Dans l'usage, le shiho s'accompagne d'un temple....la fonction et le territoire vont ensemble. Mais bon, ça c'est une logique de système en usage dans le zen soto, avec lequel j'ai des réserves quand aux comportements que ça génère(zen territorial et propriétaire).
Pour le reste, c'est une sorte de système hiérarchique...Au début du zen français, que je sache, mais les ceusses qui ont connu ce temps peuvent le confirmer, Deshimaru a confirmé des gens non ordonnés....mais avant l'ordination, la maturité de la personne, son enracinement, sa capacité humaine à gèrer la pratique sans l'entacher de ses trucs persos pour accompagner les gens, sont la première chose qui importe. Autrement dit, l'ordination a son importance en tant que manifestation pour exprimer un engagement, mais c'est avant tout l'engagement intérieur qui porte les choses.
POur moi l'ordination est avant tout quelque chose de soi à soi, elle ne garantit rien extérieurement, et si on peut l'assumer pour soi, ce n'est pas une médaille à afficher pour montrer qu'on a réussi quelque chose...qui n'est jamais acquis.
De toutes façons, dans toutes les traditions bouddhistes, on s'inscrit dans la validation par une communauté, une lignée, un représentant, on ne s'autocertifie pas tout seul.
Mais la dérive de ce genre de fonctionnement, c'est parfois une espèce d'excès de "normatisation" de la pratique : les certifications diverses deviennent plus une stratégie de représentation territoriale-par ex, X ouvre le dojo sous l'égide Me Z dans une ville où il y a déjà un autre dojo sous l'égide de Me Y, ou alors un schisme se produit dans un groupe, et celui qui part ouvre un autre groupe avec un autre référent, avec la même pratique....mais bon, évite-t-on ce genre de phénomène quand ça se développe?
Donc ce qui compte, c'est de sentir avant tout par soi-même...autrement dit, si dans le zen l'habit est censé faire le moine, n'oublions pas que l'adage qui dit que l'habit ne fait pas le moine, veut juste dire qu'il faut regarder toujours au-delà des apparences extérieures, et ne pas oublier que le Bouddha enseignait d'apprendre à affuter son regard et à réfléchir par soi-même, et ne pas se laisser abuser par les formes extérieures, mais les confronter au comportement au quotidien.
Perso, nous gèrons un groupe, sans légitimité officielle-mais plusieurs officieuses, ce n'est pas toujours confortable, mais nous voulons conserver une indépendance de fonctionnement, sans être pris dans un système qui relève parfois plus d'un reliquat de culture féodale, que d'un fonctionnement destiné à vérifier la validité spirituelle des enseignants, ce qui est parfois à mes yeux fort limite dans certains endroits...et qui aurait grand bien à être plus vérifié par ceux d'en haut. Mais ceci est un avis perso et subjectif assumé en tant que tel, et je comprendrai que certains ne le partagent pas, mais c'est là où j'en suis.