Zen et nous

Le zen, sa pratique, ses textes, la méditation, le bouddhisme, zazen, mu

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    Kôdô et Kôzan

    Yudo, maître zen
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    Message par Yudo, maître zen Dim 6 Juil 2014 - 11:49

    Je viens de lire un article qui me paraît important, sur Kôdô Sawaki et son meilleur ami, Katô Kôzan, par un Américain du nom d'Arthur Braveman.

    Je vais vous le traduire.

    __________________________________________________________
    Nos corps sont la grande vie universelle
    Posted on 30 April 2014 by Buddhism Now

    "No, Sawaki n'était pas mon ami. J'étais un pauvre et lui était un tycoon. Il a eu pitié de moi."

    C'est là ce que disait Katô Kôzan dans une interview alors qu'il avait 95 ans. Kôzan et Sawaki étaient de vieux amis et des frères de Dharma. Leurs pratiques étaient pourtant très différentes, et ils ne se lassaient jamais de se chamailler sur leurs différences. Le respect mutuel qu'ils avaient l'un pour l'autre était en fait renforcé par ces différences.

    Photo de Katô Kôzan et de Sawaki Kôdô prenant le thé avec d'autres frères de Dharma, merci àKôdô et Kôzan 1963sawkoz-tea Arthur Braverman

    Il y a deux écoles principales de Zen au Japon, Rinzaï et Sôtô, chacune ayant leur approche très distincte de la pratique. Dans le Zen Rinzaï, les étudiants méditent généralement sur des kôans, histoires paradoxales qui cherchent à indiquer la vérité ultime, traditionnellement reprises de rencontres entre maîtres zen et leurs étudiants. Dans le Zen Sôtô, les étudiants s'asseoient en médittation dans ce que son fondateur, Dôgen, appelait shikantaza. On définit généralement shikantaza comme "juste s'asseoir" et l'énergie de l'étudiant est normalement concentrée sur la conscience d'être là tel qu'on est.

    Kôdô et Kôzan Sawaki33angye
    Sawaki Kôdô était clairement partisan du shikantaza de maître Dôgen et, lorsqu'il pouvait taquiner son ami sur ce qu'il appelait le "Zen d'escabeau" de Kôzan, sa façon de parler du Zen à kôans, il sautait sur l'occasion.

    En disant de Sawaki qu'il était un Tycoon (Tycoon est un mot anglais dérivé du mot japonais taikun [大君]qui veut dire grand seigneur. Intéressante épithète pour un homme qui a passé sa vie à errer de par le pays en vivant sur le strict minimum) et un érudit, Kôzan l'appelait des deux mots les plus infamants qu'il pouvait imaginer.

    Aussi pauvre qu'il avait pu être toute sa vie, Sawaki avait quand même pu sauver son ami de la pauvreté abjecte lorsque Kôzan était venu à Tôkyô. Il était arrivé là avec femme et enfant, sans un yen en poche, pour reprendre ce qui s'était révélé être un temple abandonné et en ruines. Il suffit à Sawaki de jeter un oeil au temple de Kôzan pour se rendre compte que son ami était dans la merde. Kôzan avait vécu difficilement dans un petit temple de Kurume, au Kyûshû, près du monastère où il avait complété sa formation. Lorsqu'un ami l'avait invité à prendre en charge le temple de Tôkyô, il avait imaginé une situation bien différente .

    "De combien as-tu besoin par mois, pour survivre ici avec ta famille?" lui demanda Sawaki.

    "Je puis y arriver avec quinze yen," répondit Kôzan.

    Sawaki l'emmena alors chez quinze de ses disciples. A chacun il expliqua: "Voici mon frère aîné dans le Dharma (ani deshi). Permetetz qu'il vienne à chaque mois chez vous pour lire des sûtras à ma place et donnez-lui un yen."

    Et c'est ainsi que Kôzan a pu survivre aux années de guerre à Tôkyô dans un temple qui tenait à peine debout.

    (à suivre)


    Dernière édition par Yudo, maître zen le Dim 6 Juil 2014 - 19:27, édité 2 fois
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    Message par Yudo, maître zen Dim 6 Juil 2014 - 17:59

    Photo de Katô KôzanKôdô et Kôzan Kozanmid40au milieu des années '40. Remerciements à Arthur Braveman.

