Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Le Maître dans le Zen (sôtô)

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Jeu 14 Juil 2011 - 21:08



    Maku Mozo. Pas d'illusion

    Maku Mozo. Ne créez pas d'illusions. Ne vous faites pas d'illusions.
    En 766, le disciple Muju demande à Maître Muso :
    - Qu'est-ce que Maku Mozo ?
    - Commander toutes les femmes, c'est Maku Mozo.

    Cela signifie qu'il ne faut pas s'attacher aux femmes, à leur état de femme. " C'est une femme, je dois l'éviter ". Commander signifie observer.
    Avoir son propre chemin. Il faut savoir observer. Quand on regarde l'objet, la femme, quand on la sent, quand on entend sa voix (" Je vous aime "), quand on la ressent à travers les cinq sens, il ne faut ni la fuir, ni la poursuivre. Telle est la conclusion de Dõgen.

    Il faut observer, comprendre profondément. Quand on regarde l'objet, il ne faut ni l'éviter ni courir après lui, mais l'observer et le comprendre, sans s'y attacher. Que ce soit une femme ou du whisky ... Il faut avoir de la sagesse. Trop boire est mauvais. Aimer une femme mariée rend les choses compliquées. Il est important d'observer et de sublimer. Si quelqu'un est gentil avec moi, c'est qu'il a un but: il veut m'emporter de l'argent ou m'embrasser. Si quelqu'un m'aime, il ne faut ni se sauver, ni lui courir après. Comment faire ? Ne pas s'échapper, ne pas courir après, c'est l'observation, Kan. S'échapper, c'est l'Hinayana. Courir après, c'est être obsédé sexuel. Il faut revenir à la condition normale. Homme ou femme peu importe. Accepter les femmes ne veut pas dire faire l'amour avec elles.

    Alors Muju dit : " Le vrai satori, le vrai Zen, c'est entendre la voix sans la voix ".

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Invité Jeu 14 Juil 2011 - 22:36

    Bonsoir,

    Les femmes ouvrent leurs bras. Et on sait que les femmes ont plus besoin que les hommes, de parler. De parler profondément, de mettre des mots sur les émotions, les sentiments, un besoin impérieux de comprendre et d'être écoutée vraiment. Le silence de l'homme s'harmonise bien parfois... Et le silence de la solitude, se comprendre avec les silences est très apaisant. Ou comme le silence d'une feuille blanche accueille l'encre et la lumière...


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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Jeu 14 Juil 2011 - 23:51



        Bonsoir kay,La méditation, quelle que soit sa forme ou son origine, est un élan qui part des profondeurs de soi, pour mieux s'ouvrir vers le monde.Pour le Dalaï Lama, le but de la méditation est la maîtrise, la discipline et l’entraînement de l’esprit. Et, il affirme que pour progresser intérieurement, cet effort doit être quotidien et soutenu. Il ajoute également que la méditation sur le calme mental facilite la concentration et aide à comprendre que la nature des phénomènes est illusoire.«Se plonger dans le silence de la méditation, c’est comme s’immerger dans une eau claire et fraîche. On se débarrasse de la poussière et des souillures, on se lave de toute trivialité. Cette purification a lieu, qu’on en ait conscience ou non. Le choix même du silence, le désir de retrouver la sérénité, nous purifie des miasmes du quotidien», affirme Sœur Wendy.




    Quant à lui, Arnaud Desjardins nous invite à observer ce qu’on peut trouver dans la méditation :


    «Ce que vous pouvez chercher de plus haut, de plus parfait dans la méditation est déjà là; et vous l'êtes déjà. Vous cherchez à découvrir en vous cette Réalité qui échappe à la durée, au changement, qui est invulnérable, indestructible, qui est votre essence et votre nature réelle. Il y a en vous une telle Énergie, une telle ressource de Force. Votre faiblesse vient de ce que vous fonctionnez mal et que vous ne pouvez pas utiliser cette énergie. C'est un océan absolument calme, mais très profond. Si vous êtes dans ce Silence, vous le sentirez à la fois comme absolument paisible et comme un formidable réservoir de Force. C'est une immensité d'Énergie, de Puissance, sans comparaison avec tout ce que vous avez connu de vous-mêmes jusqu'à aujourd'hui. Il n'y a pas de différence fondamentale entre ce qu'on appelle méditation et le courant de l'existence. La véritable méditation est celle qui s'inscrit et se poursuit toute la journée pendant que vous êtes actifs».


    « Je me centre en moi, stable, serein, pour mieux m'épanouir et m'ouvrir vers autrui......
    Non pas pour établir avec l'autre un rapport de dépendance,
    mais pour lui permettre, à son tour de retrouver son centre,
    de s'y sentir bien, et de partager sans se disperser, son énergie vitale.
    Peu importe qui je suis en termes de culture, d'âge de religion ou de race,
    je rentre en contact avec le centre de mon être, siège de mes qualités uniques,
    de mes valeurs, mémoire de mon histoire,
    là où tout se fait et se défait au gré des transformations
    que suscite en moi la vie ».

