La spiritualité a-t-elle une valeur ? En tant qu'athée, on pourrait s'attendre à ce que je réponde non ; mais, pour être honnête, il me faut admettre ma spiritualité. Certes, je ne parle pas d'une âme éthérée et fantômatique qui vivrait dans mon corps. Je n'ai aucune raison de croire que ce genre de chose existe. Je parle ici de l'essence de l'humanité. Nous n'avons pas beaucoup de mots pour en parler, du moins pour moi. C'est pourquoi j'utilise le mot esprit, de la même façon que j'utilise la phrase à vos souhaits. C'est rhétorique. Je ne puis le décrire que comme l'action ou la capacité à voir la beauté, à s'émerveiller, à être impressionné.
La religion et la foi de tous les groupes ne sert évidemment qu'à prostituer l'impression et le mystère que nous ressentons tous en tant qu'être humains ; elles embouteillent notre essence et tentent de mettre un couvercle sur l'émerveillement que nous ressentons naturellement. Elles échouent, évidemment. La religion pointe vers l'homme derrière le rideau dans sa tentative de répondre au mystère, alors qu'en réalité, il n'y a pas d'homme. Le mystère n'est que cela : un mystère.
Mais même si je ne crois pas au surnaturel, je tente d'être aussi honnête que possible avec moi-même, sur ma spiritualité.
Lors d'un voyage dans l'Ouest (des USA) il y a quelques mois, je me rappelle un instant, debout dans un champ, à regarder vers les Grands Tétons. Les Tétons dans le Wyoming sont ces montagnes massives, couronnées de glaciers qui se découpent dans le ciel. Je me rappelle m'êter dit : « Quelque chose de bien plus grand encore a dû causer ceci, je le sais ».
Je me rappelle aussi avoir dormi sous un ciel frais et clair près des dunes de sable bland d'un parc national. En regardant là-haut, tout ce que je pouvais voir n'était qu'un empilement d'étoiles. Plus que je n'ai jamais pu comprendre de leur existence. En les voyant toutes, immobiles et parfaites, et vastes au-delà de ma capacité à comprendre, je me suis senti inhabituellement humble. Et reconnaissant de juste être vivant.
Il y a des moments où je suis avec de bons amis, où c'est bon de juste respirer. Le goût du beurre au pommes frais sur un biscuit chaud est souvent plus que délicieux : pour moi, c'est une illumination. Et un doux baiser pour moi peut véritablement arrêter le temps et l'espace.
Parfois, je suis si submergé par la sensation d'être en vie que j'en pleure, ou j'en ris, ou j'en hurle, ou bien je me contente de respirer profondément.
Et non, je n'ai jamais une seule fois imaginé que cela soit surnaturel. Je comprends que cette chose qui est tellement plus grande que moi et qui a été la cause des Tétons a un nom : on appelle cela la tectonique des plaques.
Ce sentiment d'humilité n'est autre que de reconnaître la réalité de sa propre insignifiance par rapport à un Univers aussi massif. Et être reconnaissant de vivre n'a nul besoin d'une personne envers qui être reconnaissant.
Je reconnais qu'être heureux dans un environnement social confortable est un trait évolutionnaire de mon espèce. Que mon corps a naturellement envie de nourritures spécifiques pour des raisons nutritionnelles ou psychologiques. Et que l'intoxication de l'amour est vraisemblablement mu par le besoin de procréer.
Mais je ne fais qu'un avec l'Univers. Pas au plan métaphysique, mais physiquement. Je suis autant l'Univers qu'une supernova, fait des mêmes particules, gouverné par les mêmes forces. Je suis des gênes qui on muté au hasard avant d'être sélectionnés naturellement en fonction de leur aptitude à survivre.
Et j'adore le beurre aux pommes sur un biscuit. Je m'effondre de respect devant la magnificence de cet endroit. J'ai une envie dévorante d'amour et je respire mon appréciation de tout cela.
Il le faut, de toute mon essence, de tout mon esprit, parce que je pense que, dans tout l'Univers, il se pourrait que nous soyons les seules choses qui le puissent, et c'est sublime.
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