Le zen Sōtō et les expériences psychiques.
Ce sujet va pouvoir clarifier l'attitude du zen Sōtō par rapport aux expériences des pratiquants.
Il est certain que la méditation assise de l'école Sōtō qui est dans sa forme traditionnelle perpétuée dans les temples et les dojos, consiste à rester immobile bien droit sur un coussin adapté à chaque personne, en respirant calmement, concentré sur la posture, au-delà de toute agitation mentale. Cependant cela ne signifie pas qu'il ne se passe rien dans l'esprit des pratiquants. Non seulement de nombreuses pensées peuvent surgir, parfois du subconscient, mais il peut aussi se produire des visions et toutes sortes d'expériences psychiques comme on peut aussi en trouver dans la pratique du raja yoga qui en a dressé des listes que l'on peut trouver dans les bibliothèques spécialisées.
D'une fa%on générale, dans le zen Sōtō, on dissuade les pratiquants de s'attacher à ces événements en leur préconisant de prendre cela comme des nuages dans le ciel. Cela vient cela passe, c'est sans importance.
Il y a de nombreuses raisons qui justifient cette attitude, je vais en citer quelques-unes :
- C'est se différencier des autres
- C'est développer de l'orgueil et de l'arrogance
- C'est entretenir du narcissisme
- C'est créer un complexe de supériorité
- C'est rechercher les honneurs dus à un résultat
- C'est croire qu'il y a un but à atteindre et prétendre s'en approcher
- C'est induire les autres en erreur
- C'est se bloquer sur le passé
- C'est se saisir et ne pas laisser passer
- C'est empêcher d'autres facultés de se développer
- C'est se coincer dans un angle mort
- C'est ne plus être dans la fluidité de l'esprit sans attachements.
- C'est s'aveugler dans l'égocentrisme
- C'est chercher un réconfort dans des illusions
1. Parler de ses expériences
2. S'attacher à ses expériences
Cette liste est loin d'être exhaustive mais elle explique la raison de l'attitude du zen Sōtō envers ceux qui reviennent, souvent de manière obsessionnelle, sur leur fameuse expérience qu'ils confondent avec le satori qui n'a rien à voir avec tout cela.
Donc pour le zen Sōtō, ces gens se fourvoient dans une direction erronée, et la réponse va dans le sens de couper cette corde à laquelle ils sont agrippés comme si leur vie en dépendait. Non seulement ils se trompent, mais ceux qui les encouragent ne les aident pas car ils les poussent dans le ravin de l'ignorance et des illusions.
Je rappellerais cette phrase très instructive : "Il est préférable d'éclairer ses illusions plutôt que de s'illusionner sur sa propre illumination."
La Voie du bouddhisme est difficile et jonchée d'embûches et d'obstacles de toute nature. Il est très important de prendre en considération les préceptes (kai en jap., sila en skt.) si on veut progresser vers la sagesse. Il faut faire des efforts, éviter les produits psychotropes (y compris alcool et tabac) afin de garder une vision correcte, et garder distances avec les "bons copains" qui peuvent vous entraîner sur les chemins des dérives négatives. L'important est de comprendre l’espérance extraordinaire de cette pratique qui permet un profond épanouissement dans la paix et l'harmonie.
L'important c'est avant tout de consacrer du temps pour zazen dans chaque jour de sa vie. De s'incliner avant de commencer et quand on a fini, d'abaisser le front pour qu'il touche le sol et reçoive humblement les forces telluriques. Une vie entière avec cette pratique, c'est ça l'expérience, c'est ça la réalisation, il n'y a pas autre chose, il n'y a pas de doute possible, il suffit de ne pas gâcher l'instant présent.