Henry Laborit et le Zen

L'inhibition de l'action...et l'éloge de la fuite, dans l'imaginaire.
Henry Laborit aurait fait un excellent Zenniste.
Il
a situé avec précision le rôle compensateur de notre imaginaire, et
analysé les effets de notre environnement sur notre physiologie...

Pour Henry Laborit :


3 besoins fondamentaux :

Manger,
Dormir,
Copuler.

L'imaginaire est le seul moyen de soulager la souffrance, résultant de l'inhibition d'action avec ses conséquences somatiques.
Car l'être humain ne peut échapper au joug des hiérarchies de dominance.

Face à l'obstacle 3 réactions possibles :

voie 1- La lutte adaptative,
voie 2 - La fuite,
voie 3 - L'inhibition de l'action.

3 moyens de fuite possible : Les drogues, le suicide, la compensation imaginaire...

Question : La stratégie du Zen, pour échapper à l'inhibition de l''action est une 4 ième voie. Quelle est-elle ?

Il me semble que le Bouddhiste,

- Par un élargissement de sa vision de l'existence se libère des cycles karmiques de la vie.
D'où l'expression : " rejeter le corps et l'esprit ":
- Rejeter les nécessités du corps ( Comme contrainte lié au cycle d'existence )
- Rejet de l'imaginaire ( idéalisme ) comme compensation .

Par une compréhension de la vacuité : il élargit la notion de soi, au non-soi.

IL entre dans la non-dualité, où tout est apaisé dés l'origine. ( La
peur du néant disparaissant, les nécessités de la vie cessent d'être
contraignantes pour devenir des opportunités )

D'où l'idée de libération , lorsque cette vision s'intègre complètement à l'être dans le Satori.

En attendant le Satori : l'intégration complète de cette vision élargie,

Zazen équilibre le soma, et révèle les jeux de l'imaginaire.

Djee

Djee a écrit:L'inhibition de l'action...et l'éloge de la fuite, dans l'imaginaire.
Henry Laborit aurait fait un excellent Zenniste.
Il
a situé avec précision le rôle compensateur de notre imaginaire, et
analysé les effets de notre environnement sur notre physiologie...

Un des trucs qui m'interpelle le plus chez Laborit, c'est son éloge de la coopération, qui, selon lui, prend sa source dans le néo-cortex. Il ajoute cependant que la plupart des gens ne se servent de leur néo-cortex que pour justifier leurs rapports de domination (qui eux sont en rapport avec la strate plus archaïque du cerveau).
Or la coopération requiert la mise en parenthèses de l'ego...

A mon sens le constat de Laborit est beaucoup plus pessimiste pour ne pas dire cynique...Lorsque l'individu coopère c'est pour s'assurer certaines compensation,
gratifiante... Mais laissons le s'exprimer :

Méfiez- vous même des actions en
apparences les plus généreuses, les plus
désintéressées. Si elles ne sont pas
motivées par la recherche de la dominance, elles le seront
pour le bien- être qu'elles procurent à celui qui les
réalise, ou pour être conforme à l'image
idéale qu'il se fait de lui- même, dans le cadre
culturel où il a grandi.

- C'est plutôt triste ce que vous nous dites là !

- Je ne crois pas que ce soit triste, je dirais plutôt lucide,
et, si vous y pensez, cela vous permettra peut- être de vous
comporter plus aimablement au milieu des autres. Cela vous aidera
à éviter la haine et la fureur, la jalousie et l'envie,
à vous méfier de vous- même et de vos certitudes.
Peut- être même vivrez- vous assez vieux pour voir que
devant la destruction systématique des systèmes vivants
sur notre planète, destruction à laquelle l'homme
n'échapperait pas, celui- ci se rendra compte qu'elle
résulte directement de la recherche de la dominance et de la
compétition économique. Dans ce cas et par
nécessité, le comportement des hommes, de tous les
hommes, pourrait changer. Il est probable cependant que, si on leur
enseignait ce que vous savez maintenant, avant même d'apprendre
la table de multiplication et le problème des robinets (vous
connaissez ?), au lieu de les initier à la façon la
plus efficace de faire des marchandises, cette transformation serait
plus rapide et sans doute moins douloureuse. »
Henry Laborit

