Trancher ou ne pas trancher (le karma) ?Dans le Bouddhisme, « On n'est pas puni pour ce que nous faisons, mais par ce que nous faisons ».
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Sylvie
Yudo, maître zen
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Mythologie de la Guerre des Etoiles: déconstruire Dark Vador
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(suite du texte de Paul-F MacDonald)
Retapé par des machines, Vador endure une épouvantable résurrection aux mains de Palpatine. Maintenant enfermé dans un habit noir menaçant, il est littéralement devenu l'ego blindé fictif, la persona terrible, qu'il avait auparavant adoptée. Emprisonné dans cette auto-fabrication, il est protégé par ses systèmes de soutien de la vie, mais également mis au tombeau par elles.
Le souffle est d'une grande importance dans la philosophie et la pratique bouddhiques, car il est notre unité la plus fondamentale avec le reste de la vie. Lorsque nous inspirons de l'oxygène et expirons du dioxyde de carbone, nous nous engageons dans une réciprocité avec le monde organique, une sorte de donner et recevoir qui forme le plus simple des cercles symbiotiques. Que la respiration de Vador soit mécanique et artificielle démontre à quel point il est devenu corrompu et déconnecté.
C'est ainsi que commence son exil intérieur, extrait qu'il est de sa nature originelle. Jeune homme, son domicile avait été partout là où était sa mère, et plus tard, partout là où était son épouse. Celles-ci toutes deux mortes, Vador est sans domicile fixe, au propre et au figuré, passant des décennies sur des destroyers stellaires qui errent dans l'espace, imposant la loi impériale aux citoyens de la galaxie.
Dans son premier livre, The Spirit of Zen (L'Esprit du Zen), Alan Watts décrit ce qu'est devenu Vador et pourquoi il l'est devenu, avec une précision presque inquiétante:
Dark Vador est la parfaite métaphore visuelle du « soi » dans la « forteresse ».
Et pourtant, lorsqu'il transforme ce « soi » en forteresse, il en paie un prix énorme. Cela va au delà de ne jamais pouvoir voir le monde de ses propres yeux, de l'entendre de ses propres oreilles et de le toucher de sa propre peau. C'est un emmurement hors de lui, un refus d'être à nouveau blessé, qui résulte en une déconnexion totale d'avec la vie, la lumière et l'amour.
On attache souvent beaucoup d'importance au fait d'affronter les faits tangibles, et, alors qu'il parcourt la galaxie dans sa coquille blindée, étouffant les officiers rebelles pendant le règne de terreur de l'Empire, Dark Vador pourrait être décrit comme le fait tangible suprême. Cette attitude endurcie peut fonctionner, mais chaque augmentation dans la dureté s'accompagne d'une perte conséquente de sensibilité. Celle-ci nous ouvre certes à la douleur, mais aussi à l'expérience en général. Aussi protégé qu'il soit dans son armure noire, il serait impossible pour Vador de profiter d'un simple baiser de Padmé ou de ressentir la chaleur du soleil ou la douceur de la brise au Pays des Lacs sur Naboo. Jeune homme, il se régalait de ce vert monde « doux » et « tendre », son dialogue guindé étant néanmoins révélateur et ironique.
Le sage taoïste Lao Tseu résume ce paradoxe éloquemment, lorsqu'il dit : « A leur naissance, les gens sont souples et tendres. A leur mort, ils sont durs et raides. La souplesse et la tendresse sont donc les caractéristiques de la vie. La rigidité et la dureté celles de la mort. »
La mort est bien ce que donne Vador, même à ses propres subordonnés. Pour lui, les officiers impériaux ne sont que des rouages d'une machine qu'est l'Empire. S'il en est qui fonctionnent mal, on les enlève et les remplace, tout comme une pièce cassée. L'ironie voulant qu'il s'en défasse souvent en les étouffant grâce à la Force, comme si son karma le condamnait continuellement à rejouer la fin de Padmé. De la même façon, on pourrait soutenir que lorsqu'il congèle Han Solo dans la carbonite, à la Cité des Nuages, il refait encore ce qu'il s'est fait à lui-même.
