Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu


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    La non violence active

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    Message par Leela Sam 17 Déc 2011 - 18:51

    AHIMSHA, prônée par Ghandi.

    Comment la comprenez-vous, dans la vie ? Dans quelle mesure est-elle applicable, et où se situent ses limites ?

    Mandela en était un partisan, mais a dû changer de méthode pour avoir un résultat de ses démarches. (Lire son auto-biographie).


    Et pour ceux qui n'ont pas encore exploré cette philosophie, une introduction que j'avais postée ailleurs:
    Le terme indien "Ahimsha" pourrait être traduit par "ascèse", "amour", "action non-violente"...

    Ahimsha doit d'abord s'appliquer à nous même: nous devons nous respecter, ne pas nous faire violence. Ensuite, à nos proches.

    Et voici une explication par un exemple.

    Un homme se fait agresser pour être volé. Plusieurs réactions (caricaturées ici !) sont possibles:
    1. la passivité: le résultat: il sera volé, et l'agresseur se sentira fort et prêt à recommencer
    2. la peur, les prière "s'il vous plaît, laissez moi mon sac"; résultat: idem
    Dans ces deux cas, l'agresseur sera fier, se sentira fort, méprisera sa victime qui ne sera que l'objet de son désir, sa "chose"
    3. la contre-attaque. Résultat immédiat: le renforcement de l'aggressivité de l'autre, qui pourra être amené à tuer. Résutlat; il s'armera mieux, et sera encore plus fort et agressif.
    4. ne pas avoir peur, bloquer l'attaque de l'adversaire (par exemple par une prise de judo) et lui parler. Cela demande, de la part de la "victime", une force mentale et physique au-dessus de la moyenne. Tout bascule pour l'agresseur. Au lieu d'avoir face à lui un être tremblant ou se débattant, il a un humain, supérieur à lui. Il est alors déstabilisé et peut changer d'attitude en profondeur et pour toujours. Ahimsha, c'est cela. On a de l'amour pour l'agresseur puisqu'on veut qu'il s'améliore (ça c'est la définition de "compassion" en bouddhisme), mais cela demande un énorme travail sur soi: abolir ses peurs, ses attachements aux biens matériels mais aussi à sa propre vie, dompter ses émotions...
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    Message par Kaïkan Sam 17 Déc 2011 - 21:35



    Bonsoir,

    En Alsace nous avons une icône, une figure emblématique de la mise en pratique de l'Ahimsã : Albert Schweitzer : Voir : ICI



          La non violence active Albertschweitzer


    • Naissance 14 janvier 1875
      Kaysersberg, Alsace-Lorraine, Empire allemand
    • Décès 4 septembre 1965 (à 90 ans)
      Lambaréné, Gabon

    • Nationalité
      1875-1919 : La non violence active 20pxflagofthegermanempi Allemand
      1919-1965 : La non violence active 20pxflagoffrancesvg Français

    • Profession Théologien,
      Musicien,
      Philosophe,
      Médecin

    • Distinctions Prix Nobel de la paix en 1952
      Prix Goethe en 1928
      Chevalier de la Légion d'honneur en 1948
      Médaille d'Or du WWF en 1949
      Grand officier de la Légion d'Honneur en 1950
      Membre de l'Académie française des sciences morales et politiques en 1951
      Médaille d'or de la Ville de Paris en 1954
      Ordre du Mérite par la Reine Elisabeth II en 1955

    • Famille Jean-Paul Sartre, son petit cousin


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    Message par Invité Sam 17 Déc 2011 - 23:20

    Bonsoir,

    Cet après-midi, j'ai vu tagué sur le sol d'une rue piétonne "non violence", j'ai trouvé rigolo et je me suis dit c'est plus original comme tag que les tags de d'habitude, et ce soir je vois le sujet de Leela.
    Ghandi, Mandela, Martin Luther King, Albert Schweitzer et bien d'autres...
    C'est un personnage fictif, mais j'aime bien le style "non violence" de Forrest Gump.



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    Message par Leela Dim 18 Déc 2011 - 8:42

    yessss c'est bien de citer de grands maîtres, mais VOUS, comment l'appliquez vous dans votre vie de tous les jours ? Des exemples concrets...

