Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Message par warmbeer Mar 11 Oct 2011 - 12:16

    La Pantomime ( http://www.lastelladelmattino.org/buddista/index.php/en-fran/lapantom )

    L’examen du paysage du bouddhisme zen nous permet de prendre conscience en Europe, et je le crains dans tout l’occident, d’une vision assez pessimiste : à part quelques exceptions rares et méconnues, le zen européen se résume dans la tentative d’imiter un mirage, le mirage que l’occident a crée du bouddhisme en général et du zen en particulier. Par ailleurs ce mirage n’est pas homogène: à partir d’un substrat commun formé pendant le siècle dernier se sont ensuite insérés des constructeurs de mirages spécifiques, d’abord et surtout en France, puis ensuite en Italie, en Allemagne, en Espagne et partout ailleurs.
    Nous parlons du mirage que le bouddhisme a autoproduit et qu’il a élaboré sur lui-même pour présenter une certaine forme, un idéal à atteindre, quelque chose qu’on a pu dire “c’est cela” et qu’on a pu ensuite imiter. En demeurant ainsi, les pratiquants et les fidèles occidentaux, pour autant qu’ils s’y appliquent et s’y forcent, réussiront au mieux à parvenir à une bonne imitation d’un mirage: celui élaboré par chaque école. On ne pourra de cette manière jamais aller au delà, parce que c’est la limite que le bouddhisme, et le zen en particulier, s’est presque partout lui-même imposé.
    A ceux qui pensent que ceci est une folie ou seulement une exagération je propose une réflexion: dans quel texte est-il écrit que le bouddhisme (et le zen en particulier) demande la constitution de “centres” dans lesquels le bouddhisme (le zen) se verrait enseigné? A partir des textes de la Prajñāpāramitā puis ensuite tour à tour en Chine et au Japon, la présentation du sens de la transmission n’est jamais orientée en faveur d’un lieu qui ferait fonction d’école. Bien au contraire, dans le sutra du diamant il est dit (§ 10) que la constitution d’un tel lieu compromet sa propre finalité: qui pense avoir quelque chose à enseigner construit un mirage et il pourra enseigner seulement cela.
    De plus où est-il écrit qu’il faille ouvrir des centres pour faire faire zazen, à savoir un lieu pour faire les choses pour les autres ou pour leur dire comment et combien de fois il faut pratiquer…De cette manière personne ne pratique plus le bouddhisme: on met en scène le mirage le plus complet, le plus japonisé, pour faire qu’on nous imite alors même que nous imitons, ou alors sommes-nous parmi ceux qui seulement imitent et ne participent pas encore à la mise en scène, dans l’attente de pouvoir le faire.
    Mais est-ce que, sans cela, ce ne serait pas la paralysie? L’euthanasie du Zen? Qui et comment passera le témoignage aux générations successives? Ce n’est pas si difficile: il suffit de cesser d’ouvrir ou de gérer des centres pour enseigner, pour faire faire, et immédiatement interrompre cette pantomime au service de la propre vanité et – souvent – de la propre bourse. Ensuite, si quelques uns continuent à s’asseoir en zazen dans l’anonymat, loin du tapage des rassemblements, sans penser que c’est la chose à imiter, voilà : la prochaine génération est déjà atteinte.
    Questionner, chercher, s’asseoir parfois cote à cote pour un moment, permet de tout recommencer depuis le début et à chaque fois. En continuant toujours ainsi, chacun, par lui-même, peut découvrir la difficile voie du Soi, en cherchant farouchement la confrontation avec qui a de l’expérience.

    Décembre 2009 – Mauricio Yūshin Marassi

    Je crois que dans ce cadre, ces paroles reflète une certaine réalité ... Que pensez-vous?
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    Message par Kaïkan Mar 11 Oct 2011 - 13:32

    warmbeer a écrit:Je crois que dans ce cadre, ces paroles reflète une certaine réalité ... Que pensez-vous?

    Bonjour,

    Que faut-il penser d'un tel dénigrement ?
    La critique envers le développement du Bouddhisme (et du zen en particulier) en Europe est un thème connu.
    Les arguments sont toujours les mêmes : imitation, exotisme, mirage etc...