Après tout, jusqu'à ce qu'il comprenne que Luke Skywalker est son fils, Vador est spirituellement et émotionnellement congelé, lui aussi. Quand Luke détruit l'Etoile de la Mort, il est obsédé par l'idée de le retrouver, sans doute anxieux de le transformer en une autre de ses possessions. Il y a de nombreux parallèles ici qui montrent que Vader est toujours lié par les chaînes karmiques qu'il s'est lui-même forgées. Il torture Han Solo et Leia Organa, envoyant ainsi à travers la Force des frémissements dans les attaches sentimentales de Luke. Il renouvelle aussi à son fils l'offre de renverser l'Empereur et de gouverner avec lui la galaxie.
Le Soi dans la forteresse
Retapé par des machines, Vador endure une épouvantable résurrection aux mains de Palpatine. Maintenant enfermé dans un habit noir menaçant, il est littéralement devenu l'ego blindé fictif, la persona terrible, qu'il avait auparavant adoptée. Emprisonné dans cette auto-fabrication, il est protégé par ses systèmes de soutien de la vie, mais également mis au tombeau par elles.
Le souffle est d'une grande importance dans la philosophie et la pratique bouddhiques, car il est notre unité la plus fondamentale avec le reste de la vie. Lorsque nous inspirons de l'oxygène et expirons du dioxyde de carbone, nous nous engageons dans une réciprocité avec le monde organique, une sorte de donner et recevoir qui forme le plus simple des cercles symbiotiques. Que la respiration de Vador soit mécanique et artificielle démontre à quel point il est devenu corrompu et déconnecté.
C'est ainsi que commence son exil intérieur, extrait qu'il est de sa nature originelle. Jeune homme, son domicile avait été partout là où était sa mère, et plus tard, partout là où était son épouse. Celles-ci toutes deux mortes, Vador est sans domicile fixe, au propre et au figuré, passant des décennies sur des destroyers stellaires qui errent dans l'espace, imposant la loi impériale aux citoyens de la galaxie.
Dans son premier livre, The Spirit of Zen (L'Esprit du Zen), Alan Watts décrit ce qu'est devenu Vador et pourquoi il l'est devenu, avec une précision presque inquiétante:
En bref, la doctrine [du Bouddha] est que l'homme souffre à cause de son avidité à posséder et à garder à jamais des choses qui sont par essence impermanentes. Au premier rang de ces choses il y a sa propre personne, car c'est là son moyen de s'isoler du reste de la vie, sa forteresse où il peut se retirer et grâce à laquelle il peut s'affirmer contre les forces extérieures. Il croit que cette position fortifiée et isolée est la meilleure façon d'arriver au bonheur ; elle lui permet de combattre le changement, de s'efforcer de garder pour lui les choses agréables, de se préserver de la souffrance et de former les circonstances à sa guise.
Dark Vador est la parfaite métaphore visuelle du « soi » dans la « forteresse ».
Et pourtant, lorsqu'il transforme ce « soi » en forteresse, il en paie un prix énorme. Cela va au delà de ne jamais pouvoir voir le monde de ses propres yeux, de l'entendre de ses propres oreilles et de le toucher de sa propre peau. C'est un emmurement hors de lui, un refus d'être à nouveau blessé, qui résulte en une déconnexion totale d'avec la vie, la lumière et l'amour.
On attache souvent beaucoup d'importance au fait d'affronter les faits tangibles, et, alors qu'il parcourt la galaxie dans sa coquille blindée, étouffant les officiers rebelles pendant le règne de terreur de l'Empire, Dark Vador pourrait être décrit comme le fait tangible suprême. Cette attitude endurcie peut fonctionner, mais chaque augmentation dans la dureté s'accompagne d'une perte conséquente de sensibilité. Celle-ci nous ouvre certes à la douleur, mais aussi à l'expérience en général. Aussi protégé qu'il soit dans son armure noire, il serait impossible pour Vador de profiter d'un simple baiser de Padmé ou de ressentir la chaleur du soleil ou la douceur de la brise au Pays des Lacs sur Naboo. Jeune homme, il se régalait de ce vert monde « doux » et « tendre », son dialogue guindé étant néanmoins révélateur et ironique.
