par Kaïkan Mer 12 Oct 2011 - 15:45
"La réalité du karma" nous apparait à travers la souffrance.
- Nous souffrons à cause de nos propres comportements mentaux, pensées, paroles, actions, comportements passés ou actuels. Ce n’est pas seulement le karma passé mais aussi nos illusions actuelles qui font notre souffrance.
Les causes karmiques du passé ne sont qu’une des causalités qui, d’ailleurs généralement, déterminent plutôt les conditions de la renaissance. Cela ne veut pas dire que le karma va entièrement déterminer tous nos comportements présents. Sinon il n’y aurait aucun sens à ce que Bouddha ait enseigné une Voie de libération. Si la souffrance était une fatalité irrémédiable, on ne pourrait pas s’en sortir. Au contraire, le Bouddha pensait que l’être humain a, au fond de lui, une liberté fondamentale qui permet, dans la mesure de la prise de conscience de la causalité de nos souffrances, de transformer sa manière d’être, de vivre et donc de remédier à sa souffrance. Si nos souffrances nous venaient d’un monde extérieur, d’un "vilain génie" ou d’une déité maléfique, il n’y aurait pas tellement d’espoir. Par contre, si on réalise que c’est à cause de notre comportement, de la façon dont on a vécu dans le passé et jusqu’à maintenant alors là, tous les espoirs de changement sont permis par la prise de conscience de l’erreur.
Bouddha insistait sur l’erreur mais ne parlait pas de culpabilité. Le bouddhisme n’est pas une religion de culpabilité. C’est une religion de sagesse. L’opposé de la sagesse, c’est l’illusion ou l’erreur, ce n’est pas la faute, c’est différent. Le karma n’est pas une notion comme le péché avec une faute et une punition, une sanction, un genre de tribunal où un dieu condamne au moment du jugement dernier.
C’est une théorie plus scientifique et objective : toute cause a des effets. Si on n’adopte pas cette vision de la causalité, on se trouve dans une situation bien pire mentalement. Si on croit que ce qui nous arrive n’a aucune cause alors, on est face à l’absurde, aucune maîtrise possible, tout est incohérent, c’est le chaos. Si on pense que la cause vient de l’extérieur, des autres, d’un dieu, d’une déité ou d’un démon, il n’y a pas moyen de s’en sortir et on peut devenir à moitié paranoïaque, se sentant persécuté. Soit on est désespéré par l’absurde soit par l’impuissance et l’injustice. Au contraire, le Bouddha nous met face à notre responsabilité et à notre capacité de reprendre le cours de notre vie en main et de le changer. Les souffrances sont comme les symptômes d’une maladie. Le Bouddha avait une optique non pas de juge mais de médecin. On l’a souvent appelé le « grand médecin ». La douleur est un symptôme, en prendre conscience permet de se libérer des causes de ses souffrances.
Pour les erreurs du passé qui ont donné des fruits, il faut parfois patienter afin que certains aspects de notre vie déterminés par ces causes anciennes, ne produisent plus d’effets. Quand il y a un orage, on peut invectiver le ciel mais il faut attendre que les nuages aient fini de vider leur eau pour que la pluie cesse et que le soleil revienne. Il faut laisser passer. Néanmoins, le Bouddha disait qu’il y a des moyens d’abréger les effets des erreurs passées. Par exemple en pratiquant la cause inverse de la cause dont on souffre. Quelqu’un qui souffre de grande misère matérielle, (généralement c’est l’effet d’un karma de grande avarice) peut alléger sa misère actuelle en pratiquant la charité, la générosité, en donnant de l’aide, du service, de l’amour. Quelqu’un qui souffre physiquement (selon la théorie du karma, cette personne en a fait souffrir d’autres) prendra soin des autres. Il s’agit de travailler sur la polarité inverse.
Le message du Bouddha est un message de responsabilité. Ce n’est pas du fatalisme mais au contraire de l’espoir réaliste. Rien n’arrive par hasard. Notre vie n’est pas absurde, on peut influer sur son cours dès l’instant où l’on en prend conscience. La meilleure manière de sortir de l’enchaînement causal du karma, c’est l’éveil, c’est la prise de conscience.