par Rémi Jeu 3 Mai 2018 - 21:07
J'ai l'impression que Hishiryo est un processus de fonctionnement mental très "englobant", mais je ne pense pas l'avoir pleinement expérimenté, juste quelques brides fugaces parfois, peut-être ; je n'ai pas beaucoup de légitimité donc pour en parler.
Mais tout de même, il me semble que l'action juste, l'investigation des phénomènes, le noble sentier octuple, sont des méthodes visant, au final, à atteindre hishiryo.
Sans pratique éthique, par exemple, un remord viendra toujours nous aiguillonner, nous embêter, nous empêcher d'atteindre l'état de la pensée au-delà de la pensée ou de la non pensée.
Mais c'est peut-être inexact, de considérer le "reste" (ce que je viens de citer) comme de simples méthodes. En effet, les textes bouddhistes plus anciens, theravada notamment, quand ils traitent de ce qui se rapproche de hishiryo, parle plutôt quelque chose comme un état méditatif se traduisant par "ni cognition, ni non-cognition", et en font le stade juste "en dessous" du Nirvana, stade atteint par le Bouddha lorsqu'il était ascète, mais stade que le Bouddha ne considérait pas encore comme l'objectif final, car il était impermanent, provisoire (source : paraphrase du livre de Peter Harvey, Le bouddhisme, éditions Points, collection "sagesse").
Cependant, le Zen semble, à ma connaissance, parlait beaucoup moins du nirvana que les courants précédant. Un peu comme si, avec une certaine rigueur et avec l'efficacité d'un "bon" zazen, une fois hisiryo atteint et surtout maintenu, le reste arriverait naturellement, et qu'il n'était pas nécessaire de trop s'attarder sur la fin (l'objectif, atteindre le nirvana), pour pouvoir aussi être dans mushotoku (pratique pure sans esprit de profit qui renforcerait l'égo).
Enfin bon, simples digressions un peu simplistes, mais qui reflètent quand même, je pense, quelques différences d'approches entre l'investigation des phénomènes comme moyen vers un état particulier (hishiryo) lui-même étant moyen vers le nirvana (ou pas, si l'on évacue le nirvana pour se focaliser sur mushotoku ou shikantaza, simplement s'asseoir sans esprit de profit), mais le tout, au-delà de la saisie "philosophique", étant plutôt intimement connecté et inter-connecté pour être quelque chose comme la Voie, hishiryo impliquant une conduite éthique etc...