Le sage taoïste Lao Tseu résume ce paradoxe éloquemment, lorsqu'il dit : « A leur naissance, les gens sont souples et tendres. A leur mort, ils sont durs et raides. La souplesse et la tendresse sont donc les caractéristiques de la vie. La rigidité et la dureté celles de la mort. »
La mort est bien ce que donne Vador, même à ses propres subordonnés. Pour lui, les officiers impériaux ne sont que des rouages d'une machine qu'est l'Empire. S'il en est qui fonctionnent mal, on les enlève et les remplace, tout comme une pièce cassée. L'ironie voulant qu'il s'en défasse souvent en les étouffant grâce à la Force, comme si son karma le condamnait continuellement à rejouer la fin de Padmé. De la même façon, on pourrait soutenir que lorsqu'il congèle Han Solo dans la carbonite, à la Cité des Nuages, il refait encore ce qu'il s'est fait à lui-même.
Après tout, jusqu'à ce qu'il comprenne que Luke Skywalker est son fils, Vador est spirituellement et émotionnellement congelé, lui aussi. Quand Luke détruit l'Etoile de la Mort, il est obsédé par l'idée de le retrouver, sans doute anxieux de le transformer en une autre de ses possessions. Il y a de nombreux parallèles ici qui montrent que Vader est toujours lié par les chaînes karmiques qu'il s'est lui-même forgées. Il torture Han Solo et Leia Organa, envoyant ainsi à travers la Force des frémissements dans les attaches sentimentales de Luke. Il renouvelle aussi à son fils l'offre de renverser l'Empereur et de gouverner avec lui la galaxie.
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Humeur : Colérique, lourd, égoïste, antipathique.Ou sympa, équanime, altruiste et sympathique. C selon
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(suite du texte de Paul-F MacDonald)
Lâcher prise
Après leur premier duel au sabre laser, Luke aussi est meurtri et brisé. Lorsque Yoda lui apprend que Vador est son père, il fait rapidement écho à la dernière intuition de Padmé – qu'il « reste du bon en lui ». Armé de cette confiance, il se laisser capturer sur Endor. Lorsque Luke affronte Vador, il dit au Seigneur noir qu'il a accepté le fait que Dark Vador avait jadis été Anakin Skywalker, son père. Lorsque Vador rejette le nom, Luke lui dit : « C'est là le nom de votre être véritable. C'est juste que vous l'avez oublié ». Cet « être véritable » dont il parle n'est pas l'ego, évidemment, mais bien la conscience éveillée de bouddha dans laquelle tout un chacun est né dès l'origine.
Alors même que Vador le présente à l'Empereur comme un trophée prêt à la conversion, Luke ne perd toujours pas espoir, sentant le « bien » en lui, le « conflit ». L'importance du karuna, ou compassion, est au centre de l'intuition bouddhique qui veut que toute vie soit interconnectée et interdépendante. Dans Puissance du Mythe, Joseph Campbell traduit compassion par « souffrir avec », citant le bodhisattva comme étant celui qui atteint l'éveil, mais revient quand même dans le monde de la souffrance pour sauver tous les êtres.
Très semblable en cela à un bodhisattva, Luke comprend en quelque sorte que, même si son père est une entité mauvaise qui doit être détruite, il est aussi une personne qui souffre terriblement et qui a besoin de compassion. Grâce à son expérience dans la caverne sur Dagobah, il comprend aussi que son père est, à un certain niveau, lui-même. Campbell indique que la thématique mythique de « l'expiation avec le père » [atonement with the father] signifie aussi « ne faire qu'un avec le père » [at-one-ment with the father]. Au contraire de son père, cependant, Luke est si ouvert à la vie qu'il se rend compte qu'il doit aussi accepter la possibilité de la mort. Ce n'est qu'en s'abandonnant aux attaques vicelardes des éclairs de l'Empereur qu'il trouve justement la faille dans l'armure de son père depuis si longtemps perdu.
