Bonjour Yudo,
Chapitre XXXIV
Ce qu’est l’ordre volontaire et quelle est la mesure à y garder
Vient ensuite l’ordre volontaire (qu’il nous faut maintenant examiner) à propos duquel le psalmiste dit :"C’est volontairement que je t’offrirai le sacrifice" (Ps. 53.8 )
Il s’agit d’un holocauste gratuit, d’une offrande agréable, d’un sacrifice volontaire, lorsque quelqu’un, à partir de choses concédées, en passant par les choses commandées, s’élève par la liberté de l’esprit aux choses proposées à ceux qui soupirent après la récompense d’une gloire plus grande. Le Sauveur appelle les plus fervents à ce sommet de perfection lorsqu’il dit :
" Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu as, donne-le aux pauvres ; puis viens, suis-moi." (Matth. 19.21)
Et ailleurs :
" il y a des eunuques qui se sont rendus tels à cause du royaume des cieux. Comprenne qui pourra."(Matth. 19.21)De sorte que le renoncement au monde, le propos de chasteté, la profession d’une vie plus austère sont comptés comme sacrifices volontaires.
Bien que l’entrée du royaume des cieux ne soit pas ouverte à celui qui regarde en arrière après le renoncement au monde (Lc 9.62), bien qu’aucune souillure de la chair ne soit licite après le vœu de chasteté, bien que ce soit désastreux de revenir à une vie plus relâchée après le propos de vie plus austère, cependant, loin de nous de compter cette perfection de vie (à laquelle on se soumet volontairement, non par contrainte) parmi les choses nécessaires et contraignantes. Elle est bien plutôt à compter parmi les choses volontaires puisque la nécessité (celle qui consiste à s’acquitte de son vœu) même (que l’on n’impose à personne contre son gré mais à laquelle on se soumet spontanément par désir de perfection) doit être appelée volontaire, non pas contraignante.
Celui donc qui s’est orienté vers ces hauteurs, vers ces sommets, qu’il examine d’abord soigneusement la norme de son vœu ou propos, en quoi il consiste et quelle est son étendue ; qu’il pèse (sur la balance de l’expérience) et discerne les forces de l’homme intérieur et extérieur (Cassien, Confér. XXIV,8 )
J’appelle forces intérieures celles par lesquelles il lutte par des exercices quotidiens contre les tentations qui lui font la guerre ; et forces extérieures celles par lesquelles il supporte avec une infatigable persévérance le poids des labeurs corporels. Bien que le labeur de l’homme intérieur et extérieur soit nécessaire au progressant (dans quelque état qu’il soit), néanmoins les exercices corporels débarrassant tout spécialement l’âme des souillures des passions ; les exercices spirituels, eux, comme de célestes parfums, l’imprègnent de la suavité des senteurs spirituelles. Mais puisque la douceur de cette onction ne convient pas à celui qui est souillé par la saleté des vices, la mortification de l’homme extérieur est davantage nécessaire à celui qui est encore assailli par les passions de la chair. Une fois ces passions apaisées ou éteintes, il lui est permis de modérer un peu les exercices extérieurs et de s’adonner plus assidûment et avec plus d’ardeur aux exercices spirituels. Il ne doit cependant pas dépasser présomptueusement la norme de sa profession ni supprimer ou mettre ans dessus dessous les distinctions des temps qui sont prescrits dans la Règle pour celui qui s’est soumis à elle. Mais, après avoir réservé à chaque activité le temps qui lui est assigné, que chacun s’adonne, tantôt plus posément, tantôt avec plus d’empressement, à ce qu’il sait lui être utile.
Chapitre XXXVRéfutation d’une lettre de quelqu’un à propos de la règle et de la profession des moines.
(...)
S’il entend par là ce qui a rapport à la charité, à l’humilité, à la patience et autres vertus, qui (je ne dis pas quel chanoine, mais même quel chrétien) n’est soumis à ces préceptes ?
Benoît dans sa Règle recommande-t-il une autre charité qu’Augustin dans la sienne ?
Ne s’agit-il pas plutôt, dans l’une et l’autre, de la charité que le Christ recommande dans la loi et l’Evangile ? et l’on peut se poser la même question à propos des autres vertus.
Quel homme sensé, exhortant (les autres) aux vertus, irait dire que ce sont ses préceptes à lui et non pas plutôt ceux du Christ ? Alors, quelle différence y-a-t-il entre les préceptes des diverses règles ? Assurément, elle réside dans la manière de se nourrir, de s’habiller, de travailler, de lire, de veiller, de psalmodier, de corriger et d’être corrigé, et autres choses du même genre qui se trouvent être différentes dans les diverses règles.
Par conséquent, quand nous parlons de particularités propres à Basile, Augustin ou Benoît, c’est parce qu’elles ne sont pas imposées à tous les chrétiens par l’autorité de l’Evangile mais seulement proposées ; par contre, à ceux qui font profession selon une de ces règles, elles ne sont plus seulement proposées mais également imposées.
(...)Chapitre XXXVI
La mesure à garder dans l’ordre volontaire est pareillement décrite.
(...)
" La méditation sur les mœurs, dit-il, considère d’abord les devoirs résultant d’un précepte ou d’un vœu, et elle juge qu’il faut s’acquitter en premier lieu des obligations qui, remplies, comportent un mérite, mais non remplies, entraînent une culpabilité. On doit donc faire d’abord ce que l’on ne peut omettre sans faute. Cela fait, si l’on ajoute volontairement quelque pratique de surérogation, ce doit être sans mettre obstacle à notre devoir. Les uns veulent bien faire ce qui n’est pas leur devoir, mais ne sont pas capables de faire leur devoir. D’autres, même s’ils sont capables de faire leur devoir, se créent eux-mêmes des obstacles, en voulant faire ce qui n’est pas leur devoir. Encore : il y a deux défauts à éviter par-dessus tout dans l’action bonne : l’accablement et l’accaparement.
Par l’accablement, la douceur de l’esprit devient amère ; par ‘accaparement, la tranquillité s’évapore.
Il y a accablement quand on se consume d’impatience pour ce dont on est incapable ; il y a accaparement lorsque, pour réaliser ce dont on est capable, on se laisse aller à une activité démesurée.
Ainsi donc, pour éviter une fâcheuse amertume, que l’âme accepte patiemment ses impuissances ; pour éviter un fâcheux affairement, qu’elle n’étende pas ses possibilités au-delà de ses limites."
Chapitre XXXVII
On montre ce que l’homme se doit à lui-même et ce qu’il doit au prochain, et l’on dit s’il doit faire passer le prochain avant lui ou bien avant le prochain.
(...)
"La suite plus tard, parce que je dois aller couper les bambous sous le
Bonne journée.