    Toutes les structures sont évidemment des pièges et seuls quelques rares solitaires ont peut-être compris quelque chose (s'ils correspondent aux critères de Mauricio qui n'hésite pas à donner son nom d'ordination japonais : Yūshin bien placé entre Mauricio et Marassi.)

    Si on veut : "découvrir la difficile voie du Soi, en cherchant farouchement la confrontation avec qui a de l’expérience." (adressez-vous à Mauricio Yūshin Marassi)

    En fait rien de nouveau, c'est le discours habituel, un tantinet négationniste par rapport à l'intense développement du Bouddhisme (zen et autre) en Europe, à travers toutes les couches de populations ... Very Happy

    Les critiques sont toujours intéressantes et contiennent parfois des traces de vérité (en cherchant bien).
    Donc aucun souci, on peut aussi écouter de la flute indienne...La Pantomime 002

    PS @ warmbeer : si tu veux que ton lien fonctionne, il faut écarter les parenthèses. Je le fais pour toi, comme ça tu peux voir que ça fonctionne maintenant... Smile
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    Message par shikantaza Mar 11 Oct 2011 - 14:24

    Kaïkan : "Donc aucun souci, on peut aussi écouter de la flute indienne... "

    Mais aussi du chant Shingon Mikkyo :

    https://www.youtube.com/watch?v=B2rZNsqS-aw

    ( A consommer avec modération ).
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    Message par m'enfin je suis qui? Mar 11 Oct 2011 - 14:35

    shikantaza a écrit:
    très belle video shikantaza.
    https://zen-et-nous.1fr1.net/t577-mikkyo#9899
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    Message par warmbeer Mar 11 Oct 2011 - 14:47

    Mah ... je crois que c'est le styl de Marassi, mais la auto(?)critique c'est adrressè a certain impostation di quelque centre, pas au bouddhisme europèenne entirement. Je crois que Marassi pose la question pour ceux qui vivent le zen d'une certaine manière, ce n'est pas une question general. C'est un invie à retrouver sincerament la voie.
    p.s. merci pour le lien, je vais faire plus attention.
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    Message par Leela Mar 11 Oct 2011 - 15:26

    le centre sont très utiles pour rencontrer d'autres pratiquants, cela encourage la pratique, on pose nos questions, reçois des conseils.
    J'en fréquente deux: un bouddhiste tibétain depuis 25 ans, et un zen depuis un mois et dans aucun des deux je ne sens la moindre pression, ni l'obligation de souscrire à un certain folklore (qui me dérange aussi). Il faut respecter les autres, par exemple, bien que le costume n'ait pour moi aucune importance (pourvu qu'il soit décent et confortable), je mettrai un kimono noir pour aire zazen dans un centre.

    Il est certain qu'ils ne doivent pas devenir de centres de pouvoir ou de manipulation, mais c'est certainement dans le bouddhisme que cette tendance malheureuse est la moins présente, en conséquence de la doctrine qui enseigne l'auto-détermination et l'absence de dogmes.

    Les rituels sont des moyens, des aides à se concentrer, à couper avec son quotidien.

    L'article critique ceux qui cherchent plus le folklore que son sens profond, et en cela je lui donne entièrement raison. Tout dépend de la façon dont on l'aborde: un kimono noir n'est pas nécessaire pour faire zazen, mais il ne l'empêche pas non plus, donc pourquoi pas en mettre un en pensant à son sens symbolique.

    L'attitude juste est de faire correspondre l'intérieur avec l'extérieur. L'idéal est que l'extérieur soit naturel, un reflet de l'intérieur, le résultat d'une démarche. Mais on peut aider cette évolution en travaillant aussi sur l'"extérieur", du moment qu'on oublie pas "l'intérieur".
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    Message par lausm Mar 11 Oct 2011 - 17:21

    Ce que tu dis est vrai, Leela, mais le problème est que mon expérience de 17 ans de pratique a abouti à 5 ans hors de tout groupe. Ce ne fût pas un choix : avec ma compagne on a été exclus d'un dojo.
    Je peux donc te dire que la violence n'est absolument pas exclue du bouddhisme, elle y est même pire car la plupart des gens ne croient pas possible qu'elle puisse y exister.
    Et si je n'avais pas vécu cette expérience, je ne pourrais probablement pas souscrire au discours de Marassi.