En ouvrant enfin son coeur à quelqu'un d'autre, et en faisant sienne sa douleur, Vador soulève spectaculairement l'Empereur en l'air et le jette avec force dans les profondeurs du conduit d'un réacteur (le meilleur moment de tous). Cette action est un exemple totalement concentré d'une méditation centrée sur un seul objet, une compréhension de ce qui doit être fait et le fait de le faire.
Comme le décrit Warner dans Sit Down and Shut Up, « Il n'est pas préoccupé d'un état d'éveil à venir. Il ne se préoccupe pas de redresser l'un quelconque des torts qu'il a pu commettre par le passé. Nous ne pouvons pas agir dans le passé ou dans l'avenir. Nous ne pouvons agir que juste maintenant ». Enfin libre du piège du passé et de ses tentatives de contrôler le futur, Vador s'ouvre à l'instant présent et débarrasse la galaxie de l'ego monstrueux qui voulait la gouverner à jamais.
Après quoi, même dans le hangar de l'Etoile de la Mort sous le feu de l'ennemi, tout ce dont Vador se préoccupe, c'est de voir son fils « de [ses] propres yeux ». Lorsque Luke proteste en disant qu'il va mourir sans le soutien de son masque et de son armure, il répond calmement : « Rien ne peut plus empêcher ceci, désormais ». Finalement, Anakin a fait la paix avec l'impermanence. Il se rend compte que, de même qu'on ne peut vraiment respirer qu'en lâchant prise de son souffle et en expirant, par opposition à le retenir, il ne peut revivre qu'en mourant.
Luke retire avec soin le masque d'Anakin, révélant un homme plus âgé, étonnamment frêle. Pâle comme la mort, Anakin réussit néanmoins à sourire doucement à son fils. Lorsque Luke lui dit qu'il doit sauver son père, Anakin lui assure que c'est déjà fait. Enfin libéré de sa coquille blindée, il abandonne son ego, laisse se coucher le soleil et meurt.
Son corps brûlé sur un bûcher funéraire, Anakin réapparait à Luke une dernière fois pendant la célébration sur Endor. N'étant plus emprisonné en tant que Vador, il est de nouveau un jeune chevalier Jedi. Quand on voit son apparition d'un bleu scintillant qui se tient aux côtés de Yoda et d'Obi-Wan, il est difficile de ne pas se remémorer les paroles éternelles de William Blake :
Lâcher prise
Après leur premier duel au sabre laser, Luke aussi est meurtri et brisé. Lorsque Yoda lui apprend que Vador est son père, il fait rapidement écho à la dernière intuition de Padmé – qu'il « reste du bon en lui ». Armé de cette confiance, il se laisser capturer sur Endor. Lorsque Luke affronte Vador, il dit au Seigneur noir qu'il a accepté le fait que Dark Vador avait jadis été Anakin Skywalker, son père. Lorsque Vador rejette le nom, Luke lui dit : « C'est là le nom de votre être véritable. C'est juste que vous l'avez oublié ». Cet « être véritable » dont il parle n'est pas l'ego, évidemment, mais bien la conscience éveillée de bouddha dans laquelle tout un chacun est né dès l'origine.
Alors même que Vador le présente à l'Empereur comme un trophée prêt à la conversion, Luke ne perd toujours pas espoir, sentant le « bien » en lui, le « conflit ». L'importance du karuna, ou compassion, est au centre de l'intuition bouddhique qui veut que toute vie soit interconnectée et interdépendante. Dans Puissance du Mythe, Joseph Campbell traduit compassion par « souffrir avec », citant le bodhisattva comme étant celui qui atteint l'éveil, mais revient quand même dans le monde de la souffrance pour sauver tous les êtres.