    Osho

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Invité Ven 15 Juil 2011 - 9:20

    Bonjour Kaïkan,

    Oui, et par la méditation, c'est bien ainsi que je "purifie mon karma", véritablement. Il y a beau y avoir toutes sortes de difficultés, d'entraves et d'embûches, rien, ni quoique ce soit, ni personne, ne m'empêche d'être dans cette voie. D'être dans cette eau claire vers la lumière.
    Et c'est vrai que mon premier silence solitaire, indépendant, a été une page blanche. Je n'ai pas trouver de meilleur paix, de meilleure force que celles-là, ces deux choses.
    C'est certain que de cette manière tout s'harmonise, l'ouverture au monde et le bien-être avec les autres et les plus proches. Un partage, une offrande direct du coeur. Il n'est rien besoin d'autre que la simple présence, la chaleur, le silence, parfois. C'est ce qu'on retrouve dans la méditation.
    Pendant des années, c'est ce que je me suis tuée à dire, à faire comprendre, intuitivement, ce besoin. Cet essentiel, ce vital. Alors, à force d'incompréhension, j'ai marché seule... envers et contre tout. Maintenant, je marche simplement...

    Aussi, je ne vais pas raconter trop en détail, comment il y a un mois, j'ai vu un homme, un clochard déjà ivre-mort, se faire fracasser sous mes yeux, sur une place public, devant tous, dont une bande de caïds de rappeurs qui ne bougeait pas un poil, tout ça devant un manège pour enfant. Comment la stupeur, la colère, la souffrance sont montés en moi, en fléche, avant que ne s'échappe le cri rentré, comment j'aurai voulu me mettre en travers et que je n'ai pas pu, comment je serrai mon portable...
    Mais plutôt, avant-hier, lorsque je marchais dans une rue, je remarque ce qui brille, les choses insolites et j'ai trouvé une petite clé, une jolie petite clé argentée en pendentif. Je l'ai gardé dans ma poche...
    Je sais que du message initial sont faite toujours toutes sortes de différentes interprétations. Mais je ne dis que ce que je dis et il n'y a à entendre que ce qu'il y a à entendre, tout ce que le coeur reçoit et les yeux du coeur voit.

    Encore merci Kaïkan, d'offrir ces lectures, aussi je lis, Shunryu Suzuki...
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    Message par Invité Ven 15 Juil 2011 - 9:55


    "On peut se passer de religion
    mais pas d'amour ni de compassion."
    Dalai Lama





    Fais de ta plainte un chant d’amour pour ne plus savoir que tu souffres.

    Proverbe touareg






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    Message par Invité Ven 15 Juil 2011 - 14:52

    Bonjour Kaïkan,
    Kaïkan a écrit:(...)

    Do : la Voie, parfois la parole.
    Dans le Christianisme on dit: " Au commencement était le Verbe ".
    En Chine, on parle de la Voie; en sanscrit, du Dharma.
    Bodhidharma. Bodhi : satori.
    Dharma : Ho
    , l'ordre cosmique, la Loi universelle.
    oui, merci Kaïkan.
    J'ai pris du retard pour lire, mais je prends des notes.
    "Dharma" en sanskrit, c'est comme "Ho" en japonais ?
    et "Fa" en mandarin Very Happy (je rigole parce que c'est presqu'une orange: mandarin(e))

    Je précise parce que j'ai failli confondre le "Ho" en chinois Rolling Eyes
    http://www.fengshuitrad.com/pages/histoire/page1.htm
    le sage Fu Tsi, découvrit le Hetu ; pagua du ciel antérieur, symbolisant l'ordre cosmique ou l'univers parfait. On raconte, qu'en longeant le fleuve Ho, un cheval émergea de l'eau avec les signes du Hetu inscrit sur son dos.
    Yu, un autre roi-chamane, dévia, à l'aide de canaux et de pouvoirs magiques, les eaux de crue d'un fleuve qui allaient noyer les villages d'une tribu ainsi que tous ses habitants. C'est alors qu'il découvrit le Loshu, pagua du ciel postérieur : l'univers en perpétuel changement.
    L'histoire raconte, que c'est sur la carapace d'une tortue qu'il le vit inscrit.
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Sam 16 Juil 2011 - 16:24


    La voix sans voix : le Kusen


    Tout le monde n'écoute que la voix. Il faut entendre le tréfonds de la voix. Les voix changent tout le temps. Quand on l'entend, la voix s'est déjà évanouie, elle est déjà passée, c'est déjà le son suivant qu'on entend. C'est un changement incessant.
    Une femme m'a demandé en mondo : " Pourquoi faites-vous des kusens ? Cela m'empêche de me concentrer." Elle n'a pas l'expérience du vrai zazen. Les gens qui pensent pendant zazen ont un ego trop fort. Ils veulent poursuivre leurs pensées, faire leurs propres catégories. L'enseignement du Maître les gêne, cela fait du bruit. C'est pourquoi le kusen est très efficace. Il nous ramène à la condition normale. La voix sans voix ...

