par Yudo, maître zen Jeu 7 Avr 2016 - 10:01
Je ne l'ai pas vu comme un discours nationaliste: il dit bien que je Japon est devenu une mauvaise terre, qu'on a beau y semer de bonnes graines, cela ne germe pas.
Non, je mets en parallèle avec ce que Ancestral a rapporté et qu'on peut lire dans le compte rendu d'une sesshin qu'on peut trouver sur le site de Coupey. En gros, il se heurte au discours de l'AZI qui endoctrine les esprits en leur faisant accroire que tout ce qui se fait en France chez eux est largement mieux qu'ailleurs. Cela génère nécessairement une arrogance supplémentaire dont les Français n'ont pas besoin.
Dans ce compte-rendu, un participant va jusqu'à lui reprocher de ne pas faire de kusen ni de donner le kyosaku. En plus, le discours subliminal qui consiste à laisser entendre que Deshimaru est le SEUL véritable successeur de Sawaki ne peut pas ne pas se manifester, ici. Les Anglais ayant, d'emblée, une autre attitude que les Français, on peut comprendre ce qu'il en dit.
Cela dit, Mike Luetchford m'a fait savoir que le deshimarisme fait quand même quelques dégâts, même là-bas. Quand il était revenu du Japon, il était allé pratiquer au dojo AZI de Bristol. Il avait demandé la permission d'y enseigner le SBGZ. Mais rapidement, cela a généré un malaise qui a conduit les dirigeants du dojo à lui demander de cesser de le faire. Malaise sans doute comparable à celui du dirigeant du dojo de Moulins par rapport à lausm.
Quant à "l'arrogance française", je me souviendrai toujours de ce qui m'était arrivé un soir de 1970. J'étais étudiant au Conservatoire, et je travaillais le soir au Grand Théâtre de Québec. Un soir, après mon service, rentrant chez moi, je m'arrête dans une sandwicherie pour voir un ami qui y travaillait. Un type, Français de France (comme on dit là-bas) était en train de lui prendre le chou sévère, et j'ai attendu en écoutant ce qu'il dégoisait. A un moment donné, il a dit un truc qui n'allait pas et je suis intervenu pour lui dire que là, je n'étais pas d'accord. Il se retourne violemment vers moi et me hurle: "Mais qui t'es toi? Pose moi n'importe quelle question en histoire, en français, en géographie et je t'écrase!" Le pauvre: il ne savait pas à qui il s'adressait! Je ne ferai pas la liste des sommités intellectuelles que comptent les deux branches de ma famille, mais il se trouve qu'élève des Jésuites, je n'étais pas mal armé devant un rigolo pareil! Je me suis donc contenté d'éclater de rire, ce qui l'a fait décamper en fureur.
Pendant longtemps, (jusqu'aux années '80, en fait), le Québec était aussi un endroit qui permettait à certaines personnes de se sentir "supérieures"...