Quand on est assis dans la posture correcte, la pratique essentielle est d'abord de "distinguer l'hôte du client". Dans le langage courant, un hôte est celui qui tient un hôtel. L'hôte ne bouge pas de l'hôtel. Il est le propriétaire. Le client, c'est celui qui arrive à l'hôtel pour y passer une nuit, parfois un peu plus, mais qui n'est pas destiné à y rester. Quand il s'en va, l'hôte ne le suit pas. Dans la pratique, l'hôte est "la véritable nature du Moi" (qui est immobile). Le client sont les pensées qui sont semblables à des poussières dans les rais du soleil, impermantes et mobiles. Apprendre à distinguer l'hôte du client consiste à rester attentif à ce qui se passe dans notre esprit durant zazen. Quand les pensées viennent, c'est comme un client qui arrive dans un hôtel. Quand elles repartent, l'hôte ne les suit pas (il n'est pas emporté par les pensées).
C'est peut être enfoncer des portes ouvertes que de discuter de ça, mais il me semble que, durant zazen, peu savent exactement comment orienter l'attention. Il ne s'agit pas d'être attentif avec sa pensée (je pense à ma respiration, à mon corps, à mon kôan...), car la pensée est le "client". Il s'agit de trouver l'hôte et de s'en emparer. Et ainsi l'attention est portée dans le bon sens. Ainsi, on devient le "maître". Maître Eckart (mystique chrétien) disait que "l'homme ne devrait pas se contenter d'un Dieu qu'il pense, car ce serait impossible à la pensée de le garder indéfiniment, mais d'un Dieu qu'il vit". Pour exemple, il fait le rapprochement avec l'amoureux qui, bien que sa pensée puisse être tournée vers différentes occupations, sa bien aimée est toujours dans son coeur et elle lui revient quand il cesse de penser à autre chose. Ou bien il évoque celui qui a soif et qui, bien qu'il puisse être occupé à autre chose, ne peut oublier sa soif.
Personnellement, je trouve cette pratique essentielle car elle permet d'appréhender les kôans avec le juste état d'esprit. Si on n'a pas de kôan, on peut alors, quand l'hôte est trouvé, s'appuyer ("le doute est la béquille du kôan") sur le "Qui ?" de qui perçoit les sons, les images, les pensées... De fait, quand on a mal aux jambes, par exemple, chercher "Qui" ressent la douleur devient un vrai problème pour le trouver. Et c'est un excellent moyen de comprendre "qu'il y a une douleur mais personne qui souffre". Essayez, si vous ne l'avez déjà fait.
Bon WE à tous.