    Maître Muju ne stagne pas, il ne s'attache pas. Un disciple dit:
    - J'ai étudié de nombreux livres de commentaires et beaucoup de sutras. Sans aucun doute, j'ai obtenu le satori et je deviendrai un grand Maître.
    -Pas du tout.
    - Pourquoi ?
    - Écrire des livres n'est bénéfique que dans le domaine intellectuel.

    Mais on ne fait qu'écrire avec sa conscience personnelle, avec le cerveau gauche. Le travail intellectuel n'est pas le vrai Dharma. Zazen est très important. Vous pouvez le comprendre. Des professeurs qui n'ont pas l'expérience du zazen le critiquent. Ils comparent Rinzai et Soto. On les croit. C'est pourquoi on fait des erreurs. Ils font leurs propres catégories avec des bribes de savoir. Le Dharma est infini Hishiryo. Le Dharma sans pratique n'est pas du tout le vrai Dharma. L'académie, les lettrés, les érudits ne comprennent pas du tout le vrai zen.
    Donner à manger à un vrai bodhisattva est plus efficace que donner à manger à un million de sages Hinayana. Lorsqu'on veut offrir des mets délicieux à quelqu'un, mieux vaut faire ce fuse (ce don) à un bodhisattva du Mahayana. Mais mieux vaut encore faire ce don à un être munen (sans rien), muju (qui ne demeure pas), mushu, muso, qu'à un seul milliard de bodhisattvas. Cet être est celui qui fait zazen.

    Mu signifie non. Nen : la pensée. Munen : la pensée Hishiryo.
    Mushu : pas attaché. Muso : sans forme, sans limite…

    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Munothingnessbykisaragi

    MU- (rien)


    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 85823898

    Mur-du-son
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Lun 18 Juil 2011 - 12:37


    Abandonner son corps

    Raihai est sampai. Tokuzui, c'est obtenir la moelle du Maître. En définitive, comment le disciple peut-il recevoir la moelle du Maître, c'est-à-dire son enseignement essentiel ? Par zazen, mais pas seulement par zazen. L'ultime action est sampai devant le Maître. Zazen sans le sampai n'est qu'une gymnastique, une méthode de santé.

    A l'époque moderne, apparaît un grand nombre de maladies. La meilleure méthode pour les guérir, c'est la méditation. Tous les médecins et scientifiques le certifient. Parmi les méditations, zazen est la meilleure.
    C'est certifié par la science et par de nombreux docteurs japonais ou européens. Qu'est-ce que la véritable religion ? Cette question est importante. La méditation n'est pas uniquement une méthode pour la santé, mais aussi un moyen de soigner l'esprit. Etant donné que l'esprit et le corps sont unité, avoir l'esprit de gratitude est fondamental. Abandonner l'ego. Suivre absolument l'ordre cosmique. Cet esprit suit la vérité, l'ordre cosmique véritable. Il ne suit pas l'ego mais l'esprit du bien, pas l'esprit démoniaque, l'esprit du mal. Découvrir la nature de Bouddha, l'esprit de Dieu, le trouver en soi, c'est la même chose que suivre l'ordre cosmique. Nous ne devons pas être guidés uniquement par le cerveau gauche, mais équilibrer celui-ci avec l'hémisphère droit. C'est Raihai Tokuzui. C'est la conscience Hishiryo. Raihai Tokuzui, de toutes façons, c'est jeter notre corps à terre. Les êtres humains refusent de le faire. Ils pensent que cela les fait ressembler aux animaux. Ils veulent regarder les étoiles, étant les seuls créatures à se tenir debout. Mais il nous faut aussi parfois revenir à la terre, jeter notre corps sur la terre. C'est la plus haute posture, la posture de gratitude pour tout le Cosmos et toute la Nature. C'est devenir humble devant l'ordre cosmique.
    Si vous avez un ego fort, vous devenez fier, dogmatique et égoïste. Mais si l'on fait sampai, on peut abandonner son ego, jeter son corps. Alors, l'esprit démoniaque s'enfuit. Il ne reste que le véritable ego, pur et saint. C'est ceci qui est sampai, raihai, gassho. Si vous ne pouvez pas faire sampai, ou même zazen, alors faites seulement gassho. Si vous ne voulez pas le réaliser devant le Bouddha, vous pouvez le faire face au Christ ou devant la photo de vos parents. L'objet n'est pas le plus important. Le plus important est la question : « Qu'est-ce que l'ordre cosmique ? Qu'est-ce que la nature ? « Aussi je dis toujours : Après avoir fini votre toilette, le matin, regardez un instant votre visage dans le miroir, non pas votre visage négatif, diabolique, mais votre visage pur et sincère, authentique. Chacun peut découvrir ce côté-là car tout le monde l'a en lui, mais nous ne le découvrons pas la plupart du temps.
    C'est là l'enseignement essentiel de la religion, de toutes les religions. Gassho, sampai sont très importants. Dõgen l'a écrit dans le Shobogenzo.
    Les femmes ont un esprit religieux plus fort et davantage de gratitude que les hommes. Mais la plupart des religions se trompent. On a cru longtemps que les femmes ne pouvaient trouver la vraie Voie et on leur interdisait l'entrée dans le dojo. Au Japon, à l'époque de Dõgen, il en était ainsi. Dõgen, lui, le leur a permis. Dans toutes les écoles, Shingon, Koyasan, etc., les temples étaient interdits aux femmes, même aux nonnes. Dõgen a changé cette règle. Pourquoi les femmes ne pourraient- elles atteindre le satori ? L'Inde aussi s'est trompée. C'est le Bouddhisme Hinayana.
    Dõgen, lui, a expliqué: « En pratiquant Raihai Tokuzui, soyez anonymes. Les femmes pratiquent mieux que les hommes. Nous devons transcender le féminin et le masculin. Les femmes elles-mêmes peuvent devenir de grands Maîtres et ne sont pas des démons. Dans la vie sociale, dans les provinces, les femmes peuvent devenir impératrices, gouverneurs, ministres. Dans la religion, elles peuvent être encore plus grandes.
    Bouddha était un homme, certes, mais il était au-delà.» Puis Dõgen explique plus encore: « Pourquoi les femmes ne pourraient-elles entrer dans les dojos? Pourquoi serait-ce un lieu tabou ?». Il en était ainsi au temps de Dõgen, mais aujourd'hui, en France, ce n'est pas important.
    Dõgen ouvrit son dojo de Koshoji aux femmes.



