Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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Sylvie
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    GENJÔ-KÔAN

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    Message par Kaïkan Dim 30 Jan 2011 - 17:31

    Traduction du moine Soto : Kaï-Kan Taï shin depuis le texte de :Yûhô Yokoi
    Professor of english Aichigakuin University.


                           GENJÔ-KÔAN
                         
       La manifestation non dissimulée du Kôan.

    Introduction. : Le Genjô-Kôan fut écrit par Dogen en automne 1233
                                Le texte traite de 4 questions.

    1. Le domaine de l`illumination au-delà de toute dualité.
    2. L`identité de la pratique et de l`illumination (shu sho ichy nyo).
    3. L`identité de soi-même et des autres.
    4. L`identité de la croissance et du déclin.

    Soto-zen  privilégie avant tout za-zen, car le Kôan se manifeste de lui-même en za-zen ou à travers les actions quotidiennes du pratiquant.
    Par conséquent Dogen dit :<< Si nous trouvons cette voie et atteignons ce lieu, nos actions quotidiennes sont semblables au Kòan.
    Et donc le Kòan manifesté n`est pas une vérité abstraite mais les actions vivantes d`un bouddhiste. Ceci explique la sentence : le bouddhisme Zen est la religion de nos actes quotidiens. >>  

    TEXTE

                          Quand toutes choses sont la Loi, existent les illusions et le Satori, pratique,naissance et mort, ou Bouddhas et autres êtres. Quand toutes choses sont sans substance, il n`y a ni illusion ni Satori, ni Bouddhas ou autres êtres, ni croissance ni déclin. La Voie est originellement au-delà des vues dualistes telles que : beaucoup ou peu, plus ou moins. Il y a par conséquent en synthèse croissance et déclin, illusion et Satori, Bouddhas et les autres êtres. Mais les fleurs fanent et tombent malgré notre amour pour elles ; et les mauvaises herbes poussent bien que nous les détestions. En pratiquant et réalisant toutes choses, pour le soi d`aller vers les phénomènes est illusion, pour tous les phénomènes d`aller vers le soi est Satori. Ce sont les Bouddhas qui peuvent voir l`illusion comme telle. Ce sont les autres êtres qui sont fortement attachés au Satori. De plus, il y a ceux qui réalisent le Satori au-delà du Satori, et ceux qui sont aveuglés (trompés) ä l`intérieur de leurs illusions.
    Quand des Bouddhas sont vraiment Bouddhas ils ne savent pas qu`ils sont Bouddhas. Par conséquent ce sont des bouddhas éclairés se perfectionnant sans cesse (dans le quotidien).
    - Quand nous voyons ou entendons les phénomènes extérieurs avec tout notre corps esprit, nous en arrivons à les voir comme nôtres. Mais ce n`est pas comme un reflet dans un miroir, ni comme le reflet de la lune dans l`eau.
    - Quand nous arrivons à voir un côté l`autre est caché.
    - Etudier la voie c`est s`étudier soi-même .Etudier le soi c`est s`oublier soi-même .Oublier le soi c`est être éclairé par toutes choses. D`être éclairé par tous les phénomènes c`est rejeter les barrières entre soi et les autres. A ce moment il n`y a plus de trace de Satori bien que celui-ci continue sans fin, sans limites.
    - La première fois que nous cherchons la Loi (Dharma) nous sommes loin de sa frontière ; mais sitôt que la Loi nous a été correctement transmise, nous sommes des personnes éclairées.

    -    Quand nous retournons notre vision sur la rive depuis notre bateau, nous ressentons de façon erronée que la rive est en mouvement. Mais quand nous regardons notre bateau attentivement, nous comprenons que c`est notre embarcation qui est en mouvement. De la même façon, quand on voit toutes choses avec la trompeuse conception que notre corps et esprit sont séparés l`un de l`autre nous pensons à tort que pensée et nature intérieure sont éternels. Mais quand nous réalisons la vérité bouddhiste (que corps et esprit sont inséparables) à travers tous les actes quotidiens, nous voyons clairement que tous les phénomènes sont sans substance.