    Et quand Yudo va voir cette file, il va juste probablement en rajouter une couche dans ce sens.

    Quand j'ai connu le zen, il y règnait pour certains une part de folie, qui était autant pathologique pour certains, que signe aussi de la capacité d'être profondément vivant et d'accueillir la spiritualité sincère de gens parfois très marginaux. Mais qui pouvaient trouver là écho à leur manifestation vitale, sans se castrer d'eux-mêmes, trouvant là une réponse à ce que la société ne pouvait leur apprendre ni renvoyer.
    Quand on a introduit la soto shu, les autorités japonaises, sous prétexte d'officialiser une transmission de fait et de la légitimer plus publiquement, les dojos se sont normosés, on a cherché à gommer tout signe extérieur d'excentricité, de folie, fallait deveir présentables. Cela n'empèche pas certains néo-maîtres contemporains d'être alccolique à bas bruit derrière le rideau, voire même toxicos au cannabis...je suis dedans depuis assez longtemps pour savoir les petites histoires sans même le demander....mais ça présente bien!
    Par contre, il y a une grande désertion de la vie corporelle et sensible au profit des formes et du ritualisme. Et on a mis l'accent sur la structure centrée autour de l'enseignement et de l'enseignant. En gros toujours un truc hiérarchique et patriarcal, et en France, l'AZI, puisqu'elle est la plus représentée en nombre pour le zen, va dans le sens d'une congrégation religieuses.
    POurtant, hier, dans la cuisine, je faisais la soupe, et je me rappelais quand je faisais tenzo pour cent personnes avec Vous savez qui. C'était juste un sentiment profond dans les tripes, d'être là où il faut pour la vie. Et je me suis rappelé cet esprit heureux dont parle Dogen dans le Tenzo kyokun, son recueil de conseils pour les cuisiniers des temples. Et je me suis dit : tout seul dans ma cuisine, est-ce que je transmets ce truc à quelqu'un?? Car je pense qu'il faut le partager. Je souffre de ne pas le partager vraiment.
    Qu'est-ce que j'ai découvert dans le zen? Cuisiner de tout son être, coudre de tout son être.
    Il n'y a rien d'autre que la vie normale dans un temple, normalement. C'est pour ça que je trouvais super qu'il y ait un bar à la GEndronnière, pas pour se torcher la gueule, mais pour pouvoir avoir un endroit où partager ensemble comme dans la vie normale.
    Car je crois profondément que le zen n'est rien d'autre que la vie normale.
    Par contre, se figer dans des postures coincées, faire des cérémonies sans connaître leur sens, mais juste pour montrer un truc huilé, si on ne se rappelle pas pourquoi on le fait, ne sert à rien qu'être dans un processus normatif.
    Plein de gens en fait s'en arrètent là : ils ont un environnement où ils se sentent plus ou moins en sécurité socialement, assis tranquillement, et pourvu qu'ils payent, on s'en fout d'aller plus loin.
    Oui, je suis critique, car je sais que concernant certains dirigeants, qui siègent dans les autorités supérieures du bouddhisme français, les questions de gestion comptent plus que les questions spirituelles.

    Le problème du lieu, n'est pas tant de dédier un lieu pour cela. C'est surtout de le faire avec un esprit propriétaire. Le lieu est juste une contigence marquée par le temps et l'espace...ce qui compte est le pourquoi on est là. Simplement s'asseoir doit forcément se faire à un temps et en un lieu.
    Mais si on créé un lieu en disant qu'il faut tant de places, un bâtiment comme ci, un truc comme ça....des néos temples demandent 250000 euros de dons pour construire des bâtiments dont je ne sais s'ils sont utiles. En temps de crise, est-ce raisonnable?? Ou entre-t-on dans l'êre du bouddhisme pour bobos, qui sera socialement sélectif??
    Regardez bien l'histoire du bouddhisme et du zen : ces choses là sont déjà arrivés, et ce n'est pas parce qu'on pense que le bouddhisme est ouvert qu'on ne risque pas cela.
    Sinon, on peut alors se demander pourquoi de plus en plus de gens pratiquent seuls et ne veulent pas aller dans des centres.
    Quand les centres seront plus concernés pas la souffrance du monde, par les difficultés de leurs pratiquants, par la vie normale réelle, comment manger, comment vivre, et parler de ça avant de partir dans des enseignements "supérieurs", qui sont surtout la possibilité de certains de montrer leur suprématie intellectuelle et d'asseoir une position au sein d'un groupe, là on pourra penser que ça va mieux.
    Mais on est loin du compte.

