["si nous sommes appelés à devenir le dharma sans références, l'introduction de l'ennui et de la répétition revêt une extrême importance"]
"Il y a des styles définis d'ennui. Dans ses monastères, au Japon, la tradition zen a créé un style d'ennui bien défini. Lever, zazen, repas, zazen... On pratique zazen, puis la méditation en marche, puis encore zazen... Mais le message de l'ennui n'est pas correctement reçu par le novice occidental qui participe à la pratique japonaise traditionnelle dans son pays. Au contraire, l'ennui paraît étrange; aussi est-il transformé en une appréciation militante de la rigidité, ou en une appréciation esthétique de la simplicité. En fait, la pratique n'a pas été conçue de cette façon. Pour un Japonais, la pratique du Zen, c'est simplement la vie quotidienne japonaise liée à la pratique du zazen. Tous les jours, on travaille, et tous les jours on s'assied pour méditer en zazen. Mais les Occidentaux apprécient les petits détails, comment on se sert du bol, comment on mange consciencieusement, assis en posture de zazen. Ce qui devrait produire une impression d'ennui devient oeuvre d'art à leurs yeux. Nettoyer le bol, le laver, plier le napperon blanc et ainsi de suite, cela devient du théâtre vivant... Le coussin noir ne doit suggérer aucune couleur, mais l'ennui total. Cependant, pour les Occidentaux, il inspire une mentalité de noirceur militante, de droiture militante.
(Merci à Damien, pour la recopie...)
La tradition essaie de susciter l'ennui, aspect nécessaire de la voie étroite de la discipline, mais au lieu de cela, la pratique s'avère être un inventaire archéologique ou sociologique de choses intéressantes à faire. On a quelque chose à raconter à ses amis "L'année dernière, j'ai passé six mois dans un monastère zen. J'ai vu le passage de l'automne à l'hiver et j'ai fait mon zazen, dans une harmonie merveilleuse. J'ai appris à m'asseoir, et même à marcher et à manger. Cela a été une expérience merveilleuse, et je ne me suis pas ennuyé le moins du monde."