Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    La position du bouddhisme envers les grands problèmes éthiques

    Leela
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    La position du bouddhisme envers les grands problèmes éthiques Empty La position du bouddhisme envers les grands problèmes éthiques

    Message par Leela Mer 5 Oct 2011 - 8:16

    Il y quelques semaines, une réunion entre des bouddhistes actifs a eu lieu à Bruxelles. Des représentants du bouddhisme tibétain étaient majoritaire (ils organisaient cette réunion), mais il y avait aussi des représentants du zen soto, et même des non bouddhistes.
    Les sujets à discuter étaient:
    - l'euthanasie "médicale" et autre (suicide assisté, abréger les souffrances à la demande du malade en fin de vie)
    - l'avortement (notamment en cas de foetus risquant d'être fort handicapé)
    - la fécondation in vitro (que faire des embryons surnuméraires
    - le don d'organes
    - la limite entre "soins" et "acharnement thérapeutique"

    Une quarantaine de personnes ont donné leur opinion. La quasi-totalité avait une expérience de plusieurs années dans les soins palliatifs, ou dans leur métier (infirmière...).

    C'était vraiment passionnant, j'ai été émerveillée du réalisme pratique de ces gens, de leur humanité, qualité d'écoute des malades...

    Je vais essayer d'en faire un bref résumé.

    Le président de l'Union Bouddhiste Européenne était un des dirigeants du débat. Il a expliqué que les autorités européennes et locales étaient en demande fréquente pour connaître la position du bouddhisme par rapport à ces question. Cette journée a été organisée pour savoir ce que les gens "de terrain" en pensent, beaucoup étant des bouddhistes confirmés.
    J'ai été assez étonnée de cette "demande" dans des gouvernements censés être laïques...
    Mais j'ai aussi été rassurée quand il a posé les bases, fermement :
    - pas de dogmes
    - pas de réponses "toutes faites"
    - pas de jugement.
    Ouf.

    Voici des extraits du rapport de cette réunion, et donc une ébauche des réponses aux questions éventuelles quant à la "position du bouddhisme sur...". Les discussions continuent jusque décembre, où une récapitulation sera publiée.

    "L'intervenant" désigne ici la personne qui accompagne le malade, par exemple en soins palliatifs, ou la famille...

    La première partie de la journée a été consacrée à un débat en plénière qui a permis d’identifier et de lister les grandes valeurs soulignées par les enseignements du bouddha et sur lesquelles nous estimons pouvoir appuyer notre réflexion éthique et notre action en tant que bouddhistes.
    1. Le non dogmatisme: aucune règle n'est absolue, l'être humain est pleinement responsable et doit puiser les solutions aux problèmes et notamment aux dilemmes éthiques dans les ressources de sagesse et de compassion qu'il possède en lui-même. Il n’y a pas de recours à l’autorité ou à l’intervention d’un principe divin extérieur à nous-mêmes.
    2. L'interrelation qui entraine une autre vision sur la façon d'être, une autre relation aux êtres sensibles et au monde en général.
    3. La vision holistique et spécifique du bouddhisme sur la nature et les causes de la souffrance, et plus généralement les 4 nobles vérités. La part qu’occupe le travail sur soi et les effets incomparables de techniques telles que la méditation.
    4. non violence et respect : tant en pensée qu’en paroles et en action et donc, certainement pas d’acharnement thérapeutique
    5. compassion et empathie : on chemine au côté des autres
    6. altruisme : nous suivons la voie du bodhisattva
    7. patience, tolérance, sérénité: la souffrance n’a aucun rôle salvateur ou rédempteur. Mais si elle ne peut être évitée, nous tentons d’en retirer les enseignements sur la voie de la sagesse
    8. lâcher prise, non ego
    9. humilité, modestie, discrétion,
    10. ouverture et écoute, qualité d'être, présence en pleine conscience
    11. joie
    (...)
    Que l’on soit soignant, accompagnant ou proche, il est fondamental de respecter la volonté de la personne pour autant que celle-ci puisse s’exprimer avec toutes les garanties d’autonomie et de conscience.
    (...)
    Dans le processus qui lie l’intervenant et la personne qui demande l’intervention, chacun reste libre, responsable et respectueux. Nul ne peut porter de jugement sur la volonté du patient ou de la personne accompagnée, ni sur sa motivation.
    (...)
    La souffrance de la famille ne sera pas perdue de vue.
    Du point de vue bouddhiste, la vie vaut d’être vécue jusqu’au bout, et reste précieuse parce que le travail de l’esprit peut se faire jusqu’au dernier moment, voire au-delà, et que la vie humaine est précieuse lorsqu’elle s’examine à la lumière des lois karmiques. C’est néanmoins à la personne elle-même d’évaluer, d’apprécier ces opportunités sur base de son vécu subjectif, de sa réalité propre, et non à l’intervenant. Ce dernier ne peut qu’aider la personne à disposer de conditions optimales pour procéder à cette appréciation.
    (...)
    3. Don d’organes : la réflexion a abouti à une conclusion unanime : l’attitude du bodhisattva est celle du don et de la générosité.Sauver une vie est tout à fait souhaitable, même si il y a incertitude actuellement sur le moment précis où l’esprit se sépare du corps. Moyennant respect des garanties légales, il n’y a donc aucun obstacle ici.