    Mais c'est clair que souvent ces discours radicaux sont tenus par ceux qui ont reçu une transmission légitime.
    La vraie question, et elle est là, est de revenir sans cesse à la racine de cette transmission, et cela est le travail et d'une vie, et aussi d'une vie tous les jours dans l'instant : la transmission est effective quand on pratique l'éveil. Si on ne veut pas vivre éveillé, mais juste se reposer assis avec des gens qui nous permettent de nous sentir moins seul, alors la transmission est rompue. Si on ouvre un temple pour partager le fruit d'une vie d'expérience, condensée dans chaque instant, alors la transmission est effective. Si on veut ouvrir un temple pour faire un fond de commerce parce que depuis dix ans le bouddhisme est devenu populaire, alors la transmission est rompue....quoi qu'on en dise!

    Le Bouddha n'a jamais ouvert de temple, n'a jamais créé de système, ni rien demandé à personne.
    Il a juste partagé son expérience avec les gens. Tous les gens qui voulaient le voir.
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    Message par Kaïkan Mar 11 Oct 2011 - 17:44


    Une petite pause pour vous dire :
    Je sens que le débat va devenir très intéressant et soutenu...
    Par conséquent je vais me permettre de le déplacer dans la rubrique habituelle pour ces sujets qui ont besoin de se retrouver ensembles : "Le zen et ses dérives".

    Merci pour votre compréhension...


    La Pantomime 209978001318347747

    PS : J'ai laissé un traceur dans la rubrique "expérience"... Wink


    Dernière édition par Kaïkan le Mar 11 Oct 2011 - 18:35, édité 1 fois
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    Message par lausm Mar 11 Oct 2011 - 18:06

    En tous cas, sur la stella del mattino, il y a des supers morceaux de guitare acoustique!!
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    Message par Leela Mar 11 Oct 2011 - 18:12

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    je suis tout à fait d'accord avec toi, et ij est bon de dénoncer ces dérives.
    D'ailleurs c'est ce que Chögyam Trungpa appellait "le matérialisme spirituel".

    Ce problème a existé avec toutes les religions.

    A chacun d'avoir la lucidité de suivre son objectif, employant les moyens mis à sa disposition communauté ou solitude.

    Je partage tout à fait ceci
    Car je crois profondément que le zen n'est rien d'autre que la vie normale.
    Lama Karta dit "tout acte de la vie peut devenir le dharma".
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    Message par warmbeer Mar 11 Oct 2011 - 18:48

    En tant que débutant, je n'ai aucune expérience, et je ne veux pas et je ne peux pas critiquer quiconque.
    Au dojo, nous se rencontre en façon très familièrement (entre autres choses, le dojo se trouve dans l'appartement d'un de nous). J'ai été très chanceux

    Le fait que n'est pas facile "trouver" le zen - je crois - c'est au motif que la pratique dans son essence n'est pas facile, pas physiquement, mais surtout parce qu'elle oblige à laisser la certitude et à vivre sans masques, la pratique nous montre la face des caractéristiques intimes et désagréable de notre vie quotidienne.
    Les dangers qui ont été soulignés dans le texte je pense que sont deux.
    L'erreur d'exchanger la forme de rituels avec la pratique réelle, o l'adhésion formale à un style de vie avec la vie réelle. Et puis la gestion de certains centres.
    Pour la première question, le travail est tout pour nous.
    Si le centre pointe vers le nombre de pratiquents, (peut-être de bonne foi , pour permettre à plus de gens à avoir des contacts avec le Dharma, par example), on peut arriver à un compromis, mais un compromis que n'est plus zen.
    Il ya des cours pour les "zen manager", "medicine zen" ... le zen peut être démontré avec un cours?
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    Message par Kaïkan Mar 11 Oct 2011 - 19:56


    Il est aussi vrai que les grandes organisations comportent de nombreux risques de dérives, et la politique devient plus importante que la pratique.

