Cet énoncé indique le caractère provisoire de l'enseignement du Bouddha. Il est dans la nature du langage d'imposer un absolu sur ce qui est essentiellement relatif et impermanent. C'est aussi son efficacité : Le langage donne la stabilité à l'expérience. Pour éclaircir ce point, j'ai donné l'exemple suivant dans mon livre Le rêve du papillon. Il y a une tache sur le mur; vous en avez conscience jusqu'à un certain point, mais vous n'en avez pas pris note. Puis vous concentrez votre attention sur cette tache et vous lui donnez un nom; vous l'appelez Jo. La tache a acquis une permanence qu'elle n'avait pas auparavant.Cela ne veut pas dire qu'avant d'être nommée la tache ne faisait qu'apparaître, plutôt qu'elle émergeait de la situation totale pour venir s'y fondre à nouveau. Lorsqu'elle se fond, elle ne ressort pas. Après avoir été nommée au contraire, elle ne peut plus se fondre.De plus, même si la tache est enlevée, lorsqu'elle a été nommée on peut toujours se demander " où est-elle passée ?"
Ainsi le langage, tout en procurant la stabilité, a des effets secondaire, à cause de lui, ce qui était essentiellement vivant et mobile s'arrête et se fige. C'est ce caractère figé et arrêté qui nous donne l'impression de vivre sur une terre étrangère où quelque chose de vital a été enlevé. C'est le thème de nombreuses légendes du saint graal.Et si nous ne demeurons pas vigilants, l'enseignement du Bouddha peut ajouter lui aussi à nos illusions. il peut lui aussi étouffer et tuer. L'enseignement du BOuddha n'est pas l'enseignement de la vérité mais d'un chemin vers la vérité. Cela revient à installer un échafaudage avant de construire une maison. la maison terminée, l'echafaudage doit etre démantelé. Nous devons briser l'envoutement du langage afin de retrouver nortre nature originelle. l'océan amer de la vie et de a mort une fois traversé, nous laissons de coté le radeau. Le christ dit quelque-chose de semblable : connaissez la vérité et la vérité vous rendra libre. La vérité dont il parle n'est pas figée dans une formule, elle est libre et dispensatrice de vie...
Albert Low ( aux sources du zen )