    - Un feu de bois en se consumant devient cendres ; les cendres ne retournent jamais à l`état de feu de bois. Tout de même, nous ne devrions pas regarder le feu de bois comme un avant et la cendre comme un après. Nous devons réaliser que le feu de bois  est dans la position du feu de bois avec ou sans avant ou après. La cendre est dans la position de cendre avec ou sans avant et après. Nous ne pouvons pas plus revenir en vie après notre mort que le feu de bois ne peut redevenir feu de bois à nouveau  après être devenu cendres. En Bouddhisme par conséquent il est dit que : La vie ne devient jamais la mort.
    La vie est au-delà de la conception de la vie, que la mort ne devient pas la vie. La mort est au-delà de la conception de la mort. Vie et mort sont tous deux seulement une étape de temps juste comme hiver et printemps. De la même façon nous ne devons pas penser que l`hiver devient le printemps, ou dire que le printemps devient l`été.

    -   Quand nous atteignons l`illumination (Satori), c`est exactement comme la lune se reflétant dans l`eau. (A ce moment) la lune ne devient pas mouillée ni l`eau agitée. La lumière de la lune, aussi vaste soit-elle, se reflète sur une petite quantité d`eau. La lune entière et le vaste ciel se reflètent tous deux même dans une goutte de rosée sur l`herbe ou toute autre goutte d`eau. (Dans ce cas) Comme la lune n`agite jamais l`eau, de même le Satori ne détruit jamais l`homme. Comme la goutte de rosée ne gêne jamais (le reflet de) la lune, de même l`homme n`entrave jamais le Satori.  Le plus fort la lune se reflète dans  l`eau, le plus haut est la lune. Nous devrions réaliser que la longueur et le manque de temps sont en unité avec le beaucoup et le peu d`eau, ainsi que le lointain et le proche de la lune.¬¬

    -    Tant que notre corps et esprit ne sont pas emplis par la Loi, nous pensons que nous en
         avons eu assez. Au contraire, même quand notre corps et esprit sont emplis, nous
         pensons qu`il manque quelque chose. Par exemple, quand nous regardons autour de notre
         bateau l`océan sans limites, nous ne voyons rien que la forme circulaire de l`océan. Mais  
         ce grand océan n`est ni circulaire ni carré. Ses autres formes et mouvements sont innom-
         brables. C`est comme un Palace pour les poissons. C`est comme un collier pour les êtres
         célestes. Seulement, aussi loin que le regard puisse porter, cela apparaît temporairement
         circulaire.C`est aussi le cas avec toutes choses. Tous les phénomènes, matériels ou imma-
         tériels, ont des aspects divers, mais nous ne pouvons les voir et les réaliser seulement à
         travers la compréhension pratique. En étudiant l`essence de toutes choses, nous devrions
         réaliser que à côté des formes circulaires ou carrées il y a beaucoup d`autres aspects et
         mouvements de l`océan ou des montagnes et que nous avons des mondes dans les quatre
         directions. Nous devons réaliser que c`est ainsi non seulement autour de nous mais aussi
         ici même, ou même dans une goutte d`eau…


     GENJÔ-KÔAN 450px-10


        SHIKI SO KU ZE KU    -       KU SO KU ZE SHIKI



    Aussi loin que le poisson nage dans l’eau, il n’y a pas de fin à l’eau. Aussi loin que les oiseaux volent dans le ciel, il n’y a pas de fin au ciel. Mais aucun d’eux n’a jamais quitté l’eau ou le ciel. Quand leur besoin est grand, il y a grande activité ; quand leur besoin est faible, il y a peu d’activité. De cette façon ils ne manquent jamais d’exprimer leur pleine habileté en chaque chose et emploient leur libre activité en tous lieux. Mais aussitôt qu’un oiseau quitte le ciel il meurt. C’est aussi le cas quand un poisson quitte l’eau. Nous pouvons réaliser que l’eau est vie pour le poisson ; le ciel est vie pour l’oiseau ; l’oiseau est vie pour le ciel ; le poisson est vie pour l’eau ; vie est un oiseau ; ou que vie est le poisson. A propos de cela il peut y avoir beaucoup d’autres expressions. Dans le monde humain il y a pratique et Satori ou vie longue ou courte. C’est aussi l’état réel des choses. Néanmoins, si un oiseau ou un poisson essaie de traverser le ciel ou l’eau après l’avoir complètement connu, il ne trouvera aucun chemin où aller, ou aucun lieu à atteindre.