    Sawaki avait grandi dans la pauvreté dans les faubourgs de Tsu, dans la préfecture de Mie. Ses parents étaient morts alors qu'il était très jeune, et il se retrouva orphelin dans la famille d'un oncle accro au jeu et la onzième épouse de ce dernier, une prostituée au long cours. Dans ses dernières années, il devint célèbre dans tout le pays en raison de sa vie de moine rebelle, doué pour exprimer le Dharma tel qu'il le voyait. Il adorait les vieux excentriques du Zen comme Jittoku, Kanzan (Montagne Froide), Hotei et Fuke. Kôzan était un exemple au XX° siècle de ces vieux fous, et Sawaki le respectait beaucoup pour ne jamais s'être vendu.

    Ils s'étaient croisés dans un monastère appelé le Yôsenji, à Matsusaka dans la péninsule d'Ise en 1913. Kôzan venait juste de redescendre d'une montagne où il avait passé trois ans à s'asseoir seul.

    "C'est là que nous nous sommes rencontrés pour la première fois," racontait Kôzan. "A l'époque il était profondément absorbé par ses études et par ses conférences sur les textes bouddhiques et moi, je me concentrais sur Zazen. Nous sommes restés ensemble pendant un an, et sommes devenus très proches à cette époque..."

    Photo de Kôzan en train de calligraphier.Kôdô et Kôzan Kozancalig Remerciements à Arthur Braveman.

    Kôzan avait été donné à un temple à l'âge de neuf ans, "captif du temple" comme il le disait. Il était le quatrième enfant d'une famille de dix. Il n'était pas rare à l'époque de donner un fils d'une famille nombreuse à un temple afin qu'il puisse étudier, tout en soulageant la famille d'une bouche à nourrir. Il poursuivit jusqu'à l'équivalent du bac, et hérita d'un temple zen Sôtô grâce aux relations de son père. La plupart des temples au Japon, à l'exception des grands monastères de formation, étaient des temples familiaux vu que les moines japonais peuvent se marier. Lorsqu'il n'y a ni fils ni disciple pour reprendre un temple, il est possible de payer les responsables (parfois les chefs du temple principal de l'école) et de racheter ce temple. C'est apparemment ce que le père de Kôzan a fait pour son fils. Mais, peu après, de façon très théâtrale, Kôzan le donna à son disciple et partit errer à travers le pays, à la recherche d'un endroit où pratiquer sérieusement.

    Il avait passé un peu de temps à étudier avec Shaku Sôen, le maître de D.T. Suzuki. Sous la direction de Soen il avait résolu avec facilité les kôans et fut un peu dégoûté d'une pratique qu'il pouvait aussi facilement maîtriser. Déçu par le système des kôans, il décida de juste s'asseoir tout le temps en méditation. Il trouvait la posture confortable. A la réflexion, il vit celle-ci comme une échappatoire au commerce avec les gens et aux pressions qu'il n'aimait pas subir. Cependant, aux yeux des autres, il passait pour un pratiquant vigoureux et, à sa grande surprise et confusion, sa réputation de moine zen sérieux alla en grandissant.

    (à suivre)
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    Message par Yudo, maître zen Dim 6 Juil 2014 - 18:15

    Kôdô et Kôzan Sawaki56standing

    La réputation de Sawaki en tant qu'érudit bouddhiste aussi grandissait, mais lui-même était de plus en plus convaincu que la véritable voie bouddhique passait par une pratique concentrée de Zazen plutôt que l'érudition; ce qui était une raison de plus pour son grand respect pour Kôzan.

    Au Yôsenji, Sawaki et Kôzan avaient passé beaucoup de temps ensemble, tous les deux malheureux de constater l'absence de pratique véritable autour d'eux. Une nuit, ils discutèrent de la possibilité de partir pour trouver un endroit de pratique plus intense. Sans mentionner, toutefois, le moment où ils partiraient. Aussi Sawaki fut-il très surpris lorsqu'il constata le lendemain matin que Kôzan était déjà parti.