    Pour moi, c'est d'abord envers soi-même qu'il faut l'appliquer. Par exemple, je veux m'imposer une discipline mais je ne dois pas me "brutaliser", plutôt chercher les moyens pour que cette discipline deviennent un plaisir et non plus une contrainte. Comme dit dans un autre fil, j'y arrive en maintenant la pression, en cherchant ces moyens, concrètement, ces moyens sont
    - s'auto-convaincre de la nécessité,
    - changer sa conception: passer de "discipline imposée" à "action d'un disciple"

    Dans "ahimsha", traduit par "non violence active", c'est le "active" qui fait toute la différence Wink
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    Message par Kaïkan Dim 18 Déc 2011 - 10:38


    Bonjour,

    D’abord il nous faut définir ce que signifie ahimsã . Ensuite il faut bien comprendre que chaque école a sa propre pratique et les différences tant au sujet de la compréhension que de l’application de cette idéologie sont très variées.

    Ahiṃsā (devanāgarī : अहिंसा) est un terme sanskrit qui signifie non-violence ou respect de la vie. C'est aussi un concept de la philosophie indienne qui a rapport à la bienveillance. Le mot ahimsā désigne proprement « l'action ou le fait de ne causer de dommage à personne », himsā signifiant « action de causer du dommage, blessure » et a- étant un préfixe privatif. Il est interprété de diverses manières, le plus souvent comme une forme de relation pacifique avec tout être vivant.
    L'ahimsā est une composante importante de l'hindouisme, du bouddhisme et du jaïnisme qui en a fait l'application la plus stricte.

    On peut aussi voir des interprétations différentes entre le mahayana et le theravada :

    Bouddhisme mahāyāna
    Dans le bouddhisme mahāyāna, le fait de tuer un animal – et l'intention même de le tuer – est refusé. En effet, la vacuité des dharmas est inséparable de la compassion (karunã). La non-violence fait partie des vœux du bodhisattva, qui œuvre pour aider l'ensemble des êtres à trouver leur délivrance. Les êtres sont égaux en dignité puisque chacun a, (est), la nature-de-Bouddha.
    Cependant, cette non-violence n'est pas passive et n'empêche pas de se défendre contre une agression : mettre hors d'état de nuire un criminel est justifié. Un sutra du Mahāyāna, l'Upaya-Kausalya Sutra, mentionne un cas où le bodhisattva, capitaine "Maha Karuna" d'un navire, tue un pirate (nommé Dung Thungchen en tibétain) qui menaçait de tuer tous les passagers d'un bateau. Cet acte est considéré comme très méritoire (y compris pour le pirate lui-même, qui obtient une renaissance plus favorable que s'il avait pu librement accomplir ses crimes).
    Il est courant de véhiculer une image d’Épinal au sujet des bouddhistes : tous végétariens, non-violents, pacifiques etc…
    La réalité est beaucoup plus nuancée. Particulièrement dans le zen, les pratiquants des arts martiaux n’ont pas d’interdits au sujet de la viande. La règle incontournable est la pratique de zazen. Pour le reste il y a évidemment l’octuple sentier, et pour l’attitude envers les êtres vivants, c’est le degré de compréhension de karunã (la compassion) qui fera des différences avec chaque individu.
    Il n’y a pas de règles rigides, chacun utilisant sa propre intelligence dans la pratique.