    Si nous trouvons cette voie ou atteignons ce lieu, nos actions quotidiennes sont semblables au kôan ; parce que cette voie et ce lieu ne sont ni grands ni petits, ni à soi ni aux autres, jamais n’existent depuis le début, ne se manifestent jamais dans le présent, mais existent telles qu’elles sont. Donc, en pratiquant et réalisant la Voie, quand nous obtenons une chose nous la maîtrisons ; quand nous voyons une action nous la faisons. Ici est le lieu et le chemin de l’accomplissement. A ce moment on ne peut les connaître clairement, parce que notre connaissance surgit simultanément avec la réalisation de la Voie.

    Nous ne devons pas penser que cette réalisation nous est compréhensible. Bien sûr cela peut apparaître ainsi, mais notre propre réalité inhérente ne va pas toujours apparaître. En ce sens son apparence ne peut pas être complètement décrite comme telle.

    Le Maître zen Pao-Che du Mont Ma-Ku s’éventait, quand un moine vint et demanda : « La nature du vent est éternelle et pénètre partout. Pourquoi vous éventez-vous ? » Pao-Che dit : « Vous pouvez savoir que la nature du vent est éternelle, mais pas le fait qu’il pénètre partout. »
    Le moine dit : « Que signifie les derniers mots ? » Mais Pao-Che seulement s’éventa. Voyant cela le moine fit une inclinaison reconnaissante devant lui.
    Telle est la réalisation de la Loi par la pratique, sa transmission vivante. Si nous disons que nous ne devrions pas nous éventer parce que la nature du vent est éternelle ou que nous pouvons entendre le vent même quand nous ne nous éventons pas, nous ne connaissons ni l’éternité ni la nature du vent. La nature du vent est éternelle, aussi la manière de s’entraîner des pratiquants bouddhiste change la terre en or et transforme l’eau de la longue rivière en lait délicieux.




    Dernière édition par Kaïkan le Lun 12 Fév 2018 - 14:22, édité 3 fois
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    Message par Yudo, maître zen Dim 30 Jan 2011 - 20:01

    Finalement, je préfère très largement l'interprétation de mon maître, Nishijima rôshi, qui a eu l'avantage, non seulement de lire le texte original de Dôgen et d'y avoir consacré sa vie, mais de l'avoir, avant même d'en offrir la meilleure traduction en langue occidentale (l'anglais), traduit en japonais moderne.

    Cette interprétation a le mérite d'être bien plus claire, opérationnelle et dépourvue de vocabulaire esotérique que ce qui nous est proposé ici, bien qu'il faille malgré tout admettre que mieux vaut ça que rien.

    Voir

    Code:
    http://zenmontpellier.voila.net/fr/SBGZ/genjokoan.html
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    Message par Kaïkan Dim 30 Jan 2011 - 20:45

    Bonsoir Yudo,

    Je n'ai eu en main que la traduction très discutable de Yokoi, qui bien que professeur d'université, semble loin des subtilités des moines zen expérimentés.
    Néanmoins, en traduisant, j'ai essayé de mon mieux de rattraper certaines "dérives" ou ce qui m'a paru tel.
    Je dois avouer que M° Yuno Rech a approuvé mes diverses tentatives et m'a aidé à comprendre certaines "erreur" de Yokoi.

    Le Komyozo Zanmaï te plaira sans doute davantage.

    Quoi qu'il en soit je travaille sur tout le Shòbò-genzò.

    Merci pour toutes critiques, on ne progresse que dans l'effort de s'améliorer sans cesse.


