La vie des laïques "zen" dans le Japon moderne.

Bonsoir,

Plusieurs d'entre vous connaissent bien le Zen au Japon. Pourraient-ils m'aider à répondre à la question suivante:

On trouve beaucoup de choses sur la vie des moines zen au Japon, mais qu'en est-il des laïques?
Est-ce que la vie des laïques est presque totalement différente de celle des moines, ou est-ce que, comme en occident, il y a toute une gradation d'engagement plus ou moins profond, sur du plus ou moins long terme?
En particulier, ont-ils souvent une pratique de méditation ou se contentent-ils la plupart du temps de faire des aumones pour obtenir des "mérites" dans une vie future, ou quelque chose de ce genre, comme on le trouve dans d'autres formes du bouddhisme et dans d'autres pays?
Comment ça se passe au niveau des obsèques et/ou autres cérémonies funèbres, puisque si j'ai bien compris, pour beaucoup de japonais le bouddhisme n'est pas inconciliable avec le Shinto?
Bref, d'une manière générale, ça représente quoi le Zen pour un (une) japonaise qui habiterait à côté d'une temple Zen et se sentirait proche de cette spiritualité sans pourtant aller jusqu'à se faire ordonner ?
Enfin, est-ce que c'était comme ça "avant", ou est-ce qu'il y a une évolution "moderne" dans la manière dont les japonais "laïques" vivent tout ça?

Merci d'avance à ceux qui pourraient m'éclairer.

Je ne suis jamais allé au Japon.
Par contre, les moines zen ne sont pas très bien perçus chez beaucoup de japonais : pour eux c'est des curés friqués avec un comportement pas toujours vertueux. Un peu le même genre d'image qu'on a chez nous parfois sur certains ecclésiastiques.
La plupart des moines sont des moines de caste : c'est à dire de père en fils : 80-90 pour cents, je crois. Le zen soto, c'est beaucoup de patrimoine immobilier, ça fonctionne comme un vrai business, sauf que depuis quelques années, des entreprises privées vendent des cérémonies funéraires, et la manne financière du zen soto la quitte peu à peu, ce qui ne les arrange pas.
Je sais qu'il existe de la pratique de méditation où peuvent assister les laics, mais je pense que les japonais perçoivent pour la plupart le zen comme une institution ecclésiastique vieux jeu et conservatrice, et ne l'investissent pas très positivement pour la plupart...
Pour la vie future, ils ont le nembutsu pour ça. Le zen s'occupe des morts, le shinto des mariages, au final, au Japon, ils sont très organisés dans un cloisonnement où en même temps ça circule pas mal entre les différents secteurs concernés.

En général, les Japonais qui pratiquent le Zen le font en grande partie dans des groupes apparentés à Kôdô Sawaki: autrement dit, très très minoritaires au sein du Zen japonais qui est essentiellement paroissial.

Merci Lausm et Yudo.

@ Yudo, est-ce qu'on pourrait dire que le zen "comme chez nous" et finalement aussi minoritaire dans la société japonaise que chez nous, ou est-ce que ce serait exagéré ?

Autre aspect de la question, est-ce que les japonais qui pratiquent le zen aujourd'hui "dans des groupes apparentés à Kôdô Sawaki" pour reprendre ton expression, sont sociologiquement proches de ceux qui le font en occident ?
Je veux dire en moyenne plutôt des gens qui ont grandi dans des villes que des gens d'origine rurale, et plutôt des gens d'origine classe moyenne que classes dirigeantes ou ouvriers/agriculteurs?

Bah dis donc, t'en veux des choses! Faut faire un sondage!
Quand je pratiquais zazen dans un centre assez important officiellement homologué comme temple, nous avions un étudiant japonais avec nous. Il avait commencé dans un centre Rinzai au Japon. Il disait que pour lui, en France, c'était, comme il disait, du bouddhisme "contemporain"! Je laisse supposer la perception que ça donne du bouddhisme au Japon autrement.
L'autre amie japonaise, avait commencé par le shingon. Elle est calligraphe, je pense que le shingon c'est un peu pour les classes plus aisées ou traditionnelles. Ce qu'elle dit de la perception du zen au Japon, c'est que c'est un truc pour rééduquer les enfants pas sages, et que la calligraphie est utilisée aussi dans ce but.
La troisième amie japonaise, vient d'une famille chrétienne. Son ami est français, elle l'a connu en France, et c'est lui qui l'a amené au dojo. Quand elle lui a parlé du zen, elle a tiqué au début, car pour elle c'était un truc de vieux curés, elle percevait mal le truc.
Tokuda, est venu au zen soto par le zen rinzai. C'est un maitre rinzai qui lui a dit d'aller dans un temple soto. Kodo Sawaki l'a marqué par son énergie. Il n'était pas habilité pour enseigner à l'université de Komazawa. Alors ils ont été parler au ministre concerné pour discuter une dérogation. Avec un grand sourire, il leur a dit, "oui, très bien, pas de problème....c'est mon maître aussi!"
C'est en tous cas comme ça que l'a raconté Tokuda.