    Avez vous des commentaires ? Plusieurs points peuvent être abordés:
    - trouvez vous que les "religions" doivent-être consultées pour des décisions politiques ?
    - que pensez vous des conclusions provisoires énoncées plus haut ?

    Et, une question que je me pose, connaissant mal le zen: la philosophie zen aborde-t-elle ces points délicats ?
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    Message par Invité Mer 5 Oct 2011 - 9:03

    Bonjour,

    Votre sujet est trés intéressant et votre petit compte rendu aussi. Toutefois c'est l'avis de cette réunion sur l'avortement et la conception invitro qui m'aurait davantage intéressé. Car si ce qui concerne l'euthanasie, les dons d'organes, et l'acharnement thérapeutique relèvent de la décision de la personne concernée (le malade ou le donneur), en ce qui concerne avortement et conception invitro on est là dans un domaine qui répond davantage, me semble-t-il, à une sorte de confort moderne qui je dirai dénature le mystère de la vie: exemple... on élimine une grossesse un peu génante pour sa carrière, on bricole un enfant dans un autre ventre que le sien, on fait un foetus pour en faire un médicament, etc etc...
    Et je m'interroge si une telle attitude de l'humanité par rapport à la vie dans son avènement ne nous conduit pas sur des terrains dangereux d'apprentis démiurges.

    C'est davantage sur ces questions que j'aurai aimé avoir l'avis de cette réunion... Mais bon bravo quand même pour votre petit rapport! Smile

    cordialement,
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    Message par Kaïkan Mer 5 Oct 2011 - 9:21

    Leela a écrit:Et, une question que je me pose, connaissant mal le zen: la philosophie zen aborde-t-elle ces points délicats ?

    D'abord merci pour ce compte-rendu et les nombreuses questions soulevées.

    La question finale est très intéressante.
    Pratiquant zazen quotidiennement depuis 1974 je peux dire cependant comme Leela : je connais mal le zen (et sa philosophie).
    Je crois néanmoins que l'attitude zen est d' aborder avec humilité tous les problèmes concernant la souffrance des êtres sensibles.
    Par conséquent tous ceux qui répondront sur ce fil représenteront une part de la philosophie zen qui est toujours en mouvement, toujours en train d'évoluer et de se reconstruire sans cesse...

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    Message par Leela Mer 5 Oct 2011 - 11:55

    Doubidou
    Ce colloque n'a duré qu'un jour, ce qui est évidemment insuffisant: ces points ont été abordés, mais rapidement parce que la réponse était la même
    - écouter avec compassion
    - chercher des solutions pour éviter une décision qu'on regretterait par la suite
    - aider l'entourage à se détacher, à ne pas influencer
    - ne pas décider à la place de la personne, ne pas influencer et surtout ne pas juger.

    Le bouddhisme n'a pas à prendre une position "officielle": c'est à chacun d'élever son niveau de conscience et diminuer les émotions perturbatrices pour "voir les choses comme elles sont".

    J'ai été heureuse de voir que la tendance était de refuser de prendre une position claire vis-à vis des autorités qui consultent l'Union Bouddhiste Européenne: le gouvernement d'un état laïc ne doit pas se laisser influencer par des idéologies, et les idéologies ne doivent pas essayer d'influencer les gouvernements.