    NB: J'ai téléchargé la version de Nishijima, je vais l'étudier en comparatif.
    Excellent exercice.
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    Message par Yudo, maître zen Dim 30 Jan 2011 - 22:19

    kaïkan a écrit:[color=indigo]Bonsoir Yudo,

    Je n'ai eu en main que la traduction très discutable de Yokoi, qui bien que professeur d'université, semble loin des subtilités des moines zen expérimentés.
    Néanmoins, en traduisant, j'ai essayé de mon mieux de rattraper certaines "dérives" ou ce qui m'a paru tel.
    Je dois avouer que M° Yuno Rech a approuvé mes diverses tentatives et m'a aidé à comprendre certaines "erreur" de Yokoi.
    Vous voulez sans doute parler de Yoko Orimo? Eric Rommeluère (qui lui aussi sait lire Dôgen dans le texte) me disait qu'elle rendait Dôgen encore plus obscur qu'il ne l'est déjà.

    Quoi qu'il en soit, je pense que si on n'applique pas à Dôgen (et d'ailleurs à tout le Bouddhisme) la grille de lecture rappelée par Nishijima rôshi, on passe à côté d'une grande partie du sens que veut nous signifier maître Dôgen. Grille dont Nishijima rôshi nous rappelle qu'elle fut celle de nombreux maîtres bouddhistes et en particulier japonais avant "l'Universitarisation" de l'enseignement du Bouddhisme au Japon.
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    Message par Kaïkan Lun 31 Jan 2011 - 20:49

    Vous voulez sans doute parler de Yoko Orimo?

    Il s'agit de Yûhô Yokoi
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    Message par Sylvie Sam 5 Fév 2011 - 11:08

    ...Le Maître zen Pao-Che du Mont Ma-Ku s’éventait, quand un moine vint et demanda : « La nature du vent est éternelle et pénètre partout. Pourquoi vous éventez-vous ? » Pao-Che dit : « Vous pouvez savoir que la nature du vent est éternelle, mais pas le fait qu’il pénètre partout. »
    Le moine dit : « Que signifie les derniers mots ? » Mais Pao-Che seulement s’éventa. Voyant cela le moine fit une inclinaison reconnaissante devant lui.
    Telle est la réalisation de la Loi par la pratique, sa transmission vivante. Si nous disons que nous ne devrions pas nous éventer parce que la nature du vent est éternelle ou que nous pouvons entendre le vent même quand nous ne nous éventons pas, nous ne connaissons ni l’éternité ni la nature du vent. La nature du vent est éternelle, aussi la manière de s’entraîner des pratiquants bouddhiste change la terre en or et transforme l’eau de la longue rivière en lait délicieux.
    ... Maître Ho-tetsu [22] du Mont Mayoku utilisait un éventail. A ce moment, un moine entra et lui demanda : "On dit que la nature de l'air est d'être toujours présent et qu'il n'y a pas d'endroit qu'il n'atteigne pas. Pourquoi donc le maître utilise-t-il un éventail?"

    Le maître répondit : "Tu ne connais que l'idée abstraite que la nature de l'air est d'être toujours présent, mais tu n'as pas compris le fait [23] qu'il n'y a aucun endroit que l'air ne puisse atteindre".

    Le moine dit : "Quel est le sens du principe [23] 'Il n'y a aucun endroit que l'air ne puisse atteindre'?"

    A ceci le maître ne fit que continuer de s'éventer.

    Le moine se prosterna [24] . La véritable expérience du dharma bouddhique, le comportement vivant [25] de la tradition bouddhique [26] est comme ceci. Quelqu'un qui dit que, parce que l'air est toujours présent, nous n'avons pas besoin d'utiliser un éventail, ou que même lorsque nous n'utilisons pas un éventail, nous pouvons encore sentir l'air, ne connaît pas la toujours-présence, et ne connaît pas la nature de l'air. Parce que la nature de l'air est d'être toujours présente, le comportement des bouddhistes fait la Terre se manifester comme ou, et mûrit la Voie Lactée en fromage délicieux .


    22. Successeur de Maître Baso Do-itsu (ch. Mazu Daoi).

    23. "Fait" et "principe" sont à l'origine le même mot dori.

    24. Shinji Shobogenzo.2° pt, no.23. Selon l'histoire rapportée dans le Shinji Shobogenzo, après les prosternations du moine, le maître dit, "Inutile maître de moines! SI tu avais mille étudiants, quel gain en tirerais-tu?"

