Je vous partage un échange d'emails avec Gérard Purec, de la Nichiren Shoshu française (ecolefuji@free.fr).
Ce n'est pas pour dénoncer ce Monsieur, mais plutôt la position de Nichiren à l'encontre du monde bouddhiste !
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Bonjour,
Comme vous le savez, Nichiren Daishônin n'est pas tendre avec les écoles du Zen (avec aucune autre aussi, d'ailleurs).
La raison est que selon la classification chronologique, méthodologique et dogmatique des enseignements du Bouddha faite par Zhiyi (Tendai) connue sous le nom des "cinq périodes et huit enseignements", adoptée par Nichiren, il s'avère que dans le Sutra des Sens infinis, introducteur du Sutra du Lotus,Shakyamuni déclare : "jusqu'à présent, pendant plus de quarante ans, je n'ai pas encore révélé la vérité". Puis, dans le chapitre des Moyens, 2ème du Sutra du Lotus, il dit ; "rejetez honnêtement les moyens, car je vais à présent enseigner la voie sans supérieure".
Le véritable enseignement du Bouddha se situe donc dans le Sutra du Lotus et plus particulièrement dans le 16ème chapitre "Longévité de l'Ainsi-venant". L'utilisation des sutras antérieurs va donc à l'encontre de ce que le Bouddha a enseigné.
C'est pourquoi, Nichiren est sévère avec les autres écoles.
Sur mon site, vous trouverez sa critique du Zen dans sa Lettre à Renjô.
En espérant poursuivre notre échange, je vous souhaite une bonne journée.
Cordialement
Gérard Purec
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Bonjour.
Je vous remercie pour votre commentaire érudit, et le document qui l'est tout autant et vers lequel vous me renvoyez.
Malheureusement il n'est lisible que sur le site, on ne peut pas l'imprimer ? Le Dharma n'est-il pas pour tous ?
Vous essayez de me montrer une certaine vérité, que les Japonais, comme l'AZI, ne divulguent évidemment pas. Néanmoins c'est une position extrême, que les Tibétains par exemple, rejetteront en disant qu'il existe des niveaux de pratiques et que chacun est valable, et surtout, adapté à chacun.
L'on sait très bien que le Bouddha, comme d'autres fondateurs de religion, n'a jamais rien écrit - tout l'a été par ses disciples, proches ou lointain. Comment dès lors croire plus au Sutra du Lotus qu'en un autre ?
Bien à vous,
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Cher Monsieur,
Si vous le souhaitez, je peux vous envoyer la version imprimable.
L'erreur des Tibétains (et des autres écoles également) est d'omettre un élément essentiel qui est "le temps".
Dans le Sutra du grand rassemblement, le Bouddha Shakyamuni à prédit cinq périodes de 500 ans après son trépas. Il définit la cinquième et dernière période comme étant la Fin de son dharma. En effet, la prédisposition des gens étant si faible, que l'ère sera en proie au conflit et luttes incessantes et son enseignement, de ses propres dires) n'aura plus la capacité à sauver quiconque.
Cette période est la nôtre. Autrement dit, aucun sutra du Bouddha, ni même le Sutra du Lotus ne permet le salut. Ce dernier est pourtant le seul permettant l'éveil. Aucun autre sutra n'enseigne l'éveil dès ce corps des femmes, ni des mauvais hommes, ni des deux véhicules.
Mais si le Sutra du Lotus permet l'éveil, c'est pour les êtres des deux millénaires après l'extinction du Bouddha. Dans ce même Sutra du Lotus, Shakyamuni prédit l'avènement du Bouddha qui propagera l'essence du Sutra du Lotus, qui n'apparaît pas au niveau du texte littéral, mais au profond des phrases. Conformément à la prédiction du Bouddha, Nichiren est né dans la période dite de la Fin du dharma et a propagé l'essence du Sutra du Lotus, finalité de tout l'enseignement du Bouddhisme qu'est Nam Myôhôrengekyô, matérialisé sous la forme du Mandala Honzon, l'éveil de tous les Bouddhas.
Donc, contrairement à ce que disent les Tibétains, il n'y a pas plusieurs niveaux d'enseignements ou de pratique. Penser qu'un maître peut donner un enseignement ou une pratique différents adaptés à tel ou tel individu, relève de l'orgueil, car aucun maître n'a accédé à la sagesse permettant de le faire. Eux comme nous sommes des êtres ordinaires à l'état brut. Nichiren lui-même ne prétend pas avoir inventé quelque chose. Il se fie uniquement aux enseignements du Bouddha.
Shakyamuni n'a effectivement rien écrit. Mais après sa mort, quatre conciles eurent lieu pour compiler sous forme écrite ses enseignements.
Le premier concile eut lieu, selon les textes de toutes les écoles bouddhistes, peu de temps après la mort de Shakyamuni, soit autour de 400 ans avant notre ère. Il se déroula sous l’égide du roi Ajatashatru (Ajase) dans la grotte de Pippala, située près de la ville de Rajgriha (aujourd’hui Rajgir), capitale du royaume de Magada. Le concile fut dirigé par Mahakasyapa, premier successeur de Shakyamuni. L’objectif était de préserver les paroles de ce dernier, ainsi que les commandements et règles monastiques pour la postérité. Ananda, cousin de Shakyamuni et l’un des dix disciples majeurs, considéré comme celui ayant « le plus largement écouté » l’enseignement, récita la corbeille des sutras. La corbeille des commandements fut récitée par Upali, considéré comme celui des dix disciples majeurs qui « respectait le plus les commandements ». Enfin, Mahakasyapa lui-même, le « meilleur en pratiques ascétiques » récita la corbeille des commentaires. Cinq cents autres disciples participèrent au concile.
Les trois autres conciles eurent lieu à cent ans d’intervalle et consistèrent à parfaire les trois corbeilles.
En ce qui concerne l’expression « ainsi l’ai-je entendu », qui commence tous les sutras, Zhiyi, indique dans ses Mots et phrases du Lotus :
« "Ainsi" désigne la substance de l’enseignement entendu. "Ai-je entendu" désigne celui qui garde [l’enseignement] ».
Autrement dit, du point de vue historique, Ananda est celui qui a entendu et gardé les sutras de Shakyamuni. Il les a récités sans y introduire la moindre conception ou commentaire personnel.
L'organisation chronologique des sutras par Zhiyi a été faite en fonction du contenu des sutras.
En tant que bouddhiste, j'ai foi dans les enseignements du Bouddha car il ne peut dire que la vérité. J'ai également foi en la mémoire d'Ananda. C'est pourquoi j'ai foi dans les enseignements de Nichiren Daishônin.
Je reste à votre écoute
Gérard Purec