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    Message par Fred Lun 18 Juil 2011 - 13:10

    Je crois que c’est S.Suzuky qui disait qu’il entendait très souvent son maître le gronder, son maître qui n’était plus de ce monde.

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    Message par Invité Lun 18 Juil 2011 - 13:59

    Bonjour Fred,
    Fred a écrit:Je crois que c’est S.Suzuky qui disait qu’il entendait très souvent son maître le gronder, son maître qui n’était plus de ce monde.

    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Sampai10
    c'est bien dit: "la voix sans la voix".

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Mar 19 Juil 2011 - 16:28



    Hommage à Shogetsu Taishin Bukohin

    Quand je suis arrivé en France, j'ai fait cette expérience: les bouddhistes Hinayana voulaient éliminer les femmes du dojo. Ce n'est pas le vrai Bouddhisme. Justement aujourd'hui, c'est le treizième anniversaire de la mort de Rose-Marie, le 30 janvier. Elle fut ma première secrétaire et elle s'opposait constamment avec M.J. à ce sujet.
    A mon arrivée, je faisais zazen au Kameo, un magasin macrobiotique dont le groupe m'avait invité pour aller enseigner zazen au camp du Brusc. Puis ils m'ont demandé de continuer zazen dans leur dépôt à l'arrière du magasin. Sur le béton. C'était un bon dojo. C'est alors que Rose-Marie m'a rendu visite avec Monique, la secrétaire du magasin.
    Zazen s'est répandu, des professeurs de yoga sont venus, des médecins. Puis j'ai changé pour la rue Saint-Augustin où je devais payer un loyer. C'était très difficile pour moi. C'est à ce moment-là que Janine Monnot commença de venir. Elle était très bien avec Rose-Marie. Elles ont préparé l'organisation de l'Association Zen d'Europe. M.J. n'aimait pas qu'il y ait des femmes au Comité, il était mécontent. Toujours, il allait répétant que les femmes n'étaient pas favorables dans le Bouddhisme, qu'il fallait un secrétaire homme, etc ... Ma mission était difficile. Je voulais retourner au Japon. L'influence de Rose-Marie fut bonne. Pendant que j'étais à Nice et à Cannes, elle déménagea le dojo dans un grand immeuble, avenue du Maine, avec Janine Monnot. Rose-Marie faisait partie d'une grande famille protestante. Elle me fit don d'une édition du Nouveau Testament publié dans sa famille. Je l'ai toujours dans ma chambre. Mais sa famille, mécontente de sa venue dans le Zen, lui retira sa voiture neuve et elle dut se contenter d'une voiture usagée. C'est ainsi qu'elle eut son accident et mourut le 30 janvier, un jour de neige où elle emmenait ses enfants aux environs de Paris. Elle m'avait proposé de les accompagner, mais j'avais prévu de lui donner ce jour-là l'ordination. Elle me l'avait longtemps demandée. J'avais jusqu'alors refusé car sa famille - apparentée au Dr Schweitzer - était contre. Elle avait pleuré et m'avait supplié. Aussi lui avais-je donné rendez-vous le 30 janvier, ce jour-là justement. J'étais invité par E. et G. à déjeuner. J'avais toujours le projet de retourner au Japon. Mais Rose-Marie m'avait dit: « Je vous en prie, Sensei, restez, ne faites pas attention à M.J. Monsieur Lambert, lui, est au-delà, et avec Janine Monnot et lui nous sommes très bons amis. » Elle était donc partie avec ses trois filles. J'avais refusé de me joindre à elles, inconsciemment, bien que j'aime voir la neige. Et précisément, elle ne revint pas. Janine Monnot était venue l'après-midi. Nous avions bavardé puis elle était repartie. Et Rose-Marie, d'habitude ponctuelle, n'arrivait pas. A huit heures du soir, elle n'était toujours pas là. Alors j'ai fait venir Denise T. qui aidait au Dojo. Elle était très sérieuse, très sincère et loyale. Je lui demandai d'abord de téléphoner chez Rose-Marie. Elle revint bientôt en me disant: Rose-Marie est morte.