    "Personne auparavant ne m'avait jamais grillé au poteau comme cela" dit Sawaki.

    Kôzan, qui ne voyageait qu'avec un petit baluchon enveloppé dans un furoshiki, expliqua qu'il ne pourrait pas attendre après Sawaki, vu que la chambre de ce dernier était jonchée de livres qui l'auraient encombré et auraient rendu son voyage impossible.

    Ils se retrouvèrent des années plus tard dans les rues de Kurume dans le Kyûshû, près du Bairinji, où Kôzan complétait sa formation aux kôans. Suivant le conseil d'un ami, il avait décidé de poursuivre la formation aux kôans jusqu'à son terme. Sawaki donnait des conférences dans le Kyûshû, enseignant et dirigeant des sesshins intensives à travers toute la région.

    Leur amitié crût au cours des ans. Sawaki, ayant grandi dans la pauvreté, avait eu à se battre pour survivre. Il n'avait eu personne pour l'aider ce qui l'avait forcé à s'endurcir et à être un concurrent féroce, un trait de caractère qui l'avait suivi tout au long de ses années de formation. Kôzan, d'autre part, était un moine vigoureux et persévérant, mais loin d'être autant un combattant que son ami Sawaki. Il avait abandonné la sécurité financière d'un temple établi et vivait une vie de mendiant pour pratiquer selon son idéal. Mais, enfant, il n'avait pas eu à se débrouiller comme cela avait été le cas pour Sawaki, et il n'avait jamais développé les ressources mentales qui l'auraient sorti de sa situation difficile. On peut penser que si Sawaki s'était retrouvé dans sa situation à Tôkyô, il aurait imaginé une façon quelconque de se remettre sur pieds et de faire fonctionner l'affaire. Il n'est donc pas étonnant qu'il ait fini par voler au secours de son ami.

    (à suivre)
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    Message par Yudo, maître zen Dim 6 Juil 2014 - 18:41

    Kôdô et Kôzan Sawaki82drawing

    La différence majeure entre Sawaki et Kôzan était leur Zen, ou, tout du moins, comment ils l'enseignaient. Kôzan avait complété le programme des kôans au Bairinji et finalement, après une longue période de doute initial, en était venu à apprécier leur importance. Sawaki, d'autre part, était un critique virulent du Zen des Kôans et prônait shikantaza ou "juste s'asseoir".

    Il semble que leurs approches différentes aient ajouté à leur affection mutuelle. Ils s'aidaient mutuellement à transcender l'étroitesse de la pratique sectaire rigide. Ce n'est qu'alors qu'ils pouvaient considérer leur enseignement comme une "pratique universelle," une phrase qu'ils ne se lassèrent jamais d'utiliser. Chacun d'entre eux reconnaissait en l'autre la qualité d'un véritable homme du Zen et donc, aucun des deux ne pouvait rejeter la méthode de l'autre.

    Pour Kôzan, le shikantaza de Dôgen shikantaza était la pratique ultime. Mais il lui semblait que sans la méditation sur les kôans, peu de gens resteraient assez longtemps pour apprécier la puissance de la pratique de "juste s'asseoir."

    Les maîtres zen, en règle générale, recommandent zazen comme la pratique la plus importante. Mais ils ne font pas réellement beaucoup de méditation, comme s'en aperçut Kôzan alors qu'il étudiait avec Shaku Soen. Kôzan et Sawaki avaient tous deux une forte foi en Zazen, et leur absorption dans cette pratique était ce qui les séparait de la plupart des autres maîtres zen. Chacun d'eux reconnaissait cet engagement dans la pratique de l'autre, et cette reconnaissance était une des sources de la fermeté de leur amitié.

    Kôdô et Kôzan Kozan95sittingPhoto de Katô Kôzan à 95 ans. Courtoisie d'Arthur Braveman.