    M° Taisen Deshimaeu nous avait mis en garde et déconseillé de se mimétiser avec le zen japonais.

    Son souhait était, il l'a souvent répété, que se forment de nombreux petits groupes de pratique de zazen et donc il fallait faire beaucoup de responsables de dojos et de nombreux maîtres. Il ne souhaitait pas une organisation pyramidale mais une diffusion par la base...

    Il y a donc aussi certains aspects de ce texte à prendre, une fois décortiqué, avec un regard ouvert... Cool

    étoile étoile étoile
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    Message par lausm Mar 11 Oct 2011 - 21:57

    Merci de donner ta version des faits sur le discours de Maitre Deshimaru. Parce qu'en effet, ce n'est pas ce que l'AZI donne à voir de son oeuvre, bien qu'elle se réclame de la légitimité de sa transmission.
    Car, sortons du non dit et mettons les pieds dans le plat, la critique de Manassi va quand meme clairement envers l'AZI, quand il parle du zen français. Puisque c'est l'asso majoritaire en nombre. D'ailleurs, Brad Warner, qui est en tournée en Europe, disait que dans l'AZI on n'invitait aucun enseignant extérieur à celle-ci. Symptome évident d'autoprotectionnisme.
    Pourtant, la gestion de masse abrutit le zen : moi aussi, je reste persuadé de la nécessité de structures de petites tailles.
    Les échos que j'ai de la Gendronnière, c'est qu'il y a de moins en moins de monde, donc de plus en plus de boulot.
    En plus ils louent le week end à des groupes extérieurs pour des stages, donc encore plus de boulot pour les permanents.
    Mais c'est un vrai problème : ça veut dire que cette structure qui prétend avoir une légitimité dans tout le monde du zen en France, n'arrive meme pas à vivre de sa propre pratique.
    C'est sur (excusez, je n'arrive pas à faire d'accents circonflexes), quand les responsables sont pris par de multiples gestions, ils ne sont plus là pour le terrain.
    j'ai vu comment ça s'est passé quand on s'est faits virer : personne. J'ai écrit un recommandé en recommandé avec AR au président de l'AZI : pas de réponse! On a quand meme entendu, le jour de notre exclusion, le responsable nous dire textuellement "vous etes ici chez moi, c'est une propriété privée et j'accueille qui je veux". Symptome majeur de la dérive de l'esprit propriétaire! Alors quelle est la règle? Celle de la propriété privée? Ou celle du zen??
    Pour ça je préfère un dojo clairement affiché chez un particulier, où l'esprit sera préservé, qu'un dojo se disant dojo, mais en fait lié à un esprit propriétaire. C'est d'ailleurs un problème structurel : le référent du dojo où nous allions, a lui-meme investi des fonds propres pour créer son temple. Il n'est pas seul dans ce cas, mais étrangement c'est dans ces endroits là qu'il y a la pratique la plus formaliste, le plus important refoulement émotionnel, une façon de plus gèrer les gens que les accueillir, et en tous cas il y a pour moi clairement un conflit d'intérèt dans ces situations.
    Donc Manassi énonce un symptome.
    Pour moi, je pense qu'on arrive à la fin d'un age du bouddhisme. Deshimaru critiquait le Karmapa quand il disait que le bouddhisme allait cesser dans quarante neuf ans (c'était vers 70). En fait, je pense que le Karmapa avait raison.
    Je pense qu'il faut en finir meme avec le bouddhisme. Il n'existe que par la pratique, et Deshimaru aurait voulu, à ses dires, que si on cessait d'utiliser le terme zen, on l'appelle la vie. Il faut en finir avec les étiquettes, le zen du costume, comme l'appelle un copain. Retrouver la valeur originelle du kesa, qui est un vètement fait à partir de vieux débris, faire la cuisine, s'asseoir, et vivre simplement, visant l'autonomie et une liberté qui ne soit pas conquise par la lutte contre les autres.
    POur moi, c'est réapprendre à vivre ensemble avec la terre, cultiver son potager, s'organiser pour plus de solidarité. C'est en tous cas ce que j'aimerais créer et partager chez nous. Sans sectarisme, sans étiquette, sans maitre qu'on n'ait choisi et consenti librement, vraiment.
    Assis en silence, on n'a plus besoin de s'appeler bouddhiste : on n'est semblable au Bouddha, pas besoin de remettre une étiquette par dessus ce qui est exprimé.
    Il faut en finir avec le bouddhisme pour pratiquer la voie du Bouddha.
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    Message par Leela Mar 11 Oct 2011 - 22:19


