Réalité narrative

Bonjour,

Dans « une brève histoire de l’humanité » de Yuval Noah Harari, l’auteur explique que si l’homo sapiens en est arrivé à dominer sur toutes les autres espèces d’hommes, c’est parce qu’il était doté de la capacité d'inventer et de raconter des histoires. Autour de celle d’un dieu par exemple, chacun pouvait se sentir proche d’un congénère qui en était lui-même détenteur. Ainsi l’homo sapiens pouvait grâce à ce lien réunir un grand nombre d’individus, là où Néandertal ne pouvait que s’en tenir à un nombre de 150 correspondant au nombre de personnes liées les unes aux autres par des liens familiaux, amicaux et de voisinage. Grâce à sa capacité d’unir bon nombre d’individus autour de mythes et de légendes, sapiens était plus puissant.

Je dirais que dans notre société moderne, ce sont les médias qui jouent ce rôle. Ce sont eux qui racontent l’histoire selon laquelle Macron est président de la France, président et France étant tous deux des fictions.

PS Macron aussi est une fiction, mais bon, ce n'est pas ici le sujet.

Fred a écrit:Bonjour,
PS Macron aussi est une fiction, mais bon, ce n'est pas ici le sujet.

"Dont n'a pas parlé Lafontaine, mais bon, là n'est pas la question"

(citation d'une chanson québécoise des années "50.
https://www.youtube.com/watch?v=1FifYcT2zII

Salut !

On sait bien aujourd'hui que Néandertal avait aussi la capacité de raconter des histoires, une activité esthétique, une culture religieuse, etc. Ce n'est donc pas l'apanage de Sapiens !

Plutôt que "les médias", je pense que ce qui a remplacé la puissance divine, c'est "Le marché". C'est le nouveau grand dieu, qui pilote d'ailleurs les médias.

Super lecture à ce sujet : https://www.grasset.fr/des-marches-et-des-dieux-9782246861010

Il semblerait que d'un point de vue chimique, c'est peut etre celui dont le cerveau assimilait le mieux les drogues.

Il semblerait que l'assimilation de psychotropes ont favorisé l'inventivité des hommes des cavernes.

Or, que se passe t il quand quelqu'un prend une drogue? Il altère son lien corps-esprit. Ainsi donc, l'ame étant plus libre, elle retrouve des capacités oubliées, et est plus à meme de recevoir des idées venues de là haut. Saviez vous que le prix Nobel de chimie qui a découvert comment dupliquer l'ADN a fait sa découverte sous LSD?

La tradition kabbalistique semble reprendre cette idée d’une réalité déterminée, en l’occurrence pourrait-on dire, par le biais de l’emploi des outils narratifs permettant l’individuation, « en effet tous les éléments se réunissent dans la création d’Adam. Dieu réunit de partout la poussière à partir de laquelle Adam devait être fait, comme l’expriment des étymologies du mot Adam qui le comprennent en tant qu’abréviation de ses éléments ou des NOMS des quatre points cardinaux dont il est fait.»



"L'année est un model réduit de cycle cosmique."

J'ai pas compris.

Parmi les quatre saisons, "ne pas comprendre" correspond à l'hivers.

Pour toutes ces fictions qu'on nous déverse chaque jour à profusion à travers les médias, on pourrait se demander si la meilleure attitude ce ne serait pas justement de ne rien comprendre...   (volontairement)

zanshin a écrit:
Pour toutes ces fictions qu'on nous déverse chaque jour à profusion à travers les médias, on pourrait se demander si la meilleure attitude ce ne serait pas justement de ne rien comprendre...   (volontairement)

C'est ce que je fais...

Ce qui prouve bien qu’il est possible de se désolidariser de quantité d’histoires. Mais pour cela, il faut être capable peut-être de reconnaître ce moment de bascule où l’histoire cherche à se faire prégnante, souvent au dépend de l’individu qui à son insu en deviendra l’un des maillons actifs, incapable tel qu’il le serait pour le moment de reconnaître son choix d’y adhérer, choix qui de ce fait se situerait dans son inconscient.

D’une certaine manière, toute histoire veut être comprise, et toute histoire vise à être crue et même aimée (aimantation de la conscience).

Lorsque le roi demande à Bodhidharma qui il est, et que ce dernier lui répond « je ne sais pas », en réalité ce qu’il me semble vouloir démontrer, c’est son intention de ne pas adhérer au récit sensé vouloir le définir de quelque manière que ce soit.

Voilà pourquoi je disais que Macron est une fiction, ceci parce qu’il n’y-a de Macron que relativement à la question « qui es-tu ?» laquelle est cette forme d’appel visant à produire un récit, lequel sera nécessairement limitatif et conditionnant pour la conscience qui s'y identifiera, qui aimera cette histoire et qui y croira.

Enfin en attendant, il nous sucre quand même nos retraites, le chômage, signe des accords commerciaux insensés, et envoie les flics tabasser à tour de bras.

Vous connaissez sans doute la révélation que Sartre a eu dans un café lorsqu'il observait le garçon servir aux tables :

https://www.philomag.com/les-idees/exemples/jean-paul-sartre-et-le-garcon-de-cafe-5708

Disons pour te répondre Zenoob, que ce n'est pas parce que le garçon ne fait que jouer au serveur que les cafés ne sont pas servis.
Ce que je veux dire, c'est que l'adhésion à la narration produit des choses ô combien concrètes.

En zazen nous pouvons voir défiler quantité de rôles, mais nous n'en interpréterons pas un seul sur scène.

On pourrait dire de ce fait que zazen est spontanément en soi une forme d'extinction des -répercussions de la réalité narrative au sein de l'action-.

Fred a écrit:Parmi les quatre saisons, "ne pas comprendre" correspond à l'hivers.

Ca tombe bien, j'habite sous les tropiques, j'ai rien à craindre!!

Dans le livre 'l'énergie de la sagesse", écrit par 2 Lamas, ils disent qu'en Occident, nous pourrissons nos enfants avec des histoires imaginaires. Je comprends pas pourquoi ils pensent ça.

En soi, jouer un role est une chose merveilleusement excitante et saine.

Notre monde, bien matériel, a pourtant tout un coté irréel, avec les choses qu'on nous raconte. Pour avoir les vraies infos, il faut lire les médias étrangers. (Chose que je ne fais pas... ici tout coute cher)

Disons que le rôle dont je parle ici est un rôle qui te colle tellement à la peau qu’il devient ta peau, ce qui signifie par là que tu es inconscient d’être en train de le jouer, que ce soit pour le meilleur comme pour le pire, effets sur lesquels tu n’as par là aucune prise. Tu n’as donc plus qu’à espérer que le rôle soit en ta faveur ce qui bien sûr n’est pas toujours le cas :

Moha ou avidyā : l'égarement ou ignorance ;
Rāga (pāli : taṇhā, lobha) : la soif, avidité, convoitise ;
Dveṣa (pāli : dosa) : l'aversion, haine ou colère.

...trois poisons (sandoku) qui se nourrissent de la réalité narrative.

La réalité narrative est aussi je pense un outil lorsqu'il en vient à se mettre chez les Bouddhas, à la disposition de Prajna, la sagesse transcendante chez eux éveillée.