    La description que faisait Kôzan de sa dernière rencontre avec Sawaki est révélatrice de la chaleur, quoique pas toujours franchement exprimée, de leur relation. Sawaki passa une partie de ses vacances de Nouvel An à chaque année pendant trente ans au temple de Kôzan, jusqu'à ce qu'il ne put plus voyager. Cela devint un rituel que Kôzan et ses paroissiens attendaient avec impatience à chaque année. Un jour, Sawaki se montra étrange, refusant de peindre sa calligraphie habituelle pour ses fans au temple. Poussé dans ses derniers retranchements, il finit par admettre qu'il voulait que les gens demandent à Kôzan de calligraphier plutôt qu'à lui. Apparemment, il sentait sa santé décliner et voyait que ses visites au Tokuunin, le temple de Kôzan, touchaient à leur fin. Il était frustré par le fait que ceux qui venaient le voir au Tokuunin ne voyaient pas le talent de Kôzan. Au cours de cette dernière visite, il dit à Kôzan qu'il ne reviendrait pas avant le 90ième anniversaire de son ami. Kôzan se rappelle:

    Kôdô et Kôzan Sawaki61sitting

    "J'avais quatre-vingts-huit ans cette année-là. Sawaki s'effondra au cours d'une conférence car ses jambes ne le soutenaient plus. L'avait-il vu venir? C'était vraiment étrange. Sa situation empira et il se rendit chez son disciple Uchiyama Kôshô (à Antaiji). Je voulus lui rendre visite à Kyôto. Un type du nom de Matsumoto me dit qu'il s'y rendait et je lui demandai de parler à Sawaki de mon projet. Lorsque ce dernier le sut, il dit: "Il est insensé que ce vieillard se traîne jusqu'ici; il ne devrait pas venir."

    Ce qu'apprenant, je dis: "D'accord" et il en fut ainsi.

    Encore un an environ et Sawaki mourait. On était en 1965. J'ai su qu'il aurait vraiment voulu me voir alors.

    Mais Sawaki et moi étions comme une cloche de temple et une lanterne en papier. Il était très érudit et j'étais illettré. Pourtant, nous nous entendions bien. Encore aujourd'hui, il se produit quelque chose et cela me rappelle à quel point il m'était cher."
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    Message par Yudo, maître zen Dim 6 Juil 2014 - 18:48

    Textes de Sawaki Kôdô sur Zazen

    "Tout le monde est pur à l'origine, et en rien différent du Bouddha. Zazen est la pureté de notre propre nature à travers le corps. Le soi de Zazen est donc différent du Soi de la vie ordinaire. Avec le soi ordinaire, on se sert toujours de son mental pour comprendre: comment se débrouiller en ce monde, comment rendre la vie plus facile, comme la rendre plus plaisante, [pour savoir] ce qui est délicieux et ce qui est insipide. Zazen met tout cela de côté. Autrement dit, il nous permet de marquer une pause par rapport au monde humain. Qu'est-ce que le monde humain? Les cinq désirs et les six poussières. Vouloir de l'argent, vouloir manger de la nourriture goûteuse, vouloir que les choses soient faciles. [Les gens] passent leur vie à [rechercher] le sexe, la bouffe, une position sociale et ainsi de suite. En Zazen, cependant, on laisse aller toutes les relations, on marque une pause par rapport à tout le reste, on cesse de penser en termes de bon et de mauvais, on cesse de juger ce qui est juste de ce qui ne l'est pas. On stoppe le mouvement de la conscience, on se retient de calculer des idées. On ne cherche même pas à être un bouddha car cela aussi est un désir."


    (Zenshû [Collected Works] vol. 15 p. 161)

    "Nos corps ne nous appartiennent pas. Ils sont la véritable activité de la vie du grand Univers. c'est-à-dire que nos corps sont la grande vie universelle. La preuve que nos corps sont la vie de l'Univers réside en Zazen. En Zazen, on place ses mains comme ceci, et on croise les jambes et on ne fait rien par rapport à soi-même. En faisant Zazen de cette manière, notre corps devient l'actualité du grand Univers...

    Zazen est une activité qui est une extension de l'Univers. Zazen n'est pas la vie d'un individu, c'est l'Univers qui respire.

    (Dôgen Zen Sankyû [Dôgen Zen Studies] Edited by Tokugen Sakai, p. 208)
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    Message par Yudo, maître zen Dim 6 Juil 2014 - 19:25

    Paroles de Katô Kôzan sur Zazen

    "Lorsqu'on y songe bien, le Zen est ce qu'il y a de plus important. On peut sauter un repas de temps en temps, mais on ne doit jamais oublier zazen. Si l'on pratique zazen, il y a ce pouvoir [spirituel] qui vient du corps.

