Non. Mais c'est pourtant l'essentiel du koân.
Quelques indications personnelles :
Premier parallèle (étranger au kôan) : Le roi Salomon eu un jour à rendre justice (il était célèbre pour sa grande sagesse). Deux femmes se prétendaient chacune mère d'un bébé et se disputaient donc sa possession. Comme le bébé ne pouvait appartenir à deux femmes, il prit son épée et dit : "puisque c'est ainsi, je coupe l'enfant en deux et vous prendrez chacune une moitié". L'une des deux femmes renonça à la proposition du roi, préférant que l'autre femme prenne le bébé afin qu'il vive. Salomon en déduisit qu'elle était la vraie mère et lui remis l'enfant (en une seule partie
)
Dans le kôan, il n'est pas question de rendre justice mais d'agir. Si le maître n'avait pas coupé le chat en deux, les moines auraient-ils appris quelque chose du maître ? Ils auraient pensé que ce dernier, malgré la menace, ne tient pas sa parole et que son discours manquaient donc de signifiance.
Deuxième parallèle (toujours étranger au kôan) : L'expérience du chat de Schrödinger. La physique quantique affirme que l'état d'une particule avant l'observation est indifférentié (au sens probabiliste, c'est à dire que la particule a, en gros, 1 chance sur 2 de se trouver là où on la cherche). Schrödinger (physicien atomiste du début du XXème) imagine une expérience idéalisée qui fait intervenir un chat (enfermé dans une boite) et un dispositif complexe (dans la boite) qui permet, via l'état d'une particule susceptible, en se désintégrant, de libérer un poison dans la boite, de tuer le chat. On ne sait donc pas, avant d'ouvrir la boite, si le chat est vivant ou mort. Le sens de cette expérience est de montrer que l'état du chat (vivant ou mort) est indifférentié tout le temps que la boite n'est pas ouverte. En effet, cet état dépend de l'état de la particule dont on a vu qu'elle est, par sa nature quantique, dans un état indifférentié (elle est et n'est pas). Il n'y a donc aucun déterminisme dans la nature. L'état d'une chose dépend uniquement de son observation.
En revenant au koan, on peut se demander quel est le véritable rôle du maître ici. Il est évident que l'état final du chat (coupé en deux) revient à l'expérience d'ouvrir la boite du chat de Shrödinger. Le maître, de ce point de vue, est bien celui "qui se joue des reflets" (parallèle avec l'homme sans affaire de Lin Tsi). En effet, pour le maître, avant le comportement des moines, on ne peut pas dire que le chat est vivant ; on ne peut pas dire qu'il est mort. Qui, alors, tue le chat ?