Bonjour.
Pour ma part, j'ai commencé au moment où S.Thibaut a quitté l'AZI.Cela créait grand émoi.
En ce qui me concerne, le responsable du dojo où j'allais étais un ancien, non maitre, mais qui avait connu Deshimaru, et donc s'appuyait sur la transmission de sa propre compréhension, et non du copier-coller d'un dit maitre, simplement parce que la personne porte ce titre.
Un maitre l'est par sa pratique, et non par le titre. Le titre certifie une attitude, mais il peut etre simplement juste une marque achetée, un truc commercial.
Il y a donc des gens qui sont maîtres sans titre, et des gens qui ont le titre mais qui n'ont plus la fibre spirituelle, qui sont installés dans un business spirituel...je schématise entre deux extrèmes, la réalité est en général plus nuancée.
Du temps de Deshimaru, la réalité était simple : il était la seule figure de maître.
Or, la réalité de la pratique au Japon, quand on en entend les témoignages directs (que j'ai essentiellement par les récits de Tokuda, un des maîtres certifiés soto et non valorisés par l'AZI, ce qu'il ne cherche d'ailleurs pas, préférant la discrétion), les pratiquants cotoient plusieurs maitres différents, parfois meme de traditions différentes (Tokuda a commencé le zen par le rinzai, et c'est un rinzai qui l'a envoyé voir un maitre soto-il a aussi étudié avec un tenant de la tradition Hogen).
Donc se trimbaler dans des temples différents, avec des façons de fonctionner différentes, voir des maîtres différents, fait partie du cursus, de la culture des pratiquants et moines zen au Japon.
Développer une vision exclusiviste, est une dérive particulière à notre interprétation occidentale et française du zen, qui dessert la compréhension du dharma, qui d'ailleurs est même son antithèse, mais cet avis est le mien que j'assume en mon nom propre et au nom de rien d'autre que moi-même, je tiens à être clair sur le fait que je ne représente personne ni une tendance.
Toujours est-il que si un responsable de dojo te reproiche d'aller chez l'autre, c'est à mon sens pas honnète pour le zen lui-même.
Pas loin de chez moi, dans la capitale régionale, il y a eu un schisme du dojo d'origine, donc maintenant deux dojos. Mais un vieux de la vieille me disait qu'il fréquentait les deux, quand il voulait. Ceci dans une sesshin de quelqu'un qui n'est reconnu ni par les uns ni les autres!
Ces mouvements de différenciation n'ont rien de nouveau, ni les controverses qui vont avec...c'est en fait malheureusement la nature humaine, et il faut je crois faire le deuil de rencontrer quelque chose où rien ne serait conflictuel, sans encombre, où tout serait harmonie perpétuelle.
Je crois meme que c'(est salutaire qu'il y ait des gens différents, des façons de faire qui ne soient pas toutes pareilles.
MAis en ce qui me concerne, quand j'ai commencé, je ne faisais pas de différence : si la sesshin était dirigée par x ou y, je prenais comme c'était, cela faisait partie pour moi du deal de base. L'essentiel était de s'asseoir. Par la suite les circonstances m'ont amené et m'amènent encore à préciser quelque chose de l'ordre d'un choix, mais ce n'est pas un choix par exclusion...c'est un choix d'affinité.
PArfois on apprend de l'un, parfois de l'autre.
Mais je conviens que c'est parfois déroutant, car derrière la propreté du dojo se cache parfois le non-dit d'un esprit de sélection et d'exclusion, d'une idée de ce que devrait etre le vrai zen, et la vraie pratique, avec parfois le sous entendu que ceux qui ne font pas pareil ne sont pas dans la vraie pratique, mais on ne le dit pas clairement, mais c'est implicite...Or le vrai zen est tout sauf une idée ou un discours : il est d'abord pratique, et n'impose pas une façon de penser (ni de dépenser!), mais propose une attitude envers la vie, une posture d'être conscient. Qui, si elle est retour à soi, au silence et à la vigilance, ne va pas avec une attitude d'exclusion. Le dojo n'est pas lieu où faire taire autrui, le silence est quelque chose qu'on choisit de pratiquer soi-même. Quand on le choisit, ce n'est pas une contrainte, c'est quelque chose qu'on a désiré réaliser. C'est très différent.
Tout cela pour dire que c'est à toi de ressentir ce qui est juste pour toi et où tu sens que tu dois te trouver pour murir, cultiver et entretenir ton éveil.
Un véritable enseignant ne fait rien d'autre que partager ce qu'il a expérimenté et compris, et échanger avec les autres. Sans rendre l'autre dépendant ni de sa personne, ni du lieu de pratique, ni de la communauté qui pratique en ce lieu et autour de cette personne.
Et quand cette liberté est respectée, le silence n'est pas contrainte, la posture n'est pas rigidité, le maitre n'est pas autorité par le pouvoir, mais incarnation du respect pour cette pratique d'éveil realisation.
où l'accueil d'autrui, la compassion, l'écoute, ont leur place.
Donc le mieux est de choisir zazen et ton propre éveil, qui ne sont pas une lutte contre autrui.