Salut.
Ce matin je suis retourné au cours d'aikido après trois mois d'absence.
En fait je suis allé seulement au cours d'aikitaiso, auquel je n'avais jamais assisté car je n'arrivais pas a lever le fiston pour y arriver a temps. Et je suis sorti avant l'aikido, pour une reprise je me suis dit que ça suffisait déja, pas besoin d'y aller trop fort.
En tous cas je n'ai pas trouvé cela soft du tout, surtout mes abdos.
Mais en fait, et je crois que c'est la grande particularité de l'aikido, qui le rapproche vraiment du zen et aussi le différencie de pas mal d'autres arts martiaux, c'était surtout très énergétique.
J'ai toujours ressenti cela dans les cours d'aikido eux meme : ce n'est pas fatigant, on ne se vide pas de son énergie comme un malade, par contre il y a un engagement énergétique dans son corps, dans la relation au partenaire, c'est impliquant au niveau de la conscience, corps esprit. On le sent physiquement dans la respiration, le centrage dans le hara.
Effectivement on ne travaille pas les réflexes, ni la rapidité...ou plutot cela se travaille dans une conscience globale, unifiée, du corps esprit dans l'espace temps, en relation avec qui est la.
PEut-etre que l'attaquant attaque selon une convention de pratique, mais je te confirme que quand je fais cela a l'enseignant, il me mène au sol en douceur mais il m'y mène surement, en fait toute résistance est vaine, elle ne fera qu'entrainer douleur et douleur...alors on se laisse guider au sol.
Ce n'est pas qu'une séduction visuelle : dès fois j'ai travaillé avec certains anciens, on voit qu'ils sont encore dans une dimension de force musculaire. La sensation est totalement différente de la sensation énergétique. On y sent moins de "matière" mais plus de présence, en gros plus de vide dans le plein.
En fait on ne finit pas l'entrainement lessivé, car ça se vit plus comme une continuité : on reste le meme bonhomme.
Et ce qui est intéressant, c'est que si tu bosses avec un gamin de 14 ans, une jeune fille de 20 ans, un homme de 40 ans, ou quelqu'un qui a dépassé la cinquantaine, avec le meme geste on aura une expression différente, un tonus différent, une compréhension différente...du coup, ça oblige a travailler sur ce qu'est l'essence du geste, au dela de la forme externe. Tu tomberas sur ceux qui te diront toutes les cinq secondes comment faire, parce qu'ils sont gradés, alors qu'ils n'ont pas toujours senti l'essence du truc....et une petite jeune qui a tout de suite compris le truc parce qu'elle pense plus avec son corps que sa tète...c'est très marrant, ça oblige a se faire a la biodiversité humaine et a voir qu'en fait on doit rester humble et ouvert sans cesse tout en gardant confiance en ce qu'on sent. Très bonne école de relation ou il n'y a pas cette mentalité que tu décris.
Cela dit, ça doit exister, mais l'enseignant que je vois a appris avec quielqu'un qui était handicapé du pied, lui meme ayant appris avec l'un des japonais qui ont importé l'aiki en France, mais moins connu que Noro ou Tamura...mais très sensible a l'aspect énergétique : il les initiait au shiatsu, et ce genre de choses. D'où une approche plus sensible.
Ou néanmoins le prof insiste sur le fait que c'est un art martial, pas de la danse...meme si il ne récuse pas l'aspect dansé de certains pas.
C'est en fait une éducation du corps, on y trouve nombre de points communs avec le zen, dans cette façon de conditionner le corps esprit par le geste, travailler l'esprit et la présence a travers le corps.
En fait l'aspect interne et externe sont très liés.
D'aucuns disent d'ailleurs que Ueshiba aurait appris nombre de choses en Chine, notamment auprès de pratiquants de bagua zhang, concernant les déplacements. C'est possible. Si le Bagua éveille ta curiosité (ou celle du tout lecteur, veuillez m'excuser), il y a des vidéos très intéressantes avec leurs applications martiales sur Youtube, de Bruce Frantzis, que j'ai découvert en lisant un de ses livres sur le Qi gong.
Il y a quelque chose de très japonais dans l'aikido, mais en meme temps qui transcende tous ces aspects...enfin c'est mon ressenti.
Ce qui est dommage, c'est que dans les arts martiaux vietnamiens, et je pense c'est pareil pour les chinois, l'aspect interne est déconnecté de l'externe. Ou souvent l'interne est présenté comme un truc ésotérique.
J'avais essayé le Dacheng chuan, u dérivé du Xing Yi chuan, ou Yi chuan, et on y pratique l'arbre.
L'arbre est une posture universelle, a partir de laquelle on bouge et revient, qui sert pour bien des Qi gong.
Je pense que tous les pratiquants de wu shu anciens, pratiquaient autant interne qu'externe, et l'arbre est un bon lien entre zazen assis et pratique en mouvement, pour affiner ses perceptions, travailler a l'intérieur.
En Dacheng Chuan, on considère qu'apprendre des techniques est trop compliqué pour le cerveau si un combat réel a lieu : on se concentre sur l'attention, la posture, les appuis enracinés, et un état de non pensée pour une réaction instinctive, non calculée, car c'est plus rapide pour réagir.
Mais j'ai arrèté car le gars qui enseignait avec des rétractions tendineuses aux petits doigts type Dupuytren, je le soupçonne d'avoir eu une pratique trop statique et bloquée, pas assez de mouvement dans l'immobilité.
L'énergie mal gérée peut causer de graves dommages.
C'est une logique énergétique qui fait que les pratiquants chinois vieillissant, faisaient des styles internes et cessaient les styles externes.
Mais l'aikido me semble assez vaste pour nourrir des tempéraments différents, plus extravertis ou plus introvertis.