    C'est aujourd'hui le jour anniversaire et je dois redire ma gratitude pour elle en ces temps difficiles où je souffrais, me demandant si je devais retourner au Japon ou non. Je ne lui ai pas donné l'ordination ce jour-là, mais c'est ce même jour que j'ai décidé de rester en Europe pour ma mission, afin de donner l'ordination aux Européens. C'est un souvenir douloureux que cette mort, mais pour ma mission cela a été un point fort; mon esprit a soudain ressenti la puissante détermination de demeurer en Europe. Ainsi les femmes sont parfois plus fortes que les hommes pour être missionnaires. Elle eut une meilleure influence que M.J.

    Rose-Marie repose près de sa famille au cimetière de Thonon, et je lui ai rendu deux fois visite avec mes disciples. Aujourd'hui, c'est juste le jour pour faire à son intention Raihai Tokudo.

    Dõgen a loué les femmes: elles sont plus fortes dans la vie religieuse, disait-il. Rose-Marie avait vraiment abandonné son corps et obtenu Raihai Tokuzui. C'est là un bon exemple de raihai que je puis vous donner aujourd'hui. J'avais été très impressionné par elle, il y a treize ans.
    Nous allons offrir le shoko, l'encens, pour Shogetsu Taishin Bukohin (c'était son nom zen). Un nom hautement digne de respect, dont le sens est: Illumination du Bouddha.

    Taishin signifie: esprit saint (comme Taisen). Getsu est la lune. C'est un très beau nom. C'était la première fois que je donnais trois noms à la suite.


    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Feuillem


    Ce matin, le ciel
    Pour notre bien a pleuré...
    Perle de rosée

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Mer 20 Juil 2011 - 14:18


    La voie de Bouddha et les nonnes

    Bien sûr, même les femmes peuvent ne pas trancher leurs illusions, leurs bonnos. Elles aussi errent comme tous les êtres sensibles qui souffrent et commettent des fautes. Mais les femmes qui se rendirent auprès du Bouddha, dans son dojo, étudièrent et écoutèrent son enseignement.
    Le dojo est semblable à kekkai. Si d'autres personnes enseignent différemment du Bouddha en son dojo, qui peut se permettre de les suivre? Elles sont insensées et trompent les autres. Dõgen dit: « Ils deviennent aussi insensés que le renard des champs, anxieux de voir sa tanière découverte par les hommes ".

    Comme je l'ai déjà dit, voici l'ordre des disciples dans le dojo, dans le Bouddhisme Mahayana :

    1. Les bikkhus (les moines).
    2. Les bikkunis (nonnes).
    3. Les ubasokus (bodhisattvas hommes).
    4. Les ubais (bodhisattvas femmes).
    5. Les laïcs qui n'ont pas reçu l'ordination.

    C'est un ordre qui répond au bon sens, au ciel et la terre, un fait de tradition et de coutume depuis les anciens temps. La place des nonnes, des bikkunis surpasse celle des saints rois - de Tenrino, par exemple, qui fait tourner la roue du Dharma et du roi de Taishokuten qui est un homme vivant dans la maison du ciel, un dieu indonésien. Donc, toute nonne peut entrer en tout lieu. Ces nonnes sont supérieures aux rois, aux ministres, aux gouverneurs. Leur position est plus haute que celle des hommes d'état et des rois sur la terre. Lorsque ces bikkunis, ces nonnes, participent à une discussion avec les fermiers sur l'étude de la Voie du Bouddha ou l'expérience de cette Voie, qui aura raison, qui gagnera? Même lorsqu'elles parlent des choses du social ou du Dharma du Bouddha, les fermiers peuvent atteindre leur niveau. C'est pourquoi dans les temps modernes, c'est une erreur complète de penser que les nonnes ne peuvent pas entrer dans la communauté des dojos parce qu'elles sont femmes. Tous les êtres sensibles qui ont posé le pied dans la communauté peuvent recevoir le bénéfice de la Voie du Bouddha.
    Leur karma atteint la complète pureté. Lorsque cette communauté est rassemblée, tout le cosmos avec elle est assemblé, unifié. Cette communauté est unie à l'eau et à l'esprit. Telle est l'expression de la philosophie de Maître Dõgen.