    Mettez votre corps en ordre. Il s'ensuivra naturellement que l'esprit s'améliorera. Le mental -- corps -- mental -- corps --mental ... Le corps et esprit seront toujours en harmonie.

    Lorsqu'on concentre son énergie sur le hara (le bas-abdomen), on fonctionne correctement, que l'on utilise ses mains ou son esprit. Tout devrait toujours se centrer sur votre hara...

    Le hara est votre base. Même l'apprentissage doit se centrer sur votre hara.

    Les études érudites peuvent devenir un obstacle, rendant le mental difficile à contrôler. L'effet de zazen est de permettre à votre mental et à votre corps de vraiment vous écouter. S'asseoir dans le silence est bon. Zazen peut raisonnablement être emmené aussi loin qu'on le veut -- on peut progresser à la lumière qu'on y découvre.

    Quoique j'aie atteint 80 ans [Kôzan avait en réalité 84 ans lorsqu'il donna ce sermon] je ne me suis pas encore éveillé. Même le Bouddha pratique encore.

    ... Seul zazen est le vrai truc -- on ne peut pas se tromper. C'est le Bouddha Shakyamuni tel quel. Il n'y a pas de tromperie dedans. C'est un besoin naturel dans la vie d'un être humain. C'est l'appel que fait l'Univers à la vraie nature d'un être humain. Zazen parfait l'être humain.

    Même à quatre-vingt-douze ans, je vis toujours par zazen. C'est mon plaisir, ma joie.

    Quoi que je puisse rencontrer, je le résouds par mon expérience de zazen. Quand il fait chaud, il fait chaud. Je ressens par zazen que lorsqu'il fait chaud, je ne suis pas insatisfait ou dans l'inconfort. Même s'il y avait satori, par exemple, je devrais pratiquer zazen. Je dois continuer zazen parce que [le satori] n'est qu'un rêve momentané.

    Il peut, après tout, vous faire avancer.

    Que vous le sachiez ou non, zazen vous polira le corps et esprit. Laissez attendre le satori. C'est important, mais vous devez pratiquer zazen tous les jours. Même si ce n'est que deux ou trois minutes, vous devez le pratiquer tous les jours.


    (Tiré de Ôgon Hempen Zezean Dai Roshi Hôgo [Pieces of Gold: Katô Kôzan Dharma Talks])

    Ce qui suit est tiré d'une conversation que Kôzan eut avec Satô Minoru quelques heures avant sa mort à 96 ans:

    Zazen pour moi . . . Lorsque Bodhidharma resta assis tranquillement pendant neuf ans face au mur au temple de Shaolin, zazen se répandit dans toute la Chine. Je crois que zazen est la méthode suprême. `Zazen est la méthode suprême du Ciel et de la Terre.’ Je continue avec cette méthode. Pratiquer est ce qu'on appelle satori.

    [Après cette conversation, Kôzan inscrivit une tablette en bois, en terminant avec le caractère pour le cri zen kwatsu. Il s'effondra et mourut peu après.]

    From Two Friends, by Arthur Braverman.
    Published in the November 2000 Buddhism Now.
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    Message par tangolinos Dim 6 Juil 2014 - 21:01

    Bonsoir Yudo

    très épicé ton sujet !

    la relation kodo/kosan me fait penser à la relation Yudo/Rinzaï, mais aussi à Yudo/ (et autres)...Hihi

    il y a bien quelque chose d'étrange et/ou d'essentiel qui émerge de la friction.

    Ce qui peut réunir les opposants c'est bien le travail envoyé...même si ce travail nous illusionne tant qu'à l'image qu'on lui donne face à son aboutissement...

    Le satori ?... voilà la chose proposée...tellement proposée, qu'elle devient convoitise...alors même qu'elle n'est que la chose la plus naturelle qui soit, puisqu'il ne s'agit que de redevenir ce que nous sommes...