    25. "Comportement" est à l'origine "air" (fu). Fu signifie "vent," "air" ou "atmosphère," et donc "style", "coûtumes," "façons" ou "comportement." Il sert souvent dans le Shobogenzo dans ce dernier sens, par exemple, para.[90] de ce chapitre dans la phrase banpo no ka-fu, "la manière dont sont naturellement les choses"

    26. Litt. "le chemin vigoureux authentiquement transmis."
    Pao-Che dit : « Vous pouvez savoir que la nature du vent est éternelle, mais pas le fait qu’il pénètre partout. »

    Le maître répondit : "Tu ne connais que l'idée abstraite que la nature de l'air est d'être toujours présent, mais tu n'as pas compris le fait [23] qu'il n'y a aucun endroit que l'air ne puisse atteindre".

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    Message par Fa Sam 5 Fév 2011 - 17:56

    - Quand nous voyons ou entendons les phénomènes extérieurs avec tout notre corps esprit (concentration) , nous en arrivons à les voir comme nôtres. Mais ce n`est pas comme un reflet dans un miroir, ni comme le reflet de la lune dans l`eau.
    - Quand nous arrivons à voir un côté l`autre (l'ego) est caché.
    - Etudier la voie c`est s`étudier soi-même .Etudier le soi c`est s`oublier soi-même .Oublier le soi c`est être éclairé par toutes choses. D`être éclairé par tous les phénomènes c`est rejeter les barrières entre soi et les autres. A ce moment il n`y a plus de trace de Satori bien que celui-ci continue sans fin, sans limites.

    Si l'ego s'efface, Dukkha s'efface, et la réalisation du Bouddha est effective.

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    Message par shikantaza Sam 5 Fév 2011 - 19:41

    Bonsoir Fa,

    Qui étudie? Qui s'oublie ? Qui est éclairé ?


    "Comment se fait-il que mon cœur
    demeure imprégné par les fleurs des cerisiers
    alors même que je pensais
    être de ceux
    qui ont renoncé à tout ? "

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    Message par tangolinos Sam 5 Fév 2011 - 20:21

    shikantaza a écrit:Bonsoir Fa,

    Qui étudie? Qui s'oublie ? Qui est éclairé ?


    "Comment se fait-il que mon cœur
    demeure imprégné par les fleurs des cerisiers
    alors même que je pensais
    être de ceux
    qui ont renoncé à tout ? "

    Saigyo
    Superbe !....perfection...rien à dire...et de ce rien, parfum de fleur....de cette fleur...un fruit...

    Il me semble bien, que ce parfum nous soit "autre", et, que si nous voulons voir le fruit, nous ne pouvons pas admettre, ni qu'il soit "autre", ni qu'il soit "notre"....
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    Message par Fa Dim 6 Fév 2011 - 18:38

    shikantaza a écrit:Bonsoir Fa,

    Qui étudie? Qui s'oublie ? Qui est éclairé ?


    "Comment se fait-il que mon cœur
    demeure imprégné par les fleurs des cerisiers
    alors même que je pensais
    être de ceux
    qui ont renoncé à tout ? "

    Saigyo

    Qui pense qu'il a renoncé à tout...?
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    Message par shikantaza Dim 6 Fév 2011 - 18:52

    Oui.

    Ainsi reste toujours un Qui, un Que, un... quelque chose.

    Alors se pencher sur la nature de cette entité ….

    Méditer juste sur cela. Qui suis-je ? Qui est-ce ?

    Ce centre de référence qui voit, qui sait sans preuves, qui expérimente,
    qui est capable de distinguer, qu'est-il ?
    Cette faculté particulière de conscience qu'est-elle ?

    Allons nous asseoir...
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    Message par tangolinos Lun 7 Fév 2011 - 13:11

    shikantaza a écrit:Oui.

    Ainsi reste toujours un Qui, un Que, un... quelque chose.

    Alors se pencher sur la nature de cette entité ….

    Méditer juste sur cela. Qui suis-je ? Qui est-ce ?

    Ce centre de référence qui voit, qui sait sans preuves, qui expérimente,
    qui est capable de distinguer, qu'est-il ?
    Cette faculté particulière de conscience qu'est-elle ?