Très semblable en cela à un bodhisattva, Luke comprend en quelque sorte que, même si son père est une entité mauvaise qui doit être détruite, il est aussi une personne qui souffre terriblement et qui a besoin de compassion. Grâce à son expérience dans la caverne sur Dagobah, il comprend aussi que son père est, à un certain niveau, lui-même. Campbell indique que la thématique mythique de « l'expiation avec le père » [atonement with the father] signifie aussi « ne faire qu'un avec le père » [at-one-ment with the father]. Au contraire de son père, cependant, Luke est si ouvert à la vie qu'il se rend compte qu'il doit aussi accepter la possibilité de la mort. Ce n'est qu'en s'abandonnant aux attaques vicelardes des éclairs de l'Empereur qu'il trouve justement la faille dans l'armure de son père depuis si longtemps perdu.
En ouvrant enfin son coeur à quelqu'un d'autre, et en faisant sienne sa douleur, Vador soulève spectaculairement l'Empereur en l'air et le jette avec force dans les profondeurs du conduit d'un réacteur (le meilleur moment de tous). Cette action est un exemple totalement concentré d'une méditation centrée sur un seul objet, une compréhension de ce qui doit être fait et le fait de le faire.
Comme le décrit Warner dans Sit Down and Shut Up, « Il n'est pas préoccupé d'un état d'éveil à venir. Il ne se préoccupe pas de redresser l'un quelconque des torts qu'il a pu commettre par le passé. Nous ne pouvons pas agir dans le passé ou dans l'avenir. Nous ne pouvons agir que juste maintenant ». Enfin libre du piège du passé et de ses tentatives de contrôler le futur, Vador s'ouvre à l'instant présent et débarrasse la galaxie de l'ego monstrueux qui voulait la gouverner à jamais.
Après quoi, même dans le hangar de l'Etoile de la Mort sous le feu de l'ennemi, tout ce dont Vador se préoccupe, c'est de voir son fils « de [ses] propres yeux ». Lorsque Luke proteste en disant qu'il va mourir sans le soutien de son masque et de son armure, il répond calmement : « Rien ne peut plus empêcher ceci, désormais ». Finalement, Anakin a fait la paix avec l'impermanence. Il se rend compte que, de même qu'on ne peut vraiment respirer qu'en lâchant prise de son souffle et en expirant, par opposition à le retenir, il ne peut revivre qu'en mourant.
Luke retire avec soin le masque d'Anakin, révélant un homme plus âgé, étonnamment frêle. Pâle comme la mort, Anakin réussit néanmoins à sourire doucement à son fils. Lorsque Luke lui dit qu'il doit sauver son père, Anakin lui assure que c'est déjà fait. Enfin libéré de sa coquille blindée, il abandonne son ego, laisse se coucher le soleil et meurt.
Son corps brûlé sur un bûcher funéraire, Anakin réapparait à Luke une dernière fois pendant la célébration sur Endor. N'étant plus emprisonné en tant que Vador, il est de nouveau un jeune chevalier Jedi. Quand on voit son apparition d'un bleu scintillant qui se tient aux côtés de Yoda et d'Obi-Wan, il est difficile de ne pas se remémorer les paroles éternelles de William Blake :
Qui se lie à une joie
Détruit la vie ailée
Mais qui l'embrasse en plein vol
Vit dans l'aurore de l'éternité.
Détruit la vie ailée
Mais qui l'embrasse en plein vol
Vit dans l'aurore de l'éternité.
Invité- Invité
"Yudo, maître zen a écrit:(suite du texte de Paul-F MacDonald)
Lâcher prise
Après leur premier duel au sabre laser, Luke aussi est meurtri et brisé. Lorsque Yoda lui apprend que Vador est son père, il fait rapidement écho à la dernière intuition de Padmé – qu'il « reste du bon en lui ». Armé de cette confiance, il se laisser capturer sur Endor. Lorsque Luke affronte Vador, il dit au Seigneur noir qu'il a accepté le fait que Dark Vador avait jadis été Anakin Skywalker, son père. Lorsque Vador rejette le nom, Luke lui dit : « C'est là le nom de votre être véritable. C'est juste que vous l'avez oublié ». Cet « être véritable » dont il parle n'est pas l'ego, évidemment, mais bien la conscience éveillée de bouddha dans laquelle tout un chacun est né dès l'origine.
