Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Fu-zenna - extraits d'un teisho (de Roland Yuno Rech)

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    Message par Kaïkan Jeu 22 Aoû 2013 - 17:30



    FU - ZENNA



    extraits d'un teisho de Yuno Rech.


    L’enseignement de fu- zenna fut le dernier enseignement de maître Deshimaru avant son dernier voyage en 1982 : ne pas créer de souillure dans la pratique ni de séparation dans nos vies. Telle est la contribution majeur du Bouddhisme zen sôtô pour aider à surmonter la crise du monde actuel dans laquelle les séparations et les conflits se multiplient.





    Si nous pensons, parlons, agissons avec un esprit purifié, sans souillure (fu-zenna), la paix et le bonheur nous accompagnent et rayonnent autour de nous. La réalisation des grands maîtres nous le montre. Cela aide à la réalisation de la voie par tous les êtres. C’est le dynamisme de l’éveil qui remplace la poursuite des illusions. Cela implique que nous ne nous laissions pas polluer par l’esprit de la technique qui gouverne le monde actuel. La grande crise écologique dont on commence à sentir les manifestations, a son origine dans une certaine interprétation de la Genèse où il est dit que l’homme est mis dans la nature pour la soumettre. Puis Descartes a proclamé que l’homme devait devenir le maître et possesseur de la nature, grâce à la puissance de son esprit calculant.
    Sans nier les bienfaits du progrès des sciences et des techniques, le zen peut en corriger les effets dévastateurs en nous ouvrant à la conscience hishiryo qui ne mesure pas mais perçoit immédiatement notre unité avec tous les êtres. Cette unité ne nie pas notre différence mais elle la dépasse, nous évite d’y rester enfermés. Comme en se regardant dans le miroir de zazen : cela est moi mais je ne suis pas cela. Je ne me laisse pas enfermer dans mes fabrications mentales, y compris celles sur la différence et l’identité. Le monde de la technique tend à aliéner les êtres humains. Pris dans le règne de l’avoir, ils sont souvent assimilés à des objets dans le monde du travail et réduits à n’être que des facteurs de production. Le monde de la pratique du dharma, le gyoji, n’est pas celui où l’on tente de se rendre maître et possesseur de la nature, mais celui ou l’on actualise sa véritable nature : pas la nature de Bouddha que nous possédons mais que nous sommes. Et cette nature est mu-bussho, non nature, existence illimitée.





    L’idéologie libérale dominante repose sur le matérialisme et encourage l’égoïsme et le plaisir immédiat de la consommation au détriment de la justice et de la coopération. Alors notre intérêt est de suivre les mœurs et de ne pas transgresser les lois. Quant au fondement sur la raison, il est insuffisant : je peux savoir ce qui est bien mais faire le mal. De plus, agir suivant un principe valable universellement en vertu de la seule raison introduit une rigidité contraire à l’action juste dans les situations concrètes : faut-il pour ne jamais mentir livrer un réfugié qui risque d’être tué ? Si c’est la bonne intention qui compte, on sait aussi que l’enfer est pavé de bonnes intentions ! Quant au pragmatisme se fondant sur le résultat anticipé d’une décision il ressemble aux recommandations du Bouddha mais il demanderait une sagesse omnisciente, car qui peut prévoir toutes les conséquences d’un acte ? Qui peut prévoir toutes les conséquences finales des manipulations génétiques ou encore de la généralisation de l’utilisation de l’énergie nucléaire ? La complexité appelle le principe de précaution. Mais la puissance des intérêts économiques rend ce principe bien fragile. Pourtant nous sentons bien que dans ce monde libéral, nous avons besoin de principes éthiques qui s’imposent à tous.





    Dans un dialogue avec le jeune Dõgen sur le sens de shin jin datsu raku, l’expérience de l’éveil en zazen, corps et esprit dépouillés de tout désir et de tout obstacle tel que l’avidité, la haine et l’ignorance, Maître Nyojo rejette l’idée que les attachements seraient identiques au satori. Il soutient au contraire qu’abandonner ses bonnos c’est rencontrer Bouddha face à face, en devenant soi-même Bouddha.
    On voit là que l’éveil n’est pas au-delà du bien et du mal, mais dans la libération des attachements qui font advenir le mal et la souffrance et empêchent de réaliser le bien. Plus tard Dõgen insistera sur le fait que les gens ordinaires s’illusionnent sur l’éveil tandis que les Bouddhas éclairent leurs illusions.


    Source : →  ICI

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    Message par Yudo, maître zen Ven 23 Aoû 2013 - 10:06

    Cette histoire des attachements qui deviennent l'éveil (bonnô soku bodai) est largement sujette à controverse. L'école de Nichiren semble la prendre vraiment au pied de la lettre, au sens où il n'est pas besoin de se préoccuper de les abandonner, puisqu'ils sont l'éveil. 

    Cette expression est pour moi un exemple type des pièges que nous tend le langage. Elle participe du même processus qui dit que nos erreurs sont notre apprentissage. Les gens qui ne font pas d'erreur (ou presque) sont souvent pris au dépourvu le jour où ils en font une, et cela peut même parfois les précipiter dans la dépression. C'est aussi ce qui fait que des gens talentueux ont tout pour échouer, car ils ont tendance à négliger la valeur "travail" dans leur apprentissage.

    Nos erreurs participent de notre apprentissage à condition, évidemment, que nous sachions les reconnaître, les disséquer, tenter de comprendre ce qui les a produit, et faire en sorte de ne pas les refaire ou, du moins, le moins possible. Il en va de même, je pense, des 煩惱 bonnô.
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    Message par lausm Ven 23 Aoû 2013 - 17:17

    C'est au travers d'une pratique-réalisation que les attachements peuvent devenir des sources d'éveil.

    Sinon c'est juste une autojustification dogmatique au fait de pouvoir continuer les mêmes comportements qui créent de la souffrance.
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    Message par Kaïkan Ven 23 Aoû 2013 - 18:45

    Yudo a écrit:Nos erreurs participent de notre apprentissage à condition, évidemment, que nous sachions les reconnaître, les disséquer, tenter de comprendre ce qui les a produit, et faire en sorte de ne pas les refaire ou, du moins, le moins possible.
    Je suis aussi personnellement convaincu, et cela depuis mes premiers pas sur le chemin spirituel, que la progression se fait d'erreur en erreur. Même si on essaie de ne pas en faire on retombe tout le temps. L'expression : "tomber sept fois et se relever huit" est tout à fait justifiée.
    Le plus important est je crois de s'ouvrir à cette compréhension et de l'accepter. Si on n'arrive pas à se corriger, du moment qu'on se rend compte que l'on se trompe, c'est déjà une petite victoire et  finalement c'est la lucidité qui nous mène vers les gestes et les actions justes.
    Il y a aussi, je crois, une raison à l'ordre de succession : opinion (vue) juste, pensée juste, parole juste, action juste etc.

    Cette lucidité s’acquiert en développant le témoin impartial en nous, c'est-à-dire en pratiquant la conscience Hishiryo


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