    Allons nous asseoir...
    Une simple présence embaumée d'un parfum...
    Fa a écrit:Qui pense qu'il a renoncé à tout...?
    cette présence qui s'est à nouveau identifiée pour penser...et qui pensant se souvient du parfum...
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    GENJÔ-KÔAN Empty Genjo Koan, une interprétation moderne par un des plus anciens disciples de Nishijima

    Message par Yudo, maître zen Lun 27 Fév 2012 - 16:27

    Genjo-koan – L'Univers rendu réel

    Lorsqu'on considère le monde de façon subjective, on peut trouver des concepts comme être dans l'illusion ou être éveillé, on peut définir ce qu'est et ce que n'est pas la pratique bouddhique, on peut accorder de la valeur à la vie et à la mort, et on peut distinguer entre les bouddhas et les gens ordinaires. Mais quand on le considère objectivement, l'illusion et l'éveil sont introuvables (c-à-d., qu'ils ne sont que des concepts abstraits), les bouddhas et les gens ordinaires ont tous exactement la même apparence physique et la vie et la mort ne sont que des états de la matière. La vérité qu'a enseignée le Bouddha n'est pas contenue dans l'aire où nous analysons et discriminons, de sorte que la vie n'est que vivre et la mort n'est que mourir ; parfois nous sommes dans l'illusion et parfois nous y voyons clair, certains sont des bouddhas – éveillés à la réalité – et d'autres ne le sont pas. Et par-dessus tout cela, les choses sont juste comme elles sont, parfois comme nous le voulons et parfois pas.
    Se mettre en frais de ne faire qu'un avec la réalité est illusion. La réalité qui fait de nous une part d'elle-même est éveil. Ceux qui se rendent compte de ce qu'est être dans l'illusion sont appelés des bouddhas et ceux qui sont dans l'illusion sur ce qui est réel sont appelés des gens ordinaires. Certains voient de plus en plus clair ce qu'est la réalité. Certains s'enfoncent de plus en plus dans l'illusion. Il n'est pas nécessaire d'avoir conscience d'être un bouddha. Nous sommes encore des bouddhas et nous continuons à faire l'expérience de l'état de bouddha, que nous le sachions ou pas.
    Lorsque nous faisons l'expérience du monde devant nous de tout notre corps-et-esprit, notre expérience est directe ; elle n'est pas duelle, comme une image réfléchie dans un miroir, ou la lune réfléchie dans l'eau. Si nous n'en expérimentons qu'un côté, nous sommes incapables de remarquer l'autre côté.
    La vérité qu'enseignait le Bouddha est de trouver qui « Je » suis. Trouver qui « je » suis en réalité, c'est oublier « je ». Oublier « je », c'est ne faire qu'un avec tout ce dont je fais l'expérience. Ne faire qu'un avec tout par expérience, c'est laisser tomber mon corps et mon esprit, et laisser tomber le corps et l'esprit du monde. Cet état d'être ne contient pas de trace d'éveil et cet état sans trace est sans fin.
    Quand nous nous mettons pour la première fois en quête de ce qu'est la réalité, nous la recherchons ailleurs. Mais lorsqu'une personne qui fait l'expérience de la réalité nous enseigne à faire l'expérience de la réalité, cela est revenir à notre état naturel. Lorsqu'on voyage en bateau, si on considère la rive, on pourrait croire que celle-ci se déplace par rapport à nous. Mais si on garde les yeux fixés sur le bateau, on peut voir qu'en fait, c'est lui qui se déplace dans l'autre sens. De la même manière, lorsque nous tentons de comprendre le monde qui nous entoure à partir des postulats confus qui séparent le monde entre physique et mental, il nous est facile de croire que nous avons ce que nous appelons un esprit qui nous survivrait. Mais quand nous agissons, nous nous ramenons à cet endroit concret et il m'est alors évident que le monde ne tourne pas autour de moi. Le bois de chauffage devient cendre ; il ne peut pas redevenir bois de chauffage. Mais ceci ne veut pas dire que nous ne devions voir là qu'un processus dans lequel le bois de chauffage dans le passé devient cendre dans le futur. Rappelez-vous que le vrai bois de chauffage existe au présent. Il y avait du bois de chauffage et il y aura du bois de chauffage, mais le bois de chauffage passé et le bois de chauffage futur sont totalement différents du vrai bois de chauffage au présent. La vraie cendre existe elle-aussi seulement au présent, quoi que nous puissions nous rappeler de la cendre dans le passé et nous imaginer de la cendre dans l'avenir. De même que le bois de chauffage qui est devenu cendre ne peut pas redevenir bois de chauffage, lorsque les êtres humains meurent, ils ne peuvent revenir à la vie. C'est une tradition du Bouddhisme que de ne pas considérer la vie que comme un processus amenant à la mort. L'expression ni apparition renvoie à cette situation instantanée. Et le Bouddha nous a enseigné que lorsque nous mourons, nous ne revivons pas. L'expression ni disparition renvoie elle aussi au fait que la vie et la mort ont toutes deux lieu à l'instant présent. A partir de cette vue instantanée de l'Univers, on peut en dire autant de l'hiver et du printemps ; que l'hiver ne devient pas le printemps et que le printemps ne se transforme pas en été.
