par lausm Jeu 18 Oct 2012 - 12:49
C'est surtout un engagement non pas vis à vis de la communauté, mais vis à vis de soi-même qu'on prend par l'ordination.
Encore trouvé-je aujourd'hui que moine et la représentation qui y est accolée, est loin d'être une réalité clairement définie à mes yeux.
Bien sûr on prend refuge dans les trois trésors dont la communauté fait partie.
Mais qu'est-ce que la communauté? Une nouvelle normose dans laquelle se couler pour se sentir exister aux yeux d'une nouvelle famille? attention à ce point qui est à mon avis une dérive potentielle et très fréquente.
Moine, si on revient au sens premier et profond de ce mot, c'est retrouver son unité. Dans le zen, ça veut dire pratiquer le fait de s'asseoir pour ce fait.
Mais si je disais plus haut qu'il ne faut pas l'avis de qui que ce soit d'autre pour justifier ce désir (et je le pense encore), il faut par contre effectivement prendre son temps, le temps de rentrer dans la pratique.
effectivement, devenir moine est parfois un nouvel habit pour l'ego, mais toujours egotique. Un statut. Parfois aussi on crée une distinction entre moines et non ordonnés, avec une vision hiérarchique verticale de ce que ça représente. C'est à mon sens une vision erronée de ce que c'est.
l'ordination est quelque chose qui manifeste un lien avec une pratique spirituelle, quelque chose qui fait la différence entre une assise simplement pour son bien-être, et quelque chose qui va au-delà de soi. Mais par le retour à ce qu'on est vraiment, par la fin de l'entretien de l'illusion de ce qu'on croit être.
Deshimaru disait que sans l'ordination, zazen pouvait n'être qu'une gymnastique. Mais bon, cela ne veut pas dire pour autant qu'un non ordonné a une pratique sans valeur (et souvent les débutants sont plus frais et trans^parents que les anciens). Je pense aussi que cette déclaration était liée à un contexte. Mais il pointait le sens spirituel de s'asseoir, et voulait donc rappeler cette réalité du zazen au-delà de soi.
Car qu'est-ce que l'ordination? C'est se montrer, assumer sa pratique, son engagement, sa foi en cela.
On accepte le lien à notre nature éveillée, à ce qui est censé la pointer, et à ceux qui pratiquent en direction de cela. Les trois trésors.
On manifeste aussi son repentir face aux errements de notre pensée, de notre parole, de nos actes. Il ne s'agit pas de dire "oui j'ai pèché", puis on efface l'ardoise. Il s'agit de réaliser que se confronter à notre conscience dans toutes ses manifestations, et à ses conséquences dans la réalité et chez les autres,, c'est aussi notre pratique de simplement s'asseoir, c'est complètement lié. Ce n'est pas seulement de la psychologie, c'est de l'ordre de l'Etre, de notre essence véritable d'être vivant. Il s'agit de réaliser que zazen n'est pas seulement s'asseoir sur un coussin et se dire que tout est fini, mais que cette pratique est celle d'exister ici et maintenant, en lien avec tout l'univers, aussi avec le passé et le futur, que zazen c'est exister éthiquement. PAs dormir assis et se donner bonne conscience.
Après, est-ce que cela doit se chiffrer en nombres d'heures assis sur le coussin, est-ce que ça doit se définir par le nombre de sesshins qu'on fait pas an, de suivre quelqu'un de défini comme maître, de prendre des responsabilités dans le dojo, etc etc, et même d'avoir un kolomo et un kesa (pour ma part j'ai mis onze ans à le coudre après mon ordination), je ne sais pas, et même j'en doute.
Car je ne pense pas que cet engagement puisse se réduire à des signes extérieurs visibles de moinitude ou de bouddhéité.
Je pense qu'il s'agit réellement d'une révolution intérieure, et je pense que des tas de gens qui ne font pas zazen ou ne sont pas ordonnés font aussi cette révolution dans leur vie.
Donc je ne répondrai pas à cette question, car l'ordination a à voir avec le plus intime de nous-même.
Peut-être que l'art véritable de la vraie relation de maître à disciple a à voir avec le fait d'apprendre à assumer ce plus intime de nous-même, à apprendre à vivre avec cette intimité de nous-même, dans notre vie.