Zenoob a écrit:Je dois dire que je me pose des questions sur ce que présente Luc Dumas lorsqu'il dit qu'une vie, c'est une séquence cyclique d'événements qui bougent autour d'un point immobile. Son idée, c'est que pour qu'on puisse avoir une "vie", une histoire, il faut bien un point fixe qui puisse la raconter ; sinon, c'est impossible puisque nous serions confondus avec le cours du temps et que nous ne pourrions même pas envisager l'existence d'événements. Il y a donc pour lui un point atemporel, qui ne bouge pas, et qui peut observer les choses et la vie qui, elles, bougent - et le "salut" se trouve dans la réalisation et l'identification, non plus avec les événements de la vie, mais plutôt avec cet observateur immobile.
Il me semble, contrairement à ce qu'il dit (qui relève quand même du bon sens, et qui, quelque part, est très fidèle à notre expérience de tous les jours), que ce n'est pas compatible avec la vision bouddhiste des choses, dites moi si je me trompe. Chez les bouddhistes, il n'y pas de point immobile, pas d'observateur, pas d'observé. Chaque événement s'actualise à la fois lui même et actualise l'observateur. Tout apparaît ensemble à chaque instant, de façon non séparée, et il n'y a donc, quelque part, pas de temps non plus. Les souvenirs, comme le reste, ne sont pas en fait envisagés à partir d'un point immobile, mais apparaissent dans le même temps que celui qui se souvient.
C'est con, parce que j'aimais bien son idée, ça donnait un peu d'espoir !
Ah ah, on a toujours envie de protéger un zeste de reste de ce truc qui dit Je!
En fait, quant à parler de point immobile, ça me rappelle la première fois que j'ai entendu parler de position dharmique.
Ce serait pour moi comme une espèce de définition instantanée de toutes les causes et conditions qui font que ce qu'on expérimente ici et maintenant est tel que c'est.
Genre, je vois un surfeur sur la vague....en fait il va très vite, doit s'adapter en permanence à la déferlante, selon d'où vient le courant et où il va.
Mais quand on le regarde, il semble immobile sur sa planche, car il est dans un état d'équilibre qui consiste à un ajustement permanent aux conditions dynamiques qui le conditionnent, afin de ne pas tomber. Et pour ne pas tomber il doit ni anticiper, ni résister. Bref, être avec ce qui est au présent.