    Je vous tiendrai au courant du développement de cette étude.
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    Message par tobeornottobe Mer 5 Oct 2011 - 21:35

    On est pas obligé de croire aux religions mais il est difficile de ne pas avoir un doute et dans le doute, celui qui a pour fonction de diriger un pays doit pratiquer pour connaître la vérité sur cette religion et ainsi exercer sa position avec tous les atouts permettant de donner un sens au résultat de chaque décision prise.

    De toute façon, ils seront toujours influencés, ils ne prennent pas de décisions sans les syndicats, les associations, les gens de métiers qui pourraient avoir des influences négatives au regard du fait que ce qu'ils croient connaître de leur métier n'est peut-être pas réaliste car n'oublions pas que l'humain aime le confort, l'ambition, etc (beaucoup en tout cas et les autres n'ont pas la même force de communication..)

    Namasté
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    Message par Invité Jeu 6 Oct 2011 - 10:40

    Bonjour Leela,

    ... trouvez vous que les "religions" doivent-être consultées pour des décisions politiques ?...
    Dans l'histoire passée ou contemporaine, on peut trouver multiples exemples d'injustices du seul fait de la confusion du religieux dans le politique, tout autant que de la négation du religieux dans le politique.
    Ceci dit, même sans consultation des religions, les "décisions politiques" sont les faits d'hommes politiques, croyants ou pas, appartenant à une religion ou pas, ce qui influence forcément leurs décisions. Et sans vouloir être trop cynique, nombre de décisions politiques, dépendent des finances ou des profits escomptés.
    La religion n'a pas vraiment de définition et dans le sens où elle "peut être comprise comme une manière de vivre et une recherche de réponses aux questions les plus profondes de l’humanité" (wiki), alors en ce sens, je ne vois pas trop de différences avec ce que devraient être des "décisions politiques".
    Si on cherchait la polémique, on pourrait dire dans le contexte des questions posées, que c'est plutôt la politique qui s’immisce dans les questions religieuses et non l'inverse, mais ce n'est pas ce qui importe.

    L'important sur ces questions est "l'éthique associée à la sagesse":
    (...) l'être humain est pleinement responsable et doit puiser les solutions aux problèmes et notamment aux dilemmes éthiques dans les ressources de sagesse et de compassion qu'il possède en lui-même. Il n’y a pas de recours à l’autorité ou à l’intervention d’un principe divin extérieur à nous-mêmes.(...)
    Il me semble que cette phrase résume bien, qu'il ne s'agit pas spécialement de questions religieuses ou de questions politiques, mais avant tout de questions d'êtres humains, de questions qui impliquent l'Humanité, dans tous les sens du terme.

    que pensez vous des conclusions provisoires énoncées plus haut ?
    Il n'y a que la pratique avec le temps qui puissent le dire.
    Mais si je peux dire ce que j'en pense, "ces conclusions provisoires" me semblent sages, parce qu'en étant larges, elles laissent la place à l'étude du cas par cas et à l'exception même dans le cadre de règles légales.
    Je suis complètement en accord avec le fait de laisser la personne choisir:
    C’est néanmoins à la personne elle-même d’évaluer, d’apprécier ces opportunités sur base de son vécu subjectif, de sa réalité propre, et non à l’intervenant. Ce dernier ne peut qu’aider la personne à disposer de conditions optimales pour procéder à cette appréciation.
    même si "l'intervenant" a aussi un "vécu subjectif". Et même si en matière d'influences, sa position peut être déterminante autant sur le choix du patient que de la famille qui souffrent. Mais, bon, j'imagine qu'on doit entendre cette phrase comme le fait que l'intervenant est plus objectif du fait de son expérience et que tout en étant proche des malades, il est extérieur à une situation dramatique, et qu'en ce sens, il est le plus apte à donner toutes les informations afin d'aider au choix.
    Il est vrai, que ce sont ceux qui sont sur le terrain, qui tous les jours font les gestes pour sauver des vies et sont confrontés à toutes sortes d'émotions et sentiments, qui sont encore peut-être les plus aptes à être consultés.

    J'ai été heureuse de voir que la tendance était de refuser de prendre une position claire vis-à vis des autorités...
    oui, des fois, vaut mieux être obscurs Wink

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    Message par Kaïkan Jeu 6 Oct 2011 - 17:08


    Acharnement thérapeutique, euthanasie ou soins palliatifs ?


    http://www.evolute.fr/relation-aide/acharnement-palliatifs



        Voyons comment les différentes religions voient le problème :


    La position du bouddhisme envers les grands problèmes éthiques Soinsreligions

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