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    Moines et nonnes zen

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Ven 22 Juil 2011 - 17:49



    Le véritable Sangha

    Cette assemblée, kekkai, doit être comprise à travers la transmission du Maître (non d'un professeur, d'un intellectuel qui écrit sur le zen). Bien plus, à la cérémonie de kekkai, comme à l'ordination qui l'inaugure, chacun doit être lavé, purifié, parfumé, avant de faire sampai. C'est la purification des kai. C'est un recommencement continuel de l'ordination qui se perpétue dans chaque réunion des membres saints d'une famille sainte, unifiée dans les quatre directions. Puis le Maître chante les sutras. Quelle en est la signification ? Cette communauté est le comité du Dharma, du cosmos, de Mui, de Mushotoku, la pureté totale de la communauté.

    Dõgen ajoute :
    « Vous qui parlez tout le temps de kekkai, en comprenez-vous le sens? J'en doute. Je pense que vous ne comprenez pas vraiment que tout le cosmos est inclus dans kekkai. Vous ne devez pas vous enivrer avec le saké de l'Hinayana et ne commettez pas l'erreur de penser qu'une petite communauté est insignifiante. C'est un comité cosmique, très large et très profond. Le monde entier peut y entrer, sauf les démons. Ne peut y entrer que celui qui fait zazen, personne d'autre. »

    J'ajoute ce qui suit: « S'il vous plaît, éveillez-vous de l'enivrement de toutes les illusions, de tous les péchés, de toutes les ivresses de ce monde, et entrez dans cette vaste communauté cosmique. Alors elle deviendra la communauté des Bouddhas authentiques. Et finalement vous devrez aider tous les êtres sensibles, tous ceux qui doivent être sauvés. C'est là le sens d'une véritable Sangha, d'une vraie sesshin, d'une véritable communauté, du vrai kekkai. Nous devons faire raihai, sampai, pour les mérites concentrés de cette communauté. A ce moment là, chacun peut saisir la véritable moelle du Bouddha et celle du Maître.
    Tel est le vrai Raihai Tokuzui. »

    Ecrit à Koshoji, Temple de Uji, par Dõgen. Traduit par Kodo Sawaki qui aimait répéter constamment ces phrases. Vous pouvez ainsi saisir la moelle du Maître, par Raihai Tokuzui, et développer le goût de la pratique de sampai avec zazen et sa compréhension profonde.




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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Invité Lun 29 Aoû 2011 - 11:43

    copain:
    Altération populaire de compain (en ancien français, cas sujet de compagnon), soit « qui partage le même pain ».

    après chacun met ce qu'il veut dans son sandwich...

    on peut même remplacer le pain; moi, des fois je me fais des mini sandwiches avec deux chips et un petit morceau de jambon au milieu, mais après faut remplacer les chips par des endives et le jambon par des radis.
    en toute chose, l'excès nuit... Smile
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par m'enfin je suis qui? Lun 29 Aoû 2011 - 12:28

    fonzie a écrit:copain:
    Altération populaire de compain (en ancien français, cas sujet de compagnon), soit « qui partage le même pain ».

    après chacun met ce qu'il veut dans son sandwich...
    Rolling Eyes merci de ne pas nous refaire une scène... :

    https://zen-et-nous.1fr1.net/t350p15-camp-d-ete#6122
    (...)
    - quel est le plus vieux fromage du monde?
    -c'est le rompit ! parce que Jésus prit le vin, le pain et le rompit.
    (...)

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Mu! Lun 29 Aoû 2011 - 12:37

    Very Happy Very Happy

    Excellent l'histoire du rompit!

    Pour se qui du sujet "maître", je l'ai bien lu. merci pour l'éclaircissement! Wink


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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Invité Lun 29 Aoû 2011 - 13:37

    VS a écrit:merci de ne pas nous refaire une scène...
    Mu! a écrit: Very Happy Very Happy Excellent l'histoire du rompit!
    quand on met un lien, vs...
    la moindre des choses, c'est de citer les trucs importants,
    pas censurer et passer sous silence des trucs et laisser que les conneries servant à faire passer l'auteur pour un con.
    Et saches vs... que je mange aussi des sandwiches au pain et au fromage... qui pue les pieds... Cool et au saucisson Wink
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Yudo, maître zen Lun 29 Aoû 2011 - 13:59

    Quant à faire un sandwich avec le pain que mangeait le maître Yeshua ben Youssef, autant se préparer: il le rompt parce que c'est un matzot (autrement dit une galette de pain sans levain, qu'on trouve dans tous les rayons diététiques).
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Sylvie Lun 29 Aoû 2011 - 14:33

    Yudo, maître zen a écrit:Quant à faire un sandwich avec le pain que mangeait le maître Yeshua ben Youssef, autant se préparer: il le rompt parce que c'est un matzot (autrement dit une galette de pain sans levain, qu'on trouve dans tous les rayons diététiques).
    fonzie,

    je sais pas si j'ai bien capté, mais je crois que Yudo vient télépathiquement de te traiter de grosse Very Happy
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Sam 4 Fév 2012 - 14:32


    Pour vous qui avez décidé de devenir moine zen


    Un enseignement de Kôshô Uchiyama





    Kôshô Uchiyama rôshi (1912-1998) est l'un des successeurs du maître zen Kôdô Sawaki rôshi (1880-1965) auquel il succéda à la tête du temple d'Antaiji. "Pour vous qui avez décidé de devenir moine zen" est extrait du livre Zen kara no adobaisu ("Conseils zen") publié en 1993 chez Daihôrinkaku. Traduction française Daniel Roche. Reproduit avec l'aimable autorisation de Muhô Nölke, abbé du temple d'Antaiji au Japon.