    il y a un dicton bouddhiste qui dit "si tu rencontres Bouddha, tue le".
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    Message par BU-SO Mar 11 Oct 2011 - 22:40

    POur moi, c'est réapprendre à vivre ensemble avec la terre, cultiver son potager, s'organiser pour plus de solidarité. C'est en tous cas ce que j'aimerais créer et partager chez nous. Sans sectarisme, sans étiquette, sans maitre qu'on n'ait choisi et consenti librement, vraiment.
    Assis en silence, on n'a plus besoin de s'appeler bouddhiste : on n'est semblable au Bouddha, pas besoin de remettre une étiquette par dessus ce qui est exprimé.
    Il faut en finir avec le bouddhisme pour pratiquer la voie du Bouddha
    .

    C'est exactement comme ça que je vois l'avenir d'un groupe de pratiquant,suivant en toute simplicité la Voie de Shakyamuni.


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    Message par BU-SO Mar 11 Oct 2011 - 23:05

    Enseignement de Ushiyama Roshi

    Tout d'abord, j'aimerais décrire nos sesshin [retraites] à Antaiji et les expériences que nous y faisons. C'est mon désir de montrer plus clairement notre zazen et notre comportement en face de la vie.

    Depuis la mort de mon maître Kôdô Sawaki en 1965, j'ai commencé d'organiser notre sesshin de la manière suivante : chaque sesshin dure cinq jours, soit du vendredi au mardi, de telle sorte que le premier dimanche du mois tombe au milieu. En février, quand il fait froid, et en août, quand il fait chaud, il n'y a pas de sesshin. En juillet et en septembre, les sesshin ne durent que trois jours.

    Notre programme comporte zazen et kinhin (exercice "en marche"), et rien d'autre, de quatre heureLa Pantomime Gassho18s du matin jusqu'à neuf heures du soir.

    Nous prenons trois repas par jour et nous faisons du kinhin, immédiatement après chaque repas ; puis il y a un intervalle d'à peu près trente minutes pour les besoins personnels.

    Deux règles caractérisent nos sesshin : premièrement défense absolue de parler. Nous ne nous saluons pas et nous n'avons pas de contact les uns avec les autres ; nous ne récitons pas de sûtras non plus. Deuxièmement, nous n'utilisons pas le kyôsaku, qui sert à frapper les participants sur l'épaule en cas d'inattention ou de somnolence.

    Même moi, le préposé du temple, je me tiens toujours face au mur, sans observer le zazen des autres.

    Ces deux règles sont caractéristiques des sesshin d'Antaiji. Chacun, indépendamment des autres, doit contrôler son propre zazen. Cette sorte de sesshin est le résultat de mes différentes expériences précédentes. Nous les exerçons ici depuis 1965. Je crois que c'est le meilleur chemin pour mettre en pratique ce que mon maître Kôdô Sawaki rôshi exprima ainsi : "Le zazen est le Soi-même qui bâtit le Soi-même dans le Soi-même."

    La raison de notre silence absolu pendant cinq journées s'explique par le fait que, de cette manière, sans entrer en contact avec les autres, sans être distrait par eux, l'homme devient ce Soi-même qui n'est rien que cela. En même temps, le sesshin avec ces cinq journées, devient une seule continuité temporelle de zazen sans interrompre leur rythme.

