par lausm Mar 16 Oct 2012 - 15:08
Eh, Milot, le bouddhisme, c'est un trucs d'être humains.
Donc la place des femmes y est soumise aux mêmes vicissitudes que le christianisme, l'islam, la polique, et tout trip institutionnel et social.
Le Bouddha était un peu tributaire de la société de son époque. Il faut se remettre dans le contexte socio économique et tenir compte des représentations en jeu dans l'esprit de chacun. Comme c'était en vigueur il n'y a pas tant chez nous (et cela n'est pas remis en cause chez les personnes âgées, que je vois souvent), les femmes s'occupaient de l'intérieur, les hommes allaient au turbin, à la guerre, à la chasse (au gibier d'abord, au pognon plus tard).
Il est clair que la personne d'Ananda, a é&té discréditée par la suite, en concurrence à Mahakasyapa. Bien sûr, c'est pas bien de dire ça pour un zéniste que je suis, car chez nous, Mahakasyapa est une star fondatrice, le Moïse du zen.
Mais effectivement, il est même dit qu'il contesta l'éveil d'Ananda, et que c'est suite à s'être fait vertement tancer par Mahakasyapa le grand patron, qu'Ananda s'éveilla avant que sa tète ne touche sa couche. Genre, son éveil n'existe pas sans être sous la houlette du grand patron.
Il s'est passé la même chose pour le bouddhisme que ce qu'il s'est passé après la mort de Jésus : retour au patriarcat, que chacun, Bouddha comme Jésus, on essayé de ne pas imposer comme modèle de vie, comme structure sociale. MAis après Jésus, Pierre prit tout la place, alors qu'il discréditait Myriam de MAgdala qui était pourtant reconnue comme proche disciple et surtout pour comprendre ce que Jésus enseignait. IDem pour Mahakasyapa, qui met Ananda à distance, pour être le grand chef, alors qu'Ananda avait tout fait pour faire entrer les femmes dans la sangha. MAis Ananda avait un côté féminin plus fort : on le voit même dans les représentations faites : Mahakasyapa visage austère et émacié, Ananda rayonnant.
J'étais très attiré par le romantisme de MAhakasyapa, son sourire, la fleur etc, l'éveil silencieux, mais j'en suis revenu. Non que je rejette la signification profonde qui existe dans cette histoire (comme quoi tout transmission est toujours reconstruite dans son histoire a posteriori), mais que je pense que cette réalité historique a existé.
On le voit aussi de nos jours dans l'évolution du zen, du BT, et dans les dérives qui s'y manifestent.
C'est humain, trop humain.
DOgen, aussi, en son temps, a plaidé l'éveil des femmes. Tu peux dire ce que tu veux sur lui : c'était une position politiquement courageuse, tout comme celle du Bouddha.
Bien sûr Dogen paraît un peu coincé du cul. MAis bon, il est tombé dans la marmite monastique, enfant, et est mort jeune. ET puis, quand il est revenu de Chine, tout le monde voulait lui tomber dessus, c'était violent physiquement, c'était risquer d'avoir son temple brûlé par les voisins bons bouddhistes! DOnc forcément, il a parfois un ton pas très diplomqtique, mais ça avait ces racines historiques. Rappelons nous que Dogen a connu quasiment toutes les écoles bouddhistes de son temps, donc peut-être donnait-il l'(impression de s'y croire, mais avait-il quelques raisons et surtout arguments de poids dans sa besace. MAis je ne donne pas raison à cela : je pense que cela est grandement en cause dans une façon d'enseigner assez patriarcale, et effectivment c'est quelque chose que je remets en cause dans ce que je vois du zen aujourd'hui, je pense qu'on peut faire autrement.
MAis chaque pratique a son ombre, il nous appartient aussi de savoir le voir en tant que pratiquant, et sans tomber dans la critique pour elle-même, utiliser son esprit critique pour aider la pratique à s'améliorer.