Le Zen et la guerre.

Je vous propose, avant de débattre de cette question, de lire l'article en lien ci-dessous. C'est un peu long, mais ça en vaut, je pense, la peine. Je vous propose ensuite de lire la réaction de Nishijima Roshi à cet article (en lien dans le lien, en fin d'article).

http://www.zen-occidental.net/articles1/baran1.html

Voici ma réaction, postée sur un autre forum, que je reprends ici :


J'ai pris le temps de lire le lien relatif à l'implication de certains
maîtres zen dans la guerre et le commentaire de Nishijima Roshi.
Nishijima conteste certaines accusations mais prend nettement position
contre l'école rinzaï du zen qu'il considère "idéaliste". Il
s'interroge alors sur le fait qu'il s'agisse ou non d'une école
bouddhiste. Je trouve, pour ma part, cette question nulle et sans
intérêt. Qu'importe que nous soyons ou non des bouddhistes ? Encore une
fois, le Bouddha ne l'était pas.



Concernant l'implication des maîtres zen dans la guerre, je pense
que l'article en lien est un ramassis de mauvaise foi (et sur un
certain nombre de points, Nishijima le confirme). Il est possible que
les maîtres se soient impliqués dans la guerre comme n'importe quel
soldat de n'importe quel camp l'aurait fait. Ne pas s'y impliquer
relevait de la loi martiale qui, en période de guerre, signifie la
peine de mort pour ceux qui refusaient de combattre. Comment peut-on
penser que des maîtres parfaitement accomplis puissent se faire des
ardents partisans du crime ? Le crime fut que l'empereur pris fait et
cause pour le nazisme et qu'ils devaient obeïr à l'empereur comme les
samouraïs obéissaient à leurs maîtres sous peine de mort. Cette
obéissance est de la même nature que celle qui caractérisait nos
chevaliers. Mais les chevaliers ont disparu depuis très longtemps en
Europe alors que le Japon a conservé, au moins dans sa mentalité
originale, cet esprit chevaleresque.


L'art de la guerre au Japon est dit "art chevaleresque". C'est l'esprit
du sacrifice au service d'un pouvoir temporel et spirituel (c'était le
cas avec l'empereur qui était "un Dieu vivant"). Certains tibétains,
paraît-il, n'ont pas hésité à sacrifier leur vie pour le Dalaï Lama.
Sans doute le Dalaï Lama n'en demande-t-il pas tant. Mais c'est un
fait. Et ce n'est certainement pas en refusant d'endosser son rôle de
maître spirituel et temporel d'un Tibet en ruine (comme il a souvent
menacé de le faire quand ça "chauffait" trop) qu'il réduira à néant
l'engagement de certains de ses disciples pour lui. S'agissait-il de
fanatiques ? N'avaient-ils pas la foi en lui ? Les japonais n'ont pas
agi différemment pour leur empereur qu'ils considéraient comme un Dieu.

Quelle est votre opinion sur cet engagement des maîtres zen dans la guerre ?

Il est un moment où les croyances et symboles à vertus salvatrices pour les populations se retournent contre elles et les enchaînent. Quand de la naissance à l'âge adulte on t'enseigne une seule vue, une seule voie, et qu'il n'y en a qu'une qui soit valable, vraie et pure, alors il n'est guère possible de s'en détourner, et on est enchaîné....

Faut-il pour autant ne jamais dire : "cette voie est bonne"," cette voie est vraie", "je pense que tu devrais suivre cette voie" , " ceux qui ne suivent pas cette voie sont dangereux", " Machin a dit ça, et comme il dit que c'est truc qui l'a dit aussi, et comme truc est le meilleur et le plus pur, alors machin dit vrai et il faut lui obéir" , ou alors ne rien dire, et pratiquer dans l'humilité, à l'abri des regards et en évitant de fausser la perception de la voie que l'on suit aux yeux des gens......

Rien n'est plus incertain.......

Il me semble que ce qui t'as fait parler de cet article,
ce n'est pas le devoir de mémoire sur les quelques maitres zen qui ont eu des attitudes condamnable durant la guerre (ça on le sait dejà, on va pas se fouetter tout les jours pour les actes de veillards ou de morts...)

A mon sens ce qui te fait réagir, c'est plutot le fait que Nishijima s'oppose au zen Rinzai.
Tu devrais renommer le topic : Nishijima s'oppose au zen Rinzai !!!

Quand ton enseignant dit que avant il n'y avait deux maitres en France et que le deuxieme est mort, c'est de l'humour.

Moi je trouve que Nishijima à pas mal d'humour aussi
Avec 60 ans de zen, Il titille des gens qu'il connais peut être plus qu'on ne le croit, non ?

J'ai lu des textes de Deshimaru qui tenais des propos semblable, ca l'empechait pas de rencontrer des haut dignitaires du zen Rinzai et de les mettre en valeur comme dans le film "Ici et maintenant".

https://www.dailymotion.com/video/x5wdka_doc-zen-soto-i-ici-et-maintenant-45_news

J'aime bien cette phrase citée vers 10min30 :

"Dans le zen , l'homme doit aller au delà de la dernière extremité de lui même et désesperer de lui même comme quelqu'un qui n'a aucune possibilité de s'en sortir. Trouver le vide en soi vient de cette experience la plus amère qui du gouffre du désespoire et de l'agonie, nous jettent bas corps et âme."
Shibayama dans A Flower Does Not Talk

Notre Khât national serait-il en train de se dissoudre dans la vacuité ?

Moi je pense que. Et aussi que. Mais quelle importance puisque ma pensée n'est pas ma pensée et que je me sens stupide comme quelque chose qui aurait trop d'importance.



Ma pensée n'est pas ma pensée... ma pensée n'est pas ma pensée... Voici ma pensée du jour qui bien entendu n'est pas mienne car je ne cherche pas à me raisonner.



Si la question est de comprendre alors c’est bien différent, il me faudra en effet jeter ma pensée dans l’abyssale feu follet du temps qui dérive au gré de ma mémoire élastique et façonnable comme une bonne pâte à modeler. Il me faudra alors me souvenir d’un moi-même se cherchant à travers l’idée que : ma pensée n’est pas ma pensée, et faire éclore une fleur dont la beauté touchera son sommet après que la mort est montré son visage burlesque.