour moi un fait. Rien ne pourra changer ça , alors que ça n'arrivera que dans une cinquantaine d'années.

    Ceux qui ont des visions de l'avenir savent que certaines choses pas encore arrivées sont deja immuables. Crois moi, parfois j'aimerais penser que ces visions ne sont que des probabilités du futur potentiel, mais je sais au fond de moi que mes visions sont toujours exacts, je ne peux leur échapper. J'en ai la preuve presque tous les jours. Tout comme le karma, on ne peut y couper.

    Rien est le fruit du hasard, jamais.
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    Message par Invité Ven 20 Mar 2015 - 10:52

    En fait, la forme avec un "t" ou deux "t" ne change pas le sens.
    Je trouvais que Moïse explique bien le karma et que Jésus explique bien notre nature originelle, et que malgré des contradictions d'apparence l'"Ancien" Testament et le Nouveau Testament est un seul Livre. C'est l'expression "bouddhisme ancien" qui me faisait penser à ça.
    C'est un peu comme une forêt et un océan, si on ne regarde pas trop la forme, c'est un peu pareil, avec des vagues et des arbres  Smile

    http://www.buddhaline.net/Le-Tipi-Taka-les-trois-Corbeilles

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