    Quelque part, on peut dire que  le chemin spirituel n'est qu'une façon d'affronter sereinement la préparation à l'échéance de la fin de la vie... ou comme dirait Kaïkan une façon de résoudre notre drame existentiel.

    Quand tu écris=Après cette conversation, Kôzan inscrivit une tablette en bois, en terminant avec le caractère pour le cri zen kwatsu. Il s'effondra et mourut peu après.

    ça veut tout dire.
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    Message par Fred Lun 7 Juil 2014 - 11:13

    Bonjour,

    A propos de ce qui est dit au sujet de l'amitié entre ces deux personnages, cela m'a tout de suite évoqué ce passage tiré de "De l'ami" dans le Zarathoustra de Nietszche :

    « Sois au moins mon ennemi ! » — ainsi parle le respect véritable, celui qui n’ose pas solliciter l’amitié.

    Si l’on veut avoir un ami il faut aussi vouloir faire la guerre pour lui : et pour la guerre, il faut pouvoir être ennemi.

    Il faut honorer l’ennemi dans l’ami. Peux-tu t’approcher de ton ami, sans passer à son bord ?

    En son ami on doit voir son meilleur ennemi. C’est quand tu luttes contre lui que tu dois être le plus près de son cœur.


    Texte en entier : http://fr.wikisource.org/wiki/Ainsi_parlait_Zarathoustra/Première_partie/De_l’ami


    On a là comme deux personnalités assumant leur propre choix et on dirait que c'est dans la reconnaissance en l'autre de ce fait qu'un véritable respect a pu naître entre eux.

    Le Bouddha dit d'ailleurs une chose en ce sens : "Soyez votre propre lumière"

    En d'autres termes, ce qui m'a véritablement sauté aux yeux dans certains traits de cette intimité telle qu'elle est décrite ici, c'est à quel points leurs différences ont animé la richesse de leur rapport.
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    Message par zanshin Lun 7 Juil 2014 - 12:42

    tao 

    Bonjour,
    Très intéressant cet article et puis avec les photos ça fait une belle mise en page qui facilite la lecture.  bravo 
    Merci Yudo.  OK
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    Message par Kaïkan Lun 7 Juil 2014 - 18:53


    Bonsoir,

    Passionnante cette histoire, il semble bien que les rapports entre les pratiquants rinzai et soto étaient beaucoup plus amicaux que ce qu’on a pu remarquer sur les forums il y a quelques temps. On devinera ce à quoi je fais allusion.

    Ce qui m’intrigue c’est cette histoire de 15 yen. Ce devrait être avant les années trente. En 40 et après guerre c’est une somme qui n’aurait pas permis de tenir une semaine voir même quelques jours.

    Et c'est ainsi que Kôzan a pu survivre aux années de guerre à Tôkyô dans un temple qui tenait à peine debout.
    Donc il doit s'agir de la guerre de 14 ou d'une guerre qui n'est pas spécifiée... Question 


    Kôdô et Kôzan 1_yen_11  étoile  Kôdô et Kôzan 1_yen10

    Billet de 1 Yen de 1940 (recto-verso)
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    Message par Invité Dim 31 Jan 2016 - 10:16

    Bonjour,

    Kaïkan a écrit:Ce qui m’intrigue c’est cette histoire de 15 yen
    peut-être pour pas qu'il y ait confusion entre le tribut et la tribu.
    et possible que ce soit en relation avec cette phrase:
    Yudo, maître zen a écrit:L'effet de zazen est de permettre à votre mental et à votre corps de vraiment vous écouter.

    ça serait trop long à expliquer, mais venant de:
    deux vieux amis qui se lassaient jamais de se chamailler sur leurs différences
    le 15 n'a pas dû être choisi par hasard.
    "De combien as-tu besoin par mois, pour survivre ici avec ta famille?" lui demanda Sawaki.

    "Je puis y arriver avec quinze yen," répondit Kôzan.

    Sawaki l'emmena alors chez quinze de ses disciples. A chacun il expliqua: "Voici mon frère aîné dans le Dharma (ani deshi). Permetetz qu'il vienne à chaque mois chez vous pour lire des sûtras à ma place et donnez-lui un yen."


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