    La raison pour laquelle nous n'employons pas le kyôsaku est qu'ainsi chacun devient entièrement son propre et véritable "Moi". Puisque zazen signifie ici "laisser tomber les pensées" et, face au mur, n'être rien d'autre que "soi-même", nous le ressentons comme un temps interminable et terriblement ennuyeux. Mais si le kyôsaku passait de l'un à l'autre, il deviendrait une sorte de jouet et les participants chercheraient à "jouer" avec lui. Par exemple, un des adeptes, tranquillement assis, voyant venir le kyôsaku, penserait :

    "Regardez bien ma posture! N'est-elle pas exemplaire! Il n'y a aucune raison de me frapper avec le bâton" ; ou bien "Ah! ces heures d'après-midi sans fin! peut-être que de recevoir un coup de kyôsaku me rafraîchira un peu!"

    Ici, le bâton d'exhortation serait devenu un jouet.

    En y regardant de près, toute notre vie paraît être une recherche de jeux et de jouets. Cela commence déjà après notre naissance ; le premier jouet est le biberon ; plus tard, ce sont des poupées et des ours ; lorsque nous sommes plus âgés, nous nous intéressons à des jeux mécaniques, à des appareils photographiques et à des voitures ; pendant l'adolescence, c'est l'autre sexe ; plus tard, des études et des recherches, des compétitions de toutes sortes et le sport. Tout cela ne signifie rien d'autre, finalement, que des jeux. Jusqu'à notre mort, nous échangeons un jouet contre un autre et toute la vie n'est autre qu'"activité de jouer".

    Notre zazen, par contre, est la réalité de vie. C'est le Moi seul qui devient son propre véritable Moi. Ici, il n'y a plus de jouets. Il arrive ce qui arrivera avant l'instant de notre mort, lorsque tous les jouets disparaîtront. Même en faisant zazen, nous cherchons toujours et toujours un jouet, du moins pour le moment. Dès que le kyôsaku s'approche, il devient un jouet et le Moi n'est plus le Moi. C'est pour cette raison que nous renonçons au kyôsaku pendant le sesshin.

    Mais que faire si nous commençons à somnoler pendant nos sesshin d'Antaiji ? Finirons-nous par nous assoupir sans le kyôsaku qui sert à réveiller les gens fatigués ?

    Ceci n'est pas à craindre car personne ne dormira tout au long des soixante-dix heures d'un sesshin de cinq jours. Cela dépend uniquement de vous : faites du zazen aussi bien que possible. Il ne faut pas que vous vous sentiez contraint. C'est une pratique qui dépend uniquement de vous.

    Un cas peut survenir : vous vous êtes éveillé mais vous vous ennuyez mortellement. Pour tromper le temps, vous pensez à une certaine chose et vous entretenez sur cette idée avec vous-même. Cependant, il est insensé de supposer que vous continuerez ainsi jusqu'à la fin. Certes, il y a des personnes qui en sont capables, mais si vous avez l'esprit sain, c'est impossible. Pendant un sesshin tel que le nôtre où, heure après heure, le zazen se déroule dans un silence absolu, vous vous sentirez très mal à l'aise et vous croiriez devenir fou. C'est qu'un cerveau normal ne supporte pas de s'accrocher pendant longtemps à des pensées d'imagination. À la fin, vous comprenez tout seul qu'il est mieux de laisser tomber les illusions et de retourner vers la bonne posture zazen. Autrement dit, notre sesshin n'est pas orienté par une contrainte extérieure. Que vous le vouliez ou non, vous arrivez au point où le Moi trouve la paix en lui-même.

    Pendant le sesshin, je suis moi-même, comme les autres, face au mur et non face aux adeptes. Je le fais pour couper court à toute relation d'homme à homme, à toute observation et à toute surveillance. Si je faisais mon zazen dans l'intention de surveiller les autres, je ne ferais que cela et je perdrais probablement mon propre zazen de vue. De même si chacun se sentait observé par l'autre, notre zazen finirait comme adhésion à l'autre et ne serait plus authentique.