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    Bouddhisme theravāda
    Contrairement à ce qui se passe dans l'hindouisme et dans le jaïnisme, le terme ahimsa n'apparaît pas dans les textes bouddhistes anciens, bien que la non-violence y soit constamment implicite (par exemple, l'Aggi-sutta condamne les sacrifices d'animaux communs dans le brahmanisme). La façon dont le bouddhisme comprend la non-violence n'est pas aussi rigide que chez les Jaïns, même si les bouddhistes ont toujours condamné le meurtre des êtres vivants. Dans la tradition theravāda, le végétarisme n'est pas obligatoire. L'empereur Ashoka, après sa conversion, recommanda le végétarisme mais ne le rendit pas obligatoire. Par ailleurs, la tentative de schisme de Devadatta, rapportée par le canon pali, expose clairement le refus du Bouddha de rendre obligatoire le végétarisme (une des cinq règles que voulait précisément imposer Devadatta).
    Ainsi les moines et les laïcs peuvent manger de la viande et du poisson, à condition (dans le cas des moines) que l'animal n'ait pas été tué spécialement pour eux. C'est cependant une faute très grave (parajika 3, conduisant à une expulsion de la communauté monastique dans cette vie) pour un moine que de tuer intentionnellement un être humain (cela inclut l'avortement intentionnel ou même l'encouragement à avorter, mais pas le suicide ni l'assistance au suicide) ; en revanche, tuer intentionnellement un animal est une faute mineure.
    Depuis les débuts de la communauté bouddhiste, moines et nonnes sont tenus de respecter au minimum les cinq Préceptes de conduite morale. Les laïcs sont également encouragés à observer ces cinq préceptes, dont le premier, le plus important, est de s'abstenir de prendre la vie d'un être sensible (panatipata). Le commerce de viande n'est pas conforme au Noble Chemin Octuple, il fait partie des cinq métiers qui ne sont pas des "moyens d'existence justes".
    Plusieurs textes justifient les guerres défensives. Selon les commentaires du theravāda, il y a cinq facteurs nécessaires pour qu'un acte soit à la fois un acte de tuer et soit karmiquement défavorable. Ce sont :
    (1) la présence d'un être vivant, humain ou animal ; (2) la connaissance qu'il s'agit d'un être vivant ; (3) l'intention de tuer ; (4) l'acte de tuer par quelque moyen que ce soit, et (5) la mort qui en résulte.
    Certains bouddhistes ont fait valoir que dans des postures défensives, dans le cas d'une "guerre juste", l'intention première d'un soldat n'est pas de tuer, mais de se défendre, et l'acte de tuer dans cette situation aurait des répercussions karmiques minimes.

    Dans le bouddhisme zen il est très rare d'entendre un enseignement sur la "non-violence". L'attitude des pratiquants est naturellement très respectueuse de l'environnement et la compassion implique une empathie avec tous les êtres sensibles. C'est vraiment chaque individu qui exprime sa compréhension/réalisation à travers les actes de sa vie quotidienne sans rechercher une conformité quelconque avec telle ou telle idéologie...



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    Message par Leela Dim 18 Déc 2011 - 11:07

    je suis d'accord avec toi, Kaïkan, qu'il ne faut pas "se conformer à une idéologie", mais réfléchir et expérimenter sa propre voie.

    Je me suis sans doute mal fait comprendre.

    Ma question concernait des exemples pratiques, vécus par chacun de nous, pas des théories (même s'il est en effet nécessaire de les lire pour mieux comprendre et s'en inspirer). Wink

    Bonne fin de w-e à tous !
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    Message par Kaïkan Dim 18 Déc 2011 - 11:52


    La base qui peut servir de support à l’ahimsã est très certainement un sentiment de bienveillance envers autrui.
    Il est important d’appliquer ce sentiment envers ceux qui nous dérangent par leurs attitudes extrêmes, agressives, antisociales.
    Tous ceux qui sont rejetés, condamnés, quels que soient leurs crimes, ont un long cheminement de souffrances qui les ont amenés à entrer dans un karma pénible dans lequel ils sont saucissonnés et perdent tout espoir.
    Très souvent ceux qui exercent des violences en ont subi depuis leur plus tendre enfance. Il n’est pas ici question de s’apitoyer mais de comprendre que les bourreaux sont aussi des victimes et que notre point de vue n’est pas de juger mais de se servir de la « connaissance » pour ne pas réagir haine contre haine, violence contre violence.

    Le développement de karunã est intimement lié avec une forme d’intelligence tout à fait particulière : celle du cœur. Là aussi la route est longue et parsemée d’embûches. Avant d’obtenir une vue éclairée sur la "condition humaine" il faudra se forcer à voir tout ce que l’on s’est habitué à garder caché...
    Wink

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