J'ai regardé rapidement s'il n'y avait pas un sujet similaire sur le forum, mais il y en a tellement qu'il est bien possible que le mien fasse doublon. Je m'en excuse par avance.
Je viens vous soumettre une question (des questions) que je me pose.
Nous sommes nombreux ici et ailleurs à nous définir comme "bouddhistes", ou "pratiquants du Zen", de zazen, de la méditation...
Certains se rendent certainement au dojo pour pratiquer la méditation, peut-être sont ils soumis à un code vestimentaire particulier, sans compter ceux (peut-être moins dans le Zen que dans d'autres écoles) qui créent chez eux des autels où trônent des effigies du Bouddha, de l'encens, des offrandes...
Loin de moi l'idée de vouloir fustiger qui que ce soit, de vouloir dogmatiser le non-dogme... Mais ces étiquettes, ces comportements, ce folklore s'il en est, ne sont ils pas des attachements ?
L'attention, l'observation, la compassion, le Dharma ne sont ils pas suffisants ?
sutta a écrit:
Sois ton propre refuge Ananda. Ne prends pas d'autre refuge.
Que l'Enseignement soit ton refuge. Ne prends pas d'autre refuge.
Et comment, Ananda, un moine devient-il son propre et unique refuge ?
Comment l'Enseignement devient-il son seul et unique refuge ?
Un moine observe le corps dans le corps….les sensations dans les sensations….l'esprit dans l'esprit….les objets de l'esprit dans les objets de l'esprit, énergique, attentif et avec une compréhension claire, ayant surmonté les désirs et le chagrin vis-à-vis du monde.
De cette façon, Ananda, un moine devient son propre et unique refuge, de cette façon l'Enseignement devient son seul et unique refuge.
Et ceux, Ananda, qui maintenant ou après ma mort deviendront leur propre et unique refuge, possédant l'Enseignement comme seul et unique refuge, atteindront la réalisation la plus élevée, s'ils ont la volonté de s'y entraîner.
Zazen, je le comprends, comme un moyen de recevoir, pratiquer, comprendre l'Enseignement, à condition que ça ne devienne pas aussi un attachement, une simple routine (la méditation doit pouvoir se faire tout le temps et partout, en pratiquant l'attention, et je m'interroge quand même sur la nécessité d'un cas particulier comme Zazen).
Mais se dire "bouddhiste" n'est-ce pas absurde ? Ce mot, ce concept ne va-t-il pas contre lui-même ? L'étiquette qu'on se colle, n'est-elle pas elle même un refuge pris en dehors de nous même ? Etre bouddhiste, ne serait-ce pas aussi ne pas l'être ?
Bouddha enseignait des principes relativement simples, qu'il fallait comprendre, puis accepter, puis adopter, non parce qu'ils émanaient de lui, mais parce qu'on avait compris qu'ils étaient justes.
Je fais appel à vous, car je ne comprends pas : pourquoi le kimono ? Pourquoi Zazen comme rituel ? Pourquoi les prosternations ? Pourquoi les effigies de Bouddha ? Pourquoi les maîtres ? ... pourquoi ce forum ?
Je me suis intéressé au Zen, car il reste pour moi l'école la plus sobre. Ses pratiques sont bonnes et intéressantes.
Mais va-t-on au bout des choses ? N'y a-t-il pas un dangereux besoin d'appartenance là dessous ? Est-ce que l'enseignement de Bouddha, non dogmatisé, non ritualisé, non nommé comme tel ou tel mouvement (quand on nomme, on conceptualise, on fige, donc on déforme) ne se suffit-il pas à lui même ?
Et même cet enseignement, ne doit-on pas s'en débarrasser dès que possible, pour qu'il ne soit plus une manifestation de l'autorité (la nôtre propre, ou celle du Bouddha), mais bien NOUS (et non "en nous"), notre ultime liberté ?
J'espère que ma question ne heurtera personne, je la pose en toute humilité. L'esprit du débutant va peut être de pair avec l'arrogance du débutant. J'imagine que vous allez me mettre face à mes contradictions, ou me répondre que le Zen les embrasse.
Merci à vous.