La vie de Taneda Shoichi ( 1882-1940 ) débute sous le signe de la souffrance. Son père, coureur de jupons invétéré, conduit sa famille à la ruine ; sa mère se suicide.
A vingt ans il s'inscrit au département " Littérature " de l'université Waseda de Tokyo et prend le nom de plume de " Santoka ". Mais la dépression et l'alcool l'empêchent de poursuivre ses études. Il faudra attendre 1913 pour que son goût et ses aptitudes pour la poésie le poussent à devenir le disciple d'Ogiwara Seisensui.
Les années suivantes sont difficiles, assombries par un mariage malheureux.
Une nuit de décembre 1924, Santoka attend, debout sur une voie ferrée, le train qui l'écrasera. Sauvé in extremis, il est recueilli par le maître zen d'un temple proche où, après avoir étudié les textes bouddhiques, il sera ordonné moine.
De longues heures de méditation lui permettent d'affirmer " qu'il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise. Il ne s'agit là ni d'un mol abandon de soi ni d'une obéissance aveugle. Dans ce lâcher-prise réside la paix de l'esprit. "
En 1932, il s'installe à l'ermitage " Au Coeur du Monde " où il retrouve un équilibre que l'alcool avait à nouveau perturbé. Il est heureux.
Huit ans durant, il partagera son temps entre son ermitage et des voyages à pied qui lui permettent de comprendre véritablement les gens, la poésie et la nature. Il visite de nombreux amis, parle avec eux de poésie, boit du saké et dans le même temps publie plusieurs recueils de ses poèmes.
Le 10 octobre 1940, à la veille d'une rencontre poétique, Santoka confie à un ami : " Après la réunion, j'entamerai un dernier voyage. Je veux me jeter une dernière fois dans la nature. Je n'en ai plus pour très longtemps à vivre et j'aimerais, comme les oiseaux et les éléphants, mourir seul, en paix, dans un champ ".
La réunion aura lieu sans lui ; ivre, il dort lorsque ses amis arrivent. Dans la nuit, après cinquante-huit ans d'ombres et de lumières, il quitte ce monde de poussière.
<img src="http://www.haikuspirit.org/IMAGES/santoka.gif"
C'était mon visage
Sur ce miroir froid.
le calme de la mort
beau temps
les arbres sans feuilles.
la mort
devant moi
un petit vent frais.
j'ai du riz
j'ai des livres
j'ai même du tabac.
éblouissant
dans le soleil
mon repas de riz.
ma silhouette vue de dos
s'éloignant
dans la pluie d'automne.
Beau chemin
Qui mène à un beau bâtiment...
Un crématorium.
A vingt ans il s'inscrit au département " Littérature " de l'université Waseda de Tokyo et prend le nom de plume de " Santoka ". Mais la dépression et l'alcool l'empêchent de poursuivre ses études. Il faudra attendre 1913 pour que son goût et ses aptitudes pour la poésie le poussent à devenir le disciple d'Ogiwara Seisensui.
Les années suivantes sont difficiles, assombries par un mariage malheureux.
Une nuit de décembre 1924, Santoka attend, debout sur une voie ferrée, le train qui l'écrasera. Sauvé in extremis, il est recueilli par le maître zen d'un temple proche où, après avoir étudié les textes bouddhiques, il sera ordonné moine.
De longues heures de méditation lui permettent d'affirmer " qu'il n'y a rien de plus facile à dire et de plus difficile à faire que de lâcher prise. Il ne s'agit là ni d'un mol abandon de soi ni d'une obéissance aveugle. Dans ce lâcher-prise réside la paix de l'esprit. "
En 1932, il s'installe à l'ermitage " Au Coeur du Monde " où il retrouve un équilibre que l'alcool avait à nouveau perturbé. Il est heureux.
Huit ans durant, il partagera son temps entre son ermitage et des voyages à pied qui lui permettent de comprendre véritablement les gens, la poésie et la nature. Il visite de nombreux amis, parle avec eux de poésie, boit du saké et dans le même temps publie plusieurs recueils de ses poèmes.
Le 10 octobre 1940, à la veille d'une rencontre poétique, Santoka confie à un ami : " Après la réunion, j'entamerai un dernier voyage. Je veux me jeter une dernière fois dans la nature. Je n'en ai plus pour très longtemps à vivre et j'aimerais, comme les oiseaux et les éléphants, mourir seul, en paix, dans un champ ".
La réunion aura lieu sans lui ; ivre, il dort lorsque ses amis arrivent. Dans la nuit, après cinquante-huit ans d'ombres et de lumières, il quitte ce monde de poussière.
<img src="http://www.haikuspirit.org/IMAGES/santoka.gif"
C'était mon visage
Sur ce miroir froid.
le calme de la mort
beau temps
les arbres sans feuilles.
la mort
devant moi
un petit vent frais.
j'ai du riz
j'ai des livres
j'ai même du tabac.
éblouissant
dans le soleil
mon repas de riz.
ma silhouette vue de dos
s'éloignant
dans la pluie d'automne.
Beau chemin
Qui mène à un beau bâtiment...
Un crématorium.