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La théorie chinoise des nombres, bien que de nature toute différente, est également reliée, dans ses conceptions fondamentales, à des inspirations de l'inconscient collectif. Dans l'ancienne Chine un grand nombre d'arts et de sciences, comme la musique et l'architecture, avaient pour base certains arrangements numériques fondamentaux, ou tableaux de nombres. L'un d'eux est le « Lo-Chou » (Écrit de la rivière Lo). C'est un plan cosmique qui, selon la légende, aurait été transmis par un cheval-dragon ou un dieu de la rivière Lo sous forme de tortue.
Le carré numérique du Lo-Chou et la croix de nombres du Ho-t'ou possédaient tous deux une signification rituelle. Une autre disposition numérique est constituée par le modèle du Yue Ling d'un calendrier ancien [26], d'après lequel les éléments étaient rattachés aux nombres.
Selon la vision de l'ancienne Chine, de tels modèles numériques « organisaient » la totalité du continuum espace-temps de l'univers [27]
Les quatre opérations arithmétiques fondamentales étaient également déduites du Lo-Chou et du Ho-t'ou. On se représente le Lo-Chou comme un homme ayant pour centre le nombre cinq; il porte le neuf sur son chapeau le, trois et le sept à sa droite et à sa gauche, le deux et le quatre sur ses épaules, le huit et le six sur ses jambes qui reposent sur le un.
Des mouvements reliant ces nombres ont donné naissance aux opérations multiplication, division, addition et soustraction. Le Ho-t'ou, quant à lui, a permis de déduire le théorème de Pythagore et tous les théorèmes concernant le triangle rectangle [28]
A ces considérations se rattache enfin le système numérique du Yi King, dans lequel 50 baguettes d'achillée étaient employées, à l'origine, comme instruments de divination et de calcul. C'est sur une base arithmétique binaire que sont construits les trigrammes du Yi King, qui, de leur côté, furent rattachés aux deux grands tableaux numériques complémentaires du monde [29] Les huit trigrammes (Pa Koua) possèdent dans leur arrangement une valeur numérique déterminée [30]; ils correspondent soit au Lo-Chou, soit au Ho-t'ou. Selon la légende, ils tirent leur origine du héros civilisateur Fou Hi qui fut engendré par un dragon et dont le corps se terminait en serpent. (...)"
Nombre et Temps
Marie Louise von Frantz
La théorie chinoise des nombres, bien que de nature toute différente, est également reliée, dans ses conceptions fondamentales, à des inspirations de l'inconscient collectif. Dans l'ancienne Chine un grand nombre d'arts et de sciences, comme la musique et l'architecture, avaient pour base certains arrangements numériques fondamentaux, ou tableaux de nombres. L'un d'eux est le « Lo-Chou » (Écrit de la rivière Lo). C'est un plan cosmique qui, selon la légende, aurait été transmis par un cheval-dragon ou un dieu de la rivière Lo sous forme de tortue.
Le carré numérique du Lo-Chou et la croix de nombres du Ho-t'ou possédaient tous deux une signification rituelle. Une autre disposition numérique est constituée par le modèle du Yue Ling d'un calendrier ancien [26], d'après lequel les éléments étaient rattachés aux nombres.
Selon la vision de l'ancienne Chine, de tels modèles numériques « organisaient » la totalité du continuum espace-temps de l'univers [27]
Les quatre opérations arithmétiques fondamentales étaient également déduites du Lo-Chou et du Ho-t'ou. On se représente le Lo-Chou comme un homme ayant pour centre le nombre cinq; il porte le neuf sur son chapeau le, trois et le sept à sa droite et à sa gauche, le deux et le quatre sur ses épaules, le huit et le six sur ses jambes qui reposent sur le un.
Des mouvements reliant ces nombres ont donné naissance aux opérations multiplication, division, addition et soustraction. Le Ho-t'ou, quant à lui, a permis de déduire le théorème de Pythagore et tous les théorèmes concernant le triangle rectangle [28]
A ces considérations se rattache enfin le système numérique du Yi King, dans lequel 50 baguettes d'achillée étaient employées, à l'origine, comme instruments de divination et de calcul. C'est sur une base arithmétique binaire que sont construits les trigrammes du Yi King, qui, de leur côté, furent rattachés aux deux grands tableaux numériques complémentaires du monde [29] Les huit trigrammes (Pa Koua) possèdent dans leur arrangement une valeur numérique déterminée [30]; ils correspondent soit au Lo-Chou, soit au Ho-t'ou. Selon la légende, ils tirent leur origine du héros civilisateur Fou Hi qui fut engendré par un dragon et dont le corps se terminait en serpent. (...)"
Nombre et Temps
Marie Louise von Frantz