par Yudo, maître zen Lun 10 Juin 2013 - 14:35
(Remise en forme)
Penser à la source: Pourquoi Bodhidharma était un rebelle, et non un mythe
Vénéré comme le père du bouddhisme zen, certains savants ont toujours nié ou soulevé des doutes sur l'existence réelle de Bodhidharma.
Il a eu existé. En effet, de nouveaux éléments de source chinoise suggèrent qu'il fut un personnage historique très important, et bien plus fascinant que tout ce qu'on avait imaginé jusqu'ici. Mais en ce cas, pourquoi n'apparaît-il pas dans les documents officiels impériaux qui remontent à son époque?
Le compte rendu le plus ancien et le plus fiable que nous ayons concernant la vie de Bodhidharma, écrit par le grand moine-historien Dao Xuan autour de l'an 650 de notre ère, indique clairement que Bodhidharma n'aimait pas les empereurs et évitait de les fréquenter. La célèbre histoire de la rencontre et de la rebuffade par Bodhidharma du "Bodhisattva Empereur Wu" de la dynastie Liang n'est que le plus célèbre élément d'information qui soutienne cette thèse.
Dao Xuan écrit de Bodhidharma que ses «disciples étaient comme une ville" et "Partout où il passait les personnes ont été éclairées." Mais il dit aussi que "[Ces empereurs et les élites] qui voulaient le faire venir à eux ne l'intéressaient pas", et qu'il "évitait les lieux de domination impériale". Cela semble expliquer pourquoi Bodhidharma n'apparaît pas dans aucun dossier impérial officiel – Il a simplement boudé les empereurs. Dao Xuan, cependant, historien bouddhiste ayant vraisemblablement eu un contact direct avec les disciples de Huike, principal disciple de Bodhidharma, nous fournit divers récits de la vie de Bodhidharma et la vie de ses deux principaux disciples. Cette preuve textuelle, ainsi que les gravures sur les plus anciens monuments de pierre en Chine, et divers documents locaux, font valoir de façon concluante que Bodhidharma était une personne réelle, et non un personnage inventé sur le tard.
Bodhidharma n'était pas le seul des anciens maîtres zen chinois à avoir été un rebelle; son disciple Huike et d'autres, postérieurs dans sa lignée le furent aussi. En effet, le sentiment anti-impérial est si important dans les anciens textes du zen chinois que j'en suis venu à considérer cela comme un aspect déterminant du Zen des débuts. Dans la lutte entre lui et le Bouddhisme impérial, les empereurs prirent finalement le dessus, transformant le Zen en serviteur du pouvoir impérial, quelques centaines d'années après la mort de Bodhidharma. Mais le Zen ne s'est pas laissé faire sans résistance!
Disciples de Bodhidharma, Huike et Sengfu ont poursuivi ses manières rebelles, tous deux en évitant activement de fréquenter les empereurs. Sengfu vécut pendant des décennies à quelques pas de la cour de l'empereur Wu, mais ne répondit jamais aux invitations à aller y enseigner. D’autres preuves indiquent que Huike a agacé l'establishment religieux de son temps en prêchant le Zen de Bodhidharma aux roturiers, sapant les écoles bouddhistes impérialement désignées. L'histoire traditionnelle affirme que les autorités ont exécuté Huike parce que l'establishment religieux bouddhiste impérial ne pouvait plus tolérer son mépris envers leurs enseignements et leur autorité. Bien que les textes qui racontent cette histoire ne soient pas aussi fiables que les histoires de Dao Xuan, ils s'accordent avec les autres éléments qui restent.
—Andy Ferguson
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