par Invité Lun 9 Mai 2011 - 23:27
La confiance
Tirant une petite charrette, Kwai Chang et Ho-Fong, deux jeunes prêtres d’une quinzaine d’années du temple Shaolin, se dirigeaient vers le village, lorsqu'un vieillard, sur le bord de la route, les interpella :
- « Bonjour, jeunes prêtres. Où allez-vous donc ? »
- « Nous allons acheter à manger pour notre temple », répondit Kwai Chang.
- « Ah… je suis bien content que les prêtres aient de l’argent en ces temps difficiles… Mais j’ai entendu dire qu’il y avait des bandits sur la route principale. Il serait bien plus sage d’emprunter la petite route au pied de la colline. »
Le vieillard paraissait digne de confiance… Alors Kwai Chang répondit :
- « Merci, vénérable monsieur. Nous suivrons votre conseil. »
Et c’est ce qu’ils firent…
Mais, alors qu’ils avaient quitté la route principale et traversaient un bois, soudain, des voleurs sortirent des fourrés et se jetèrent sur eux.
- « Attendez, on vient du monastère. Arrêtez ! », cria Kwai Chang.
Cela ne les arrêta pas et ils se firent copieusement rosser, puis piller…
* * *
De retour au monastère Shaolin, les deux jeunes prêtres racontèrent leur mésaventure à maître Kan.
- « Ils ont pris notre argent, notre charrette, nos vêtements. Tout ce qui avait de la valeur », expliqua Kwai Chang.
- « Sauf ce qui est irremplaçable… », répondit maître Kan. « Vos vies. »
Ho-Fong intervint :
- « Nous nous sommes faits avoir, nous avons fait confiance à un étranger. »
Kwai Chang ajouta :
- « C’était un vieil homme avec un doux visage et de bonnes manières… »
- « Apportez-leur des vêtements ! » ordonna maître Kan, puis, se tournant vers Ho-Fong, il lui demanda :
- « Ho-Fong, quelle leçon as-tu tirée de cette mésaventure ? »
- « Ne jamais croire un étranger. »
Puis, se tournant vers Kwai Chang :
- « Kwai Chang, quelle leçon as-tu tirée de cette mésaventure ? »
- « Se préparer à l’imprévu. »
Alors, se retournant vers Ho-Fong, maître Kan lui dit :
- « Ho-Fong, demain matin, quand tu te seras reposé, tu quitteras le temple. »
- « Quand puis-je revenir, maître Kan ? »
- « Chez nous, jamais. »
Sans un mot, Ho-Fong s’inclina respectueusement devant maître Kan, puis, après un regard d’adieu à Kwai Chang, quitta la pièce.
Maître Kan s’adressa alors à Kwai Chang :
- « Es-tu troublé à propos de ton ami Ho-Fong ? »
- « Je ne comprends pas pourquoi il doit partir et moi pas... », répondit Kwai Chang, « alors que je suis autant responsable d’avoir cru le vieil homme. »
- « Nous ne punissons pas la confiance. Si en construisant une maison un charpentier plante un clou et que celui-ci se tord, le charpentier ne fera-t-il plus confiance aux autres clous et arrêtera-t-il de construire sa maison ? »
- « Nous devons donc donner notre confiance… même si l’existence du mal nous est souvent rappelée ? »
- « Combats le mal par la force. Mais soutiens la bonté de l’homme par la confiance. De cette façon, nous sommes préparés au mal, mais nous encourageons le bien. »
- « Et ce bien, c’est la récompense de notre confiance ? »
- « Lorsqu’on se bat pour un idéal, on ne recherche pas de récompense. Cependant, la confiance apporte parfois une magnifique récompense, plus formidable encore que le bien. »
- « Qu’est-ce que c’est, qui soit ainsi plus grand que le bien ? » demanda, intrigué, Kwai Chang.
Alors, maître Kan répondit :
« L’AMOUR. »
Et il se retira, laissant Kwai Chang méditer cette Perle de Sagesse…