    La devise de la vie en ce monde est : "Mangez ou soyez mangé !" Si vous êtes de ceux qui ont décidé de devenir moine parce que vous estimez la vie en ce monde trop dure, trop pénible pour vous, et que vous préféreriez vivre des dons d’autrui tout en buvant votre thé – si vous ne voulez devenir moine qu’afin d’assurer votre subsistance, alors la suite ne vous concerne pas. Si vous lisez ce texte, sachez qu’il s’adresse à quelqu’un qui s’est résolu à pratiquer la voie du Bouddha après avoir remis en question sa propre vie, et n’a choisi de devenir moine que pour cette raison.
    Pour celui qui a développé cet esprit et aspire à pratiquer la voie, il est avant tout primordial de trouver un bon maître et de chercher un lieu propice à la pratique. Autrefois, les moines qui pratiquaient enfilaient leur chapeau et leurs sandales de paille pour voyager à travers tout le pays en quête d’un bon maître et d’un endroit où pratiquer. Aujourd’hui il est plus aisé d’obtenir des informations : Recueillez et vérifiez-les, puis optez en faveur d’un maître et d’une communauté qui semblent vous convenir.

    Vous ne devriez pourtant pas oublier que pratiquer la voie du Bouddha signifie lâcher prise du moi et pratiquer l’absence d’ego. Lâcher prise du moi et pratiquer l’absence d’ego signifie lâcher la jauge que nous emportons partout avec nous dans notre cerveau. À cette fin, vous devez suivre loyalement l’enseignement du maître et les règles du lieu de pratique que vous avez choisi, sans exprimer de préférences personnelles ni de jugements positifs ou négatifs. Il est important de commencer par vous asseoir silencieusement en un lieu pour au moins dix ans.
    Si, par contre, vous commencez à juger les bons et mauvais côtés de votre maître ou du lieu de pratique avant que ces dix premières années ne se soient écoulées et que vous commencez à penser qu’il existe peut-être ailleurs un maître ou un lieu meilleurs, et que vous partiez à leur recherche, alors vous vous contentez de jauger selon votre propre ego, ce qui n’a absolument rien à voir avec la pratique de la voie du Bouddha.

    Dès le début, vous devez clairement savoir qu’aucun maître n’est parfait : un maître, quel qu’il soit, n’est qu’un être humain. Votre propre pratique est l’important : elle doit consister à suivre le maître imparfait aussi parfaitement que possible. Si vous suivez votre maître de cette façon, alors cette pratique est le fondement à partir duquel vous pourrez vous suivre vous-même. C’est pourquoi le maître zen Dôgen a dit :

    "Suivre la voie du Bouddha signifie se suivre soi-même." (Shôbôgenzô genjôkôan)
    "Suivre le maître, suivre les sûtras – tout cela signifie se suivre soi-même. Les sûtras sont une expression de vous-même. Le maître est VOTRE maître. Quand vous entreprenez un long et lointain voyage pour rencontrer des maîtres, cela signifie que c’est pour vous rencontrer vous-même que vous entreprenez ce périple. Quand vous arrachez cent mauvaises herbes, c’est vous-même que vous arrachez à cent reprises. Et quand vous montez sur dix mille arbres, c’est sur vous-même que vous grimpez dix mille fois. Comprenez que quand vous pratiquez de cette façon, c’est sur vous-même que vous pratiquez. Pratiquant et comprenant ainsi, vous lâcherez prise de vous-même et trouverez la véritable saveur de votre moi pour la première fois." (Shôbôgenzô jishô zammai).


    On dit souvent que pour pratiquer le Zen il est important de trouver un maître – mais qui, au départ, va décider ce qu’est un vrai maître ? Ne prenez-vous pas cette décision en vous basant sur la jauge de vos pensées (autrement dit de votre ego) ? Aussi longtemps que vous chercherez le maître en dehors de votre propre pratique, vous ne ferez que renforcer votre ego. Le maître n’existe pas en dehors de vous-même : la pratique de zazen, dans laquelle le soi devient le soi, est le maître. C’est-à-dire le zazen dans lequel vous lâchez vraiment prise de vos pensées.