    Pendant un sesshin à Antaiji, il n'y a pas la moindre trace d'enseignement. C'est pourquoi nos participants doivent avoir compris a priori ce que devra être leur comportement intérieur. Pour cette raison, j'ai déjà approfondi le sujet jusqu'au détail, autant que faire se peut ; je souhaite que mes participants au sesshin lisent et comprennent ces livres dont le présent ouvrage fait partie. Si les intéressés ont encore des questions à poser, ils peuvent facilement venir me trouver pour s'informer, mais ceci en-dehors du sesshin.

    J'observe que les personnes qui ont lu mes livres et qui se décident ensuite à faire du zazen sont différentes de celles qui arrivent sans ces connaissances préalables. Nombreux sont ceux qui, en venant, cherchent à comprendre le zazen intellectuellement. Ils sont imbus de théories didactiques et souvent vagues. Je souhaiterais que des dialecticiens parviennent par leur propre expérience à la conclusion que le zazen n'a absolument rien de théorique mais qu'il est quelque chose qu'il faut faire. C'est pourquoi je les exhorte tout le temps à se fixer sur la pratique du zazen dont le sentier n'est que silence.

    A lire et relire.......!!!! et s'en imprégner jusque dans sa propre moelle



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    Message par lausm Mar 11 Oct 2011 - 23:39

    Un cas peut survenir : vous vous êtes éveillé mais vous vous ennuyez mortellement. Pour tromper le temps, vous pensez à une certaine chose et vous entretenez sur cette idée avec vous-même. Cependant, il est insensé de supposer que vous continuerez ainsi jusqu'à la fin. Certes, il y a des personnes qui en sont capables, mais si vous avez l'esprit sain, c'est impossible. Pendant un sesshin tel que le nôtre où, heure après heure, le zazen se déroule dans un silence absolu, vous vous sentirez très mal à l'aise et vous croiriez devenir fou. C'est qu'un cerveau normal ne supporte pas de s'accrocher pendant longtemps à des pensées d'imagination. À la fin, vous comprenez tout seul qu'il est mieux de laisser tomber les illusions et de retourner vers la bonne posture zazen. Autrement dit, notre sesshin n'est pas orienté par une contrainte extérieure. Que vous le vouliez ou non, vous arrivez au point où le Moi trouve la paix en lui-même.

    Pendant le sesshin, je suis moi-même, comme les autres, face au mur et non face aux adeptes. Je le fais pour couper court à toute relation d'homme à homme, à toute observation et à toute surveillance. Si je faisais mon zazen dans l'intention de surveiller les autres, je ne ferais que cela et je perdrais probablement mon propre zazen de vue. De même si chacun se sentait observé par l'autre, notre zazen finirait comme adhésion à l'autre et ne serait plus authentique.

    Pendant un sesshin à Antaiji, il n'y a pas la moindre trace d'enseignement. C'est pourquoi nos participants doivent avoir compris a priori ce que devra être leur comportement intérieur. Pour cette raison, j'ai déjà approfondi le sujet jusqu'au détail, autant que faire se peut ; je souhaite que mes participants au sesshin lisent et comprennent ces livres dont le présent ouvrage fait partie. Si les intéressés ont encore des questions à poser, ils peuvent facilement venir me trouver pour s'informer, mais ceci en-dehors du sesshin.


    Effectivement, on est ok.
    Quand on s'es retrouvé à pratiquer seuls, la question de "diriger" zazen se posait.
    Mais j'ai ressenti très fort le besoin d'être face au mur. Parfois vers le centre si quelqu'un qui débute est là. Mais pas plus.
    Dans l'AZI, les problèmes sont arrivés grandement quand chacun a commencé à faire son propre truc de son côté, chez les anciens, et que peu à peu ils ne se sont plus du tout retrouvés face au mur. Quand j'en parle, plein croient que je déconne.
    Mais je suis persuadé que ça joue complètement sur l'état d'esprit.
    Tout comme je pense que zazen n'a pas besoin d'enseignement pour être compris. Suffit d'être là avec les gens.
    Quand ils ne comprennent pas ou déconnent, ils savent qu'il y a quelqu'un pour répondre.

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