    Lorsqu'une personne prend conscience de ce qu'est la réalité, rien ne change ; c'est comme un reflet de la lune dans l'eau : la lune ne se mouille pas et l'eau n'est pas troublée. Même un petite goutte d'eau ou de rosée sur un brin d'herbe peut réfléchir l'entièreté de l'image de la lune. Réaliser la vérité ne fait pas un pli dans la personne, de même que la lune ne trouble pas la surface de l'eau. La personne non plus ne trouble pas l'état de réalisation, de même que la goutte de rosée ne trouble pas la lune dont elle reflète l'image. La réalisation peut être aussi profonde qu'est haute la lune. Combien de temps dure-t-elle ? Il nous faut explorer ceci dans de nombreuses situations concrètes différentes ; sur de grandes et petites étendues d'eau et à travers des cieux et des lunes petits et vastes.
    Lorsque nous sommes sûrs d'avoir compris la réalité, en fait nous en sommes bien loin. Lorsque nous faisons effectivement un avec la réalité, nous avons souvent l'impression que quelque chose manque. Par exemple, si on part en bateau loin de la terre ferme, lorsqu'on regarde autour de soi, l'océan nous donne l'impression d'être rond. Nous ne pouvons pas lui voir aucune autre forme. Mais l'océan n'est ni rond ni carré. Il a une inépuisable variété de caractéristiques et pour des espèces différentes, il doit présenter une image totalement différente. Mais à nos yeux, il a juste l'air rond, tout autour de nous. Il en va de même de toutes choses et phénomènes dans l'Univers. Il y a plusieurs façons de considérer les situations du point de vue d'une personne ordinaire, et du point de vue bouddhiste, mais nous ne voyons et comprenons qu'à partir de notre expérience. Si on veut savoir ce à quoi ressemble l'état des choses naturel sans interprétation, il faut se rappeler qu'elles ont d'infinies qualités à part d'avoir une forme particulière, eet que l'Univers s'étend dans toutes les directions. Et ceci est vrai non seulement des choses qui sont éloignées de nous, mais aussi d'une simple gouttelette et du présent ici et maintenant.
    Nos vies quotidiennes sont un continuum sans fin d'actions, mais nous n'agissons pas dans un vide ; notre action a toujours lieu dans un contexte. L'action ne peut pas avoir lieu sans contexte, parce que le contexte apparaît toujours avec l'action. Action-et-contexte ne font qu'un tout indivisible. Nos actions ont parfois une grande étendue, et parfois une étendue limitée. Mais dans l'action, nous sommes à la fois limités par la situation concrète, et libres à l'instant présent ; nous sommes simultanément à la fois liés et libres. Si nous devions tenter de quitter le contexte de notre action, nous ne pourrions pas continuer à exister ; le contexte dans lequel nous agissons (l'être objectif) est notre vie, et en même temps, nous-mêmes (l'être subjectif) sommes notre vie.
    Et nous pourrions aller plus loin dans notre description. Dans l'action, nous-mêmes et notre environnement ne faisons qu'un tout indivis de pratique-et-expérience. La vie est ainsi. Toute une vie est ainsi. Si nous voulions pleinement comprendre ce qu'est l'environnement avant d'agir, nous ne pourrions jamais agir, et nous ne pourrions jamais trouver notre chemin ou notre place. Mais en revenant à cet endroit, notre action rend l'Univers réel, et en trouvant ce chemin, notre action est toujours l'état du grand Univers rendu réel. Ce chemin et cette place ne peuvent se décrire en mots comme grand ou petit ; ils ne sont ni subjectifs ni objectifs, ils ne nous attendaient pas, et ils ne viennent pas d'apparaître ; ils ne sont que ce que nous avons devant nous ici et maintenant. Quand nous agissons, nous pénétrons ce que nous faisons, devenant complètement uns avec ; et l'accomplir une action de tout notre être, sincèrement, c'est rencontrer la réalité face à face. L'état réel de l'action est impossible à décrire complètement avec des mots, parce qu'une action se manifeste dans l'unité – unité du corps et de l'esprit, unité du sujet et de l'objet, et unité de l'acteur et de l'action. Par conséquent, même si l'action réelle a toujours lieu maintenant, il nous est impossible d'y réfléchir avant qu'elle n'ait eu lieu. Nous ne pouvons donc pas saisir avec notre esprit la totalité du mystère de l'existence. Le fait réel à l'instant présent n'a rien à voir avec une prise de conscience intellectuelle claire.