    Cela signifie-t-il qu’il est suffisant de pratiquer zazen tout seul sans le moindre maître ? Non, certainement pas. Le maître Dôgen lui-même le dit dans le Jishô zammai, juste après la citation ci-dessus :

    "En entendant que vous trouvez la saveur propre de vous-même et vous vous éveillez à vous-même par vous-même, vous pourriez en conclure aussitôt que vous devriez pratiquer seul, complètement par vous-même, sans maître qui vous montre la voie. C’est une grande erreur. Penser que vous pouvez vous libérer sans un maître est une opinion hérétique dont on trouve la source, en Inde, dans l’école de philosophie naturaliste."

    Si vous pratiquez complètement par vous-même sans maître, vous finirez par faire simplement ce qui vous passe par la tête. Mais cela n’a rien à voir avec la pratique bouddhiste. Tout bien pesé, il est absolument nécessaire de trouver en premier un bon maître et de le suivre. Heureusement, il y a encore des maîtres au Japon qui transmettent le dharma du Bouddha correctement sous la forme du zazen. Suivez un tel maître sans vous plaindre et restez assis pendant au moins dix ans. Puis après dix ans, recommencez à vous asseoir pendant dix ans. À ce moment, après vingt ans, rasseyez-vous pendant encore dix ans. Si vous vous asseyez ainsi pendant trente ans, vous aurez un bon aperçu du zazen – ce qui veut dire, du même coup, un bon aperçu de votre propre vie. Bien sûr, cela ne signifie pas que pour autant votre pratique touchera à son terme. La pratique doit toujours être la pratique de votre vie entière.




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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Yudo, maître zen Jeu 14 Juin 2012 - 22:31

    Tiens, en parlant du maître, je vous file le lien suivant. Allez lire le texte en question. Je le crois extrêmement révélateur et important.

    http://tobienathan.wordpress.com/about/trouve-toi-un-maitre/
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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par tangolinos Jeu 14 Juin 2012 - 22:56

    Super ton lien !

    Mais je te soupçonne d'avoir été influencé par mes sottises d'hier soir... sottises qui finalement ne le sont pas tant que ça.

    C'est curieux cette passion qu'ont les maîtres de désigner le sens de la désignation du sens qui désignerait le sens de la désignation du sens de....

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Ven 22 Avr 2016 - 17:55


    Tout le paradoxe est là. Il est indispensable de pratiquer avec un maître au moins pendant dix ans.
    Cela signifie bien sûr aller dans un dojo régulièrement, participer à des sesshins, coudre des kesas etc.
    Après, quand une bonne douzaine d'années se sont écoulées, il est nécessaire de s'émanciper de tout endoctrinement et de voler de ses propres ailes. Pour cela il faut au moins une bonne dizaine d'années supplémentaires et pour certains la désintoxication est impossible. Ils retournent dans le groupe et ne peuvent s'en passer. Pourtant il y a moyen de se défaire de tout cela en ayant le courage d'insister sur l'orientation d'une pratique qui se doit de ne pas être une forme dorée d'asservissement mais l'expression d'une réelle liberté. Il faut alors beaucoup de persévérance et de volonté. Mais rien n'est facile et en ce monde et la Voie du zen c'est aussi la paramita de l'effort persévérant et enthousiaste à appliquer quotidiennement.
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    Message par bulleOcéan Ven 22 Avr 2016 - 21:55

    Kaïkan a écrit:
    Tout le paradoxe est là. Il est indispensable de pratiquer avec un maître au moins pendant dix ans.

    Ce n'est pas une nécessité pour tout le monde.
    Et dit de cette façon , cela je crois pourrait renforcer l'idée chez plusieurs qu'il y aurait quelque chose à obtenir ... et s'accrocher au doigt.

    Il y a bien des parcours de vies  et tout pointe dans l'instant sur ce dont il s'agit.

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    Le Maître dans le Zen (sôtô) - Page 5 Empty Re: Le Maître dans le Zen (sôtô)

    Message par Kaïkan Ven 22 Avr 2016 - 22:33

    bulleOcéan a écrit:(...) quelque chose à obtenir ...

    Effectivement il y a quelque chose à obtenir... Laughing
    C'est avant tout une certitude qu'on va dans la bonne direction, que la posture est stable, qu'on ne fuit pas le groupe pour se réfugier dans son propre univers de compréhension, qu'on accepte d'être bousculé, parfois un peu humilié, pris et entraîné dans des actions que l'on fait contre son gré (exemple entre autres : balayer dans les couloirs ou bien nettoyer les latrines), et qu'on augmente ainsi sa souplesse, son endurance dans les difficultés et qu'on arrive à s'adapter sans perdre son repère intérieur.
    Personnellement c'est ce que j'ai suivi mais je suis de l'avis que chacun fait comme il veut. Je ne cherche pas à influencer qui que ce soit.
    Seulement quand après avoir gravi tous les échelons de maître-assistant et fait quelques années supplémentaires, lorsque enfin j'ai tourné les talons, j'étais dans la certitude d'être capable de continuer indépendamment, ce que je fais depuis plus de vingt ans... Laughing  

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