Yudo, maître zen a écrit:Il ne s'agit même pas de "déstructurer son ego". Il s'agit juste de prendre conscience du fait qu'il n'existe qu'en fonction de son contexte. Donc, qu'il existe réellement dans ce contexte, mais qu'il n'a aucune existence qui lui soit propre, qui ferait qu'il puisse exister en dehors de ce contexte. Autrement dit, que c'est une construction. Lorsqu'on le réalise, cette construction ne cesse pas d'exister: elle cesse juste d'être prise pour ce qu'elle n'est pas.
Justement, c'est ce contexte qui peut être envisagé comme destructuration de l'égo.
Et le contexte peut être défini de manières infinies, au point de dire qu'il est le vol des hirondelles à la tombée de la nuit ou au point même de pouvoir le nommer -non contexte-. Deshimaru lui, parlait d'égo cosmique.
Ta destructuration à toi de l'égo surgit de la négation de celui-ci en tant que ce qu'il n'est pas et dont tu détermines les modalités, de là provient ta réalisation, de la provient ton dépassement de l'égo, c'est à dire des limites que tu lui octroies et qui te font sentir un dépassement au travers de leur négation.
Je sais quel est ton point de vue à ce sujet, tu me corrigeras si je me trompe. Tu as dit souvent qu'il fallait se rendre compte de l'aspect essentiellement pratique de la désignation d'un individu par le JE, TU, IL, ou de plusieurs individus, NOUS, VOUS, ILS, mais que cette désignation n'est pas, comment dirais-je : le SOI, notre véritable nature. Si ceci est réalisation, c'est dans la mesure où nous pouvons ressentir une porte s'ouvrir, une sensation de libération. Alors, soit on dit que cette sensation est une tentative de s'échapper dans les paradis artificiels, et dans ce cas, on laissera tomber toute sorte de tentative de créer les conditions pour ce faire et par la, même l'idée que nous ne sommes pas ces pronoms personnels, soit on va vers la sensation, vers le fait d'éprouver le monde, d'ouvrir des portes, de se perdre, de se retrouver, bref d'investiguer le champs conscient, et alors, on pourra éprouver ce que tu dis et poursuivre notre chemin investigatif, qui bien sûr ne pourra pas se contenter d'une seule porte ouverte.
Personnellement, pour l'instant du moins, je sens le besoin de grandir au travers de ces sensations, et je ne vois aucune raison de les crucifier, ne serait-ce qu'en les nommant "paradis artificiels. D'ailleurs, il me semble bien que les maîtres zen ne se sont pas privés sur ce terrain là. Certes aller faire la vaisselle après avoir mangé est important, mais ce n'est en rien contradictoire avec ce genre d'excursions. Et s'il s'agit d'avoir un égo bien structuré comme dit Kaïkan très justement, je pense que ce serait nier, en tous les cas pour certains d'entre nous plus cérébraux peut-être que d'autres, leur nature investigative que de cantonner le monde au travers du refus de voir cet aspect créatif de l'être qui une fois assumé, peut être d'une grande richesse au point de vue de notre autonomie imaginative, poétique, et tutti quanti, tout en nous apportant l'équilibre de quelque chose d'assumé justement.
Sinon, effectivement, on peut aussi ne rien définir du tout, dans ce cas il n'y a ni égo, ni destructuration, ni contexte ni non contexte.