Alors même que Vador le présente à l'Empereur comme un trophée prêt à la conversion, Luke ne perd toujours pas espoir, sentant le « bien » en lui, le « conflit ». L'importance du karuna, ou compassion, est au centre de l'intuition bouddhique qui veut que toute vie soit interconnectée et interdépendante. Dans Puissance du Mythe, Joseph Campbell traduit compassion par « souffrir avec », citant le bodhisattva comme étant celui qui atteint l'éveil, mais revient quand même dans le monde de la souffrance pour sauver tous les êtres.
Très semblable en cela à un bodhisattva, Luke comprend en quelque sorte que, même si son père est une entité mauvaise qui doit être détruite, il est aussi une personne qui souffre terriblement et qui a besoin de compassion. Grâce à son expérience dans la caverne sur Dagobah, il comprend aussi que son père est, à un certain niveau, lui-même. Campbell indique que la thématique mythique de « l'expiation avec le père » [atonement with the father] signifie aussi « ne faire qu'un avec le père » [at-one-ment with the father]. Au contraire de son père, cependant, Luke est si ouvert à la vie qu'il se rend compte qu'il doit aussi accepter la possibilité de la mort. Ce n'est qu'en s'abandonnant aux attaques vicelardes des éclairs de l'Empereur qu'il trouve justement la faille dans l'armure de son père depuis si longtemps perdu.
En ouvrant enfin son coeur à quelqu'un d'autre, et en faisant sienne sa douleur, Vador soulève spectaculairement l'Empereur en l'air et le jette avec force dans les profondeurs du conduit d'un réacteur (le meilleur moment de tous). Cette action est un exemple totalement concentré d'une méditation centrée sur un seul objet, une compréhension de ce qui doit être fait et le fait de le faire.
Comme le décrit Warner dans Sit Down and Shut Up, « Il n'est pas préoccupé d'un état d'éveil à venir. Il ne se préoccupe pas de redresser l'un quelconque des torts qu'il a pu commettre par le passé. Nous ne pouvons pas agir dans le passé ou dans l'avenir. Nous ne pouvons agir que juste maintenant ». Enfin libre du piège du passé et de ses tentatives de contrôler le futur, Vador s'ouvre à l'instant présent et débarrasse la galaxie de l'ego monstrueux qui voulait la gouverner à jamais.
Après quoi, même dans le hangar de l'Etoile de la Mort sous le feu de l'ennemi, tout ce dont Vador se préoccupe, c'est de voir son fils « de [ses] propres yeux ». Lorsque Luke proteste en disant qu'il va mourir sans le soutien de son masque et de son armure, il répond calmement : « Rien ne peut plus empêcher ceci, désormais ». Finalement, Anakin a fait la paix avec l'impermanence. Il se rend compte que, de même qu'on ne peut vraiment respirer qu'en lâchant prise de son souffle et en expirant, par opposition à le retenir, il ne peut revivre qu'en mourant.
Luke retire avec soin le masque d'Anakin, révélant un homme plus âgé, étonnamment frêle. Pâle comme la mort, Anakin réussit néanmoins à sourire doucement à son fils. Lorsque Luke lui dit qu'il doit sauver son père, Anakin lui assure que c'est déjà fait. Enfin libéré de sa coquille blindée, il abandonne son ego, laisse se coucher le soleil et meurt.