    Le maître zen Hôtetsu s'évente. Un moine de passage lui demande : « L'air est tout autour de nous et atteint toute chose, pourquoi donc vous éventer ? »
    Le maître répond : « Vous comprenez que l'air est quelque chose qui est partout, mais vous ne savez pas encore ce 'qu'atteindre toute chose' signifie réellement ».
    Le moine dit : « Qu'est-ce que ça veut dire, alors, de dire que l'air arrive partout ? »
    Le maître continue de s'éventer. Le moine se prosterne devant le maître.
    Etre réellement clair à propos du réel, chose que l'on apprend de quelqu'un qui est clair à propos du réel, est un état dynamique, pas intellectuel. Celui qui dit que nous n'avons pas besoin d'un éventail parce que l'air est partout, ou que nous pouvons sentir l'air même sans utiliser un éventail, ne comprend pas comment l'air se comporte réellement. Comme l'ai est partout de par sa nature, le comportement des bouddhistes fait du monde un endroit splendide.
    [Ecrit à la mi-automne de 1233 et présenté au disciple laïc Yo Koshu. Edité en 1252. Interprétation moderne complétée au dojo du Dogen Sangha Bristol en 2002]

    @Michael Eido Luetchford
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    Message par esprit du débutant Jeu 11 Avr 2013 - 17:38

    quand ce lieu intime
    que je pensais intérieur
    n'est plus ni dedans ni ailleurs,
    ni passé ni futur
    ne séparent alors nos cœurs
    Very Happy


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    Message par Invité Sam 6 Juin 2015 - 8:52

    Maître Dogen a écrit:Mais les fleurs fanent et tombent malgré notre amour pour elles ; et les mauvaises herbes poussent bien que nous les détestions.
    esprit de débutant a écrit:quand ce lieu intime
    que je pensais intérieur
    n'est plus ni dedans ni ailleurs,
    ni passé ni futur
    ne séparent alors nos cœurs
    et comme c'est la saison pour la bonne soupe aux têtes d'orties, une petite citation Smile

    "Qu'est-ce donc qu'une mauvaise herbe, sinon une plante dont on n'a pas encore découvert les vertus ?"
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    Message par Kaïkan Dim 7 Juin 2015 - 22:32

    fonzie a écrit:"Qu'est-ce donc qu'une mauvaise herbe, sinon une plante dont on n'a pas encore découvert les vertus ?"
    Ralph Waldo Emerson
    Pouce zen

    Ça fait plaisir ce genre de citation
    D'après Wikipédia Ralph Waldo Emerson est un essayiste, philosophe, poète américain et chef de file du mouvement transcendantaliste américain du début du XIXᵉ siècle.

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