Voir le lien ici :

Bien à toi,
Djee

Djee a écrit:A mon sens le constat de Laborit est beaucoup plus pessimiste pour ne pas dire cynique...Lorsque l'individu coopère c'est pour s'assurer certaines compensation,
gratifiante... Mais laissons le s'exprimer :

- Je ne crois pas que ce soit triste, je dirais plutôt lucide,
et, si vous y pensez, cela vous permettra peut- être de vous
comporter plus aimablement au milieu des autres. Cela vous aidera
à éviter la haine et la fureur, la jalousie et l'envie,
à vous méfier de vous- même et de vos certitudes.
Peut- être même vivrez- vous assez vieux pour voir que
devant la destruction systématique des systèmes vivants
sur notre planète, destruction à laquelle l'homme
n'échapperait pas, celui- ci se rendra compte qu'elle
résulte directement de la recherche de la dominance et de la
compétition économique. Dans ce cas et par
nécessité, le comportement des hommes, de tous les
hommes, pourrait changer. Il est probable cependant que, si on leur
enseignait ce que vous savez maintenant, avant même d'apprendre
la table de multiplication et le problème des robinets (vous
connaissez ?), au lieu de les initier à la façon la
plus efficace de faire des marchandises, cette transformation serait
plus rapide et sans doute moins douloureuse. »
Henry Laborit

Voir le lien ici :

Bien à toi,
Djee

Je ne vois pas ce qu'il y a de pessimiste ou de cynique là-dedans. C'est exactement comme il dit: lucide. L'idéalisme sans matérialisme est impuissant et le matérialisme sans idéalisme est inerte. Il faut savoir conjoindre les deux et lorsqu'on le fait, ce n'est plus ni matérialiste ni idéaliste, et ça n'est plus du tout glamour.
Mais cela a l'avantage de l'efficacité.

Dans son livre "Eloge de la fuite" Henry Laborit envisage clairement la fin de l'humanité si celle-ci continue sur la voie de son consumérisme effréné...
En fuyant dans l'imaginaire, et dans la contemplation de la nature, le joug des hiérarchies de dominance, l'humain découvre l'art et la science, qui sont aussitôt mises au service des hiérarchies de dominance, pour la production de marchandises, assurant ainsi le plaisir des plus forts...

" Les marchandises s'installèrent sur le parvis de ma cathédrale et c'est eux qui occupèrent l'espace jusqu'à l'horizon des terres émergées. Il envahirent aussi la mer et le ciel, et les oiseaux de mes rêves ne purent même plus voler. Ils étaient pris dans les filets du peuple marchands qui remplissait la terre, la mer, et l'air et qui vendaient les plumes de mes oiseaux aux plus riches. Ceux-ci les plantaient dans leurs cheveux pour décorer leur narcissisme et se faire adorer par les foules asservies..."

Henry Laborit ( L'éloge de la fuite)

Djee a écrit:Dans son livre "Eloge de la fuite" Henry Laborit envisage clairement la fin de l'humanité si celle-ci continue sur la voie de son consumérisme effréné...
En fuyant dans l'imaginaire, et dans la contemplation de la nature, le joug des hiérarchies de dominance, l'humain découvre l'art et la science, qui sont aussitôt mises au service des hiérarchies de dominance, pour la production de marchandises, assurant ainsi le plaisir des plus forts...

" Les marchandises s'installèrent sur le parvis de ma cathédrale et c'est eux qui occupèrent l'espace jusqu'à l'horizon des terres émergées. Il envahirent aussi la mer et le ciel, et les oiseaux de mes rêves ne purent même plus voler. Ils étaient pris dans les filets du peuple marchands qui remplissait la terre, la mer, et l'air et qui vendaient les plumes de mes oiseaux aux plus riches. Ceux-ci les plantaient dans leurs cheveux pour décorer leur narcissisme et se faire adorer par les foules asservies..."

Henry Laborit ( L'éloge de la fuite)

J'ai toujours pensé qu'une certaine forme de pessimisme était bien plus joyeuse que le prétendu optimisme. Comme disait quelqu'un, le grand problème avec les optimistes, c'est qu'on ne peut jamais leur faire une bonne surprise...

Le pessimisme peut-être un moyen habile....