Son corps brûlé sur un bûcher funéraire, Anakin réapparait à Luke une dernière fois pendant la célébration sur Endor. N'étant plus emprisonné en tant que Vador, il est de nouveau un jeune chevalier Jedi. Quand on voit son apparition d'un bleu scintillant qui se tient aux côtés de Yoda et d'Obi-Wan, il est difficile de ne pas se remémorer les paroles éternelles de William Blake :Qui se lie à une joie
Détruit la vie ailée
Mais qui l'embrasse en plein vol
Vit dans l'aurore de l'éternité.
Il apparut à Gautama que la prison dans laquelle il avait été enfermé pendant des milliers de vies s'était brusquement ouverte. L'ignorance en avait été le geolier. Son esprit avait été voilé par l'ignorance, de même que la lune et les étoiles sont cachées par les nuages d'orage. Obscurci par des vagues incessantes de pensées trompeuses, l'esprit avait à tord divisé la réalité en sujet et objet, soi et autrui, existence et non-existence, naissance et mort, et de ces distinctions étaint nées des vues erronées.
...
Une fois le geôlier éliminé, la prison disparaitrait pour ne plus jamais être reconstruite.
"
Thich Nhat Hanh
Kaïkan- Admin
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Date d'inscription : 19/11/2009
Thich Nhat Hanh
tangolinos- 無為 - mui -
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Humeur : quantique
Date d'inscription : 04/05/2010
kaïkan a écrit:Thich Nhat Hanh
Notre vraie nature ne peut pas se voir elle-même.
Par contre elle peut se reconnaître dans le "DING".
Quand plus rien ne vient troubler cette reconnaissance, l' univers entier vient s'y manifester.
Par contre elle peut se reconnaître dans le "DING".
Quand plus rien ne vient troubler cette reconnaissance, l' univers entier vient s'y manifester.
Yudo, maître zen- Admin
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Emploi/loisirs : Artisan/ Maître zen
Humeur : Colérique, lourd, égoïste, antipathique.Ou sympa, équanime, altruiste et sympathique. C selon
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Invité- Invité
Yudo, maître zen a écrit:
pour les observateurs le "mangeur de grenouilles" est devenu "pétoman"
Jabba the dégonflé !- Amateur
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Date d'inscription : 03/02/2009
Gardons la face devant le danger !fonzie a écrit:
pour les observateurs le "mangeur de grenouilles" est devenu "pétoman"
Sylvie- Amateur
- Nombre de messages : 332
Date d'inscription : 12/09/2010
c'est la saison du relooking...Jabba the dégonflé ! a écrit:Gardons la face devant le danger !
Sylvie- Amateur
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Date d'inscription : 12/09/2010
http://fr.wikipedia.org/wiki/Interf%C3%A9renceYudo, maître zen a écrit:...
Dans son classique The Way of Zen, Alan Watts définit le karma comme une sorte d'action qui requiert toujours plus d'action...L'homme tombe dans le karma lorsqu'il interfère avec le monde de telle sorte qu'il se trouve forcé de continuer à interférer, lorsque la solution d'un problème crée encore plus de problèmes à résoudre, lorsque le contrôle d'une chose entraîne le besoin d'en contrôler bien davantage. Le karma est donc le sort que tous ceux qui « tentent d'être Dieu ». Celui-là tend au monde un piège, dans lequel il finit par tomber lui-même.
En mécanique ondulatoire, on parle d'interférences lorsque deux ondes de même type se rencontrent et interagissent l'une avec l'autre. Ce phénomène apparaît souvent en optique avec les ondes lumineuses, mais il s'obtient également avec des ondes électromagnétiques d'autres longueurs d'onde, ou avec d'autres types d'ondes comme les ondes sonores.
Invité- Invité
le vrai gentil de l'histoire
m'enfin je suis qui?- Amateur
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Date d'inscription : 16/11/2010
Bonjour,
à 06:10
https://www.dailymotion.com/video/x16jpo_star-wars-order-66-rots-vo_extreme
ChewbaccaG-Ni a écrit:
le vrai gentil de l'histoire
à 06:10
https://www.dailymotion.com/video/x16jpo_star-wars-order-66-rots-vo_extreme