tangolinos a écrit:Yudo
ce n'est pas que les cathos, ce n'est pas que la France...
la course au pouvoir me semble généralisée depuis que les tribus sont devenues trop importantes.
Quand dans un groupe, l'individu n' est pas considéré, le processus me semble inévitable.
Evidemment, et je n'ai jamais prétendu que ce soit limité à la France. Je discutais encore il y a peu avec un ami japonais: je lui disais à quel point m'énervait cette manie importée de chez eux qui consiste à rabattre le caquet à ceux qui la ramènent trop avec un "c'est ton ego qui parle" ou "ton ego est trop fort" ou autre variantes. Il m'a répondu qu'effectivement, il avait ça en horreur.
Non, je voulais juste dire que le conditionnement qui est le nôtre est en grande partie fondé sur ce que j'ai mentionné.
D'autre part, il faut rendre à César ce qui est à César, et dans la civilisation occidentale, il ya longtemps, le rôle du christianisme dans le développement de cette notion d'individu qui contribue à la collectivité, a été considérable, de même que sa contribution à l'élévation sociale de la femme. Même si, plus récemment, l'Eglise catholique fait paraître cette information comme improbable, la période qui va du XI° au XIII° siècle a été extrêmement puissante dans le sens de cette évolution.
Mais bon, dans les groupes spirituels il devrait y avoir la Conscience de la chose.
Si ce n' est le cas, il y a un problème.
Je pense que c'est le cas lorsque, faute d'enseignement et de garde-fous, la quête (trop humaine) du pouvoir prend le dessus.
Je le répète souvent, il y a dans la tradition zen ancienne quelques éléments qui sont généralement ignorés en France, mais qui seraient pourtant de puissants garde-fous (même si aucun garde-fou n'a jamais empêché un camion fou de tomber dans le vide ou de traverser le terre-plein de l'autoroute!)
L'un d'eux est l'idée de la transmission face à face, de personne à personne. Ce qui exclut l'enseignement par correspondance, ou en rêve. Cela veut dire, par exemple, que si un maître décède sans avoir pu transmettre le Dharma, l'étudiant a le devoir de se trouver un nouveau maître et de terminer son apprentissage avec lui. Ce qui n'élimine pas tous les dangers, mais permet au moins d'éviter l'auto-proclamation (du genre, "s'il avait vécu, il m'aurait transmis". Avec des si...)
Cela permet également d'éviter les prétentions du genre : "Je suis le disciple d'un maître mort" (pratique: ce dernier ne pourra pas contredire son "élève").
Ajoutons que cette communion nécessaire maître-apprenti implique aussi que le maître réfère son élève à un autre maître selon les besoins, ce qui exclut l'idée de "propriété" d'un maître sur les étudiants, et partant, l'idée que tous les étudiants ne devraient étudier qu'avec un seul et unique maître (le "vrai"...).
Enfin, l'idée, pourtant courante dans les métiers, que le maître a autant à apprendre de l'élève que le contraire.
Il faudrait cesser de regarder le cheminement comme un escalier, et de poser des valeurs croissantes sur les marches.
Tant qu' il y aura cette image, l'être en montant aura de plus en plus de difficulté à disparaître.
Le peu qu' il lui restera deviendra de plus en plus tenace.
De plus il devient absurde de valoriser de plus en plus, quelque chose qui disparait de plus en plus.
Cela me paraît fort justement exprimé.
Je comprends ta colère !
Paradoxalement, tu te trompes: il n'y a pas vraiment de colère (et la colère est un chapitre sur lequel j'en connais un rayon). Juste profondément attristé que le goût du pouvoir gâche de façon aussi terrible ce qui pourrait être bien plus fort.