par lausm Dim 23 Sep 2012 - 18:55
Le problème de Dogen, c'est qu'on l'approche mais qu'on ne monte pas dessus comme ça, c'est un cheval sauvage!
C'est pas mal pour approcher Dogen : de faire zazen souvent (oui, je sais, vous n'apprenez rien, mais cependant c'est sa source première d'inspiration!)
et d'avoir lu un peu de sutras bouddhistes anciens, et d'être au clair avec les notions de base comme les 5 agrégats, les quatre nobles vérités, etc etc....qui sont le filigrane du discours Dogenien, qui font partie de sa chair.
C'est pas mal aussi de connaître ses prédecesseurs, pour le décrypter, car ils connaissait diablement les koans chinois, et en fait ces images émaillent tout son discours.
Il avait été éduqué en milieu monastique dès très jeune, donc son mode de fonctionnement est complètement conditionné par ce fait, même si dans ce cadre il arrive à transcender tout ça, c'est quand même très présent.
Je recommande comme lecture "zen et connaissance, pour une écologie de la spiritualité" ou un titre approchant, d'Antoine Marcel. C'est un très très bon connaisseur de l'univers bouddhiste en particulier du chan chinois, et semble-t-il un vieux pratiquant qui ne se montre pas mais qui a sorti des livres très pertinents. Il y fait une critique, à mon avis, très fondée de Dogen, concernant la rupture qui s'opère entre Chine et Japon, notamment quant à une certaine façon de poser son autorité spirituelle au milieu de tout le monde. Il l'argument sur le fait que Dogen avait je ne sais plus quelle formation philosophique de base qui était en cause dans cette façon de formuler le bouddhisme.
En ce qui me concerne, je pense que Dogen, c'est très bien de le connaître, mais qu'il faut ne pas s'arrèter à lui comme icône, ce qui est à mon sens le défaut majeur du zen soto, car le bouddhisme de Dogen était une vraie tentative de formulation transcendante du bouddhisme : son zen était pour lui La voie du Bouddha, un truc qui englobait toutes les voies sans les exclure. On peut épuiser Dogen, c'est profond et inépuisable, mais en même temps si on arrète sa vision à seulement lui, je pense qu'on rate des choses, on en fait un dieu alors que c'était un homme.
Comme l'a expliqué Bielefeld, comme il est arrivé sur un terrain miné par d'autres écoles bouddhistes déjà présentes, et qu'il règnait une concurrence parfois physiquement violente, il a eu des phrases plus que dures dans ses discours critiquant d'autres écoles qui sont liées à ce contexte dans le Japon d'alors. Cela peut permettre de décoder le personnage, et de relativiser certains discours, pour mieux comprendre le personnage.
Sinon, bouquin de bouddhistes basiques : l'enseignement du Bouddha, de Walpola Rahula, petit, et tout y est.
Aussi, pour les sutras anciens, les bouquins de Mohan Wijayaratna. Particulièrement "les sermons du Bouddha", et aussi "Au-delà de la mort". Erudit, mais complet, ces livres accompagnent une vie de pratiquant pour toujours.